Fiche technique du théâtre :

Lieu : New-York (Etats-Unis)
Architecte :  Josiah Cleveland Cady, puis Wallace Kirkman Harrison (Lincoln Center)
Date d'inauguration :  16 septembre 1966
Capacité : 4.000 places

Site web : www.metopera.org

Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

Section III

UNE OEUVRE

Section IV

L’AVENTURE DE BAYREUTH

Section V

ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

Section VI

 LIEUX DE VIE, LIEUX D’INSPIRATION

Section VII

WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER
Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

Section III

UNE OEUVRE

Section IV

L’AVENTURE DE BAYREUTH

Section V

ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

Section VI

 LIEUX DE VIE, LIEUX D’INSPIRATION

Section VII

WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER

UNE HISTOIRE DES GRANDES SCÈNES WAGNÉRIENNES : LE MET (New-York, Etats-Unis)

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Wagner à la conquête du Nouveau Monde

L’ancien opéra de New York sur Broadway, en 1905.

A la fin du XIXème siècle, les Etats-Unis sont le lieu d’une nouvelle bourgeoisie et New York n’a pas d’établissement assez grand pour accueillir ce nouveau public friand d’opéras. A la fin des années 1870 même l’ajout de 26 loges supplémentaires ne permet pas à l’Académie de musique d’accueillir les notables de la ville. Aussi en avril 1880, 55 personnalités souscrivent 10 000 $ chacune pour construire un nouvel opéra et Josiah Cleveland Cady est retenu comme architecte. Le Metropolitan Opera, surnommé « le Met », ouvre alors ses portes le 22 octobre 1883 sur 39e rue de Broadway, avec une capacité de plus de 3000 places. Et si la première met Faust de Gounod à l’affiche, la deuxième œuvre programmée est Lohengrin chantée en italien, alors que le Maître est décédé depuis 8 mois.

Les opéras de Wagner connaissent alors un regain d’intérêt et le Met devint l’épicentre de sa musique aux Etats Unis lors de sa deuxième saison. De 1884 à 1891, le Met a engagé une troupe d’artistes allemands qui se produisaient uniquement dans cette langue, les œuvres de Wagner étant au cœur de leur répertoire. Cinq opéras de Wagner ont eu leurs premières aux États-Unis au Met au cours de ces années : Die Meistersinger von Nürnberg (1886), Tristan und Isolde (1886), Siegfried (1887), Gotterdämmerung (1888) et Das Rheingold (1889). De plus, le Metropolitan a donné le premier Ring complet. Toutes les premières ont eu lieu sous la direction de l’éminent chef d’orchestre Anton Seidl qui avait travaillé avec Wagner sur le premier Festival de Bayreuth et dirigé ses œuvres à Vienne, Berlin et Londres avant d’arriver à New York en 1885. Certains des chanteurs wagnériens les plus renommés au monde ont chanté dans les représentations du Met, tels que les sopranos Amalie Materna et Lilli Lehmann, la mezzo-soprano Marianne Brandt, les ténors Albert Niemann et Max Alvary , le baryton Adolf Robinson et la basse Emil Fischer.

Le chef d’orchestre Anton Seidl (1850-1898)

Dorénavant, le Met est sans concurrence sérieuse, mais il lui devient difficile de s’extraire de la vague Wagner. Les tentatives pour faire découvrir d’autres opéras du répertoire italien ou français sont vaines. Le Met devient le mètre étalon de la représentation wagnérienne pour les autres maisons d’opéra du continent américain. Pour comprendre ce goût pour la musique allemande, il faut savoir que Leopold Damrosch, ancien violoniste à la cour de Weimar dont la famille est amie avec celle de Wagner, propose au Met de monter une saison allemande. Avec plus d’un million de catholiques et protestants allemands ayant fui l’Europe après la révolution de 1848, il existe à New York un public intéressé par ce répertoire. Et effectivement, un nouveau public entre au Met, si bien que dès janvier 1885, La Walkyrie est un des sommets de la saison. Les six années suivantes voient le triomphe de Wagner, ce qui aboutit à l’annulation de la saison 1886 de l’Académie de musique, concurrente du Met, échec renforcé par l’absence de stars du chant.

