SYMPHONIE EN UT MAJEUR, WWV29

L’œuvre musicale de Richard Wagner est composée d’opéras ou “drames musicaux” allant des “Fées” (Die Feen) à “Parsifal”. Une présentation détaillée de chacune de ces œuvres majeures est ici associée à un ensemble d’articles thématiques, replaçant celles-ci non seulement dans le contexte de sa vie personnelle mais également dans son contexte social, économique et culturel. Cette section regroupe également l’ensemble des œuvres musicales (hors opéra) et son œuvre littéraire.

SYMPHONIE EN UT MAJEUR, WWV29

Sinfonie in C-Dur, WWV29

(et l’étrange destinée d’une partition perdue…)

Les oeuvres purement symphoniques de Wagner sont largement moins connues du grand public que ses opéras ou “drames musicaux”. Quelques pièces toutefois, telles que l’Ouverture pour Christophe Colomb, l’Ouverture Rule Britannia (deux oeuvres de jeunesse) ou le plus célèbre (et tardif) Siegfried Idyll, ne manquent pourtant pas d’un intérêt – certes relatif – mais néanmoins réel.

D’ailleurs Wagner lui-même, grand admirateur de l’oeuvre symphonique de Beethoven qu’il dirigea au cours de ses jeunes années (faisant d’ailleurs découvrir au public de l’époque la Neuvième Symphonie avec choeurs), aurait souhaité à la fin de sa carrière recentrer ses efforts de composition sur la musique symphonique pure. “Peut-être que lorsque Parsifal sera terminé, je composerai moi également neuf symphonies. Et la neuvième avec choeurs”, aurait dit le compositeur.

C’est d’abord avec quelques pièces symphoniques que le jeune compositeur se fit connaître du grand public, telle cette Symphonie en Ut Majeur qu’il composa en l’espace de seulement six semaines au cours de l’été 1832, à pas même vingt ans. Créée à Prague au mois de novembre de la même année, l’oeuvre fut reprise à Leipzig l’année suivante, devant un public qui ne manqua pas de témoigner son intérêt pour l’oeuvre, intérêt teinté toutefois d’une certaine condescendance… à l’égard d’un si jeune compositeur.

Wagner, quant à lui, était particulièrement fier de cette composition. Tellement qu’il envoya, avec toute la flamme et l’innocence qui caractérisent les jeunes artistes, le manuscrit de cette partition au compositeur Felix Mendelssohn en demandant à ce dernier “d’en prendre le plus grand soin”. Pourtant, et à la grande déception sans aucun doute de Wagner, Mendelssohn ne répondit pas à l’envoi… et le manuscrit fut perdu.

Quelques années plus tard, alors qu’il souhaitait établir une collection des plus complètes destinée à son tout jeune fils Siegfried (un “Musée Wagner” avant l’heure), le compositeur se mit en quête de cette composition de jeunesse. Il se rappela alors que, s’il avait certes envoyé le manuscrit dans sa totalité à Mendelssohn, il avait conservé néanmoins ceux de chaque pupitre qui, alors réunis, auraient pu reconstituer le manuscrit perdu.

Dans cette quête un peu folle du “manuscrit perdu”, Wagner, Indiana Jones avant l’heure, demanda à son ami Wilhelm Tappert d’utiliser ses talents de détective afin de localiser le manuscrit original qui avait été envoyé à Mendelssohn si possible ou au moins les différentes parties de pupitres. Tappert commença tout d’abord de se rapprocher des descendants de Mendelssohn ainsi que de ses héritiers ; le voyage mena notre détective à Magdeburg, Riga puis Dresde.

Ce n’est qu’en 1877 que la Librairie Royale de Dresde fit savoir à Tappert qu’elle détenait une mystérieuse boîte laissée par Wagner au moment de sa fuite en 1839 et qui fut propriété un temps du ténor Josef Tichatschek. L’ouverture (sans jeu de mot) du mystérieux coffret révéla un certain nombre de pièces manuscrites de la main du compositeur lui-même dont les parties originales de violon de la fameuse Symphonie en Ut Majeur que le “détective” recherchait avec passion. Après quelques recherches complémentaires, Tappert put mettre la main sur d’autres parties manquantes, presque toutes en fait, exceptée celle écrite pour les deux trombones. Fou de joie d’avoir réussi sa mission avec succès, Tappert envoya les partitions à Bayreuth et ce fut Cosima, l’épouse du compositeur, qui fut la première à ouvrir la précieuse missive.

Alors qu’elle se mit au piano et interpréta le thème principal d’un des mouvements de la Symphonie, Wagner tressaillit et s’exclama avec une joie infinie : “Ma vieille symphonie, c’est elle !

Par la suite, Wagner demanda à son assistant Anton Seidl de réunir les différentes parties de la composition dans une seule et d’y ajouter la partie des deux trombones manquante. La symphonie ainsi ressuscitée put prendre place dans la précieuse collection de la bibliothèque de Wahnfried.

Quelques semaines seulement avant son décès, à Venise et à l’occasion de l’anniversaire de son épouse, le dimanche 24 décembre 1882, Wagner fit organiser un concert privé au Théâtre de la Fenice où la Symphonie en Ut Majeur fut enfin jouée à nouveau dans son intégralité… quelque cinquante années après sa création !

Inscrite au catalogue des oeuvres de Wagner sous la référence WWV29, la Symphonie en Ut Majeur (d’inspiration très largement beethovénienne) est composée de quatre mouvements : 1- Sostenuto e maestoso – Allegro con brio ; 2- Andante ma non troppo, un poco maestoso ; 3- Allegro assai ; 4- Allegro molto e vivace.

Sa durée d’exécution est d’environ 35 minutes.

 

Pour écouter la Symphonie en Ut majeur, WWV29 de Richard Wagner (interprétation de Heinz Rögner à la tête du Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin) :

https://youtube.com/watch?v=RJNNJTRD1GQ%3Flist%3DPLs3lrnhn-cvKdnhL4pLGR_L-prXGvK94s

Vous souhaitez apporter des informations complémentaires et ainsi enrichir cet article, contactez-nous !