Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

Section III

UNE OEUVRE

Section IV

L’AVENTURE DE BAYREUTH

Section V

ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

Section VI

 LIEUX DE VIE, LIEUX D’INSPIRATION

Section VII

WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER
Les salles d’expositions permanentes

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DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

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L’AVENTURE DE BAYREUTH

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ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

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WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

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 WAGNER APRÈS WAGNER

L’ANNEAU DU NIBELUNG (LA TÉTRALOGIE), WWV86 : « LE RING EN DECORS NATURELS » : (Ière partie : « LE TEMPS ET L’ESPACE POUR ECRIRE LE RING »)

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LES ARTICLES THEMATIQUES

« LE RING EN DECORS NATURELS » :
(Ière partie : « LE TEMPS ET L’ESPACE POUR ECRIRE LE RING »)

par logo_cercle rw Henri PERRIER

Suivant l’exemple de Wagner qui a donné à son œuvre la forme d’une tétralogie, il m’a paru adéquat de fragmenter mon étude sur L‘Anneau du Nibelung en décors naturels. Je m’en tiendrai modestement à deux épisodes :

Le temps et l’espace pour écrire le Ring.

C’est-à-dire l’analyse chronologique de la genèse de l’œuvre en situant les différentes résidences de Wagner aux diverses époques où il conçut, écrivit et composa sa Tétralogie.

– Le temps et l’espace pour jouer le Ring.

C’est-à-dire la description chronologique et topographique des scènes successives de l’action, suivie de la recherche de lieux réels pouvant convenir de décors.

 

I – LE TEMPS ET L’ESPACE POUR ECRIRE LE RING

HISTOIRE

Die Wibelungen; Weltgeschichte aus der Sage, essai de Richard Wagner publié à Dresde en 1848.

Quelques mois après avoir achevé Lohengrin, à la fin de l’été 1848, Wagner rédige un essai dont le titre est : Les Wibelungen. Histoire universelle dérivée de la légende. Sans grande rigueur, cette histoire est plutôt un raccourci d’impressions personnelles d’un artiste qui depuis plusieurs années se gorge de lectures historiques et mythologiques.

Un deuxième texte vient à la suite, intitulé : Le mythe des Nibelungen. Essai pour un drame. C’est le premier projet de ce qui, après de multiples développements et transformations, deviendra la Tétralogie. Peu après, Wagner écrit le scénario complet de son drame : La Mort de Siegfried qu’il met en vers allitérés, c’est-à-dire une forme de versification dans laquelle le rythme ne vient pas de la rime et du nombre de pieds mais de la répétition de mêmes lettres ou de mêmes syllabes.

L’année 1849 apporte une première interruption à ce travail : c’est la révolution à Dresde puis l’exil en Suisse et l’année suivante l’épisode critique avec Jessie Laussot. En août 1850, Wagner commence à mettre en musique deux scènes de la Mort de Siegfried, mais s’arrête bientôt pour se lancer dans la rédaction d’Opéra et Drame, volumineux ouvrage dans lequel il établit les fondements théoriques du drame musical.

Au printemps suivant, la nécessité lui apparaît de donner une forme plus vaste à son drame des Nibelungen et il rédige des esquisses d’une autre pièce qui précéderait La Mort de Siegfried : Le Jeune Siegfried. Il écrit tout de suite le texte complet du poème qui sera terminé au début de l’été de 1851. Ce nouveau travail lui fait sentir que son sujet doit encore prendre plus d’ampleur et dans sa Communication à mes amis, qu’il écrit en août 1851, Wagner annonce la présentation de son mythe en trois journées précédées d’un grand prologue.

C’est pendant une cure hydrothérapique, à l’automne, qu’il conçoit les premières esquisses en prose de L’Or du Rhin et de La Walkyrie. Au printemps suivant, il établit des scénarios développés de ces deux ouvrages. Le poème de La Walkyrie est achevé le 1er juillet, et à l’automne, celui de L’Or du Rhin est achevé à son tour. On voit donc que les livrets ont été rédigés dans l’ordre exactement inverse de celui dans lequel les œuvres seront jouées. En décembre 1852, Wagner entreprend des remaniements touchant Le Jeune Siegfried et surtout La Mort de Siegfried dont le final est entièrement changé avec la fin des dieux et l’incendie du Walhalla.