C’est en octobre 1885 que le chef d’orchestre Anton Seidl dirige Lohengrin en novembre au Metropolitan Opera où, l’année suivante, il obtient un succès retentissant en dirigeant Tristan und Isolde avec Lilli Lehmann et Albert Niemann dans les rôles principaux. C’est à partir de là qu’il s’installe définitivement à New York et dirigera régulièrement l’orchestre du Metropolitan Opera jusqu’en 1897.

Les artistes de premier ordre des années 1890 ont joué des rôles wagnériens comme le ténor Jean de Reszke dans les rôles de Tristan et de Siegfried, son frère, la basse Edouard de Reszke, ajoutant Hans Sachs à son répertoire, et la soprano Nellie Melba tente (sans succès) Brünnhilde. Simultanément, une nouvelle génération de chanteurs wagnériens a émergé : la soprano américaine Lillian Nordica est devenue une Brünnhilde de choix, la contralto Ernestine Schumann-Heink a commencé une immense carrière et le baryton-basse Anton van Rooy a fait de Wotan sa signature.

Le premier Parsifal au Met

Annonce avec distribution de la Première de Parsifal au Met @metopera.org

En 1903, le Met est entré dans l’histoire en tant que premier opéra en dehors de Bayreuth à mettre en scène Parsifal de Wagner. Le compositeur avait initialement prévu que Parsifal ne soit produit que dans le cadre du Festival de Bayreuth, et sa famille a pris des mesures légales pour s’opposer aux représentations du Met. Mais les restrictions légales ne s’appliquaient pas aux États-Unis et les représentations furent dirigées par Alfred Hertz, avec un casting de rêve. « Jamais auparavant, peut-être, une production scénique dans ce pays n’aura autant éveillé d’imagination ou n’avait été aussi largement discutée ou débattue», écrivait le célèbre critique musical Richard Aldrich dans le New York Times en 1903. Ce commentaire n’exagère nullement l’importance de l’occasion. Malgré l’opposition féroce de la veuve de Richard Wagner, Cosima, qui contrôlait les droits sur les œuvres du compositeur, et malgré la pression du clergé puritain new-yorkais, le directeur général du Met, Heinrich Conried, a donné la première représentation scénique de Parsifal en dehors du Festival de Bayreuth la veille de Noël 1903.

Immigrant allemand qui s’était fait un nom à New York en tant que directeur d’un théâtre de langue allemande sur Irving Place, Conried avait réuni un groupe de bailleurs de fonds l’année précédente et obtenu la possibilité de produire un opéra pour le Metropolitan, lors de sa première saison en tant que directeur général. Bien que Conried connaisse peu la musique, il était un showman dans l’âme et avait un don pour la publicité. Son annonce a eu une résonnance internationale : sa saison d’ouverture comporterait la première représentation scénique de Parsifal de Wagner à l’extérieur du Festspielhaus, spécialement conçu pour la présentation des œuvres du maître. La famille Wagner, menée par l’indomptable Cosima, intente une action en justice pour empêcher la représentation. Mais les États-Unis n’avaient pas d’accords de droits d’auteur avec l’Allemagne à l’époque, et les tribunaux ont jugé que puisque la partition de Parsifal avait été commercialisée et vendue dans ce pays, rien n’empêchait sa représentation. De plus, alors que le clan Wagner avait interdit les présentations scéniques, il avait volontiers autorisé les concerts. Des extraits de Parsifal avait été joués lors des concerts du dimanche soir au Met dès 1886. Compte tenu des thèmes mystiques quasi religieux de Parsifal – y compris les scènes avec le légendaire Saint Graal – divers membres du clergé new-yorkais ont estimé que l’œuvre était blasphématoire. Lorsqu’un pasteur a annoncé qu’il était offensé par l’apparition du Christ dans l’opéra, il a été rapidement rappelé qu’une telle scène n’existait pas. La hiérarchie catholique romaine a refusé de condamner l’œuvre pour le plaisir de contredire les protestants.

