L’œuvre musicale de Richard Wagner est composée d’opéras ou “drames musicaux” allant des “Fées” (Die Feen) à “Parsifal”. Une présentation détaillée de chacune de ces œuvres majeures est ici associée à un ensemble d’articles thématiques, replaçant celles-ci non seulement dans le contexte de sa vie personnelle mais également dans son contexte social, économique et culturel. Cette section regroupe également l’ensemble des œuvres musicales (hors opéra) et son œuvre littéraire.

OUVERTURE “RULE BRITANNIA”, en ré Majeur, WWV42

Ouvertüre in D-Dur Rule Britannica, WWV42

L’Ouverture “Rule Britannia” en ré Majeur WWV42 fait partie, au même titre que l’Ouverture “Polonia” WWWV39 ainsi que l’Hymne Populaire au Tsar Nicolas pour solistes, choeurs et orchestre WWV44, tant des oeuvres de jeunesse de Richard Wagner que de sa période “patriotique”. Composée dans une période d’extrême indigence du compositeur en 1837 alors que ce dernier était en poste à Konigberg, l’Ouverture fut conçue par Wagner de telle manière à ce que l’orchestre submerge son auditoire, comme par une à l’aide d’une immense vague d’euphorie. Pendant un temps, Wagner songea même à intégrer un orchestre militaire au finale (un peu à la manière de l’Ouverture “1812” de Tchaïkovsky) afin de renforcer – si besoin était encore – l’aspect triomphant et éclatant de son ouverture.

L’oeuvre dure environ douze minutes.

 

La mal aimée des britanniques

L’Ouverture “Rule Britannia” fut achevée par le compositeur en 1837. Alors que ce dernier était encore très peu connu en dehors des frontières d’Allemagne, Richard Wagner n’hésita pas à envoyer le manuscrit de la partition originale à Sir John Smart, membre de la Société Philharmonique de Londres, dont il dirigeait lui-même l’orchestre de temps à autres. Le chef, qui reçut la partition, transmit celle-ci aux hautes autorités de la Société Philharmonique qui… préféra ne pas donner son avis sur une oeuvre qu’is jugeaient peu appropriée au répertoire joué à cette époque en Angleterre. Ce ne fut que quelques années plus tard, en 1840, que le sort de l’oeuvre fut scellé. Après plusieurs échanges entre les différents membres de la vénérable institution (des courriers en attestent dans les archives de la Société Philharmonique), la partition de  l’oeuvre “basée sur un thème ici tout à fait commun” fut retournée au compositeur… aux propres frais de ce dernier !

Wagner alors dans l’indigence la plus totale ne put payer les frais d’expédition (de retour) et ce qu’il advint de la partition demeure jusqu’à aujourd’hui un véritable mystère.

Elle revint probablement par le même service postal à Londres, et disparut de la circulation pendant environ soixante ans. Jusqu’à réapparaître à la fin du siècle, entre les mains d’un violoniste du nom d’Evan William Thomas qui avait acquise celle-ci lui-même d’un marchand de musique de Leicester. Revenue à Londres par le biais d’un autre marchand de musique du nom de Quaritch, la partition fut acquise par le poète Stefan Zweig dans les années trente pour figurer au sein de son impressionnante collection d’oeuvres littéraires, poétiques et musicales. Léguée à la mort du poète – comme la plupart de sa collection – à la British Library – en 1986, la partition de l’Ouverture “Rule Britannia”, un manuscrit d’une quarantaine de pages de la main du compositeur et datée de mars 1837 à Königsberg, fait désormais partie de la collection britannique.

Lorsque la partition fut redécouverte au tournant du siècle – Wagner avait disparu depuis près d’une vingtaine d’années – on proposa l’oeuvre une nouvelle fois à a Société Philharmonique de Londres. Essuyant un nouveau refus. Cette fois, sans appel.

Le seul anglais à avoir “honoré” cette mal aimée des britanniques est le chef d’orchestre Henry Wood (1869-1844) – dont le nom est à jamais associé aux célèbres “Prom’s” qu’il dirigea pendant près d’un demi-siècle à partir de 1895 : au programme de 1905 figurait… l’Ouverture “Rule Britannia” !

 

NC

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