Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

Section III

UNE OEUVRE

Section IV

L’AVENTURE DE BAYREUTH

Section V

ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

Section VI

 LIEUX DE VIE, LIEUX D’INSPIRATION

Section VII

WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER
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LES NOCES (Die Hochzeit), WWV31 : UN PREMIER OPÉRA ABANDONNÉ

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LES ARTICLES THEMATIQUES

LES NOCES, UN PREMIER OPERA ABANDONNE

par  logo_cercle rwHenri PERRIER

 

Dans sa vingtième année, Richard Wagner entreprit son premier essai dans le domaine de l’opéra avec Les Noces dont il écrivit lui-même le texte, comme il le fera toujours plus tard, et commença la composition du premier acte. Le livret complet fut écrit en Bohème, à Pravonin et à Prague, à l’automne 1832 et la partie musicale à Leipzig pendant l’hiver suivant.

 

MVRW Mein Leben autobiographie
« Mein Leben » (Ma Vie), l’autobiographie de Richard Wagner (ici dans l’édition de 1911) dans laquelle Wagner décrit très largement le projet de ces « Noces »

Dans son autobiographie Mein Leben, il résume très précisément la trame de l’ouvrage ainsi que la raison qui l’amena à renoncer à le poursuivre. “Deux grandes familles du moyen-âge vivent depuis longtemps dans une profonde inimitié ; elles ont fini pourtant par se jurer le serment de paix, et à l’occasion du mariage de sa fille avec un de ses fidèles partisans, le chef vénérable d’une des familles invite le fils de son ancien ennemi à la noce et donne ainsi à la solennité le caractère d’une réconciliation.
Les convives arrivent donc, mais ils sont remplis de défiance et ils craignent une trahison. Leur jeune chef est saisi d’une passion farouche pour la fiancée de son nouvel allié.
Son sinistre regard épouvante la jeune fille. Accompagnée d’un brillant cortège, celle-ci est conduite à la chambre nuptiale. Elle attend l’aimé. Tout à coup, à la fenêtre de la haute tour qu’elle habite, elle aperçoit fixé sur elle le même regard de passion insensée. Elle a l’intuition subite qu’il y va de sa vie. Déjà l’intrus s’est élancé vers elle, et l’étreint d’une ardeur. Mais elle réussit à le repousser et à le précipiter dans le vide par-dessus l’appui du balcon. Dans le fossé du château, on découvre le cadavre fracassé. Croyant à une trahison, les frères d’armes du mort s’attroupent aussitôt et crient vengeance. Un tumulte formidable emplit la cour du château. Les fêtes nuptiales, si tragiquement interrompues, sont près de se transformer en une nuit sanglante. Par ses objurgations, le vieux chef de famille parvient cependant à détourner le malheur. Il envoie des messagers prévenir les parents de la victime ; en expiation de cet inexplicable accident, on fera au mort des obsèques d’un éclat inusité et tous les membres de la famille suspecte y prendront part. Au cours de la cérémonie funèbre, un jugement de Dieu révélera peut-être le coupable. Pendant les préparatifs des funérailles déjà, la jeune mariée donne des signes de folie. Elle fuit son époux, refuse de le recevoir et s’enferme, inaccessible, dans sa tour. Elle ne se montre qu’à la cérémonie, célébrée de nuit avec magnificence. Pâle et silencieuse, suivie de ses dames d’honneur ; elle vient assister à la messe des trépassés, dont la lugubre gravité est interrompue par l’irruption des troupes ennemies. Les parents du mort, accourus pour venger la prétendue trahison, assaillent le château, pénètrent dans la chapelle et réclament le meurtrier. Le burgrave épouvanté leur désigne sa fille qui vient de tomber morte à côté du cercueil, le visage détourné de celui de son fiancé. 

Je composai pour ainsi dire noir sur noir cette pièce ténébreuse aux tons les plus sombres, où l’on percevait des échos anoblis de Leuhald et Adélaïde. J’avais dédaigné d’y introduire aucune échappée lumineuse et particulièrement aucune des fioritures superflues de l’opéra. Quelques cordes tendres y vibraient cependant. Weinlig, auquel j’avais pu, des mon retour à Leipzig, montrer les premières pages de mon oeuvre, me fit des éloges très encourageants sur la clarté de l’introduction du premier acte et les qualités chantantes qui se révélaient dans un adagio pour septuor vocal où s’exprimaient simultanément la réconciliation des familles ennemies, les sentiments des fiancés et la sombre ardeur de l’’amant secret.

Mais j’avais surtout à cœur d’obtenir l’approbation de ma sœur Rosalie. Elle ne put trouver aucun goût à mon poème. Elle y regrettait précisément ce que je n’y avais pas mis, presque avec intention, et aurait désiré y voir plus d’ornements, ainsi que des situations plus variées et moins lugubres. Ma décision fut prompte : je saisis tranquillement mon manuscrit et je le détruisis sans qu’il en restât la moindre trace. »

 

Christian Theodor WEINLIG (1780-1842), compositeur et chef de choeur allemand, il fut également l'un des premiers professeurs de musique de Richard Wagner
Christian Theodor WEINLIG (1780-1842), compositeur et chef de choeur allemand, il fut également l’un des premiers professeurs de musique de Richard Wagner.

En réalité, ce que Wagner détruisit c’est le livret uniquement, et non pas la partie dont il avait composé la musique et qui avait plu à son maître Weinlig. Il en offrit la partition à la Musikverein de Würzburg en 1833 quand il était chef des chœurs du théâtre de cette ville. 

On ne sait pas si cette musique fut alors exécutée. Ces fragments forment deux scènes avec une introduction, un chœur et un septuor. Signalons que la traduction française du texte correspondant a été publiée par Philippe Godefroid (Les Opéras imaginaires).

L’introduction représente l’accueil au prochain mariage d’Ada et d’Arindal des invités que sont Cadolt, le fils de l`ancien ennemi, et son écuyer. Le chœur qui suit salue le cortège de fête du couple des époux pendant que Cadolt est saisi de passion et de stupeur à la vue de la fiancée. Le septuor réunit Ada et Arindal, les époux ; Cadolt et son écuyer Admund ; Lora, la suivante d’Ada; le roi Hadmar, père d’Ada, et son sénéchal Harald. Il est curieux de noter que certains noms de ces personnages seront repris par Wagner dans son premier opéra achevé, Les Fées.

En 1879, la Société de Musique de Würzburg ayant été dissoute, le manuscrit fut proposé à la vente. Wagner chercha à le récupérer mais le prix demandé lui parut trop élevé ; il entama alors un procès qu’il perdit. Plus tard, le manuscrit fut acheté par Mrs Burrell. La partition a été éditée en 1912, mais n’a guère suscité d’intérêt si ce n’est celui de la curiosité. À signaler, la première représentation théâtrale à Rostock en 1933, suivie d’une autre à Leipzig en 1938. À notre connaissance, il n’en existe qu’un seul enregistrement réalisé en Angleterre il y a une quarantaine d’années, uniquement de l’introduction avec chœur sans le septuor.

 

logo_cercle rw  HP in WAGNERIANA ACTA  2003 @ CRW Lyon

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