Décors pour l’acte II pour la création de Parsifal au Met @met.opera.org

Avec toute la frénésie médiatique autour des objections juridiques et morales, le succès financier de Parsifal était assuré. Fait inhabituel pour l’époque, Conried avait prévu les 12 représentations comme des événements sans abonnement à des prix élevés. Les billets se sont vendus comme des petits pains. Afin de répondre aux exigences scéniques considérables de Parsifal, le Met a entrepris une rénovation à grande échelle de la scène, engageant Carl Lauterschläger, directeur technique à Munich, pour superviser l’installation d’un système de contrepoids et d’un nouveau plateau de scène avec plusieurs sections pouvant être levées et abaissées et équipées de plusieurs trappes. Les transformations importantes de la scène de l’opéra ont ainsi pu être réalisées selon les normes que Wagner avait fixées pour l’opéra construit à cet effet à Bayreuth. Anton Fuchs, également munichois, a été embauché en tant que directeur de production et régisseur de Parsifal (les postes étaient pratiquement identiques à l’époque) pour assurer une mise en scène authentique et de haute qualité.

Les représentations de Parsifal ont commencé à 17 heures et le premier entracte dura une heure et demie après le premier acte, laissant suffisamment de temps pour dîner. L’heure de début des représentations était si tôt qu’elle a provoqué une certaine consternation quant à savoir si les dames et les messieurs devaient porter une tenue d’après-midi ou de soirée. Certains ont décidé de profiter de la pause dîner pour rentrer chez eux et se changer. D’autres ont déterminé que la question avait été convenablement réglée par le roi Édouard et la reine Alexandra à Londres l’été précédent lorsqu’ils sont apparus en tenue de soirée pour les premières représentations de la Tétralogie de Wagner. Bien que les représentations devaient se terminer à 23 heures, plusieurs critiques ont mentionné qu’il était plus proche de minuit lorsque le rideau final est tombé. Alfred Hertz, chef d’orchestre spécialiste de l’opéra allemand au Met, a dirigé les 12 représentations de cette première saison. Son casting comprenait des chanteurs de premier plan qui avaient chanté avec succès leurs rôles au Festival de Bayreuth : Alois Burgstaller dans le rôle-titre, Milka Ternina dans Kundry et Anton Van Rooy dans Amfortas. Bien évidemment Cosima leur interdit de retourner à Bayreuth en raison de leur participation aux représentations du Met. La basse américaine Robert Blass a chanté Gurnemanz pour la première fois de sa carrière et le baryton allemand Otto Goritz a fait ses débuts dans la compagnie en tant que Klingsor. Aldrich a livré une évaluation élogieuse de la soirée d’ouverture dans le New York Times : en résumé, la valeur artistique de la représentation de Parsifal était des plus élevées. Elle était à bien des égards au même niveau de tout ce qui se faisait à Bayreuth et même bien supérieure. C’était sans aucun doute la production la plus parfaite jamais réalisée sur la scène lyrique américaine. Une autre critique élogieuse, celle-ci de l’éminent WJ Henderson dans The Sun, a convenu que la production du Met était « meilleure que toute production jamais donnée à Bayreuth » et a salué la beauté du paysage et les effets de la nouvelle machinerie scénique.

Pour l’anecdote, Quaintance Eaton rapporte dans son livre The Miracle of the Met que le prénom « Parsifal » est devenu particulièrement populaire pour les nouveau-nés cette année-là.

