Naissance :

1er septembre 1854

Mort :

27 septembre 1921

Compositeur allemand

Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

Section III

UNE OEUVRE

Section IV

L’AVENTURE DE BAYREUTH

Section V

ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

Section VI

 LIEUX DE VIE, LIEUX D’INSPIRATION

Section VII

WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER
Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

Section III

UNE OEUVRE

Section IV

L’AVENTURE DE BAYREUTH

Section V

ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

Section VI

 LIEUX DE VIE, LIEUX D’INSPIRATION

Section VII

WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER

Engelbert HUMPERDINCK

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par Nicolas CRAPANNE et Cyril PLANTE

Engelbert Humperdinck, ici photographié en 1854.

Engelbert Humperdinck était le fils aîné du philologue classique et professeur de lycée de Siegburg, Gustav (Ferdinand) Humperdinck (1823-1902). Le père de sa mère Gertrud (Helene Olivia) dénommé Franz Xaver Hartmann  était chantre de la cathédrale de Paderborn  et sa femme était issue d’une famille de musiciens tchèques, les Tichys. Sa mère eut  une grande influence sur le développement musical du jeune Engelbert. Son talent musical se manifesta très tôt. Enfant et adolescent, il écrivit des compositions interprétées par sa mère et ses sœurs. La plupart de ces œuvres ont ensuite été perdues dans un incendie le 3 novembre 1874. Très peu de ces premières œuvres ont survécu dans leur version originale, mais certaines sont connues grâce à des copies ultérieures de sa sœur Adelheid. Les premières pièces connues sont une marche nuptiale (février 1871, EHWV 8), que Humperdinck composa pour son oncle Franz Hartmann et sa femme, ainsi que l’œuvre Memory (du 20 septembre 1871). Son enthousiasme finalement surmonta les inquiétudes initiales de son père, qui  consentit à ce que son fils étudie la musique après avoir passé son Abitur au lycée de Paderborn Theodorianum .

À partir de 1872, Humperdinck étudia avec Ferdinand Hiller au Conservatoire de Cologne. Sa constitution délicate et la nécessité de gagner de l’argent tout en étudiant provoquèrent chez lui de graves maladies respiratoires. Toute sa vie, il fut d’une santé fragile. Cet état de santé l’obligea temporairement à interrompre ses études. En 1876, il remporta le prix Mozart de la ville de Francfort-sur-le-Main, ce qui le soulagea de ses soucis financiers. En 1877, il se rendit à Munich et étudiea la composition avec Franz Lachner et Josef Rheinberger.
Ses professeurs furent très critiques envers la musique de Richard Wagner. Humperdinck, cependant, fut très impressionné par certaines représentations d’opéras wagnériens au point de rejoindre un cercle de disciples de Wagner qui s’étaient donné le nom d’« Ordre du Graal ». En 1879, Humperdinck remporta le prix Mendelssohn à Berlin et termina ses études à Munich.

 

Humperdinck et Richard Wagner

Le prix Mendelssohn permit à Humperdinck de rester en Italie. Le 9 mars 1880, il rendit visite à Richard Wagner à Naples, qui y résidait avec sa famille. Humperdinck fut d’abord refoulé par le domestique. Après avoir remis sa carte, sur laquelle il avait ajouté « Membre de l’Ordre du Graal », il fut rappelé. Selon son propre récit, il eut avec le Maître de Bayreuth une conversation qui fut capitale pour toute sa vie « sous les yeux scrutateurs du maître ».
Wagner reconnut rapidement le talent du jeune homme et lui proposa de venir à Bayreuth comme assistant. Humperdinck y travailla pendant un an et demi (janvier 1881 à juillet 1882) aux travaux préparatoires de la création de  Parsifal.

Le décor du 1er acte de Parsifal lors de la création à Bayreuth, en 1882.

