En mai 1855, à l’occasion de son anniversaire, Richard Wagner se dédia le petit poème suivant :
« Au merveilleux mois de mai,
Richard Wagner est sorti de l’œuf ;
Beaucoup qui l’aiment souhaiteraient
Qu’il n’y soit pas plutôt resté ! »
Ce couplet sarcastique pourrait facilement s’interpréter comme une réminiscence inconsciente des premières années de sa vie ; premières années caractérisées par plusieurs événements traumatisants dont on peut supposer – même sans connaissance en psychologie – que l’inconscient de l’enfant n’ait pas pu ne pas avoir été affecté. Tel Nietzsche, Wagner aurait pu débuter son autobiographie par ces lignes : «Je suis une plante née près du champ des morts». Richard est né à Leipzig, le samedi 22 mai 1813. C’est le neuvième enfant de Friedrich Wagner, greffier à la direction de la police et de Johanna Rosine, née Petz. Le fils aîné, Albert, vient d’avoir quatorze ans. Mais ce père meurt alors que son dernier fils n’a que six mois. L’enfant est élevé par Ludwig Geyer, ami de Friedrich, qui épouse en 1815 la mère de Richard. Ce dernier grandit en considérant ce beau-père comme son propre père, jusqu’à ce que celui-ci disparaisse à son tour en 1821. Évidemment, les liens étroits que Geyer entretenait avec la famille Wagner permirent aux biographes de poser la question de Siegfried : «Comment était donc mon père ?[1]» en ne manquant pas de la transformer en « qui était mon père, Wagner ou Geyer ? ». En effet, les origines de Richard ont préoccupé la postérité durant une période extrêmement longue. Et comme si sa filiation paternelle n’était pas suffisamment incertaine, un air de mystère plane également sur sa mère. Non pas sur son identité – heureusement ! – mais sur son âge, son nom et ses origines, qui semblaient être entourées d’un secret qu’elle cachait à ses enfants. Toutes ces incertitudes pourraient être considérées comme des détails biographiques, si ces événements n’avaient pas eu une profonde incidence sur le psychisme de Wagner. En témoigne l’obsession qu’il manifeste dans ses drames pour les «protagonistes sans père» (Robert Gutman). Que plusieurs héros wagnériens soient des orphelins ou que la mort du père occupe une place primordiale dans son œuvre n’est probablement pas un hasard. Ainsi, en considérant une interprétation freudienne de la jeune enfance de Wagner, on pourrait évoquer un syndrome psychopathologique où, à l’absence du père, s’ajouteraient des relations maternelles ambiguës.
Ceci expliquerait – toujours en suivant une approche freudienne – la confusion du maternel et de l’érotique vécue par plusieurs personnages de ses drames. Mais arrêtons là les interprétations psychologiques. D’autres auteurs ont livré des spéculations bien plus fumeuses en prétendant tout décrypter par la psychologie. Aussi, vous aurez bien compris pourquoi il est nécessaire de répondre à une autre question que Siegfried pose : «Qui me sont père et mère ?[2]» en reprenant les faits.
Le père : Friedrich Wagner
Carl Friedrich Wilhelm était né le 18 Juin 1770 – la même année que Beethoven – à Leipzig. Le grand-père de Richard, Gottlob Friedrich Wagner (1736-1795), né à Müglenz, fit des études de théologie à l’université de Leipzig, puis, ayant échoué dans celles-ci, devint collecteur d’impôts à la porte de Ranstadt. Il épousa en 1769 Johanna Sophie Eichel, fille d’un instituteur de Leipzig. Ils eurent quatre enfants : le premier mourut en bas âge, puis Adolf[3], Friedrich et Friederike. Le père de Richard fréquenta l’école Saint-Thomas à partir de décembre 1780 et intégra neuf ans plus tard l’université de la cité saxonne. Après des études de droit, il devint en 1794 juriste et vice-greffier à la Cour de justice de la ville de Leipzig. Ce n’est qu’en 1810 qu’il obtint le poste de greffier à la direction de la police, grâce à sa connaissance de la langue française[4] et à l’appui du maréchal Davout[5]. Richard nous dit dans son autobiographie : «Il était très amateur de poésie et de littérature et manifestait notamment un intérêt presque passionné pour le théâtre[6]». C’est ainsi qu’il prénomma ses filles en s’inspirant des héroïnes de Goethe et Schiller et leur donna une très bonne éducation. Lui-même apparut avec un certain succès dans une comédie de Goethe, Die Mitschuldigen (Les Complices). Cette passion se manifesta aussi sous forme d’ardeurs galantes pour les actrices du théâtre. Friedrich fréquentait assidûment une célébrité de l’époque. Ses rencontres furent assez nombreuses pour que son épouse s’en plaignît encore à ses enfants, en plaisantant. Le couple menait donc une vie quelque peu fantaisiste. Hoffmann, à l’époque chef d’orchestre au Nouveau Théâtre de Leipzig, fit la connaissance de Friedrich le 17 Juin 1813. «Un homme exotique [7]» écrivit-il dans son Journal. Nous ne possédons aucun portrait de lui. Selon le témoignage d’une amie des filles d’Albert Wagner (le frère aîné de Richard), recueilli dans les années 1890, il était «petit et courbé, mais avec un beau visage[8]».
