LES COURANTS DE PEINTURE MODERNE INSPIRÉS PAR L’UNIVERS WAGNÉRIEN : SALVADOR DALI ET RICHARD WAGNER AU CHATEAU DE PUBOL

Lorsque Richard Wagner s’éteint en 1883, c’est tout un empire artistique et un royaume (celui de Bayreuth) qui menacent de s’écrouler. Conserver un temps comme une œuvre intouchable dans un mausolée, survivre à la disparition du compositeur … parfois même pour mieux y échapper : Cette section raconte l’histoire de l’aventure wagnérienne après la mort du compositeur jusqu’à aujourd’hui, des appropriations des plus douteuses aux créations contemporaines les plus intéressantes.

LES COURANTS DE PEINTURE MODERNE INSPIRÉS PAR L’UNIVERS WAGNÉRIEN

Salvador Dalí et Richard Wagner au Château de Púbol

LA PEINTURE INSPIRÉE PAR L’UNIVERS WAGNÉRIEN

– « Quand le pinceau se mesure au génie wagnérien » (Auguste Renoir et  Henri Fantin-Latour) :
– Richard Wagner, visions d’artistes. D’Auguste Renoir à Anselm Kiefer :
– Le Ring d’Arthur Rackham ;
– Les courants de peinture moderne inspirés par l’univers wagnérien ;
Salvador Dali et Richard Wagner au Château de Pubol ;
 Le « Parsifal » de Pablo Picasso (1934)

par Pierre-François PUECH, commentateur Ami du Musée Fabre

Le château de Pubol de La Bisbal, acquis par Dali en 1969, est un monument consacré à la gloire de Gala et de Richard Wagner. Construit depuis un château qui remonte au XIVème siècle, cet espace a atteint les proportions de la perfection raphaélite lorsque Dali y a installé son Venusberg avec un sens de l’obsession érotique propre à son art.

L’œuvre de Salvador Dali au jardin du château de Púbol rend hommage au premier acte de Tannhäuser de Richard Wagner (1813-1883). Vénus y est exilée dans une allée voisine où démons et esprits sont susceptibles d’errer(figure 3), et non dans les profondeurs de la terre. Cette Vénus est la muse à la fois de Tannhäuser et des 18 bustes de Wagner qui ornent une fontaine (figure 4). Comme dans le rêve antique  on peut entendre s’élever une musique merveilleuse : la montagne s’ouvre alors et Vénus nous accueille.  Dali écrivit un livret à partir de ce premier acte puisé dans l’imaginaire wagnérien et réalisa, pour les danseurs du Ballet Russe de Monte Carlo qu’il imagine sur béquilles, un décor grandiose pour la “Bacchanale” créé au Metropolitan Opera Housede New York le 9 novembre 1939. Les trois arrêts du jardin (figure 1) retracent l’ancienne légende renouvelée par Dali.

En 1939, la guerre précipita pour l’Amérique la compagnie de ballet russe de Monte Carlo, et en conséquence Dali utilisa pour son travail théâtral Le Venusberg des brides prévues pour son “Tristan Fou” et « Le Venusberg » s’est transformé en, “Bacchanale” (Dali, 1942 page 379 ; et Les chaussons verts  2010). Le spectacle de “Bacchanale” présente certains rêves fous du roi Louis II de Bavière sur fond de mythologie grecque, notamment Leda et le Cygne (figure 3), où se mêlent des personnages historiques comme la maîtresse du roi célèbre courtisane Lola Montez, danseuse exotique et actrice. ‘Le Venusberg‘ (Montagne de Vénus) était le titre original d’un livret de Richard Wagner commençant par ‘Im Venusberg’ qui suscita des calembours sur le fait d’être   » dans  » ou de  » pénétrer  » la colline de Vénus. Wagner changea le titre en Tannhäuser und der Sängerkrieg auf Wartburg.

