Cette section présente une série de portraits biographiques de ceux qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à l’édification de l’œuvre wagnérienne. Des amitiés ou des inimitiés parfois surprenantes ou inattendues, des histoires d’amour passionnées avec les femmes de sa vie, parfois muses et inspiratrices de son œuvre, mais également des portraits d’artistes (chanteurs, metteurs en scène, chefs d’orchestre…) qui, de nos jours, se sont “appropriés” l’œuvre du compositeur et la font vivre différemment sur scène.

LES ARTICLES SUIVANTS SONT SUSCEPTIBLES
DE VOUS INTÉRESSER

TANNHÄUSER « en bref »
Tannhäuser et le Tournoi des chanteurs à la Wartburg (WWV70) est le cinquième des opéras de Richard Wagner, soit le deuxième des opéras dits  « de la maturité » du compositeur. Composé entre 1842 et 1845, après le succès en demi-teintes du Vaisseau fantôme (Der Fliegende Holländer, WWV 63), Tannhäuser fut conçu pour être présenté à l’Opéra de la Cour royale de Saxe où Wagner exerçait alors la fonction de Maître de chapelle.(lire la suite)

LES MEMOIRES D’HECTOR BERLIOZ ET RICHARD WAGNER
Les Mémoires de Berlioz, toujours intéressants, souvent passionnants, ne donnent certes pas un reflet photographique de leur auteur. Comme tous les mémorialistes, il joue avec ses souvenirs, il trie, enjolive, élimine, pour livrer une oeuvre littéraire autant qu’un document, suivant en cela l’exemple d’un devancier célèbre, Goethe, qui a publié l’histoire de sa vie sous le titre Poésie et Vérité (Dichtung und Wahrheit) (lire la suite)

Pierre-Louis DIETSCH
Si les relations de Wagner avec les deux autres « Géants » de son temps, soit Rossini et Verdi, se limitèrent globalement à une sobre ignorance de part et d’autre (chacun étant persuadé de son propre génie) teintée d’une courtoisie de bon aloi, il y eut, dans le parcours de Wagner, deux autres compositeurs – français tous les deux – qui cumulèrent à eux seuls toutes l’ire, la haine et le mépris du compositeur de Lohengrin et de Parsifal (lire la suite)

SAX Antoine Joseph, dit Adolphe SAX

(né le 6 novembre 1814 - mort le 7 février 1894)

Facteur d’instruments de musique belge

Véritable génial inventeur d’instruments, Adolphe Sax incarne parfaitement l’esprit d’entreprise du 19e siècle. Il est l’une des figures les plus marquantes de la facture des instruments à vent de ce siècle et est surtout connu pour avoir inventé le saxophone.

Mais alors qu’il effectuera la rencontre fortuite de Richard Wagner lors des répétitions du futur désastre de la création française du Tannhäuser à Paris en mars 1861, le compositeur allemand, séduit par la vivacité et l’ingéniosité de ce facteur d’instruments touche à tout, qu’aucun obstacle technique ne semble rebuter  – et protégé d’Hector Berlioz -, saura se souvenir de ce dernier lorsqu’il lui passera commande d’un instrument – appelé communément plus tard le « tuba wagnérien » – capable d’incarner au mieux le son noble et majestueux du motif du Walhalla dans sa Tétralogie à Bayreuth.

Rarement Wagner n’aura autant accordé une confiance aussi aveugle à un facteur d’instruments qu’au bienheureux – et ô combien talentueux Adolphe Sax.

Tout commence à Dinant, petite ville blottie contre une falaise sur la rive droite de la Meuse.

Le 6 novembre 1814, Antoine Joseph Sax, dit Adolphe Sax, voit le jour en tant que premier des 11 enfants de Charles Joseph Sax, facteur d’instruments, réputé pour la fabrication des cuivres mais aussi de bois, de violons et de guitares. Il apporte également diverses améliorations à la harpe et au piano.

C’est donc dans un milieu musical que le jeune Adolphe grandit et fait ses premières expériences. Il fait ses études au Conservatoire de Bruxelles et s’initie à la facture instrumentale dans l’atelier paternel. Héritier de l’esprit inventif de son père, il épouse ses théories fondées sur le rapport des proportions du tube des instruments à vent. En 1830, alors qu’il n’est âgé que de 15 ans, il présente deux flûtes et une clarinette en ivoire au Concours Industriel de Bruxelles. Quelques années plus tard, en 1838, il apporte des améliorations significatives à la clarinette-basse qui bénéficia d’un son plus harmonieux et put de ce fait être intégrée au groupe des instruments à vent.

Un incident éclata à la Grande Harmonie de Bruxelles. Un clarinettiste jaloux, habitué à l’ancien modèle de la clarinette-basse, menaça de quitter l’orchestre si celui-ci imposait la clarinette de Sax. Adolphe défia alors son antagoniste à un duel musical au cours duquel chacun interpréterait l’œuvre avec son instrument. Le résultat fut sans appel : un triomphe pour la clarinette de Sax. Deux sommités musicales françaises étaient présentes dans la salle ce jour-là ; elles furent impressionnées par la performance d’Adolphe :

  • François Antoine Habeneck, violoniste, compositeur et chef d’orchestre
  • Jacques-Fromental Halévy, compositeur réputé

Quoique le centre de ses activités soit la Belgique, Adolphe Sax devint de plus en plus connu dans les centres musicaux européens. Un jour, il reçut une lettre de Jacques-Fromental Halévy : « Hâtez-vous de terminer votre nouvelle famille d’instruments et venez en aide aux pauvres compositeurs qui cherchent du nouveau et au public qui en demande ». Le ton amical de la lettre convainquit Sax de l’estime du monde musical français et le conforta dans l’idée de tenter l’aventure parisienne.