La mère : Johanna Rosine
La mère de Richard était née à Weissenfels, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Leipzig, le 19 septembre 1774[9]. Elle était le sixième enfant (et le quatrième de ceux restés en vie) du boulanger ou meunier Johann-Gottlob Pätz et de sa première femme, Dorothea Erdmuthe, née Iglisch, fille d’un tanneur. Cette dernière mourut alors que Johanna avait quatorze ans. Son père se remaria le 28 octobre 1788 (et contracta d’ailleurs un troisième mariage en 1795). Johanna entoura son arbre généalogique d’un certain mystère, bien que le maître boulanger l’ait reconnue comme sa fille légitime. Elle indiqua à ses enfants que son nom de jeune fille était Perthes. Ils apprirent qu’il se disait en réalité Petz. Richard lui-même hésitait entre trois orthographes : Pätz, Petz ou Beetz[10] . Était-ce pour cacher la différence de condition sociale existant entre sa famille et celle de son époux ? Elle déclarait avoir été élevée non par ses parents, mais dans l’un des meilleurs pensionnats de Leipzig. Cette éducation inhabituelle à l’époque pour une fille d’artisan aurait été rendu possible par la sollicitude d’un protecteur de haut rang, «grand ami de son père. Cet ami […] était un prince de Weimar qui avait rendu bien des services à sa famille[11]» nous dit Wagner dans Ma Vie. Son éducation aurait été interrompue par la mort soudaine de cet ami. Quelques biographes[12], en particulier Houston-Stewart Chamberlain (l’époux d’Eva, seconde fille de Richard), ont conclu que Johanna Rosine aurait pu être la fille naturelle du prince Friedrich Ferdinand Constantin de Saxe-Weimar (1758-1793), l’unique frère du Grand-Duc Karl August (1757-l828), prince régnant et bienfaiteur de Goethe. Chamberlain, afin d’orienter la présomption de paternité sur la personnalité du prince Constantin, n’hésita pas à rajeunir de quatre années la mère de Wagner et put affirmer sans scrupule que la lignée du maître de Bayreuth remontait jusqu’à l’aube du Moyen-Age. Il est prouvé depuis de manière définitive, en partie grâce aux travaux d’Otto Strobel, l’archiviste de Bayreuth et conservateur du musée Richard Wagner dans les années 1930, que la paternité du prince de Weimar est exclue : il n’avait que quinze ans à la naissance de Johanna Rosine et vivait sous une étroite surveillance à Weimar, ville qu’il n’a jamais quittée ces années-là… Comment l’attention se porta-t-elle donc sur le prince Constantin ?
En 1981, avec son talent de romancier, Martin Gregor-Dellin raconte dans sa biographie : « Peut-être qu’à quinze ans la jeune Johanna apportait aux poètes leur petit pain du matin à l’auberge. Il est vraisemblable que Schiller, Körner et Humboldt séjournaient à Weissenfels les années précédentes, sans doute depuis 1789.[…] On ne peut pas exclure que l’un d’eux ait remarqué, au théâtre amateur de Weissenfels, le talent de comédienne de la gracieuse et jolie Johanna Rosine. Il est possible qu’il en fit part au prince Constantin de Weimar, qui était compétent pour tout ce qui concernait le théâtre de son état. Si le prince Constantin a fait élever la petite Johanna à Leipzig, ville ouverte au théâtre, cela pourrait également expliquer que cette éducation ait été interrompue à sa mort en 1793 [victime d’une épidémie dans un camp militaire][13] ». Explication troublante, car Johanna Rosine semble n’avoir eu aucune instruction ultérieure…, elle quitta l’école en 1789. Ce que son fils confirme évoquant une instruction et une éducation très insuffisante ; et de fait, son allemand était épouvantable… Et si, Johanna n’était ni la fille, ni la protégée du prince de Weimar, mais sa maîtresse !
