Cette section présente une série de portraits biographiques de ceux qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à l’édification de l’œuvre wagnérienne. Des amitiés ou des inimitiés parfois surprenantes ou inattendues, des histoires d’amour passionnées avec les femmes de sa vie, parfois muses et inspiratrices de son œuvre, mais également des portraits d’artistes (chanteurs, metteurs en scène, chefs d’orchestre…) qui, de nos jours, se sont “appropriés” l’œuvre du compositeur et la font vivre différemment sur scène.

BARENBOIM Daniel

Né le 15 novembre 1942

Chef d’orchestre

Il existe sans doute peu de chefs d’orchestre qui ont autant œuvré après la Seconde Guerre Mondiale pour la “réhabilitation” des œuvres de Richard Wagner. Et suivant les traces d’Hermann Levi, le chef qui eut l’honneur à la demande expresse de Wagner de diriger Parsifal pour sa création, Barenboïm a largement souligné la différence entre l’œuvre originale du compositeur allemand et la récupération faite par le régime nazi. Mais surtout, le chef né de parents juifs russes a fait du rapprochement des cultures et des croyances, au-delà de tout antagonisme historico-politique et religieux, une véritable profession de foi.

Né à Buenos-Aires (Argentine) en 1942, avec une ascendance ashkénaze, Daniel Barenboïm prend ses premières leçons de piano à l’âge de cinq ans auprès de sa mère et s’avère particulièrement talentueux. A l’âge de sept ans seulement, en 1950, il donne son premier concert. A 11 ans, le jeune et talentueux musicien part se perfectionner à Salzbourg et y fait une rencontre décisive pour sa carrière, en la personne du chef Wilhelm Furtwängler. Enthousiasmé par le talent du jeune prodige, il l’invite à Berlin afin de se produire, sous sa direction, dans le Premier Concerto pour piano de Beethoven, mais les parents du pianiste déclinent l’invitation ; il est trop tôt selon eux pour lancer un fils d’origine juive sur le devant de la scène : la guerre n’est pas si loin… C’est donc en France, auprès de Nadia Boulanger, que le jeune homme étudie l’harmonie et la composition, à partir de 1955.

La rencontre avec la France sonne comme le lancement de la carrière du jeune prodige. En 1955, à 13 ans, celui-ci se produit à Paris, et rapidement Londres (1956) puis New-York, sous la direction de Leopold Stokowski (1957) lui ouvrent leurs portes.

Enregistrant de nombreux disques, travaillant avec les plus grands, le pianiste regagne Israël en 1967 où il avait passé deux ans dans sa prime jeunesse et y donne toute une série de concerts. Il y épouse sa fiancée, la violoncelliste Jacqueline du Pré le 15 juin 1967 : son témoin de mariage n’est autre que son ami Zubin Mehta.

Après ses débuts en tant que chef d’orchestre en 1966, à Londres, à la tête de l’English Chamber Orchestra, la carrière de Daniel Barenboïm prend un nouveau tournant : il devient le chef invité de nombreux orchestre d’Europe et des Etats-Unis. Il fait ses premiers débuts dans la fosse d’orchestre au Festival d’Edimbourg en 1973 : Don Giovanni, une révélation.

Alors qu’il est nommé directeur musical de l’Orchestre de Paris (1975), Barenboïm se produit pour la première fois au Festival de Bayreuth en 1981 (malgré les grognements d’Israël), où au cours de dix-huit étés consécutifs il dirige Tristan und Isolde, le RingParsifal et Die Meistersinger.

En 1991, il succède à Solti en tant que directeur musical de l’Orchestre Symphonique de Chicago, puis en 1992, celui du Staatsoper de Berlin.

Avec l’intellectuel palestinien Edward Saïd (décédé en 2003), Daniel Barenboim fonde le West-Eastern Divan Orchestra en 1999 : cet orchestre symphonique a la particularité de rassembler des musiciens issus de différents pays du Proche-Orient, et symbolise notamment la volonté de dialogue entre Juifs et Arabes.

En 2011, il est nommé directeur musical de la légendaire institution milanaise.

Cet illustre pianiste et immense chef d’orchestre “interculturel” est lui-même porteur de plusieurs nationalités : argentine et israélienne d’abord, puis en 2002 espagnole et, depuis janvier 2008, il est également porteur d’un passeport palestinien. Son engagement pour la paix lui a d’ailleurs valu de nombreuses reconnaissances dans de nombreux pays.

Et quelques revers. Ainsi, lorsqu’en juillet 2001, pour la première fois, le chef d’orchestre Daniel Barenboïm fait retentir la musique de Richard Wagner en Israël, passant outre l’interdiction de représentation publique du compositeur allemand, cela lui vaut un appel au boycottage de la part de la commission culturelle de la Knesset et des torrents d’injures.

Barenboïm continue de servir la musique et ses idéaux. Ainsi, l’orchestre du Divan d’Orient et d’Occident va enfin avoir un toit : C’est à Berlin qu’à partir de septembre 2016 « l’académie Barenboïm-Saïd » va ouvrir ses portes.

Il a dirigé à Bayreuth :

Tristan et Isolde (1981, 1982, 1983, 1986, 1987, 1993, 1994, 1995, 1996, 1997, 1999), Parsifal (1987), La Tétralogie (1988, 1989, 1990, 1991, 1992), Les Maîtres Chanteurs (1996, 1997, 1998, 1999)

NC

 

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