Résultat de plusieurs années de recherches minutieuses, notre biographie exhaustive de Richard Wagner rassemble la plupart des informations connues à ce jour sur la vie du compositeur de la Musique de l’Avenir. Ces informations proviennent notamment des propres écrits du compositeur, ainsi que de correspondances et informations recueillies par les témoignages écrits de ses proches. Notre travail s’appuie sur une compilation des autobiographies de Richard Wagner (Ma Vie, Une Communication à mes amis…) ainsi que des ouvrages attestés des plus célèbres biographes du compositeur (M. Gregor-Dellin, H.S. Chamberlain, H. Lichtenberger…).
Réparties en neuf périodes, chacune de ces sections permet ainsi d’accéder à une chronologie complète, année après année, de la vie de Richard Wagner.
Les années d’exil et d’errance (1850-1863)
15-25 janvier 1862
Sur le chemin le conduisant à la “Taverne anglaise”, en compagnie de Truinet (dit Charles Nuitter), Richard Wagner conçoit pour la première fois le chœur “Wach auf” (Éveillez-vous !) des Maîtres Chanteurs. Au gré de ses promenades quotidiennes, le compositeur conçoit pour la première fois certains autres passages mélodiques de son futur opéra : “C’est en parcourant les Galeries du Palais Royal que me vint à l’esprit la mélodie du passage de Sachs où il est fait allusion à la Réforme et où le peuple, au dernier acte, salue le maître qu’il aime ; je trouvai Truinet qui m’attendait et je lui demandai de quoi écrire ma mélodie que je lui chantais en même temps tout bas.” (Mein Leben)
Le 31 janvier 1862
Le manuscrit primitif du texte des Maîtres Chanteurs est achevé : “Je terminai au cours de janvier le livret de mes Maîtres Chanteurs au bout de trente jours exactement.” (Mein Leben) Ce même jour (31 janvier 1862), et au sein d’un petit cercle privé, Richard Wagner donne pour la première fois une lecture du livret des Maîtres Chanteurs de Nuremberg.
1er février 1862
Richard Wagner quitte Paris pour se rendre à Karslruhe, puis à Mayence.
5 février 1862
Arrivé à Mayence, Richard Wagner donne dans la soirée une lecture chez les éditeurs Schott du livret des Maîtres Chanteurs.
8 février 1862
Richard Wagner s’installe sur les bords du Rhin, à Briebrich.
Avec le projet d’y demeurer un certain temps (il sous-louera d’ailleurs au bout d’une semaine quelques pièces dans la villa de l’architecte Frickhöfer, avec vue sur le Rhin), Richard Wagner écrit sa femme Minna une lettre dans laquelle il la laisse libre de choisir si elle souhaite ou non reprendre la vie commune.
9 février 1862
Richard Wagner assiste au Faust (Margarethe) de Charles Gounod à Wiesbaden.
21 février 1862
Sans en avoir averti son mari, Minna débarque à Briebrich et fait une nouvelle scène de ménage, notamment encore au sujet de “l’affaire Wesendonck” (Minna quittera Briebrich quelques jours plus tard, le 3 mars 1862 ; Richard Wagner écrira à son ami Peter Cornelius : “ Ce furent dix journées infernales ”).
En soirée, Richard Wagner va à Darmstadt pour assister à une représentation de Rienzi.
7 et 8 mars 1862
Richard Wagner se rend à Karlrsruhe afin de donner une lecture du livret des Maîtres Chanteurs auprès du Grand-duc de Bade.
Richard Wagner assiste à une représentation de Tannhäuser (mis en scène par Eduard Devrient) qui lui paraît épouvantable “J e constatai à regret que ce conseiller dramatique que, par ailleurs, je recommandai si chaudement, pratiquait la routine la plus banale ” (Mein Leben).
En mars 1862,
Au cours d’une réception donnée par les Schott en l’honneur du compositeur, celui-ci fait la rencontre de Mathilde Maier. “ Une grande soirée que les Schott donnèrent à Mayence me fournit l’occasion de me lier d’amitié avec Mathilde Maier qui fut choisie spécialement par Madame Schott à cause de son “intelligence” comme elle disait, pour être ma voisine à table ; sa personnalité fine, précieuse, et sa capacité à s’exprimer dans le dialecte de Mayence la distinguaient avantageusement de tout le reste de la compagnie. Je lui promis d’aller la voir dans sa famille et je vécus alors une idylle hors du commun. ” (Mein Leben)
Fin mars 1862
A Briebrich, Richard Wagner commence la composition de l’Ouverture des Maîtres Chanteurs de Nuremberg.