C’est ce que démontre brillamment Gregor-Dellin, en se basant sur de nombreux documents d’archives du trésorier du Grand-Duc, faisant état des pensions octroyées aux favorites ainsi qu’à ses maîtresses issues de la petite bourgeoisie et de leurs enfants illégitimes, dans un article publié en 1985 (postérieur donc à sa biographie…), intitulé : Résultats de recherches récentes sur Wagner (le mystère de la mère)[14]. Il s’avère que le prince, devenu général de division de cavalerie dans l’armée du prince-électeur de Saxe, résida assez longuement, au cours de l’année 1790, et à deux reprises à Weissenfels, dont l’une (de juin à septembre) non loin de la boulangerie Pätz. C’est à ce moment que commença la liaison entre le prince et la fille du boulanger. Voici ce que nous dit le biographe allemand : « Constantin installa sa chère Johanna Rosine à Leipzig, avec le consentement de celle-ci, et non sans avoir probablement légèrement modifié son nom de famille ; cependant il la plaça, non pas dans une institution distinguée[15] , mais chez une certaine dame Sophie Friederike Hesse. Johanna Rosine recevait en outre de l’argent pour ses toilettes et ses parures, et si Constantin lui fit donner des leçons de diction, d’écriture et de maintien, ce n’était certes pas à des fins plus nobles ou en vue d’une carrière d’actrice, mais simplement pour avoir une maîtresse digne de son rang. Elle ne fut pas non plus gratifiée d’une indemnité élevée […], puisque la liaison demeura sans conséquence[16] ». Après le départ du prince Constantin pour la guerre, suivi de sa mort, en 1793, la jeune Johanna fut abandonnée à son destin. Gregor-Dellin poursuit : « Le conseil secret, dont faisait partie Goethe, rendit en 1793 la décision suivante : la fille du boulanger Bezin, de Weissenfels, actuellement en pension chez une certaine dame Hessin à Leipzig, reçoit pour la dernière fois les cinquante Reichtalers échus à la Saint-Michel et est abandonnée à son sort[17]». Ce dernier portait le nom de Carl Friedrich Wagner, qu’elle épousa le 2 juin 1798. C’est cette succession d’événements qui explique que Johanna soit restée énigmatique, comme Wagner le note dans Ma Vie, au sujet de son nom, de son âge et de ses origines. Dans son autobiographie, il n’évoque à aucun moment ses grands-parents maternels. Il semble que Johanna Rosine ait rompu toute relation avec sa famille à Weissenfelset qu’elle n’ait jamais donné à ses enfants l’occasion de fréquenter sa ville natale ; là-même où elle n’était qu’une fille de boulanger entretenue…
L’intrusion de la mort au sein du cercle familial marqua les premiers mois de l’existence de Richard. Son père succomba à l’âge de 43 ans du typhus exanthématique. L’épidémie s’était déclarée au lendemain des combats de la sanglante bataille des Nations qui se déroula à Leipzig du 16 au 19 octobre 1813. Les hôpitaux de la ville ne pouvaient accueillir tous les blessés, qui se pressaient ainsi dans les églises et les écoles. Beaucoup de cadavres n’avaient pu être enterrés et les eaux de l’Elster étaient chargées de cadavres d’hommes et de chevaux. Inévitablement, la malnutrition, la promiscuité et l’hygiène défectueuse favorisèrent la survenue d’une épidémie de typhus. Le 4 novembre, on comptait dans cette ville plus de 20.000 morts. Hoffmann, qui était à Dresde lorsque l’épidémie se déclara, en nota les symptômes dans son journal « maux de tête, vertiges, engourdissement, mort, tout ceci en l’espace de quelques heures[18] ». Friedrich Wagner, affaibli par le surmenage imposé par le service policier lié aux désordres de la guerre, fut atteint par la maladie et mourut le 23 novembre 1813. Il ne laissait rien à son plus jeune fils, alors âgé de six mois, pas même un portrait… L’enfant ne le connaîtra qu’au travers du miroir déformant du discours familial. Johanna fit paraître dans le Leipziger Zeitung une notice nécrologique en précisant qu’il avait été « victime de son devoir… trop tôt disparu pour moi et mes huit enfants à charge[19] ».
A la mort de son chef, la famille Wagner, arrachée à une sécurité bourgeoise, fut menacée d’une dispersion totale. Johanna Rosine avait trente-neuf ans. En une époque aussi troublée, elle était seule ou presque, sans ressource (en dehors de la maigre pension versée par l’administration), avec la charge d’élever trois fils et quatre filles (en 1813, Ottilie avait deux ans, Klara six, Luise huit, Julius neuf, Rosalie dix et Albert quatorze ans). Des enfants du couple, un fils Gustav, né en 1801, était mort à l’âge de sept mois ; une fille, Theresia, ne survécut pas à sa quatrième année, emportée par une épidémie le 19 janvier 1814. Johanna ne put compter sur le soutien de son beau-frère, Adolf, vivant retiré du monde ou de sa belle-sœur, Friedericke. Ludwig Geyer se porta aussitôt au secours de la veuve de son ami. Il ne put d’abord s’occuper de la famille que par l’entremise d’une aide financière. Le retour de la paix en Allemagne, la promotion au rang d’acteur de Cour à Dresde permirent à Geyer d’accueillir Johanna et ses enfants. Après de brèves fiançailles, ils se marièrent le 28 août 1814, à Pötewitz, près de Weissenfels. Richard, âgé de 14 mois, avait de nouveau un père et un foyer sûr, cette fois à Dresde. Le 26 février 1815 naissait Cäcilie, fille légitime de Geyer et Johanna.