Les stars du Met

Kirsten Flagstad et Lauritz Melchior dans Tristan et Isolde au Met

Deux monstres sacrés vont s’affronter au Metropolitan entre 1908 et 1910 : Gustav Mahler et Arturo Toscanini. Mahler accepte un engagement aux Etats-Unis pour échapper aux attaques antisémites et parallèlement Toscanini quitte Milan pour découvrir le Nouveau Monde. L’arrivée d’un chef italien au Met fait penser à Gustav Malher qu’il dirigerait le répertoire italien et que lui-même conserverait la direction du répertoire allemand. Or c’était méconnaître l’amour de Toscanini pour le répertoire wagnérien car il souhaite ouvrir la saison avec Tristan, ce qui ne convient pas à Mahler. L’Italien accepte alors d’abandonner Tristan mais débute avec le Crépuscule des dieux. Fin mars 1910, il triomphe avec Les Maîtres chanteurs, que le public américain attend depuis longtemps. Son mandat se termine en 1915 tandis que Mahler abandonne la direction artistique dès 1910.
Au début du XXe siècle, le wagnérisme se mesure au réalisme et au modernisme. Les opéras de Wagner furent cependant toujours très appréciés au Met jusqu’à la Première Guerre mondiale, lorsque l’opéra allemand fut interdit pendant quelques années. C’est un duo soprano-ténor qui a ramené Wagner au premier plan du répertoire du Met. Kirsten Flagstad fit ses débuts au Met en 1935 en tant que Sieglinde dans Die Walküre et s’est avéré la partenaire idéale du ténor Lauritz Melchior, qui faisait partie de la compagnie depuis 1926. Leurs voix avaient toute la puissance et l’endurance requises par les drames musicaux longs et exigeants de Wagner, et en même temps leurs beaux timbres n’ont jamais cédé sous la pression. Le couple phare du Met va également sauver l’opéra de New York de la banqueroute avec la grande dépression de 1937-1938.

Autre grande voix wagnérienne, en 1934, Lotte Lehmann, allemande mais naturalisée américaine, débute au Metropolitan Opera dans le rôle de Sieglinde toujours aux côtés de Lauritz Melchior. Ensemble, ils forment alors un duo SiegmundSieglinde inoubliable et dont témoigne l’enregistrement du premier acte de La Walkyrie en 1935, sous la direction de Bruno Walter. Etrangement Flagstad et Lehmann ne jouèrent jamais ensemble sur la scène du Met mais à l’opéra de San Francisco. La Seconde Guerre mondiale interrompt cette idylle, mais les opéras de Wagner continuent de tenir une place importante dans le répertoire du Met, la preuve avec Astrid Varnay : les débuts d’Astrid Varnay au Metropolitan Opera sont exceptionnels, puisque le 6 décembre 1941 elle remplace au pied levé Lotte Lehmann dans le rôle de Sieglinde. Le 12 décembre, elle récidive et remplace Helen Traubel dans le rôle de Brünnhilde dans Siegfried.

À partir de 1945, de nombreux chanteurs wagnériens se succèdent sur la scène, mais il serait impossible de ne pas citer la soprano suédoise Birgit Nilsson, qui fit des débuts sensationnels au Met en tant qu’Isolde en 1959. Suite à ce triomphe, elle est devenue la première Brünnhilde de Met, et le directeur général, Rudolf Bing, n’envisagea pas de monter une production du Ring sans elle.
En 1967, il est décidé de quitter l’ancien bâtiment entre la 39e et la 45e avenue sur Broadway et de rejoindre le centre culturel Lincoln Center, dont l’architecte Wallace K. Harrison était un intime de Rockfeller, situé dans l’arrondissement de Manhattan.

