Acte I
Comme l’office touche à sa fin, Walther von Stolzing exprime son inclination à Eva Pogner. Sous l’œil de sa gouvernante Magdalene, elle-même distraite par son soupirant David, Eva explique qu’elle est destinée au vainqueur du tournoi des Maîtres Chanteurs. Reste à Walther à gagner le concours… Les apprentis préparent justement la prochaine séance des Maîtres. Voyant que Walther ignore les règles de la guilde, David entreprend de les lui enseigner, fort de son apprentissage auprès de Hans Sachs, le cordonnier-poète. Choqué qu’un gentilhomme pense sauter les étapes, il détaille les connaissances nécessaires aux grades d’élève, de chanteur puis de poète, de maître enfin, et met en garde contre l’inflexible arbitre Beckmesser.
Entre l’orfèvre Veit Pogner, en grande discussion avec Beckmesser dont il ne doute pas qu’il peut gagner le concours mais qu’il prévient : il faut gagner aussi le cœur de sa fille ! Beckmesser médite de donner une sérénade le soir-même à la belle. Walther fait part à Pogner de son désir de concourir pour le titre de maître chanteur. Kothner ayant fait l’appel des Maîtres peu à peu arrivés, Pogner annonce que sa fille sera le prix du concours du lendemain et introduit le candidat Walther von Stolzing. Aux questions de la guilde, le chevalier répond ingénument : son maître ? un vieux recueil de poésie — son école ? les oiseaux de la forêt — son œuvre ? il complète son exposé lyrique avec exaltation. Mais quand vient le moment de démontrer sa maîtrise des règles, dont Kothner a exposé la tablature officielle, Beckmesser relève tant d’erreurs qu’il interrompt le chevalier. Malgré le soutien de Sachs, qui soupçonne la partialité de Beckmesser et insiste pour entendre la fin du chant de Walther, les Maîtres sont trop bousculés par cette manière neuve, et le chevalier est éliminé.
Acte II
Le soir même, dans la rue séparant les logis de Pogner et de Sachs, Magdalene demande à David si la candidature de Walther a été acceptée. L’échec du chevalier irrite la gouvernante contre David, qui se fait railler par les apprentis à l’affût. Rentrant de promenade, Pogner évoque, attendri, le mariage prochain de sa fille ; Eva, elle, décide de questionner Sachs. Dans son échoppe, le cordonnier songe encore au chant de Walther, qui l’a charmé. Eva le rejoint et tourne autour du pot : un veuf comme lui ne serait-il pas prétendant à sa main ? Sachs décline, prétextant d’un amour paternel pour Eva. Elle l’interroge alors sur Walther ; le récit de la débâcle du chevalier, que même Sachs pense définitive, attise sa colère contre le cordonnier. Sachs a la confirmation de ce qu’il avait deviné…
Or Walther s’approche de chez Pogner ; Eva se précipite et l’assure de son sentiment. Dégoûté de l’accueil des Maîtres, Walther lui propose de fuir avec lui, mais la ronde du Veilleur de nuit les interrompt. Sachs a tout entendu ; il inonde la rue de la lumière de son atelier pour empêcher leur passage. L’approche de Beckmesser, qui accorde son luth pour la sérénade, les saisit ensuite. Comme il entame son chant, Sachs se met bruyamment au travail et clame une chanson dont le sujet – ève chassée du Paradis, protégée par un ange-cordonnier – touche Eva au cœur. Croyant sa belle à la fenêtre (en fait, c’est Magdalene déguisée), Beckmesser prie Sachs d’écouter la chanson qu’il lui destine et de l’évaluer. Le cordonnier propose de marquer les erreurs de ses coups de marteau. Beckmesser s’élance… sous les coups incessants du cordonnier. Furieux, il tente de plus belle de couvrir le marteau et la voix de Sachs, qui s’est remis à chanter. Le raffut réveille David, qui voit au balcon Magdalene courtisée par Beckmesser ! Il se rue sur ce rival. Tous les voisins se joignent à la bagarre, vite généralisée – et seulement éteinte par les seaux d’eau déversés des fenêtres. Sachs attire Walther dans son échoppe et renvoie Eva chez elle. Incrédule, le Veilleur de nuit refait un passage dans la ruelle soudain désertée.
Acte III
Au petit matin, David trouve Sachs plongé dans sa lecture. à l’évocation de la Saint-Jean dont c’est jour de fête, le cordonnier lui fait réviser son verset. David voudrait fêter aussi son maître, puisque Hans est son nom ! d’ailleurs… ne pourrait-il se remarier en concourant ce jour ? Sachs ne relève pas. Resté seul, il se livre à une mélancolique introspection sur les chimères de la vie. Survient Walther qui s’éveille d’une nuit de songes. Sachs le presse de mettre son rêve en forme afin d’en tirer un chant pour le concours à venir. Walther se remémore sa vision, guidé par le cordonnier qui couche le tout par écrit. Sachs invite Walther à s’habiller pour le tournoi de chant. Tous deux sortent de la pièce. Or Beckmesser, rompu par les coups de la veille, pénètre dans l’atelier. Découvrant le poème amoureux, il s’offusque des intentions matrimoniales qu’il prête à Sachs et dérobe le feuillet. Le retour de Sachs déclenche ses reproches jaloux et méprisants, mais le cordonnier nie toute velléité de concourir. Beckmesser lui tend le poème en guise de preuve, mais Sachs va jusqu’à céder les droits sur le texte ! Aussi ravi que suspicieux, Beckmesser court chez lui s’exercer.
Eva rend à son tour visite au cordonnier. Parée pour l’occasion, elle prétexte de ses chaussures à ajuster pour s’attarder ; quand Walther apparaît, vêtu en chevalier, les deux amoureux tombent en contemplation. Sachs fait mine de ne rien voir et propose négligemment à Eva de l’épouser – aucune réaction. Walther lui chante alors son amour tandis que Sachs lui glisse au pied son soulier réparé. Eva fond en larmes sur son épaule, et le cordonnier bougonne quelques réflexions sur son état pour cacher son trouble. Eva lui exprime une reconnaissance presque amoureuse, que Sachs réfrène en rappelant le triste exemple de Tristan, d’Isolde et du roi Marke. David et Magdalene les ayant rejoints, Sachs propose de baptiser le chant de Walther ; pour l’occasion, il nomme David compagnon. Les quatre amants l’entourent en une célébration émue, et tous se mettent en route pour le tournoi.
Une prairie accueille le cortège des corporations de Nuremberg, dont celle des Maîtres Chanteurs. En l’honneur de Sachs, on chante son choral ; puis il annonce au peuple le prix exceptionnel de ce concours : la main d’Eva. Le premier candidat s’avance : Beckmesser, défait par l’inquiétude, chante un poème sans queue ni tête qui déclenche les rires. Il dénonce alors l’auteur du texte : Sachs ! Le cordonnier dément et, au grand dam du public, dit admirer le poème : il invite son véritable auteur à lui rendre justice. Walther s’avance noblement, et chante des vers soudain inspirés. Peuple et Maîtres sont conquis. Walther remporte la palme et Eva le couronne, mais quand Pogner lui tend le collier de la Guilde, il refuse d’abord un honneur d’après lui superflu. Sachs le convainc d’accepter de représenter le saint art allemand. L’assemblée chante alors la gloire du grand Hans Sachs de Nuremberg.
CC
Texte extrait de L’Avant-Scène Opéra n° 279.
© L’Avant-Scène Opéra, Paris 2014
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