Le beau-père : Ludwig Geyer
Comme Friedrich Wagner mourut alors que son dernier-né n’avait que six mois, il n’a pas laissé de véritable souvenir conscient dans la mémoire de Richard. Rien de surprenant donc que l’enfant ait aimé Ludwig Geyer, son beau-père, aussi naturellement et avec autant de sincérité que s’il lui devait tout, même la vie. Richard l’appelait « notre père Geyer[20] ». Il en parla toujours avec respect et affection dans ses souvenirs et ses conversations. Il écrira ainsi à Mathilde Wesendonck à propos de l’autoportrait peint de Geyer : « C’est un visage noble, doux, mélancolique et souffrant, qui m’attendrit infiniment. Ce portrait m’est devenu très cher[21]». La description qu’il nous en donne dans Ma Vie est très positive : « Un autre témoignage de son [Friedrich Wagner] goût prononcé pour le théâtre fut le choix d’un ami qui partagea étroitement l’intimité de notre foyer, l’acteur Ludwig Geyer fut avant tout guidé par son amour du théâtre pour le choix de cet ami, il trouva en même temps, en la personne de cet homme, le plus généreux des bienfaiteurs. Car Ludwig Geyer se prit d’une compassion profonde pour le sort de la nombreuse descendance de son ami quand ce dernier disparut prématurément et il se dévoua désormais à la garde et à 1’éducation de cette famille. Sans foyer; durement éprouvé par la vie, Ludwig Geyer montra à quel point il aspirait à une atmosphère familiale en épousant la veuve de son ami, un an plus tard ; il devint dès lors le plus attentif des pères pour les sept enfants que l’autre avait laissés. Cet homme distingué […] se chargea de mon éducation avec le plus grand soin et la plus grande affection. II désirait m’adopter comme son propre fils et c’est pourquoi il me donna son nom lorsque je fus admis à ma première école, de sorte que, pour mes compagnons de jeunesse à Dresde, je suis resté Richard Geyer jusqu’à ma quatorzième année[22]. »
Ludwig Heinrich Christian Geyer était né le 21 janvier 1780 dans la ville de Luther, Eisleben, où son père exerçait la fonction d’actuaire au service des Recettes. Il commença des études de droit à Leipzig que le décès de son père le contraignit à interrompre. Il fréquenta également quelques temps l’Académie des Beaux-arts de Dresde. Pendant plusieurs années, il parcourut les petites villes de province et les villes d’eaux comme portraitiste. Bien que sa formation demeurât précaire, il n’était pas dénué de talent. De retour à Leipzig, c’est probablement en 1800 que Geyer fit la connaissance de Carl Friedrich Wagner, son aîné de presque dix ans. Ce dernier recommanda à ses amis « un jeune portraitiste, qui, par un coup du destin, a été soudainement forcé d’abandonner ses études de droit[23] ». Une profonde amitié naquit entre les deux hommes et Geyer devint un intime de la famille. Ils firent ensemble du théâtre amateur. Friedrich Wagner remarqua sans doute rapidement que les talents de comédien de son jeune ami dépassaient de beaucoup les siens. Après des engagements dans diverses petites villes d’Allemagne, il rejoignit la troupe du théâtre de Magdebourg en 1805. A la fin de cette année, il quitta la ville pour Stettin, où il demeura jusqu’à la dissolution de la troupe à l’automne 1806. Il resta ensuite à Breslau jusqu’en août 1809 avant de revenir à Leipzig. Geyer fut engagé en octobre 1809 dans la troupe de Joseph Seconda qui jouait dans cette ville en été et pendant les foires, et à Dresde l’hiver. En 1814, il fut promu au rang d’acteur de Cour ; la troupe Seconda ayant été intégrée au théâtre de Cour de Dresde. Cet artiste de réputation honnête et bourgeoise, au caractère enjoué, excellait dans les rôles de caractère. Les critiques étaient très élogieuses. Pourvu de multiples talents, le second époux de Johanna était également auteur dramatique. Il écrivit plusieurs pièces de théâtre. Wagner se souviendra de L’Infanticide de Bethléem, qui fut « loué par Goethe de la manière la plus aimable[24] ». Mais ses rôles et ses pièces ne permettaient pas à Geyer de vivre correctement. Sa solide réputation de portraitiste y suppléa. A Dresde, il se vit charger d’effectuer le portrait de la reine de Saxe et, en 1819, à l’occasion d’une tournée à Munich, il portraitura plusieurs membres de l’aristocratie bavaroise. C’est lui qui réalisa en 1813 le portait à l’huile de Johanna Rosine ; en 1806, il réalisa également deux autoportraits. Geyer aurait voulu que son fils adoptif se tournât vers la peinture mais le jeune garçon ne montrait aucune disposition en ce domaine et ne savait pas