Cependant, mis à part les esquisses vite abandonnées mentionnées plus haut, cela va bientôt faire cinq ans que Richard n’a pas écrit de musique. Alors, avant de s’attaquer à la tâche gigantesque qui l’attend, il s’y remet tout doucement par une petite polka, suivie d’une sonate pour Mathilde Wesendonck. Je dis cela par plaisanterie, mais si l’on veut être sérieux, il faut bien comprendre et admettre le fait que Wagner « pensait en musique ». Il est à peu près certain qu’il a déjà en lui, à cette époque, de nombreux thèmes musicaux à l’état d’idées.

La Spezia, la station telle que vraisemblablement Richard Wagner la découvrit au XIXe siècle.

Enfin, le 5 septembre à la Spezia, c’est le célèbre épisode du rêve aquatique et musical, l’accord de mi bémol majeur flottant en arpèges ininterrompus, c’est la révélation du prélude du Rheingold. Et sitôt rentré à Zurich, Wagner s’attaque à l’ébauche de composition de L’Or du Rhin qui est achevée à la mi-janvier 1854. Il travaille ensuite à l’orchestration et à la mise au net de la partition. Le premier acte de La Walkyrie est écrit pendant l’été et le deuxième commencé à l’automne. A la fin de l’année, l’esquisse du troisième acte est achevée et Wagner se met à l’orchestration du premier acte. En février 1855, il part à Londres diriger des concerts tout en continuant son travail d’orchestration. Ce travail traîne en longueur, car Richard pense déjà à Tristan (et aussi probablement beaucoup à Mathilde). Cependant la partition de La Walkyrie est terminée à la fin de l’hiver 1856.

Avant de mettre en chantier la composition du Jeune Siegfried, Wagner remanie certains passages du livret et en change le titre : ce sera simplement Siegfried (tandis que La Mort de Siegfried devient Le Crépuscule des Dieux). L’esquisse du premier acte est terminée au début du printemps 1857. En même temps qu’il en réalise l’orchestration, Wagner entame la composition du deuxième acte, mais Tristan le travaille de plus en plus (sans compter Les Vainqueurs, Parsifal et toujours Mathilde, bien sûr). Il parvient à terminer l’esquisse de composition, mais abandonne le travail d’orchestration pour écrire le scénario de Tristan. Et ce travail, il va l’abandonner complètement pendant sept ans : le temps d’écrire Tristan, de reprendre Tannhäuser et de commencer Les Maîtres Chanteurs.

Quand, en 1864, Wagner est appelé par le roi Louis II, il espère trouver les conditions favorables pour l’achèvement de sa Tétralogie, tâche dont le monarque lui a en quelque sorte donné l’ordre. Pendant l’été, Richard ressort les feuillets jaunis de Siegfried et met au net la partition du premier acte, puis il reprend le deuxième acte. Mais il est ensuite pris par d’autres occupations : la création de Tristan, la composition et la création des Maîtres Chanteurs. Pendant ce temps, Mathilde a été oubliée, Minna est morte et Cosima est venue régner sur le cœur du Maître.

C’est seulement à la fin de l’hiver 1869 que le deuxième acte de Siegfried est définitivement achevé, il avait été commencé douze ans plus tôt. Le troisième acte est mis en musique au moment de la naissance du fils, prénommé aussi Siegfried. Pendant l’été, Wagner travaille à l’orchestration tandis que L’Or du Rhin est créé à Munich contre sa volonté. L’année suivante, il entame le prologue du Crépuscule des Dieux et le premier acte, alors que La Walkyrie est jouée pour la première fois à Munich. A l’été 1870, c’est la guerre, c’est aussi le centenaire de la naissance de Beethoven à qui Wagner consacre une étude. Il arrête son travail de composition sur Le Crépuscule des Dieux, mais pas la composition elle-même, c’est le temps du délicat Siegfried-Idyll, et aussi de la Kaisermarsch, légèrement moins délicate.

Concert donné au Théâtre des Margraves pour célébrer la pose de la première pierre du chantier du Festspielhaus de Bayreuth.