Si le Venusberg est une montagne allemande où selon la légende Vénus a tenu sa cour dans les cavernes célestes, l’Ampurdan (ou Empordà en catalan) est considéré comme le triangle céleste de Dalíquia fait de la région son point de départ pour son voyage surréaliste, dans un monde de formesirréelles et de couleurs impossibles.

Chorégraphié par Léonide Massine et dansé par le Ballet Russe de Monte-Carlo sur la musique de l’opéra Tannhäuser de Richard Wagner joué en 1845, le décor imaginé par Salvador Dali était dominé par un énorme cygne avec un trou dans la poitrine à travers lequel émergeaient les danseurs, certains dans des costumes remarquables. Pour ce  ballet, Dalí a fournit à la fois le livret et le décor qu’il a résumé ainsi: « Le décor représente le mont Venus (le Venusberg près d’Eisenach), le fond montrant le lieu de naissance de Salvador Dali, la plaine d’Ampurdan, au centre duquel s’élève le plan centré du temple comme on le voit dans “Le Mariage de la Vierge” de Raphaël. »

Exposition d’Art. Le rêve permanent de Salvador Dali pour la Vénus-Aphrodite s’est librement exprimé dans une grotte érotique le 30 avril 1939 à la Foire Internationale du Queens (New York) au Flushing Meadows Park,peu avant la première du ballet Bacchanale.  Un pavillon Dali, intitulé « Le Rêve de Vénus», pouvait être visité après avoir acheté un billet au kiosque en forme de poisson et pénétré entre les jambes d’une femme dans un monde de rêve surréaliste (figure 5). Dali avait prévu deux piscines pour des sirènes topless placées devant un tableau géant d’une plage enchantée avec une montre molle et des girafes. La principale scène figurait Venus allongée sur un divan ardent près d’une nouvelle version du « Taxi Pluvieux» de 1938 entourée de parapluies ouverts et suspendus inversés pour rappeler les accords de Munich de septembre 1938.

Dali, dont la vocation est de divertir à l’aide de son imagination, fera ensuite dérouler le rêve d’un homme tiré du mythe de Thésée, avec le ballet “Le Labyrinthe” sur une musique de Schubertau Metropolitan de New Yorken 1941. Un critique du New York Times, pour qui le ballet n’est pas une simple composition chorégraphique, mais un point de vue, note à cette occasion : « Il est clair que Dali a davantage besoin d’une scène que d’une galerie». Il semble certain que Salvador Dali s’est souvenu de cette remarque pour créer le Musée-Théâtre de Figueras, très bien disposé pour recevoir de nombreuses visites, à l’entrée duquel il expose son art de la façon la plus visible avec l’image du rideau de scène au torse d’homme a crâne fêlé (figure 6).

 

PFP

Références.
– Beaube.B, Richard.B & Souchon.JB. (s.d). Étude du tableau Bacchanale de Salvador Dali (1939). Sur le site wiki surréaliste du lycée Saint-Vincent en classe de seconde, http://surrealismestvincent.wikispaces.com/Bacchanale,+Salvador+Dali
– Dali Salvador 1942.   The secret life of Salvador Dali. Burton C. Hoffman, New York, Dial Press
– Les chaussons verts 2010. salvador-dali-1904-1989-un-peintre-hors-du-commun.  eklablog.com
http://leschaussonsverts.eklablog.com/salvador-dali-1904-1989-un-peintre-hors-du-commun-a1918790
– Eric Schaal 1939. Salvador Dali’s Dream of Venus. In : “Salvador Dali’s Dream of Venus” The Surrealist Funhouse from the 1939 World’s Fair Hardcover by Ingrid Schaffner– November 22, 2002 Princeton Architectural Press, New York.
– Zimmer Lori 2016. Salvador Dali’s “Dream of Vénus” Pavillon site. Monday, February 8, 2016. Art Nerd New York.  http://art-nerd.com/newyork/salvador-dalis-dream-of-venus-pavilion-site/

 

Voir également :
– Le Parsifal de Pablo Picasso (1934)
De l’impressionnisme … au cubisme : Kandinsky, van Gogh, Picasso et Dali

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