dessiner ! En revanche, il l’introduisit dans le monde théâtral : « Les souvenirs les plus lointains de ma jeunesse se rattachent ainsi à ce père adoptif et, par lui, glissent vers le théâtre. (…) La découverte du théâtre fut pour moi une révélation ; non seulement j’eus accès à la loge secrète d’où l’on pouvait passer sur la scène, non seulement, je visitai le vestiaire avec ses costumes fantastiques et ses accessoires de déguisement, mais encore je participais personnellement au jeu[25] ». Cette prédestination fut encore renforcée par son beau-père quand la veille de sa mort, entendant Richard tapoter au piano, il demandait : « Aurait-il des dispositions pour la musique ?[26] ». La mort poursuivit sa moisson : le 29 septembre 1821, la tuberculose emporta à son tour l’homme qui avait guidé Richard à travers sa première enfance. Wagner écrira : « On me conduisit au chevet de mon père ; l’extrême faiblesse avec laquelle il me parla, les moyens mis en œuvre pour tenter d’alléger les souffrances occasionnées par sa pleurésie aiguë, tout cela me donna l’impression de vivre un cauchemar et je crois que j’en fus saisi au point de ne pouvoir pleurer[27]. »
« Comment était donc mon père ? [28] »
Les liens étroits que Geyer entretenait avec la famille Wagner permirent à certains biographes de conclure qu’il serait le père naturel de Richard. Bien qu’il n’existe aucune preuve, cette possibilité n’est pas à exclure. La thèse de la paternité de Geyer est acceptée par le biographe Robert Gutman qui va même jusqu’à suggérer que l’acteur pourrait bien être le père d’autres enfants que Richard et Cäcilie[29]. Par contre, elle est rejetée catégoriquement par les premiers biographes (Carl Glasenapp, Julius Kapp ou encore Houston-Stewart Chamberlain). Parmi, les auteurs modernes, Zdenko von Krafi, Curt von Westernhagen et Martin Gregor-Dellin ne retiennent pas l’éventualité d’une paternité adultère. Les biographies publiées récemment outre-Rhin par Joachim Köhler (2001) et Udo Bermbach (2006) contestent également cette hypothèse.
Wagner écrit dans son autobiographie : « Déjà, alors que le rédacteur de police passait ses soirées au théâtre, l’excellent acteur le remplaça souvent auprès de ma mère, qu’il devait apaiser lorsque, à tort ou à raison, elle se plaignait de son mari volage[30] ». De même, mi juillet 1813, alors que sa fonction obligeait son mari à demeurer près de Leipzig, Johanna vint rejoindre Ludwig Geyer à Teplitz, après un voyage extrêmement périlleux de plus de cent-soixante kilomètres à travers des territoires occupés par l’ennemi. Cet étrange voyage, trois mois seulement après la naissance de Richard pose question. L’épisode n’a été découvert qu’au XXème siècle. L’une des explications proposées est que Johanna aurait été désireuse de revoir Geyer et de montrer le bébé à son père. Ces anecdotes donnèrent naissance à toutes sortes de spéculations. Wagner lui-même écrivit : « Il est en tout cas difficile de croire que ce soit le seul sentiment d’un devoir envers la famille d’un ami disparu qui ait incité Ludwig Geyer à épouser une femme qui n’était plus de la première jeunesse : le cœur eut certainement son mot à dire[31] ».
En 1870, Cäcilie sa demi-sœur remit à Richard les lettres écrites par Ludwig Geyer à sa mère avant leur mariage. Wagner lui répondit le 14 janvier : « Il est rare de voir dans la vie un exemple aussi parfait de sacrifice complet de soi-même pour un noble but comme dans ce cas-ci […]. Je crois que je comprends maintenant cette relation complètement, même si je trouve extrêmement difficile d’exprimer ce que je pense. Il me semble que notre père Geyer croyait qu’il expiait une faute en se sacrifiant pour toute la famille[32] ». Gregor-Dellin estime que rien ne prouve que Johanna Rosine se soit consolée avec le dévoué Geyer des frasques « artistiques » de son époux : « Quant à l’ami de Friedrich Wagner, il semblerait qu’il ne franchit pas les limites de la bienséance. L’amitié des deux hommes resta sans équivoque jusqu’à la mort du premier.[33] »
Bien sûr, il est aussi impossible de l’exclure totalement. Les conclusions des démonstrations physiognomoniques, comparant les ressemblances entre Richard et les autres descendants du père officiel (portrait de son frère Albert) sont insuffisantes. En effet, on ne possède pas de portrait de Friedrich Wagner seulement celui de son frère Adolf. De plus, de par les traits du visage, Richard ressemble probablement beaucoup à sa mère, comme en témoigne aussi l’air de famille avec sa demi-sœur Cäcilie.
