Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

Section III

UNE OEUVRE

Section IV

L’AVENTURE DE BAYREUTH

Section V

ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

Section VI

 LIEUX DE VIE, LIEUX D’INSPIRATION

Section VII

WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER
Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

Section III

UNE OEUVRE

Section IV

L’AVENTURE DE BAYREUTH

Section V

ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

Section VI

 LIEUX DE VIE, LIEUX D’INSPIRATION

Section VII

WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER

WAGNER INTIME, UN ARTICLE DE JUDITH GAUTIER PUBLIE EN 1913 par Luc Roger

[image_categorie_parente]

WAGNER INTIME, UN ARTICLE DE JUDITH GAUTIER PUBLIE EN 1913

par Luc ROGER

WAGNER INTIME

  J’étais, ce jour-là, invitée à Tribschen pour le « dîner » de deux heures.
  Par le lac, comme d’habitude, un batelier m’amena à la pointe du promontoire et, sans rencontrer personne, je montai par le jardin, jusqu’à la maison. La porte-fenêtre du salon était grande ouverte et j’entendis, dès le seuil, des accords très doux qui venaient de l’étroit sanctuaire où le maître travaillait… Osant à peine respirer, je m’assis sur le siège le plus proche, extrêmement émue, troublée, effrayée même: n’était-ce pas indiscret, sacrilège peut-être, de surprendre ainsi le mystère sacré?… Pourtant, quel rare bonheur! entendre Wagner composer!… Immobile, les yeux ne cillant pas, j’écoutai avec recueillement.
  Ce que j’entendais me paraissait d’une suavité incomparable… C’était un enchaînement d’accords, très lents, qui semblaient s’envoler d’une harpe plutôt que d’un piano : une harmonie lointaine, mystérieuse, surnaturelle… J’ai constaté, plus tard, que c’était la première esquisse de l’évocation d’Erda par Wotan, au troisième acte de Siegfried, quand la déesse monte des profondeurs de la terre, pâle, les yeux clos, toute couverte de rosée…
   Après quelques instants, le silence se fit et, bientôt, Wagner parut, entre les plis soyeux des portières relevées.
   Il était calme, la face auréolée de ses cheveux d’argent, et ses larges prunelles dardant un rayon plus lumineux encore que d’habitude.
   Il m’aperçut, figée sur ma chaise.
— Ah! dit-il, vous étiez là?… sage comme une image, car je n’ai rien entendu.
— Pensez donc, maître, quelle terreur, et quelle extase!… Surprendre Dieu dans sa création!…
— Je vous l’ai déjà dit, il ne faut pas être si enthousiaste! s’écria-t-il en riant. Cela nuit à la santé.
— Cela fait vivre double, au contraire!…
— Eh bien! venez… Moi aussi, j’ai été sage : venez voir comme je travaille proprement.
   Un parfum assez fort d’extrait de roses blanches flotte dans la chapelle; un jour reposant, tamisé par les verdures voisines, l’éclaire. Quelques dos de livres luisent sur les rayons; le royal ami, dans son cadre d’or, semble vous suivre du regard magique de ses yeux d’un bleu polaire.
   Aucun désordre sur le piano-bureau ; plusieurs grandes feuilles de papier à musique, la plupart couvertes d’écriture, masquant, par places, le palissandre sombre. Ce que le maître vient de composer est écrit au crayon, d’une écriture fine, très nette.
— Je recopie à la plume, me dit-il. J’aime que ce soit très clair. Quand je me trompe, je suis furieux.
Je lis, en haut d’une page recopiée: « Siegfried, troisième acte. »
— Justement, s’écrie Wagner, je dois recommencer, là, presque deux pages, parce que j’ai gribouillé…
Et il me montre, au recto de la feuille, trois mesures raturées. Elles le sont, rageusement, par un triple feston, très appuyé, qui forme comme une suite d’e et d’l.
— Que va devenir ce précieux papier?
— Vous le voulez? dit le maître, qui devine ma convoitise.
— Oh! oui!…
   Alors, il prend sa plume et date, de Tribschen, tout en haut, dans la marge.
  C’est le merveilleux prélude du troisième acte de Siegfried, avant l’évocation d’Erda. Il est esquissé sur trois lignes, avec des indications instrumentales et des retouches au crayon. Je ne connais pas en-: core toute la beauté que recèlent ces deux pages, dont la possession me comble de joie…
   La cloche du déjeuner tinte, et j’entends le rire des enfants. On nous cherche. Wagner, galamment, m’offre le bras pour gagner la salle à manger.
 

JUDITH GAUTIER.

in Les Annales politiques et littéraires : revue populaire paraissant le dimanche / dir. Adolphe Brisson, [s.n.] (Paris), 1913-05-25
Source:  Bibliothèque nationale de France, département Centre technique du livre, 2009-34518

Cet article est protégé

En savoir plus Cet article est protégé par les droits d’auteur. Toute copie ou reproduction est strictement interdite.
LES ARTICLES SUIVANTS SONT SUSCEPTIBLES DE VOUS INTÉRESSER
Année 1851

10 janvier 1851 Le manuscrit original d’Opéra et drame est achevé. Dans ce texte fondamental à la dramaturgie wagnérienne, Richard Wagner y parle du rapport nouveau entre art poétique et art musical au sein du “drame musical” (on ne parle désormais plus d’ “opéra” à proprement parler), mais également de… (Lire la suite)

Année 1841

29 avril 1841 Le couple Wagner s’installe à Meudon, 27 avenue du Château, loin du centre ville parisien, toujours semble-t-il pour échapper aux créanciers et aux huissiers. Le déménagement du couple Wagner à Meudon (le 29 avril 1841) La situation financière du couple Wagner les pousse à quitter l’appartement du… (Lire la suite)

Sommaire
Qui Wieland Wagner a-t-il surnommé « trompette pour enfants » („Kindertrompete”) après une audition en raison de sa voix particulièrement claire et élevée ?

Réponse : Anja Silja. À partir de 1960, elle chanta dans presque toutes les mises en scène de Wieland Wagner, non seulement à Bayreuth, mais aussi au niveau international. Leur étroite collaboration artistique (et leur relation amoureuse) s'est poursuivie jusqu'à la mort de Wieland Wagner (1966). Après cela, Anja Silja ne s'est plus jamais produite à Bayreuth.

LIENS UTILES
Pas de liens utiles
TAGS

Appeller le musée

16, Boulevard Saint-Germain 75005 Paris - France

Français / English / Deutsch