Le Maître revient à sa Tétralogie et met le point final à la partition de Siegfried en février 1871, puis il s’interrompt à nouveau pour aller visiter Bayreuth et lancer son opération publicitaire en faveur du Festspielhaus et du premier Festival. A l’été, il reprend le Crépuscule des Dieux en s’attaquant au deuxième acte, et au début de l’année 1872 au troisième acte. La progression est lente car il doit sans cesse se déplacer pour faire avancer son affaire bayreuthienne. A cette époque, il quitte Tribschen pour s’installer à Bayreuth où le 22 mai 1872 a lieu la pose de la première pierre du Festspielhaus. Pendant l’été, il se met à l’orchestration du troisième acte, vite arrêtée par de multiples tracas : construction du théâtre, construction de sa maison, gros problèmes financiers. La demière ligne droite, c’est-à-dire le travail sur la partition définitive du Crépuscule, n’en finit plus. Il ne sera achevé qu’à l’automne de 1874, le 21 novembre très exactement. Il s’est écoulé plus de vingt-six ans depuis l’été 1848 et la rédaction de l’essai sur le mythe des Nibelungen.

L’œuvre étemelle est achevée, mais deux années d’efforts seront encore nécessaires pour lui donner la vie, pour la faire représenter sur le théâtre spécialement conçu et construit à cet effet.

 

GÉOGRAPHIE

Bien que l’Allemagne ait connu les prémices de l’oeuvre avec La Mort de Siegfried écrite à Dresde et son ultime accomplissement avec l’orchestration du Crépuscule des Dieux à Bayreuth, et surtout avec la réalisation du théâtre idéal nécessaire à sa représentation, il faut remarquer que la Tétralogiequi passe pour une grande oeuvre d’art national allemand, a été écrite pour l’essentiel par un artiste en situation d’exilé dans un pays étranger, dans un pays neutre. En effet, l’espace de gestation, la matrice tétralogique, c’est la Suisse, à Zurich puis à Lucerne. Malgré tout, Wagner rentrera au pays pour donner naissance à son œuvre, à Bayreuth.

A côté de ces trois centres principaux, il faut tout de même faire état de quelques autres lieux d’importance moindre.

  • ZURICH

La maison « Zum Abenstern » où Wagner habita d’avril 1850 à septembre 1851, a été démolie depuis bien des années ; c’est là qu’il écrivit le poème du Jeune Siegfried et qu’il définit sa conception de l’œuvre en quatre parties. Cette maison se trouvait dans le quartier de Enge où est située la villa Wesendonck. Tout près, passe une rue Richard Wagner. A cette exception près, on peut encore voir à Zurich et dans les environs tous les témoins de pierre de la genèse tétralogique.

Le n°13 sur le Zeltweg à Zurich porte encore de nos jours la trace du passage du compositeur en ces lieux.

Les maisons Escher du Zeltweg d’abord, avec surtout le n°13 qui porte une plaque rappelant que Wagner y vécut de 1853 à 1857. C’est dans l’appartement du deuxième étage que le Maître composa la musique de L’Or du Rhin, de La Walkyrie et du premier acte de Siegfried. Il est occupé maintenant par la Fondation Johanna Spyri et abrite une bibliothèque pour enfants. C’est dans un autre appartement du Zeltweg, au n°11, au rez-de-chaussée que Wagner rédigea les scénarios de L’Or du Rhin et de La Walkyrieainsi que le poème de L’Or du Rhin. Il écrivit le poème de La Walkyrie au cours d’un séjour d’été à la pension Rinderknecht. La maison, modeste et même délabrée, existe encore 56-58 Hochstrasse, sur les hauteurs du Zürichberg.

En 1857, Richard alla habiter son asile près de la villa Wesendonck et y commença la composition du deuxième acte de Siegfried avant de l’abandonner pour Tristan. Vous savez que la villa et l’Asile sont occupés maintenant par un musée d’art oriental mais que le souvenir wagnérien y demeure (buste du Maître, stèle commémorative, en attendant mieux).

A Zurich, il faut citer encore l’hôtel Baur-au-Lac dont le grand salon fut le théâtre de la lecture publique du Ring, par Wagner lui-même, en février 1853 (son portrait est dans le hall). Mais c’est dans la propriété de la famille Wille, Mariafeld, à Meilen, qu’eut lieu en privé la première lecture du poème en décembre 1852.

Enfin dans les environs de Zurich, on peut encore voir, à Albisbrunn, sur la route du col de l’Albis, les bâtiments de l’établissement d’hydrothérapie où Wagner conçut les premières esquisses de L’Or du Rhin et de La Walkyrie ; c’est maintenant une maison d’éducation.