Quant à l’assertion de deux américains en mal de découvertes, dans leur ouvrage mal nommé « La vérité sur Wagner », qui se fondèrent sur Nietzsche, pour affirmer que Wagner aurait indiqué à la première page du manuscrit de l’édition privée de « Ma Vie » que Geyer était son père, elle est absolument gratuite[34]. Certes, Nietzsche écrira que « ce qui circule de nos jours sous le titre « Vie de Wagner » n’est que fable convenue, si ce n’est pire. Je confesse ma défiance envers les points de sa biographie qu’il a lui-même attestés[35] ». Ce qui est certain, c’est qu’en 1888, dans Le Cas Wagner, le philosophe, brouillé avec celui qu’il a tant admiré, se demandait avec acrimonie si Wagner était réellement allemand : « Un vautour est déjà presque un aigle…[36] » En allemand, « aigle » se dit « Adler » et « Vautour » : « Geier ». Derrière cette assertion, il y a surtout une perfide allusion de Nietzsche au fait que Geyer ait pu être d’origine juive : Adler étant un nom très répandu chez les juifs allemands. En considérant l’état des connaissances actuelles, les arguments tendant à prouver que Ludwig Geyer n’est pas le père biologique de Wagner semblent les plus convaincants.
Qu’en pensait le Maître de Bayreuth ? Même s’il le nia à Cosima[37], Wagner croyait lui-même à la possibilité que Geyer fut son père biologique[38]. Philippe Muller, analysant le corpus de tous ses rêves de 1869 à 1883, souligne que Richard s’y est cru le fils de Geyer. Lorsque Nietzsche eut en charge la correction des épreuves de Ma vie [39], Wagner lui écrivit le 16 janvier 1870 à propos d’un blason qui devait orner l’édition privée : « [Il] est très bien réussi et nous avons toutes les raisons de vous remercier pour le soin que vous y avez apporté. Je viens justement de retrouver l’ancienne esquisse du vautour; que chacun prendra certainement d’abord pour un aigle jusqu’à ce qu’on lui montre, dans une histoire naturelle, que cette variété de vautour ressemble beaucoup à l’aigle. Comme il importe – à cause du .symbole – que le vautour soit immédiatement reconnu comme tel, nous vous prions de demander au graveur d’ajouter à notre oiseau sa collerette caractéristique. Cette retouche doit être possible[40] »
Que voulait-il suggérer par le choix de cette imagerie ? S’agissait-il de révéler qui avait été son père par le sang ? Ne voulait-il pas plutôt rendre hommage à l’homme qui avait réellement rempli ce rôle ? Mais le blason[41] comporte aussi la constellation du « Grand chariot » évoquant les Wagner (de Wagen, voiture ou chariot en allemand).
Une remarque de Cosima dans son Journal, si on la lit correctement, pose question « R. dit ensuite que Fidi [Siegfried, le fils de Wagner], à qui il avait donné à garder son béret, avait une allure magnifique, qu’il ressemblait tout à fait à son père Geyer. Moi : ‘Ton père Geyer a certainement été ton véritable père ‘. R. : ‘Je ne crois pas. Moi : ‘D’où vient donc la ressemblance ? ‘ R. : ‘Ma mère l’avait aimé autrefois, les affinités électives[42]. L’important, ici, ce n’est pas la réponse évasive, selon l’expression goethéenne, de Richard à Cosima, mais ce qu’il dit juste avant, en regardant Siegfried : il ressemblait à Ludwig Geyer. Faut-il en déduire que Geyer ait été le géniteur de l’artiste ? En fait, connaître l’identité de son père véritable est-il d’un si grand intérêt ? Ce qui importe est que Wagner se soit posé la question, ainsi que son attitude face à l’incertitude de la réponse. Il ne put jamais se rassurer complètement à ce sujet. Mais il s’employa à éviter ce genre d’interrogation à son propre fils. Le 9 février 1879, il écrivait à Louis II de Bavière : « Le fils, si jeune encore, devra savoir exactement, quand il aura atteint la maturité, qui était son père. Rien de plus : Puisse-t-il alors me juger[43] ». On ne peut manquer de voir là, un comportement visant à réduire symboliquement sa carence paternelle. Certains commentateurs (Nattiez, Millington) voient dans l’ambivalence des sentiments de Wagner envers Geyer l’éventualité qu’il croyait que Geyer pût être d’ascendance juive. Il est démontré à ce jour de manière incontestable que la famille Geyer, issue de Saxe-Anhalt et composée de pasteurs et de cantors, était de stricte tradition protestante ; mais Wagner ne le savait pas… Cependant rien dans ses écrits ne montre une hostilité à l’égard de Ludwig Geyer. Tous les témoignages manifestent au contraire son sentiment de reconnaissance.