On dit que Humperdinck n’allait pas assez vite dans son travail de copiste par rapport à Wagner qui composait très rapidement. Néanmoins le jeune homme fut très utile car lors des répétitions de la première de l’œuvre à Bayreuth en 1882, Humperdinck s’aperçut qu’il manquait à la partition quelques mesures supplémentaires pour que la musique soit pleinement en phase avec l’arrivée du décor au moment de l’ascension de Parsifal vers le Graal. Une mesure fut alors jouée en boucle afin de combler le défaut initial de synchronisation entre la scénographie et la musique.
Le 22 mai 1882, en l’honneur de l’anniversaire du Maître, Humperdinck réunit un chœur de jeunes garçons qui chantèrent un extrait de l’Acte I de Parsifal.
L’influence de Wagner sur lui était si grande qu’il lui fallut du temps avant de retrouver son propre style. La mort subite de Wagner en 1883 le frappa profondément. Il resta fidèle au Festival de Bayreuth. Plus tard, il enseigna la composition au fils de Wagner, Siegfried. Il composa également plusieurs transcriptions pour piano des extraits d’opéras wagnériens.
Il faut savoir que Cosima échangea avec Humperdinck 170 lettres dont seules 16 ont été éditées à ce jour.

 

Après Wagner

Les années suivantes furent une période de troubles. Un voyage à travers l’Espagne, qui le conduisit en Afrique du Nord, lui donna l’inspiration pour une « Rhapsodie mauresque », qu’il ne termina de composer que de nombreuses années plus tard. La période suivante s’écoula avec une recherche plutôt décevante d’un poste permanent. Comme il était considéré comme un « wagnérien », c’est-à-dire un disciple de Richard Wagner, de nombreuses portes lui restaient fermées. Il fut licencié du poste de Kapellmeister du théâtre de la ville de Cologne « en raison d’une trop grande conscience professionnelle ». Dans sa détresse, il s’engagea comme partenaire musical auprès du vieil industriel Alfred Krupp en 1885. En conséquence, il était à l’abri des besoins matériels, mais en tant qu’artiste, l’activité ne pouvait pas le satisfaire. A la fin de l’automne de la même année, il reprit une chaire de théorie musicale et de composition au Conservatoire de Barcelone. Cependant, il ne put s’habituer à la direction artistique dominante et au faible niveau musical et retourna en Allemagne à l’été 1886. Là, il eut une expérience similaire avec un poste mal doté au Conservatoire de Cologne, qu’il abandonna en octobre 1888. Ses activités en tant que conférencier auprès de l’éditeur de musique B.Schott & Sons à Mayence et en tant que critique musical pour la Bonner Zeitung lui permirent d’obtenir un revenu un peu plus sûr. Entre les deux, des travaux de commande le maintenaient à flot. Les interprétations réussies de la ballade Die Pilfahrt nach Kevlaar de Heinrich Heine, qu’il a mise en musique comme une œuvre chorale, furent pour lui une lueur d’espoir.

Le 18 mai 1892, Humperdinck épousa Hedwig Taxer, la fille du libraire Robert Taxer. Ce mariage heureux engendra un fils et quatre filles, dont l’une, cependant, est décédée en bas âge.

Pendant ce temps, son propre travail musical était presque arrêté. Son activité de composition était essentiellement limitée au traitement de ses propres œuvres et de ses œuvres antérieures. Il lui fallut longtemps avant de pouvoir se libérer de l’emprise écrasante de Wagner.

« Depuis que je suis arrivé chez Wagner à Bayreuth, ma propre production s’est arrêtée subitement… L’essentiel est que je me retrouve après avoir été séparé pendant des années. » écrit-il à un ami.

 

Enfin le succès

Illustration pour la Première de Hänsel et Gretel à Weimar en 1893.

