Cette section présente une série de portraits biographiques de ceux qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à l’édification de l’œuvre wagnérienne. Des amitiés ou des inimitiés parfois surprenantes ou inattendues, des histoires d’amour passionnées avec les femmes de sa vie, parfois muses et inspiratrices de son œuvre, mais également des portraits d’artistes (chanteurs, metteurs en scène, chefs d’orchestre…) qui, de nos jours, se sont “appropriés” l’œuvre du compositeur et la font vivre différemment sur scène.
WAGNER Wolfgang Manfred Martin
(né le 30 août 1919 – décédé le 21 mars 2010)
Fils de Siegfried et Winifred Wagner
(Petit-fils de Richard Wagner)
Metteur en scène – Directeur du Festival de Bayreuth (1966-2008)
Troisième enfant de Winifred (née Williams-Klindworth) et de Siegfried Wagner (fils de Richard), Wolfgang est né à Wahnfried en 1919. Il avait un frère Wieland (1917-1966), une sœur aînée Friedelind(1918-1991), et une sœur cadette Verena (née en 1920). Durant les années 1920, années de grande misère en Allemagne, Winifred Wagner se lia d’amitié avec Adolf Hitler, qui devint un visiteur régulier de Bayreuth et pratiquement un membre de la famille. Wolfgang le rencontra dès 1923 – il avait quatre ans – et les enfants Wagner l’appelaient « oncle Adolf » ou « oncle Wolf » (son surnom). Quand Hitler, fervent admirateur de l’œuvre wagnérienne, devint chancelier en 1933, il combla de faveurs la famille Wagner. Wolfgang fut de fait un membre de la jeunesse hitlérienne, mais il n’a jamais adhéré au parti nazi. Il rejoignit l’armée allemande en 1939. Pendant la campagne de Pologne, il fut gravement blessé au bras, ce qui lui permit d’être libéré en Juin 1940.
Wolfgang se maria deux fois : d’abord avec Ellen Drexel (1919-2002) dont il eut deux enfants : Eva, né en 1945 et Gottfried, né 1947 ; puis avec Gudrun Mack (1944 à 2007) avec laquelle il eut Katharina, née en 1978.
Lorsqu’après la guerre Winifred fut évincée de la direction du Festival de Bayreuth (ses amitiés passées étaient encombrantes), ce furent ses deux fils, Wieland et Wolfgang qui prirent le relais.
Wolfgang travailla avec son frère aîné Wieland Wagner à partir de 1951 sur la résurrection du Festival de Bayreuth dans cette Allemagne d’après-guerre. C’est le temps du Nouveau Bayreuth, œuvre principalement de Wieland, même si les deux frères contribuèrent aux productions du Festival. Wolfgang ne jouissait pas de la même aura que Wieland. Mais comme son frère, il favorisait les mises en scène modernes et minimalistes. Après la mort de Wieland, Wolfgang prit le relais seul. En 1970, il proposa au public une nouvelle mise en scène du Ring (de son cru), laquelle succéda à celle que Wieland avait présentée pour la première fois en 1965. Il faisait appel à un plateau circulaire articulé demeurant l’élément essentiel du décor, permettant volumes et perspectives sur scène, grâce aussi à l’usage soutenu des lumières et des couleurs. Malgré l’intérêt et la finesse de l’ensemble, les fans de Wieland décrièrent la mise en scène, accolant à son cadet une image d’exécutant sans originalité. Est-ce sous le poids de cette critique que Wolfgang fit beaucoup appel à des metteurs en scène étranger au sérail ? Il fut ainsi à l’origine du très célèbre et controversé Ring du centenaire, la production de 1976 de La Tétralogie par Patrice Chéreau. Ces années correspondent à ce qu’on a appelé le Werkstatt Bayreuth, bien que le terme fut récusé par Wolfgang lui-même, comme en atteste l’Avant-propos à l’album de présentation du Festival de Bayreuth en 1998 !
Contesté par le public, très contesté par sa propre famille (artistiquement et humainement), notamment par les filles de Wieland, Daphné et Nike Wagner, Wolfgang réussit néanmoins à faire de Bayreuth l’une des destinations les plus populaires dans le monde de l’opéra. Le directeur à vie, Wolgang Wagner resta à la tête du festival pendant 57 ans et, sous sa direction, le célèbre Festspielhaus de Bayreuth bénéficia d’importants travaux de rénovation. Il démissionna le 31 Août 2008, à l’âge de 89 ans. Malgré le dépôt de dossier effectué par sa nièce Nike, directrice du festival de Weimar, conjointement avec Gérard Mortier, directeur de l’Opéra de Paris, furent nommées à la tête du Festival ses filles, Eva Wagner-Pasquier et Katharina Wagner.
NC
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