Cette section présente une série de portraits biographiques de ceux qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à l’édification de l’œuvre wagnérienne. Des amitiés ou des inimitiés parfois surprenantes ou inattendues, des histoires d’amour passionnées avec les femmes de sa vie, parfois muses et inspiratrices de son œuvre, mais également des portraits d’artistes (chanteurs, metteurs en scène, chefs d’orchestre…) qui, de nos jours, se sont “appropriés” l’œuvre du compositeur et la font vivre différemment sur scène.

THORBORG Kerstin

(née le 19 mai 1896 – décédée le 12 avril 1970)

Mezzo-soprano/contralto

Immense contralto qui osa aborder sans peur le répertoire de mezzo-soprano du répertoire wagnérien, Kerstin Thorborg chanta, de Bayreuth au Met, aux côtés de plus grandes stars de la première moitié du XXème siècle. Actrice née, d’une présence scénique incontestable et d’une beauté éblouissante, quasi magnétique, elle fut l’une des premières chanteuses wagnériennes à allier à l’art du chant (une voix particulièrement chaude et sonore) un jeu scénique incroyable qui la firent entrer au palmarès des artistes  les plus demandés de son époque.

Née à Venjan en Suède, Kerstin Thorborg étudia le chant au Conservatoire de Stockholm.

L’artiste fit ensuite rapidement ses débuts sur la scène de l’Opéra Royal de Stockholm en 1923 dans le rôle de Lola (Cavalleria rusticana) puis en 1924 dans l’écrasant rôle d’Ortrud (Lohengrin). Après six saisons successives sur la scène de Stockholm où elle aborda tous les rôles majeurs du répertoire d’alto et de mezzo-soprano, Thorborg fut engagée pendant  les deux années suivantes à l’Opéra de Nuremberg. C’est sur  cette scène que l’artiste fut remarquée par le chef d’orchestre Bruno Walter.  Subjugué par le talent de l’artiste, le chef convia l’artiste lyrique à rejoindre la troupe de la Städtische Oper de Berlin (Deutsche Oper) ; d’ami, ce dernier devint le mentor de l’artiste. Bien que contralto de formation, Kerstin Thorborg n’hésita pas à aborder le registre plus aigu de mezzo-soprano. C’est ainsi qu’elle put incarner sur scène les plus grands rôles de mezzo-soprano du répertoire wagnérien : Venus, Kundry, Fricka, Waltraud ou bien encore Magdalene des Maîtres-chanteurs.

En compagnie de son mari, le réalisateur et pianiste Gustaf Bergman, ancien chanteur professionnel lui-même, elle travaillait sans relâche. Kirsten Thoborg figure ainsi parmi les plus grandes interprètes de l’histoire du chant wagnérien. Des enregistrements tels que celui de Lohengrin aux côtés de Lauritz Melchior et Astrid Varnay ou bien celui de Tristan et Isolde version live de 1940 sous la direction de Erich Leinsdorf rendent compte avec fidélité encore aujourd’hui de ses interprétations devenues légendaires.

Outre le répertoire wagnérien, Kirsten Thoborg s’illustra également dans le répertoire italien (Amneris, Ulrica, Azucena…) ; elle fut en outre la première à enregistrer le Chant de la Terre de Gustav Mahler sous la direction de Bruno Walter.

Mais s’il est un personnage que l’artiste incarna à la perfection, c’est bien Brangäne, la servante et confidente d’Isolde, un rôle taillé à la mesure de l’artiste et qu’elle interpréta notamment aux côtés de Lauritz Melchior et sous la direction des chefs d’orchestre les plus prestigieux tels Georg Szell, Sir Thomas Beecham, Fritz Busch, Hans Knappertsbusch ou bien encore Wilhelm Furtwängler. A partir de 1938, fermement opposée au régime nazi, l’artiste émigra aux Etats-Unis où elle interpréta au Met tous les rôles wagnériens de mezzo-soprano.

Acclamée par le public comme l’une des plus grandes stars de la prestigieuse institution new-yorkaise et à l’issue d’une carrière particulièrement brillante, Kerstin Thorborg revint en Suède en 1950 où elle se retira définitivement de la scène.

NC

 

 

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