Lohengrin au Met en 1966

Pour la saison d’ouverture du Met dans le nouvel opéra du Lincoln Center (1966-1967), Lohengrin a droit à une nouvelle production depuis 1920. Cela reste l’opéra fétiche du Met, celui qui a été représenté la première fois à New York. Le nouveau Lohengrin est marqué par la première et unique mise en scène au Met de Wieland Wagner, petit-fils du compositeur et metteur en scène qui avait transformé le style de production au Festival de Bayreuth dans les années 1950. La production de Wieland était clairement calquée sur celle qu’il avait mise en scène à Bayreuth, mais il est décédé avant le début des répétitions et son assistant a recréé son travail pour le Met. C’était l’introduction d’un nouveau style de mise en scène pour le Met, avec un décor minimal, un chœur aligné et immobile, et un accent sur l’éclairage. Le public et la critique boudèrent la représentation.

Ce ne fut pas le cas lors de l’ouverture de la saison 1984 avec un Lohengrin qui a proposé pour la première fois Plácido Domingo dans un rôle wagnérien au Met et le timbre latin du ténor espagnol a apporté une nouvelle dimension au rôle titre. La saison suivante a amené un autre casting important pour Lohengrin, cette fois c’était le jeune ténor allemand à la voix suave et au physique idéal, Peter Hofmann en tant que chevalier du cygne, Eva Marton pour chanter Elsa, et la soprano Leonie Rysanek, auparavant une Elsa renommée, maintenant comme une Ortrud électrisante.


Des mises en scène traditionnelles

Tannhäuser dans la production d’Otto Schenk (1977)

Une nouvelle production du Ring est présentée en 1989 au Met, dirigée par James Levine et mise en scène par Otto Schenk, sur des dessins de Günther Schneider-Siemssen, présentant une vision réaliste qui est devenue très populaire auprès du public mais également critiquée pour son côté très kitsch. L’équipe Schenk et Schneider-Siemssen a créé un style wagnérien réaliste au Met avec, en plus du Ring, des productions de Tannhäuser (1977), Parsifal (1991) et Die Meistersinger von Nürnberg (1993). Bien que cela soit des représentations très fidèles aux livrets, d’une esthétique naturaliste, le Metropolitan Opera devient synonyme d’esthétique réactionnaire, refusant toute modernité dans les mises en scène.

Au cours des dernières décennies, les productions des opéras de Wagner ont recherché des interprétations plus approfondies. Le Lohengrin de Robert Wilson en 1998 a créé une controverse considérable. D’énormes barres de lumière, des chanteurs ressemblant presque à des statues, leurs gestes se déplaçant à un rythme glacial, voici la production lente, épurée et lumineuse du Lohengrin de Robert Wilson. Ce fut une rupture choquante avec l’esthétique dominante de la maison. S’il y avait eu jusque-là quelques mises en scène progressistes, le naturalisme élaboré et suranné de Franco Zeffirelli et d’Otto Schenk régnait, notamment dans le grand répertoire.
Bob Wilson et sa production, avec son décor presque inexistant et ses mouvements oniriques calibrés avec précision, ont été accueillis par une tempête de huées lors de la soirée d’ouverture. Mais ce Lohengrin, si radical pour le Met à l’époque, a anticipé l’éventail plus large des approches de mise en scène comme La Traviata de Willy Decker et Lucia di Lammermoor de Simon Stone.

Le Ring de Robert Lepage (ici, La Walkyrie, 2010)