Il déménagea à Francfort en 1890 pour travailler comme conférencier au Conservatoire Hoch et comme conseiller d’opéra pour le  Frankfurter Zeitung. En 1890, sa sœur Adelheid, qui était mariée au docteur Hermann Wette à Bonn, lui demanda d’écrire la musique des chansons d’un conte de fées Hansel et Gretel pour enfants (« quelque chose de joli, folklorique »). Humperdinck termina ce travail immédiatement et en fut très satisfait, mais le sujet ne l’a jamais lâché. Il a progressivement re-dessiné la petite œuvre en un opéra complet. La première eut lieu le 23 décembre 1893 à Weimar sous la direction musicale de Richard Strauss. Humperdinck surnommera Hänsel et Gretel « festival sacré pour garderie », ultime allusion à Wagner et à ce « festival scénique sacré en musique » qu’était Parsifal.

Des représentations à Karlsruhe et d’autres théâtres suivirent quelques jours plus tard. Si les metteurs en scène ne s’attendaient qu’à quelques représentations au vu du caractère tout à fait hors du commun de l’opéra, ils furent vite étonnés. L’énorme succès auprès du public conduisit 50 théâtres à inscrire Hänsel et Gretel dans leurs prorammes pendant les mois suivants. Depuis, Hänsel et Gretel est l’un des opéras les plus joués en Allemagne.

Pourtant, la première d’Hänsel und Gretel fut particulièrement compliquée. D’abord, la création de l’opéra devait avoir lieu à Munich mais la grippe ayant sévi, la moitié des chanteurs et même le compositeur étaient malades. C’est donc à Weimar qu’eut lieu la première sous la baguette de Richard Strauss (à la reprise à Hambourg en 1894 on trouvera à la baguette rien de moins que Gustav Mahler). Mais les ennuis ne s’arrêtèrent pas là : la fiancée de Strauss, Pauline de Ahna fit une mauvaise chute et dut au dernier moment renoncer à chanter Hänsel. La seule solution : la chanteuse prévue pour Gretel qui interprètera finalement Hänsel ! Enfin, la partition de l’ouverture qui devait arriver à Weimar par la poste se perdit en chemin et la première de l’opéra fut donc donnée sans son introduction orchestrale.

Humperdinck rencontra également Hugo Wolf dans les années 1890. Humperdinck avait recommandé à Schott-Verlag les lieder d’ Eduard Mörike  mises en musique par Wolf.  À partir de là, une amitié étroite se développa, mais prit fin brutalement avec le début de la maladie mentale de Wolf.

Les revenus de son opéra à succès permirent à Humperdinck de renoncer à son poste à Francfort en 1897. Il acheta une grande maison de campagne (la « Humperdinck-Schlösschen ») dans la petite ville de  Boppard  sur le Rhin et se consacra entièrement à la composition. Son élan créatif était revenu. Dans les années qui suivirent, il écrivit de nombreuses compositions dans une grande variété de genres – lieder, musique de chambre, œuvres pour orchestre, musique de théâtre et opéras.

Cependant, Humperdinck ne réussit pas à capitaliser sur le succès de son premier opéra. Il était important pour lui d’écrire un opéra-comique – pour contrebalancer, pour ainsi dire, la prédominance du style pathétique de l’époque. Conformément à cette demande, sa femme Hedwige écrivit un livret d’ après la comédie Les Demoiselles de Saint-Cyr d’Alexandre Dumas , qui fut ensuite mise en musique comme un opéra sous le titre Le Mariage contre la volonté. Cela fut initialement bien reçu par le public en 1905, mais ne resta pas au répertoire.

Photo d'une production des "Königksinder" en 1897 au Theater an der Wien.