“ Par un beau coucher de soleil qui transfigurait le splendide panorama de la Mayence “d’or” et le Rhin majestueux, le prélude de mes Maîtres Chanteurs, émergeant comme d’une lointaine image, s’imposa soudain comme une seconde fois, proche et net, à mon esprit. J’entrepris d’écrire le prélude, tel qu’il est aujourd’hui dans la partition, exposant avec la plus grande précision les thèmes principaux de l’ensemble du drame ” (Mein Leben).
28 mars 1862
Richard Wagner bénéficie enfin d’une amnistie pleine et entière, valable également pour la Saxe.
13-20 avril 1862
Richard Wagner ébauche l’orchestration de l’Ouverture des Maîtres Chanteurs de Nuremberg.
22 mai 1862
(Quarante neuvième anniversaire du compositeur)
Dans la matinée du jour de son anniversaire, Richard Wagner jette les bases du prélude du troisième acte des Maîtres Chanteurs de Nuremberg.
Le soir, afin de célébrer l’anniversaire du compositeur, une petite fête est organisée au domicile du compositeur ; Mathilde Maier fait “ les honneurs comme maîtresse de maison ” (Mein Leben).
26 mai 1862
A Karslruhe, Richard Wagner assiste à une représentation de Lohengrin, à laquelle il se rend sans se faire annoncer.
Dans la distribution, Richard Wagner est enchanté par l’interprétation des époux Schnorr von Carosfeld.
Suite aux remarques que le compositeur a faites à Eduard Devrient sur la mise en scène de Tannhäuser, il était entendu qu’on voulait pour cette production “ donner un caractère exemplaire ” (Mein Leben), mais le ton était monté entre temps entre le compositeur et le conseiller dramatique (celui-ci exigeant notamment que d’importantes coupures soient pratiquées dans la partition). Le soir même de la représentation de Lohengrin, au cours d’un dîner avec les époux von Carosfeld, Richard Wagner apprend que Devrient ne serait pas “pour rien” dans le fait que les manœuvres ayant pour but de faire représenter Tristan et Isolde à Karlsruhe n’aient pas abouti.
27 mai 1862
Le lendemain de la représentation de Lohengrin, le compositeur est reçu par le Grand-duc de Bade.
Richard Wagner rompt définitivement avec Eduard Devrient.
Début juillet 1862
Hans et Cosima von Bülow arrivent à Briebrich pour un assez long séjour chez leur ami Richard Wagner.
Pendant deux semaines, Richard Wagner, avec l’aide de Hans von Bülow au piano, fait répéter les parties de Tristan et Isolde aux époux Ludwig et Malwina Schnorr von Carosfeld.
Août 1862
Après deux jours passés ensemble à Francfort-sur-le-Main, Hans et Cosima von Bülow prennent congé de Richard Wagner.
NB : Richard Wagner note lui-même dans Mein Leben qu’à partir de cet été-là, l’attitude de Cosima à son égard a changé, tout comme les sentiments qui les unissent tous les deux : “ La timidité de Cosima semblait avoir disparu pour faire place à la plus grande gentillesse. Un jour que j’avais chanté l’Adieu de Wotan à ma manière devant mes amis, je remarquai sur le visage de Cosima cette expression que j’y avais déjà surprise le jour où nous nous étions quittés à Zurich et qui, cette fois, la transfigurait. Tout cela en silence et sans manifestation ; mais je sus avec certitude qu’elle m’appartenait et alors je me laissai aller à la plus folle exubérance. ” Hans von Bülow, quant à lui, est dépeint comme “ le malheureux Hansqui, visiblement, se sentait toujours torturé.” Malade, ou peut-être … déjà soupçonneux…
8 septembre 1862
Richard Wagner entreprend de voyage à Francfort-sur-le-Main afin d’y diriger Lohengrin.
12 septembre 1862
Richard Wagner dirige pour la première fois Lohengrin en public à Francfort-sur-le-Main.
Après quoi, il retourne à Briebrich.
26 décembre 1862
Richard Wagner dirige en soirée le premier de l’un des trois concerts au Theater an der Wien consacrés à son œuvre.
Le premier de ces trois concerts est donné en présence de l’Impératrice Elisabeth d’Autriche. Il comprend l’Ouverture ainsi que deux scènes des Maîtres Chanteurs de Nuremberg et quelques extraits symphoniques de La Tétralogie.
Le concert remporte un énorme succès, mais génère un énorme déficit. Celui-ci est notamment dû au fait que le compositeur a fait ériger spécialement pour ces concerts une paroi de résonance pour améliorer l’acoustique.
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