Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

Section III

UNE OEUVRE

Section IV

L’AVENTURE DE BAYREUTH

Section V

ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

Section VI

 LIEUX DE VIE, LIEUX D’INSPIRATION

Section VII

WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER
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ART ET CLIMAT (KUNST UND KLIMA), UN ESSAI DE RICHARD WAGNER (1850)

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CONTEXTE DE LA RÉDACTION DU TEXTE

Dans une lettre à Uhlig, datée du 8 février 1850, Wagner écrit: «Dans le numéro de mars de la Deutsche Monatsschrift (Stuttgart), j’ai promis d’y contribuer par un article, « Art et climat ». Ce bon ami de l' »Allgemeine Zeitung » m’a convaincu de dénoncer l’objection paresseuse, lâche et absurde du «climat» dans toute sa vacuité. ». Cet ami est Adolph Kolatschek qui est l’éditeur de la revue en question. Wagner est souffrant et entre cette lettre et la suivante, non datée mais apparemment écrite vers la fin du mois, il donne cette information: « Depuis hier, j’écris l’article pour le numéro de mars du Monatsschrift. » L’article parut finalement dans l’édition du mois d’avril 1850.

En se référant à la « Deutsche Allgemeine Zeitung », nous trouvons dans le numéro du 15 janvier 1850 une critique de L’Art et la Révolution contenant les remarques suivantes : « D’où, sous nos cieux du Nord, puiserons-nous cette ivresse enchantée du sens de la beauté, qui même à l’horizon ionique ne se profilait pas aussi pur que nous avons l’habitude de le concevoir lorsque nous résumons la vie esthétique des temps anciens au principe de l’hellénisme? … Ces gémissements sont fantastiques, infructueux, et aucune sorte de révolution ne peut y répondre, sauf celle de toute l’écorce terrestre et d’un nouveau cycle du monde. »

C’est en réponse à cette critique que Wagner souhaite démontrer que le climat a une action moins importante sur l’art que le poids de la société.

RESUME ET ANALYSE DU TEXTE

Dans son article, Richard Wagner part d’un reproche qui lui aurait été fait selon lequel, dans sa vision de l’art, il aurait omis d’évoquer l’influence du climat sur les artistes. Il répond en disant que, certes, certains climats sont hostiles à l’homme (les déserts brûlants ou glacés). Que d’autres endroits sur la planète sont accueillants, notamment les lieux où il fait chaud et où la Nature propose tout ce dont l’homme a besoin (Wagner nous ramène ici au mythe du bon sauvage institué par Rousseau). Il compare alors l’homme à un enfant et la Nature une mère aimante. Mais en allant vers des climats plus tempérés, l’homme a dû faire face à des contrastes climatiques qui l’ont obligés à se débrouiller seul pour survivre. L’homme a dû dominer la Nature afin d’obtenir les moyens de sa survie (par l’agriculture entre autre). L’homme, selon Wagner, possède alors les clés de son indépendance par rapport à la Nature et devient un homme historique. Alors que l’homme primitif est esclave de la Nature.

L’œuvre d’art vient combler le vide laissé par la Nature : « Ses œuvres d’art comblaient les lacunes qu’elle [la Nature] avait laissées à l’activité personnelle et libre de l’homme; ils forment l’harmonie finale de son ensemble majestueux, dans lequel l’Homme conscient et indépendant est ainsi inclus comme son facteur le plus élevé. »

Bien évidemment l’homme s’inspire de la Nature pour ses œuvres d’art. Elle l’influence mais ne le contraint pas. La Nature passe du statut de mère à celui d’épouse, vaincue par l’esprit et la valeur de l’homme ; aussi Richard Wagner affirme que l’Art n’a pas éclot sous les riches climats tropicaux ou en Inde, mais « sur le sol pierreux et sous les ombres maigres des oliviers » de la Grèce et de ses privations.

En résumé, la culture hellénique est issue de son climat, qui n’a pas choyé les Grecs mais les a sevrés des besoins naturels :

« La force motrice de l’histoire hellénique est donc l’homme actif (thätige); et son fruit le plus beau, la couronne de la conscience de soi hellénique, est l’art purement humain, c’est-à-dire cet art qui a trouvé sa substance et son objet dans l’homme réel, l’homme reconnu comme le produit le plus élevé de la nature. »

Même à travers les arts plastiques, l’homme conserve son indépendance de création, s’inspirant de la Nature mais en la dépassant, et sans être contraint par les aspects climatiques. Cependant l’homme envahit le monde, vers l’Asie et vers Rome aussi. L’art religieux domine progressivement la culture, celle du «culte d’un Dieu abstrait qui, dans la joie mélancolique de l’immortalité, a erré sans but entre les splendides œuvres de la statuaire et de l’architecture qui ont orné la sépulture de cet homme disparu. »

Richard Wagner développe ensuite ce propos sur le rapport de l’Art chrétien avec la Nature. Pour lui, l’homme n’est plus influencé par les éléments naturels mais par des éléments surnaturels, venant du Ciel. Et il est ridicule selon lui de comparer les religions entre elles en raison de leurs localisations. Le Moyen-âge s’enferre dans des contradictions, un refus de la Nature, une lutte « frénétique entre l’âme et le corps », entre la volonté et le pouvoir. La redécouverte de l’Antiquité à la Renaissance et notamment de l’art grec a permis l’émergence de l’art moderne. Mais Wagner s’insurge dans cette mode de placer l’art antique sous un climat « chrétien-allemand », ce qui devient un caprice des hommes ; que sous le climat allemand, l’art grec n’est qu’une plante de serre et non une plante naturelle. Non pas que l’art ne puisse pas s’épanouir sur le sol allemand, mais pas un art importé d’un autre monde.

