An Weber’s Grabe. (am 16. Dez. 1844) (Hebt an den Sang)
für Männerchor (1872)
C’est à l’instigation de Richard Wagner que la dépouille mortuaire de Carl Maria von Weber, alors à Londres où le compositeur était mort le 5 juin 1826, fut ramenée à Dresde. Quel hommage plus vibrant et solennel le compositeur du Vaisseau Fantôme et de Tannhäuser pouvait-il en effet bien rendre à l’un de ses grands inspirateurs que de lui organiser des funérailles quasi-nationales sur une musique de sa propre production ? (…)
Pour l’occasion, et à partir du 10 novembre 1844, Wagner, alors en pleine composition de Tannhäuser, se mit à la composition d’une musique funèbre “d’après des motifs d’Euryanthe”, Euryanthe étant l’un des opéras composés par Weber pour Vienne en 1823 et inspiré par un récit français du XIIIème siècle. Véritable annonciateur de Lohengrin et de Tannhäuser, Euryanthe était l’inspiration idéale pour Wagner et parfaitement de circonstance.
Le 14 décembre 1844, la dépouille mortuaire de Weber fut ramenée de Londres depuis la berge de l’Elbe au cimetière catholique du quartier de Friedrichstadt où retentit alors pour la première fois les quatre-vingts instruments à vents et tambours interprétant la Musique funèbre (appelée également Symphonie Funèbre ou bien encore Marche Funèbre) “d’après des motifs d’Euryanthe” de Richard Wagner pendant la procession aux flambeaux.
Le lendemain, le 15 décembre, sur le tombeau de Carl-Maria von Weber, Wagner prononça lui-même l’oraison funèbre. Il était tellement submergé par l’émotion qu’il en resta un moment muet. Pour achever la commémoration, un chœur d’hommes entonna le choral Hebt an den Sang (Entonnez ce chant), également composé par Wagner pour l’occasion.
Pour aller plus loin :
« Hebt an den Sang » (Entonnez ce chant) – le texte du choral de Richard Wagner
Hebt an den Sang, ihr Zeugen dieser Stunde,
die uns so ernst, so feierlich erregt!
Dem Wort, den Tönen jetzt vertraut die Kunde
des Hochgefühls, das uns’re Brust bewegt!
Nicht trauert mehr die deutsche Mutter Erde
um den geliebten, weit entrückten Sohn,
nicht blickt sie mehr mit sehnender Gebärde
him übers Meer, zum fernen Albion:
aufs Neu’ nahm sie ihn auf in ihren Schoß,
den einst sie auswandt’ edel, rein und groß.
Hier, wo der Trauer stumme Zähren flossen,
wo Liebe noch das Teuerste beweint,
hier ward von uns ein edler Bund geschlossen,
der uns um ihn, den Herrlichen, vereint.
Hier wallet her, des Bundes Treu genossen,
hier grüßet euch als fromme Pilgerschar;
die schönsten Blüten, die dem Bund entsprossen,
bringt opfernd dieser edlen Stätte dar:
denn hier ruh’ Er, bewundert und geliebt,
der unsrem Bund der Weihe Segen gibt.
Traduction française :
Élevez le chant, vous témoins de cette heure,
qui nous émeut si sérieusement, si solennellement !
Aux mots, aux sons, maintenant familiers,
la nouvelle du grand sentiment qui émeut notre poitrine !
La mère allemande, la Terre, ne pleure plus
son fils bien-aimé, si éloigné,
elle ne regarde plus avec un geste désireux
au-delà de la mer, vers la lointaine Albion :
elle l’a de nouveau accueilli dans son sein,
lui qu’elle avait jadis exilé, noble, pur et grand.
Ici, où les larmes silencieuses de la douleur ont coulé,
où l’amour pleure encore ce qu’il a de plus précieux,
ici un noble lien a été scellé par nous,
qui nous unit autour de lui, le Glorieux.
Ici, la fidélité du lien s’épanouit,
ici vous saluez en tant que pieux groupe de pèlerins ;
les plus belles fleurs, issues de ce lien,
sont offertes en sacrifice à ce noble lieu :
car ici il repose, admiré et aimé,
celui qui donne la bénédiction de notre lien sacré.