Le nom d’Hermann Winckelmann est essentiellement et irrémédiablement associé au rôle de Parsifal qu’il créa en juillet 1882 au Festspielhaus de Bayreuth. Pourtant, le ténor endossa tous les rôles du répertoire wagnériens de sa tessiture : Tannhäuser, Tristan, Walther et bien sûr Parsifal. L’immense carrière de Winckelmann fut wagnérienne ; il fut même le créateur de la plupart de ces rôles mythiques sur grand nombre de scènes lyriques étrangères.
Hermann Winckelmann naît à Braunschweig en 1849. Son père n’est autre que Theodor Christian Ludewig Winkelmann (parfois écrit également Winckelmann), fondateur de Zeitter & Winkelmann, une célèbre manufacture de piano de la petite ville saxonne. Très vite, il apparaît comme une évidence pour le jeune homme qu’il doit apprendre l’art de son père afin de pouvoir reprendre plus tard la firme familiale. C’est ainsi qu’il débarque à Paris, dans le but d’apprendre le métier de facteur de piano. Mais très vite, c’est le chant qui l’intéresse… et le détourne d’une carrière qui semblait toute tracée. Alors que le père n’est pas au courant des projets du fils, Winckelmann prend ses premiers cours de chant dans la capitale française. Lorsqu’il rentre en Allemagne, c’est désormais une certitude : Winckelmann fils veut s’illustrer dans la musique… en tant que ténor.
Le jeune chanteur continue dès lors de prendre ses cours à Hanovre, puis débute dans le rôle périlleux de Manrico (Le Trouvère) sur la scène du Théâtre de la Cour de Sondershausen en 1875. Puis d’autres scènes de théâtre offrent sa chance au jeune artiste : Altenburg, Darmstadt, puis Leipzig. Winckelmann intègre enfin la troupe de l’Opéra de Hambourg en 1878.
C’est là, à Hambourg, que le jeune ténor trouve sa spécialisation dans les rôles de ténors héroïques (heldentenor) wagnériens : Tannhäuser, Lohengrin et Walther. Winckelmann se produit également sur la scène de l’Opéra de Vienne où il interprète les rôles-titres de Tannhäuser et de Lohengrin avec … une quasi perfection. C’est Hans Richter qui tourne l’attention de Richard Wagner sur l’artiste dont on vante haut et fort les mérites pour la création du rôle de Parsifal au Festspielhaus en 1882. Ni Richter ni Wagner ne se sont trompés en confiant l’interprétation du rôle au ténor qui triomphe aux côtés d’Amalie Materna (Kundry) et d’Emil Scaria (Gurnemanz). Tout comme l’oeuvre mystique du compositeur d’ailleurs. Sur la Colline Sacrée, le nom de Winckelmann devient indissociable du rôle-titre de Parsifal qu’il interprète chaque année (en alternance avec Heinrich Gudehus) jusqu’en 1891.
Mais plus encore qu’à Bayreuth (qu’il quitte en 1891), c’est à Wagner que Winckelmann reste fidèle. Il est ainsi le créateur du rôle de Tristan à Londres tout comme à la prestigieuse maison d’opéra de Vienne, dont il devient membre de la troupe, en 1883, et où il crée également le rôle d’Otello. Winckelmann se retire de la scène en 1907, se consacrant alors presque exclusivement aux emplois de ténors dans les répertoires de mélodies, de concerts ou bien d’oratorios. Il meurt en 1912, à l’âge de soixante-deux ans. Son fils, Hans Winckelmann, suivra son père dans la voie du chant et deviendra, à son tour, chanteur d’opéra.
Si quelques rares testaments de l’art de Winckelmann (Tannhäuser, Walther) nous sont parvenus gravés au disque, il manque toutefois curieusement l’essentiel : Parsifal, dont il ne subsiste aucun témoignage.