Né en 1963
Ténor
Il est l’artiste lyrique de tous les superlatifs de notre génération. Capable d’une vaillance sur son registre des plus déroutantes, d’une endurance physique digne d’un champion olympique, parachevant des airs parfois interminables avec des aigus solaires et éclatants , et, sans aucun doute, l’un des chanteurs à la diction la plus parfaite et raffinée qu’il soit.
Il est aussi l’artiste de tous les records, depuis le nombre (démesuré) des rôles qu’il a appris et interprétés sur scène aux innombrables apparitions en concert ou à l’opéra depuis le Met de New-York jusqu’à la Staatsoper de Vienne, ou bien encore en nombre de ventes de ses multiples albums (abordant les styles et les répertoires les plus variés), et que rares sont ses confrères à pouvoir égaler.
Doté d’un charisme et d’une aisance scénique incomparable, Roberto Alagna brille, illumine la scène dès son entrée, et enflamme les foules. Adulé ou méprisé (voire détesté), Roberto Alagna ne laisse certainement pas indifférent. N’est-ce pas le propre des géants ? Tout en sachant garder par ailleurs une simplicité, une authencité, un naturel qui l’ont rendu familier de tous ses « fans » prêts à se déplacer à l’autre bout du monde pour assister à ses triomphes. Car c’est ce même public de fans qui le suivent partout et qui, conquis dès ses toutes premières apparitions, ont épaulé l’artiste, l’ont encouragé et ont été un pilier essentiel dans la fugurante ascension du ténor. Et à qui l’artiste au coeur d’or, a su rester fidèle, rester proche des admirateurs de longue date, témoignant ainsi d’une générosité sans faille. Devenant ainsi l’un des chanteurs lyriques les plus populaires et aimés de son public, le chanteur préféré des français… entre autres !
S’il fallait encore reconnaître d’autres qualités à cet artiste « hors normes », il ne faudrait pas manquer de citer l’éclectisme des choix que Roberto Alagna a fait pour conduire sa carrière, ne voulant jamais se cloisonner dans un répertoire particulier. Travailleur acharné et avide d’explorer de nouveaux genres et répertoires – exigeant bien souvent des qualités diamétralement opposées – l’artiste, italien (sicilien, plus exactement) de naissance aurait certes pu se « contenter » d’interpréter les rôles des compositeurs de sa patrie d’origine. Mais il n’en a rien été : en même temps qu’il a su adopter la France pour nationalité, Roberto Alagna s’est fait une spécialité dans le répertoire français …. depuis Gluck (Orphée en français, chanté par ténor, dans la révision du compositeur pour la Cour de Versailles, créé par Joseph Legros, en 1774)… au répertoire contemporain (Les Derniers jours d’un condamné, composé par son frère David Alagna, et créé en 2007, ou bien encore Marius et Fanny, de Vladimir Cosma, en 2007). Sublime Faust, éclatant Roméo, bouleversant Hoffmann, vaillant Samson, il fut également récemment un extraordinaire Lancelot (Le Roi Arthus, Ernest Chausson, en 2015), préfigurant sans doute à l’époque les rôles de ténors héroïques… du répertoire wagnérien qu’il s’apprête aujourd’hui à aborder … enfin !
Quelques repères biographiques
Roberto Alagna est né le 7 juin 1963 à Clichy-sous-bois de parents siciliens immigrés en France. Le jeune Roberto a commencé à chanter alors qu’il venait à peine d’apprendre à marcher. L’enfant chantait de manière tout à fait naturel et spontané en reproduisant ce qu’il entendait à la télé et à la radio. De la variété française en passant par les chants siciliens traditionnels, Roberto Alagna s’est vite découvert une véritable passion pour la musique et le chant.
Devenu adolescent, le jeune chanteur prometteur fait la rencontre d’un propriétaire de restaurant italien qui lui trouve beaucoup de potentiel. Le propriétaire de restaurant lui offre des cours de chant et le présent à des musiciens confirmés, dont un contrebassiste et chanteur cubain. Ce dernier va prendre Roberto sous son aile et lui fait découvrir l’univers du chant lyrique tout en lui inculquant les premiers rudiments du chant classique.
Devenu jeune adulte, les capacités vocales de Roberto Alagna ne laissaient personne indifférent, si bien que les cabarets parisiens se l’arrachaient dans les années 80. Le jeune ténor va alors faire de la musique son métier et enregistre son tout premier 45 tours en 1985, chez la fameuse édition Eddie Barclay. Le succès est au rendez-vous mais Roberto Alagna ne se repose pas sur ses acquis.
En 1988, Roberto Alagna remporte le fameux concours Pavarroti et obtient son tout premier rôle important en tant que ténor dans la Traviata de Verdi. C’est la consécration pour le ténor franco-italien qui va enchaîner les contrats et les projets à succès. Effectivement, son talent et son travail le conduisent à fouler les plus grandes scènes lyriques du monde.