En 1894, la poétesse Elsa Bernstein-Porges (nom d’artiste Ernst Rosmer) lui demanda d’écrire une musique de scène pour sa pièce de conte de fées Königskinder. Humperdinck fut si fasciné par cette poésie qu’il mit en musique les scènes poétiques qu’elle contenait et la présenta sous la forme d’un mélodrame. Malgré les difficultés rencontrées par les comédiens et malgré des critiques très contrastées, le mélodrame fut joué sur 130 scènes. Dix ans plus tard, Humperdinck décida de faire des Königskinder  un véritable opéra. Ce fut le 28 décembre 1910 au Métropolitan Opera que l’opéra fut créé et devint un deuxième succès mondial. Bien que les connaisseurs évaluent la musique meilleure que celle de Hänsel et Gretel, l’œuvre a progressivement disparu des scènes et n’est que rarement jouée aujourd’hui.

Il est pourtant intéressant de noter qu’Humperdinck s’aventura dans cet opéra à remplacer la note du chanteur par une croix sur la portée. Une simple indication de hauteur permettant au chanteur un effet spécial, proche du parler quoique la voix soit doublée dans l’orchestre par un instrument qui, lui, joue la note réelle. Le compositeur ouvrit ainsi avec cette invention la voie à la technique du « sprechgesang » qui sera conceptualisée quelques années plus tard par Schönberg et les musiciens de la seconde école de Vienne.

En novembre 1900, Humperdinck et sa famille s’installèrent à Berlin, où il prit la direction de la chaire de composition musicale de l’Académie royale des arts. Il y composa, entre autres, de la musique de scène pour Max Reinhardt au  Deutsches Theater  – par exemple pour des comédies de Shakespeare .

Les dernières années de la vie ont été frappées par la maladie et les coups du sort. En décembre 1911, il se rendit à Londres pour la première mondiale de la pièce mystérieuse Das Mirakel, mise en scène par Max Reinhardt. Il tomba gravement malade et subit un accident vasculaire cérébral à son retour dont il ne se remit jamais complètement. Déjà partiellement sourd, Humperdinck, paralysé de la main gauche, travailla notamment à son opéra Gaudeamus avec l’aide de son fil Wolfram. En 1916, sa femme mourut. Le 27 septembre 1921, à Neustrelitz, où Wolfram met en scène l’opéra Der Freischütz , Humperdinck mourut des suites d’un deuxième accident vasculaire cérébral. Il est enterré au cimetière sud-ouest de  Stahnsdorf .

Humperdinck pourtant ne cessera pas de surprendre … jusqu’en 2021. C’est parce qu’il avait acheté une maison qu’avait habité Humperdinck en 1906 que Kai Diekmann s’intéressa au compositeur et acheta divers documents lui ayant appartenu. Il fit notamment l’acquisition d’un album de poésie de la sœur d’Humperdinck où se trouvait cachée une pièce pour partition intitulée « Errinerung ». Il s’agirait de la deuxième plus ancienne composition connue d’Humperdinck (qui avait tout juste 17 ans), le reste de ses œuvres de jeunesses ayant été détruites dans un incendie. La firme musicale Deutsche Grammophon l’enregistra en première mondiale avec au piano Hinrich Alpers en 2021.

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S’il est un homme qui fut présent tout au long de la vie de Wagner, c’est bien Franz Liszt : d’abord protecteur, puis ami et enfin beau-père, le pianiste virtuose endossa bien des rôles dans la vie du créateur de la Musique de l’avenir. Né à Doborján en Hongrie (devenue… (Lire la suite)

Naissance :

1er septembre 1854

Mort :

27 septembre 1921

Compositeur allemand

Sommaire
Quel compositeur aurait dit de Wagner : « Pour moi, Wagner est impossible ; c’est certes un homme d’esprit, mais il parle à n’en plus finir. On ne peut pas discuter avec lui ».

Réponse : Robert Schumann. Wagner, quant à lui, raconte : « Nous sommes en bons termes en apparence ; mais on ne peut pas fréquenter Schumann... Peu après mon arrivée à Paris, je lui ai rendu visite, je lui ai raconté une foule de choses intéressantes... Schumann me regardait toujours sans bouger ou regardait en l'air et ne disait pas un mot. Alors je me suis levé d'un bond et je me suis enfui. »

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