« Ma mère – une femme ! [44] »
Les ramifications psychologiques de sa relation avec sa mère ne sont pas moins complexes. A l’époque où elle s’inscrivit dans la mémoire de Wagner – elle était déjà âgée quand il naquit -, des maux de tête la contraignaient à porter constamment un bonnet ; la toile de Ludwig Geyer l’immortalisa sous cet aspect. Wagner confie dans son autobiographie : « Je n’ai pu garder l’image d’une mère jeune et gracieuse. Les soucis qui l’agitaient au milieu d’une nombreuse famille (dont j’étais le septième membre vivant), les difficultés qu’elle éprouvait à nous procurer le nécessaire et à sacrifier à un certain décorum malgré des moyens très restreints, ne lui laissaient guère le loisir de manifester ces épanchements de tendresse qui sont le propre d’une mère. C’est à peine si je me rappelle avoir reçu d’elle une caresse : en revanche, il était courant qu’elle manifestât un caractère vif, presque emporté et irascible[45] ». Par ailleurs, en plus de lui refuser l’attachement œdipien que le jeune enfant réclamait, sa mère lui interdit également le monde du théâtre : […] « Ma mère se préoccupa de ne pas laisser grandir en moi une inclination éventuelle pour le théâtre. […] Elle me menaçait presque de sa malédiction si je faisais mine de m’intéresser au théâtre[46] ». Ces traits négatifs et l’absence de fibre maternelle sont à rapprocher d’une lettre que Wagner écrivit en septembre 1842 à Cäcilie ; il y est question du manque de principes et des caprices de sa mère, de sa versatilité, de son penchant à la falsification des faits et à la complaisance pour les ragots, de son avarice et de son égoïsme [47]… Mais, il ne faudrait pas oublier de préciser que l’âge semble avoir perturbé profondément le caractère de sa mère. Johanna passera la fin de sa vie à l’abri des soucis matériels, grâce à ses filles et à leurs riches mariages. Elle décédera le 9 janvier 1848, à l’âge de soixante-quatorze ans. « Elle avait passé les dernières années de sa vie, autrefois si active et si instable, dans la sérénité que procure le confort et, sur la fin dans un état d’inconscience paisible[48] » nous dit Wagner dans son autobiographie. Il ajoute en évoquant les funérailles de sa mère : « Je me hâtai de me rendre à Leipzig pour son enterrement et j’eus la joie de pouvoir contempler une dernière fois et avec une profonde émotion le visage serein et paisible de la morte. […] Nous la déposâmes dans la tombe par un matin glacial. La motte de terre gelée que je pris, suivant l’usage, pour la jeter sur le cercueil, tomba sur le couvercle avec un bruit violent qui m’effraya. […] Pendant le court trajet de Leipzig à Dresde, j’eus nettement conscience de l’isolement complet où je me trouvais. La mort de ma mère avait rompu les liens naturels entre frères et sœurs absorbés par leurs intérêts personnels[49] ».
La relation de Richard avec sa mère, probablement très forte, fut en réalité beaucoup plus complexe et marquée d’une extrême ambivalence. En témoigne une lettre célèbre, écrite à Karlsbad le 25 juillet 1835, qu’il lui adressa alors qu’elle était âgée de soixante et un ans : « Tu es la seule, ma très chère mère, à qui je pense avec l’amour le plus fervent et l’émotion la plus profonde », puis il renchérit avec un excès suspect : « Je fais sans doute partie de ces gens qui ne savent pas toujours parler selon leur cœur dans l’instant, sinon tu aurais eu bien souvent la révélation d’un côté de ma nature beaucoup plus tendre. Mais les sentiments demeurent les mêmes, et vois-tu, Maman, maintenant que je suis loin de toi, je me sens envahi de reconnaissance pour l’amour magnifique que tu prodigues à ton enfant, et que tu lui as manifesté récemment une fois de plus avec tant de chaleur et d’affection ; c’est si fort que je voudrais t’écrire et le dire avec toute la tendresse d’un amoureux envers sa bien-aimée. Que dis-je, c’est bien plus que cela, l’amour d’une mère n’est-il pas en effet bien plus immaculé que tout autre ? » La lettre culmine dans cette phrase, où il semble vouloir s’assurer de ses propres sentiments : « Ma chère, très chère mère, quel misérable je ferais si jamais mon sentiment venait à se refroidir à ton égard ![50] »
Pour conclure, retrouvons le petit Richard dans ses premières années d’enfance. Il montrait une forte tendance à l’indiscipline et faisait preuve de turbulence, d’indocilité et d’un caractère coléreux. Les biographes affirment qu’il était « un enfant à problèmes », prompt au chahut, mais qui éveillait la sympathie de tous. Par une lettre de ce temps, on apprend qu’il ne passait guère une journée sans déchirer un fond de culotte. On disait de lui que c’était un « être bruyant, un peu brusque, presque violent[51] » . Son beau-père aimait à l’appeler « le cosaque[52] » ou « le petit lutin » . Le caractère turbulent est souvent rattaché par les psychologues à une carence de l’image paternelle intériorisée. En tous les cas aucun signe qui puisse indiquer un enfant prodige ou un génie en herbe ! L’avenir prouvera le contraire…
PB in WAGNERIANA ACTA 2010 @ CRW Lyon
[1] « Wie sah mein Vater wohl aus ? » (Siegfried, Acte II, scène2)
[2] « Wer ist mir Vater und Mutter ?» (Siegfried, Acte I, scène 1)
[3] L’oncle dont Richard parle avec tant de chaleur dans son autobiographie et pour lequel il nourrit la plus vive admiration. Adolf était un universitaire renommé et respecté, formé notamment à léna et à Dresde, à la fois théologien, philologue et homme de lettres. Cet oncle jouera un rôle décisif dans l’éducation générale et la formation littéraire du jeune Richard
[4] Comment Friedrich apprit-il le français est encore un mystère.
