Cette section présente une série de portraits biographiques de ceux qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à l’édification de l’œuvre wagnérienne. Des amitiés ou des inimitiés parfois surprenantes ou inattendues, des histoires d’amour passionnées avec les femmes de sa vie, parfois muses et inspiratrices de son œuvre, mais également des portraits d’artistes (chanteurs, metteurs en scène, chefs d’orchestre…) qui, de nos jours, se sont “appropriés” l’œuvre du compositeur et la font vivre différemment sur scène.

RYSANEK Leonie

(née le 14 novembre 1926 – décédée le 7 mars 1998)

Soprano puis mezzo-soprano

Née à Vienne dans une famille de six enfants d’un père tchèque, tailleur de pierre puis chauffeur, et d’une mère autrichienne, la jeune Leopoldine passa son enfance et son adolescence dans une grande précarité. Mais à huit ans, dans ces années de jeunesse où l’on ne sait pas ce qu’est le superflu, elle découvrit Fidelio de Beethoven ; une rencontre, un émerveillement qui marquèrent sa vie. L’adolescente passa les années de guerre à travailler dans une usine d’armement -comme beaucoup d’autres- en rêvant de devenir actrice. Toutefois, sous l’influence de son frère aîné, au sortir de la guerre, elle commença ses études musicales. Elle entra à l’Académie de Vienne à 16 ans, où elle étudia avec Alfred Jerger, et plus tard, avec Rudolf Grossmann, un baryton qui devint son premier mari.

Très vite remarquée pour sa tessiture très large, son expressivité émouvante et sa grande puissance, elle fit ses débuts à Innsbruck en 1949 dans le rôle d’Agathe du Freischütz. Elle enchaîna immédiatement à l’Opéra de Sarrebruck puis à Stuttgart où elle étonna le public par son interprétation du rôle de Sieglinde dans La Walkyrie.
C’est d’ailleurs pour ce rôle que lors de la réouverture du Festival de Bayreuth en 1951, Wieland Wagner choisit la jeune interprète pour son Ring, sous la direction d’Herbert von Karajan. Wieland Wagner était alors persuadé que la fraîcheur de l’artiste dotée d’une voix quasi miraculeuse allait créer la sensation parmi le public. Ce fut le cas ! Ainsi commença une très brillante carrière pour la jeune interprète : Munich (1952), Covent Garden de Londres (1953), Opéra de Vienne (1954) … L’Europe entière lui ouvrait les bras.
Puis ce fut l’Amérique : elle y fit ses débuts au San Francisco Opera, dans le rôle de Senta en 1956, et éblouit le Met en 1959, en tant que Lady Macbeth.
Elle aurait dû y faire ses débuts un peu plus tard dans le rôle d’Aïda. Mais quand Maria Callas fut congédiée par le directeur général Rudolf Bing lors d’un différend contractuel, Leonie Rysanek fut invitée à reprendre le rôle. Sous la direction d’Erich Leinsdorf et devant un public qui s’était déplacé pour Callas, Leonie Rysanek remporta un immense triomphe.

Malgré de fortes sollicitations, Leonie Rysanek n’a jamais chanté plus de 45 représentations en moyenne par an, ce qui expliquerait l’étonnante longévité de sa carrière. Elle a également refusé des rôles qu’elle jugeait trop lourds. Elle n’interpréta Brünnhilde qu’une fois, et refusa celui d’Isolde. Elle disait que la merveilleuse Birgit Nilsson était faite pour ces rôles.
» Oui, on m’a demandé de chanter Brünnhilde,  » confiait-elle  » Mais il y avait toujours Birgit, merveilleuse Birgit, à côté de moi. Elle était ma Brünnhilde, mon Elektra. Elle était si merveilleuse dans ces rôles. . . . Même Birgit m’a demandé, “ Pourquoi ne chantes-tu pas Turandot ? ”, je lui répondis “ A cause de toi.” Peut-être a-t-elle sauvé ma voix.”

A 69 ans, atteinte d’un cancer, elle fit ses adieux au Met, dans le rôle de la vieille comtesse de La Dame de Pique qui est  » vocalement presque rien » selon ses propres termes. Mais son interprétation domina néanmoins la production d’Elie Moshinsky. Même après la mort du personnage, cette comtesse fantomatique demeura présente. Son ovation dura 40 minutes.
Elle est décédé à Vienne à 71 ans.

Ses rôles : Elsa (Lohengrin), Elisabeth (Tannhäuser), Sieglinde (La Walkyrie), Senta (Le Vaisseau fantôme), Kundry (Parsifal), Ortrud (Lohengrin)

NC

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