  • LUCERNE

Je ne m’étendrai pas sur ce chapitre : tout le monde connaît, d’une façon ou d’une autre, la belle maison de Tribschen aménagée en Musée Richard Wagner. Il faut seulement rappeler que c’est le lieu où le Maître reprit et acheva Siegfried et où il composa Le Crépuscule des Dieux. Tout wagnérien se doit de faire le pèlerinage à Tribschen et nombreux sont ceux qui le font plusieurs fois.

Dans la région, il faut signaler Seelisberg, une villégiature haut perchée au-dessus du Lac des Quatre-Cantons. Wagner y vint plusieurs fois, notamment à l’été 1855 pendant qu’il travaillait à l’orchestration de La Walkyrie. Il séjournait dans le grand hôtel Sonnenberg qui est devenu aujourd’hui le fief d’une secte vouée à la méditation transcendentale.

  • BAYREUTH

L’Hôtel Fantaisie à Donndorf avec sa célèbre »Wagnerzimmer »

Ce qui est vrai pour le pèlerinage à Tribschen l’est encore bien plus pour Bayreuth : alors pas un mot, ni sur Wahnfried, ni sur le Festspielhaus. Mais je veux quand même dire quelque chose sur la maison que Wagner habita de l’automne 1872 au printemps 1874 et où il travailla à l’orchestration du Crépuscule. Elle est située sur une petite place, Dammwäldchen n°4 et porte une inscription sur la façade avec en plus une grande plaque commémorative à l’intérieur. Le bâtiment actuel n’a que peu de rapport avec la maison d’origine plusieurs fois agrandie et rebâtie.

Nous ne quitterons pas Bayreuth sans un petit détour à l’hôtel Fantaisie situé à quelques kilomètres de là, à Donndorf. Le Maître y a logé d’avril à septembre 1872. L’hôtel, très simple et tranquille, donne sur le beau parc d’un château ; il offre même une Wagner Zimmer pour les wagnérolâtres impénitents.

  • AUTRES LIEUX

A La Spezia, une plaque commémorative rappelle au passant que Wagner séjourna en ces lieux et eut « l’illumination du Prélude de L’Or du Rhin ».

Si vous passez par La Spezia, vous pourrez toujours imaginer Wagner, malade et étendu sur son canapé, submergé par les flots du Rhin, mais vous chercherez vainement la moindre trace de son passage. De même à Londres, la maison où il travailla à l’instrumentation de La Walkyrie en 1855, au 22 Portland Terrace en bordure de Regent’s Park, a complètement disparu. A Munich, où Wagner travailla épisodiquement au deuxième acte de Siegfried, une plaque sur la Briennerstrasse situe l’emplacement de sa maison détruite par les bombardements. On peut voir aussi une plaque commémorative sur l’ancienne villa Pellet à Kempfenhausen en bordure du lac de Starnberg où il séjourna pendant l’été 1864 ; la maison se trouve maintenant dans le périmètre d’un établissement scolaire.

Pour finir, nous revenons au commencement avec le domicile de Wagner à Dresde pendant les années 184749, où il passa de longs moments plongé dans l’étude des mythes et des légendes germaniques et où il écrivit La Mort de Siegfried. Il se trouve dans l’ancien palais Marcolini, aujourd’hui hôpital, au 41 Friedrichstrasse ; j’en ai déjà parlé en détail dans le précédent chapitre sur Lohengrin.

A Mornex, en Haute-Savoie : « La Walkyrie fut composée ici ».

Certains vont peut-être s’étonner que ne figure pas dans cette liste des résidences tétralogiques, Mornex en Haute-Savoie, au pied du Mont Salève. En effet, dans ce charmant village, les curieux peuvent admirer un non moins charmant pavillon dit « Pavillon de Ruskin » où une plaque rappelle le séjour qu’y fit Wagner et où on peut lire sous un petit balcon cette fière inscription : « La Walkyrie fut composée ici ». L’ennui, c’est que le Maître n’a vécu dans cette maison qu’une dizaine de jours, ce qui est peut-être un peu court pour écrire une œuvre de l’importance de La Walkyrie, sans compter qu’il n’avait pas la même facilité que Donizetti. Et il y a plus ennuyeux encore : c’est que La Walkyrie était déjà terminée au moment où il arriva ici, en juin 1856. Nous nous trouvons donc devant un très remarquable exemple de galéjade dans son expression savoyarde. En réalité, Wagner se reposa pendant deux mois à Mornex, la plus grande partie du temps dans l’établissement d’hydrothérapie du Dr. Vaillant qui soigna et guérit son érésypèle.

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