Néanmoins, il continue à s’interroger en ces termes : « Une étude de notre art moderne nous apprend ainsi que nous ne sommes absolument pas sous l’influence de la nature climatique, mais d’une histoire en totale contradiction avec cette nature. Nous devons donc d’abord nous rendre compte que notre histoire d’aujourd’hui est faite par les mêmes hommes, qui ont une fois produit l’œuvre d’art grecque, et, ce faisant, nous nous demandons: qu’est-ce qui a tant changé ces hommes, pour que ceux-ci aient créé des œuvres d’art alors que nous ne fournissons que des marchandises coûteuses provenant de l’industrie ? ».

Il y a une contradiction selon Wagner car l’homme moderne a institué l’art car il n’a pas été influencé par la Nature, et néanmoins, il cherche à travers l’art à décrire la nature, ou du moins à s’en inspirer. Mais ce qui l’assure que le climat n’a rien à voir avec la création humaine, c’est que l’Allemand vigoureux qu’on retrouve chez Siegfried, chez les peuples guerriers est devenu un bourgeois influencé par le clergé, toujours sous le même climat.

Richard Wagner s’impose alors en visionnaire, en affirmant que l’homme futur, l’artiste de demain, doit combiner l’art humain et la nature.

Le Grec a dans sa statuaire présenté l’homme comme un idéal, d’une beauté loin de la Nature. Le Moyen-âge voit en l’homme un être pêcheur, égoïste, en attente d’une rédemption divine une fois qu’il fut chassé du paradis naturel originel. Et progressivement, l’homme passe de l’égoïsme et de l’individualité au communautarisme. La découverte du monde unit les hommes, la Nature n’est plus une frontière mais la « condition première de leur existence, de leur vie, de leur travail ».

L’artiste du futur s’associera à la Nature, acceptera ce pacte commun. L’homme créera en fonction de ses besoins, mais non pas un besoin lié aux caprices ou au luxe, sans pour cela harmoniser leur art avec la Nature. « Mais si on crée à partir du Besoin – et le véritable besoin de l’Art ne peut être ressenti qu’en commun – alors aucun Climat sur terre, qui permet à tous l’existence de l’homme, ne peut empêcher l’émergence de l’Art. »

Richard Wagner déclare que, même pour les artistes de l’avenir, les conditions climatiques favorables n’offrent pas plus d’opportunités artistiques (à part les climats extrêmes). Le climat n’entre pas en jeu ni pour  la liberté de l’homme, ni dans son besoin d’art. Si l’homme maîtrise sa dépendance à la Nature, il progressera vers une liberté totale, libéré de la pression religieuse, et il finit ce paragraphe par ce credo :

« Il n’y a pas de pouvoir plus élevé que la communauté de l’homme; il n’y a pas d’Amour aussi digne que celui de la Confrérie de l’Homme. Mais ce n’est que par la plus haute puissance de l’Amour que nous pouvons atteindre la perfection de la Liberté; car il n’existe pas de véritable liberté que dans celle à laquelle chaque homme a prit part.»

Nous retrouvons dans les dernières pages alors toute la philosophie du Ring, selon laquelle, tout n’est que Pouvoir et que seul l’Amour vrai, naturel, mènera vers un amour du prochain, universel. L’artiste doit retrouver la Beauté, faire confiance à ses sens, à l’image de l’artiste grec.

« Ce qu’un homme aime, il doit le juger beau; que des Hommes forts et libres – qui par essence ne peuvent vivre qu’en communauté – ce qu’ils aiment en commun, c’est très beau à coup sûr. Aucune autre norme naturelle n’existe pour la Beauté vraie et non inculquée. »

 

CONCLUSION

Wagner, assez ironique, conclut que finalement le climat ne conditionne que l’essence réelle de l’être humain, sous-entendu l’art n’a rien à voir avec cela.

Ce texte, même s’il reprend des idées déjà lues dans L’art et la Révolution ou dans Opéra et Drame, propose une vision des théories historico-artistiques assez intéressantes, dans un style plus léger, moins moralisateur que ces derniers. Cela confirme une vision rousseauiste très proche des idées des Lumières. Il faut imaginer que le Discours sur l’origine des inégalités parmi les hommes (1755) a moins d’un siècle. Nous savons que Wagner a les huit volumes des œuvres complètes de Rousseau dans sa bibliothèque de Wahnfried, mais pas dans celle qu’il possédait à Dresde. Néanmoins, les idées du philosophe français circulaient dans l’Allemagne empreint de romantisme et Wagner a pu avoir accès à ses idées par Bakounine et Heinrich von Stein notamment.

CPL

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Comment s’appelle le cheval de Brünnhilde : Brangäne, Brange ou Grane ?

Réponse : Grane. Dans le prélude du Crépuscule des dieux, Brünnhilde reçoit l'anneau d'Alberich en guise d'adieu à Siegfried, après quoi elle confie son cheval Grane à Siegfried. Brangäne est un personnage de Tristan et Isolde ; quant à Brange, c’était le nom d’un chien de Wagner.

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