De même la magie vidéographique et mécanique du metteur en scène canadien Robert Lepage dans sa nouvelle production du Ring a donné lieu à un débat animé entre les critiques et le public. La meilleure idée, c’est un seul décor pour l’ensemble des opéras. L’ambitieuse mise en scène par R. Lepage du cycle de quatre opéras de Wagner repose sur un décor massif et complexe : 24 planches qui tournent comme des bascules sur un axe qui peut monter et descendre. Les planches peuvent être tordues en pièces sculpturales et baignées d’images vidéo complexes. Le débat entre les amateurs de Wagner sur le Ring de Lepage est houleux dès le départ. Mais il y avait une chose sur laquelle tout le monde est d’accord, c’est le bruit suscitée par la machinerie gigantesque ; cet aspect gênant sera amoindri lors des reprises mais restera malgré tout prégnant.
Les spectateurs étaient ravis de voir les trois filles du Rhin aux allures de sirène, suspendues à des fils, semblant gambader dans les eaux réelles du Rhin, des bulles d’oxygène en vidéoprojection flottant de leur bouche à la surface, et des galets sur le lit de la rivière bruissant à leur contact. Nous obtenions une vue aérienne du dieu Wotan et de son allié Loge marchant de côté sur un grand escalier jusqu’au royaume de Nibelheim à la recherche du nain Alberich. Mais aucune vision interprétative de l’œuvre n’intervient comme avec Chéreau. Une esthétique moderne était en place, un peu bruyante malgré tout mais sans réel message.

A l’été 2006, Peter Gelb devint le directeur général du Met, le 16ème de l’histoire de cet opéra. Sous sa direction, le Met augmenta considérablement le nombre de nouvelles productions, avec des mises en scène plus imaginatives, et il lança une série d’initiatives pour élargir sa portée internationale. Ces efforts pour gagner de nouveaux publics incluent notamment le Live in HD de transmissions de représentations en haute définition dans les salles de cinéma du monde entier. Les approches psychologiques de François Girard dans Parsifal et Der Fliegende Holländer (2020), et la production de Mariusz Treliński dans Tristan und Isolde – qui a ouvert la saison 2016-17 avec la formidable Isolde de Nina Stemme et la direction dynamique de Sir Simon Rattle – ont été les derniers ajouts au catalogue du Met.

De nombreux grands chefs d’orchestre ont contribué à façonner le Met, à commencer par le disciple de Wagner Anton Seidl dans les années 1880 et 1890 et Arturo Toscanini, qui a fait ses débuts en 1908. Il y eut deux saisons avec Toscanini et Gustav Mahler sur la liste des chefs d’orchestre. Plus tard, Artur Bodanzky, Bruno Walter, George Szell, Fritz Reiner et Dimitri Mitropoulos ont apporté une puissante direction musicale. L’ancien directeur musical du Met, James Levine, était chargé de faire de l’orchestre et du chœur du Met les meilleurs au monde, ainsi que d’élargir le répertoire du Met. Il a dirigé plus de 2 500 représentations du Met au cours de ses quatre décennies et demie avec la compagnie. Lorsque Yannick Nézet-Séguin a assumé le rôle de directeur musical en septembre 2018, il est devenu seulement le troisième maestro à occuper ce poste dans l’histoire du Met.

Le Metropolitan Opera est à l’image des Etats-Unis, un opéra qui n’hésite pas à inviter les plus grands interprètes, les mises en scène les plus couteuses, dans un monde superlatif, qui a fait son succès. Mais le côté réactionnaire est également sa marque de fabrique, puisqu’il faut plaire aux mécènes américains. L’œuvre wagnérienne y a toujours été à l’honneur et cela reste une des maisons d’opéras où vous pourrez découvrir des mises en scène classiques et des interprètes internationaux.

CPL

Sources : articles de Peter Clark dans les archives du Met
https://www.metopera.org/discover/archives/

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Quel compositeur aurait dit de Wagner : « Pour moi, Wagner est impossible ; c’est certes un homme d’esprit, mais il parle à n’en plus finir. On ne peut pas discuter avec lui ».

Réponse : Robert Schumann. Wagner, quant à lui, raconte : « Nous sommes en bons termes en apparence ; mais on ne peut pas fréquenter Schumann... Peu après mon arrivée à Paris, je lui ai rendu visite, je lui ai raconté une foule de choses intéressantes... Schumann me regardait toujours sans bouger ou regardait en l'air et ne disait pas un mot. Alors je me suis levé d'un bond et je me suis enfui. »

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