Quelques mois plus tard, Sax débarqua à Paris avec de grandes ambitions.

A Paris, il présente le saxophone à Hector Berlioz qui s’intéresse énormément à la nature des timbres. Impressionné par la sonorité de ce nouvel instrument, le compositeur écrira un article dans le très intellectuel « Journal des Débats » du 12 juin 1842. Il y souligne, entre autres : « Elle (la sonorité) est de telle nature que je ne connais pas un instrument actuellement en usage qui puisse, sous ce rapport, lui être comparé. C’est plein, moelleux, vibrant, d’une force énorme, et susceptible d’être adouci ». Berlioz confirmera son admiration pour l’instrument en composant la toute première œuvre avec saxophone ; il s’agit du « Chant Sacré » pour sextuor à vent.

Dès leur première rencontre, une amitié sincère naît entre Berlioz et Sax. De caractère et de tempérament identiques, les deux hommes affichent le même enthousiasme pour le romantisme pathétique et la combattivité mais ils partagent également les mêmes défauts : tous deux sont querelleurs, vaniteux et soupçonneux quant aux intentions des autres.

Grâce à l’appui de Berlioz et à celui de François-Antoine Habeneck, Sax est propulsé dans le monde musical parisien. Encouragé, il va mettre au point une famille complète de 7 saxophones et, en 1846, faire breveter son invention. Il déclare à cette occasion : « On sait que, en général, les instruments à vent sont ou trop durs ou trop mous dans leur sonorité. […] J’ai voulu créer un instrument qui par le caractère de sa voix pût se rapprocher des instruments à cordes, mais qui possédait plus de force et d’intensité que ces derniers ».

Mais la vie parisienne s’avéra également parsemée d’embûches. Victime de son talent et de la jalousie de concurrents et d’artistes médiocres, Sax sera entraîné dans une interminable chaîne de procès qui finirent par le ruiner. Tout au long de ce parcours du combattant, Berlioz sera à ses côtés pour l’encourager et le soutenir à l’aide de ses articles.

Adolphe Sax s’occupe aussi de l’invention d’un instrument qui le rendra célèbre : le saxophone. Il spécifie ses intentions dans son brevet : « On sait que, en général, les instruments à vent sont ou trop durs ou trop mous dans leurs sonorités ». Il voulut créer « un instrument qui par le caractère de sa voix pût se rapprocher des instruments à cordes, mais qui possédât plus de force et d’intensité que ces derniers » (Brevet français no 3 226 du . Les dossiers originaux des brevets déposés par Sax sont conservés à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI)).

Son grand ami Jules Demersseman, flûtiste de renommée et compositeur fécond, compose de nombreuses pièces pour saxophone. Grâce à lui, ce nouvel instrument est mis en valeur et est peu à peu reconnu.

Hector Berlioz écrit favorablement sur ce nouvel instrument en 1842. Berlioz, en outre, compose la toute première œuvre avec saxophone, il s’agit de Chant Sacré pour sextuor à vent. L’instrument n’est breveté qu’en 1846, après que Sax a dessiné et exposé une série complète de saxophones — du saxophone soprano au saxophone baryton. Ces instruments font sa réputation et lui assurent un poste d’enseignant au conservatoire de Paris en 1857.

La première rencontre avec richard Wagner s’effectuera de manière plutôt fortuite et inattendue.

Que l’on en juge plutôt d’après ce récit :

20 février 1861
Les répétitions sont marquées par de violentes querelles avec Albert Niemann qui demande des coupures dans son rôle qu’il juge écrasant. Il menacera le compositeur de se retirer des représentations si Wagner n’opère pas dans la partition les coupures qu’il demande.
Par ailleurs, plusieurs incidents ont lieu avec le chef d’orchestre, Pierre-Louis Dietsch. Wagner le juge incapable d’avoir pris en considération les tempi qu’il avait recommandés au cours des premières répétitions.

Enfin, quelques jours avant la Première, on s’aperçoit que l’on ne peut pas réunir les douze cors de chasse requis pour le final du premier acte : ils sont introuvables dans tout Paris ! Wagner fait la connaissance d’Adolphe Sax, facteurs d’instruments, qui lui propose d’autres instruments, sous la forme de saxophones et de saxhorns. Sax se verra en outre chargé de diriger la musique derrière la scène (premier acte).

Et des années plus tard….

A la demande de Richard Wagner qui n’a pas oublié l’inénieux facteur d’instrument, ce dernier lui confie la réalisation d’un instrument ayant une sonorité entre le cor français et le saxhorn afin de jouer le thème de Walhalla dans sa tétralogie L’Anneau du Nibelung. Sax aurait lui-même donné le nom de tuba wagnérien à son instrument, bien que cette appellation soit peu représentative de l’instrument qui provient plutôt d’une déformation du cor que du tuba.

Sax continue par la suite à fabriquer des instruments, en même temps qu’il dirige la nouvelle classe de saxophone au conservatoire de Paris.

Il meurt en 1894 à Paris et est enterré au cimetière de Montmartre (5e division, avenue Montebello). Il est Chevalier de l’Ordre de la Couronne de chêne

CPL

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16, Boulevard Saint-Germain 75005 Paris - France

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