Le timbre clair, puissant, authentique et maîtrisé de Roberto Alagna le rend parfaitement apte à satisfaire les exigences des rôles de certaines grandes œuvres d’opéra. L’artiste a notamment tenu le rôle de Roméo dans Roméo et Juliette de Gonoud, ainsi que le duc de Mantoue dans Rigoletto de Verdi. En France, il est connu pour avoir joué Edgard dans l’adaptation française de Lucie Lammermoor de Donizeti, mais aussi Don Carlos dans celle, française également, de Don Carlo de Verdi.
Mais pas seulement. Roberto Alagna a également chanté dans le Te Deum de Berlioz et d’autres œuvres destinées à un grand public. Le ténor franco-italien est aussi créateur à sa manière puisqu’il a co-écrit avec son frère le livret d’un opéra inspiré des Derniers jours d’un condamné de Victor Hugo.
Pour retrouver le parcours de Roberto ALAGNA, voir Annexe 2 :
« Ma Vie est un opéra », film documentaire réalisé par Nicolas CRAPANNE
Roberto Alagna et Richard Wagner : une série de rendez-vous manqués
C’est un fait indéniable, Roberto Alagna adore la musique de Wagner. Il nous l’a d’ailleurs confié à plusieurs reprises lors d’interviews que nous avons eu le plaisir et l’honneur de conduire avec lui, au cours de tournages qui nous ont menés de Paris, à Séville, New-York ou bien encore à Munich.
Et c’est toute une série d’événements (il ne faut pas croire au hasard), qui feront naître cette rencontre que le ténor espérait depuis si longtemps avec l’oeuvre du « Grand Maestro Richard Wagner ». En effet, ses pères spirituels, ses références lorsqu’il commence à étudier le chant, ne sont autres qu’Aureliano Pertile ou bien encore Benjamino Gigli. Et l’on sait combien ces deux chanteurs se sont particulièrement illustrés, à leur époque, en interprétant (en italien) les plus grands rôles wagnériens de Parsifal… à Lohengrin, justement. (voir Annexe 1). Tout comme Georges Thill, éminent ambassadeur du « chant wagnérien français » et dont le chanteur s’est fait une spécialité. Malgré l’obstacle de la langue, tous trois, dont aujourd’hui Roberto Alagna peut fièrement s’enorgueillir d’être leur digne héritier, ont su s’imposer sur les plus scènes les plus prestigieuses par leur interprétation des héros wagnériens. Avec les acclamations que l’on sait.
En 2011, le réalisateur Jean-Louis Guillermou propose au chanteur d’interpréter le rôle de Josef Tichatschek (créateur du rôle de Rienzi et de Tannhäuser), dans un biopic sur Richard Wagner. Même si le film, en raison de sa navrante qualité, n’eut guère de rententissement médiatique (hormis des critiques désastreuses), Alagna y chante deux (brefs) extraits de Lohengrin : déjà, on sent que le style, le phrasé, la musicalité et l’intelligence du chant sont réunis pour prédire le meilleur du chanteur dans ce répertoire qui jusqu’à présent lui était étranger. Puis, un désastre pour la carrière et la renommée de l’artiste : en 2018, Katharina Wagner , directrice artistique du prestigieux Festival de Bayreuth l’invite pour intepréter le rôle de Lohengrin sur la scène mythique et historique. Le chanteur, que l’on imagine transporté d’enthousisame accepte. Un peu trop rapidement sans doute… Mais on connait l’enthousiasme et la flamme du chanteur. Quelques semaines à peine avant la première, il mutiplie les communiqués officiels pour avouer qu’il ne maîtrisait pas suffisamment la partition. Si les wagnériens glosent devant cet aveu de faiblesse, il est sans doute beaucoup plus crédible de penser que le ténor … ne voulait pas décevoir, en l’état de sa maîtrise du rôle, le public si difficile des habitués du Festival. Sa partenaire, d’ailleurs, Anna Netrebko (qui devait interpréter le rôle d’Elsa) renoncera quelques jours après…. préférant « rôder » le rôle sur d’autres scènes (Dresde, Vienne) avant d’entrer dans l’arène sans pitié du Palais des Festivals. Où l’ombre de Richard Waghner veille toujours…
13 décembre 2020 : Roberto Alagna sera enfin Lohengrin, sur la non moins prestigieuse scène de la Staatsoper de Berlin (Unter den Linden). Il sera dirigé par Matthias Pintscher, et sera entouré d’un cast exceptionnel, parmi lequel on citera, entre autres René Pape, Vida Miknevičiūtė, Ekaterina Gubanova et Martin Gantner
NC
(dernière mise à jour : 12/12/2020)