[5] Ernest Newman, The Life of Richard Wagner. 1.1813-1848. London, Cambridge University Press,1976.
[6] Richard Wagner, Ma Vie. Paris, Buchet/Chastel, 1978, p. 13.
[7] Herbert Barth, Wagner. Une étude documentaire. Paris, Gallimard, 1976, p. 147.
[8] Mary Burrell, Richard Wagner. His Life and Works from 1813 to 1834. Thalwil (Suisse), Editions TIMO
Verlag, s.d., p. xv.
[9] Certaines sources donnent de manière erronée la date de 1778.
[10] D’autres orthographes existent : Bertz, Betz ou encore Berthis.
[11] Richard Wagner, Ma Vie, p. 19
[12] Voir :« The prince Constantin question », in : Ernest Newman, The Life of Richard Wagner. II. 1848-1860,
pp.613-619.
[13] Martin Gregor-Dellin, Richard Wagner. Paris, Fayard, 1981, p.40.
[14] Martin Gregor-Dellin, Résultats de recherches récentes sur Wagner. Bayreuther Festspiele Programm,
Parsifal, 1985, pp. 81-90.
[15] La mère de Wagner n’indiqua jamais à ses enfants le nom de «l’institution » de Leipzig, où elle aurait été élevée…, et pour cause !
[16] Martin Gregor-Dellin, Résultats de recherches récentes sur Wagner, p.87.
[17] Ibid, p.87
[18] Joachim Köhler, Richard Wagner. The Last of the Titans. London, Yale University Press, 2004, p.9.
[19] Mary Burell Richard Wagner. His Life and Works from 1813 to 1834, p. 16.
[20] Richard Wagner, Ma Vie, p. 13-14.
[21] Lettre du 29 septembre 1858, in : Richard Wagner à Mathilde Wesendonk. Paris, Parution, 1986, p.90.
[22] Richard Wagner, Ma Vie, p. 14.
[23] Ernest Newman, The Life of Richard Wagner. 1.1813-1848, p. 16.
[24] Richard Wagner, Ma Vie, p. 14.
[25] Ibid, p.14-15.
[26] Ibid, p.15.
[27] Ibid, p.15.
[28] « Wie sah mein Vater wohl aus ? » (Siegfried, Acte II, scène2)
[29] Robert Gutman, Richard Wagner, the man, his mind, and his music. NewYork, H.B. Jovanovich, 1968, p. 7.
[30] Richard Wagner, Ma Vie, p. 14.
[31] Richard Wagner, Ma Vie, p. 19.
[32] Family Letters of Richard Wagner. London, Macmillan, 1911, p. 279.
[33] Martin Gregor-Dellin, Richard Wagner, p. 21.
[34] P.-D. Humet W.-L. Root, La Vérité sur Wagner. Paris, Stock, 1930,p. 25.
[35] Friedrich Nietzsche, Le Cas Wagner. Paris, Editions Allia, 2007, p. 59.
[36] Ibid, p.59.
[37] Cosima Wagner, Journal. III. 1878-1880. Paris, Gallimard, 1979, p. 288.
[38] Carl-Friedrich Glasenapp, Das Leben Richard Wagner. BandI. Leipzig, Breitkopf und Härtel, 1894, p. 78.
[39] Autobiographie qu’il faisait imprimer à quelques exemplaires destinés à ses amis proches.
[40] Cité par Jean-Jacques Nattiez, Wagner androgyne. Paris, C. Bourgois, 1990, p. 220.
[41] Au-dessus de l’entrée principale de la villa Wahnfried se trouvent deux blasons peints sur verre : celui de gauche reproduit ce symbole ; celui de droite porte une cuillère à pot, emblème de Tribschen.
[42] Cosima Wagner, Journal. III. 1878-1880, p. 288.
[43] Blandine Ollivier, L’Enchanteur et le roi des ombres. Paris, Perrin, 1976, p. 323.
[44] « Meine Mutter – ein Menschenweib ! » (Siegfried, Acte II, scène 2).
[45] Richard Wagner, Ma Vie, pp. 19-20.
[46] Richard Wagner, Ma Vie, pp. 19-20.
[47] Sämtliche Briefe. Band II, 1980, pp. 155-160.
[48] Richard Wagner, Ma Vie, p. 236.
[49] Richard Wagner, Ma Vie. II. 1842-1850, pp. 226-227.
[50] Sämtliche Briefe. BandII, pp. 209-213.
[51] Martin Gregor-Dellin, Richard Wagner, p. 26.
[52] Herbert Barth, Wagner. Une étude documentaire, p. 148.