L’œuvre musicale de Richard Wagner est composée d’opéras ou “drames musicaux” allant des “Fées” (Die Feen) à “Parsifal”. Une présentation détaillée de chacune de ces œuvres majeures est ici associée à un ensemble d’articles thématiques, replaçant celles-ci non seulement dans le contexte de sa vie personnelle mais également dans son contexte social, économique et culturel. Cette section regroupe également l’ensemble des œuvres musicales (hors opéra) et son œuvre littéraire.
LE CREPUSCULE DES DIEUX, WWV86D
Götterdämmerung, WWV86D
Synopsis
Prologue
Près du rocher de Brünnhilde, les trois Nornes, filles d’Erda et tisseuses du devenir des choses, font le bilan de leur savoir. Le passé : la faute originelle de Wotan, qui but à la source de la sagesse – et y laissa un œil pour prix de ce forfait –, qui se tailla une lance dans une branche du frêne du monde – et fit ainsi dépérir l’arbre. Le présent : le Walhalla est entouré du bois coupé du frêne mort, prêt à flamber en bûcher. Mais quant à l’avenir – comment adviendra le crépuscule divin –, elles ne peuvent le préciser : la corde de la Loi qu’elles se passent l’une l’autre finit par se rompre. Elles redescendent vers leur mère Erda.
Peu après, Brünnhilde sort de sa demeure de roc et salue Siegfried, sur le point de partir pour d’autres exploits. En gage de son amour, il lui donne l’anneau pris à Fafner. Après des adieux passionnés, il s’éloigne pour un voyage sur le Rhin.
Acte I
Scène 1
Au bord du Rhin justement, dans leur palais, les Gibichungen font aussi un bilan : celui de leur lignée. Hagen – fils d’Alberich – incite Gunther et Gutrune – ses demi-frère et sœur – à perpétuer la dynastie en se mariant : Brünnhilde serait parfaite pour Gunther, et Siegfried pour Gutrune… Il expose son plan : un philtre sera garant de l’amour de Siegfried pour Gutrune en lui faisant oublier son passé et, avec lui, la femme aimée. Le héros pourra ainsi enlever Brünnhilde pour le compte de Gunther. Mais Hagen se garde bien de préciser que Brünnhilde est précisément la femme que Siegfried doit oublier.
Scène 2
Siegfried survient fort à propos – il est accueilli princièrement. En guise de bienvenue, Gutrune lui offre à boire le philtre prévu : immédiatement, il s’enflamme pour elle. Un double projet de mariage concrétise bientôt son affection nouvelle pour Gunther et sa famille : il conquerra Brünnhilde – dont il a tout oublié – pour Gunther, et épousera Gutrune. Un serment de sang entre Siegfried et Gunther scelle le tout. Tous deux partent sur le Rhin, Hagen et Gutrune restant au palais.
Scène 3
Waltraute rend visite à Brünnhilde et lui dresse le portrait d’un Wotan accablé, désormais ombre de lui-même et de sa gloire passée. Rendre l’anneau au Rhin mettrait fin à cette déréliction, mais Brünnhilde réagit en femme amoureuse, non plus en Walkyrie : elle refuse de se séparer de ce qui est avant tout pour elle un gage d’amour. Consternée, Waltraute doit repartir bredouille. À la grande terreur de Brünnhilde, survient alors un inconnu qui a bravé les flammes – en fait, ce « Gunther » n’est autre que Siegfried, rendu méconnaissable par la magie du Tarnhelm. Brünnhilde a beau se défendre, il lui arrache son anneau et sa liberté.
Acte II
Scène 1
Au palais des Gibichungen, Alberich veille auprès de son fils Hagen, mi-endormi, mi-halluciné. Il l’exhorte haineusement à récupérer l’anneau par vengeance contre Wotan et les Wälsungen, puis disparaît quand l’aube point.
Scène 2
Siegfried est de retour, triomphant ; il annonce l’arrivée imminente de Gunther et de sa fiancée : Brünnhilde.
Scène 3
En guise de comité d’accueil, Hagen sème un climat de menace en sonnant l’alarme : il réunit ses vassaux, armés comme pour le combat… puis leur commande inopinément sacrifices et ivresse pour fêter les noces de Gunther.
Scène 4
Celui-ci débarque, en compagnie de Brünnhilde. Quand elle aperçoit Siegfried, elle se fige, tétanisée. Puis elle accuse : si c’est Gunther qui l’a enlevée, pourquoi l’anneau qu’il lui arracha alors est-il au doigt de Siegfried ? Et comment Siegfried pourrait-il être l’époux de Gutrune, puisqu’il est déjà… le sien ! Le scandale éclate ; sur la lance de Hagen, Siegfried jure de son honnêteté ; sur la même lance, Brünnhilde jure qu’il vient de se parjurer. Siegfried fait peu de cas de ses propos et invite l’assistance à reprendre les festivités. Il s’éloigne avec Gutrune.
Scène 5
Brünnhilde réclame alors vengeance, et révèle à Hagen la seule faille de Siegfried – sa magie a rendu le héros invulnérable, sauf dans le dos, puisque jamais il ne fuit le danger. Devant Gunther, hébété, et Brünnhilde, toujours rageuse, Hagen promet de tuer Siegfried le lendemain, au cours d’une partie de chasse.
ACTE III
Scène 1
Les Filles du Rhin espèrent encore recouvrer leur or ; quand Siegfried s’approche de la rive, à la poursuite d’une proie qui l’a égaré dans la forêt, elles lui réclament son anneau. En vain : menaces et malédiction n’effraient pas le héros, trop obstiné et inconscient de son destin. Les Filles du Rhin décident alors d’aller plutôt vers Brünnhilde.
Scène 2
Hagen, Gunther et les autres chasseurs rejoignent Siegfried. Se reposant un temps tous ensemble, ils encouragent le jeune homme à raconter son passé autour d’un verre. Siegfried se rappelle tout d’abord Mime, puis Notung, Fafner, l’Oiseau, le trésor ; soudain, grâce à un philtre versé subrepticement par Hagen, il se rappelle aussi Brünnhilde : sa femme ! Stupéfait, Gunther bondit, et Hagen profite de la surprise générale pour plonger sa lance dans le dos de Siegfried, qui meurt en acclamant Brünnhilde.
Scène 3
Gutrune attend le retour du héros. Mais c’est un cadavre que ramène Hagen, qui ne se cache pas du meurtre commis. Comme Fasolt et Fafner auparavant, Gunther et Hagen se disputent la possession de l’anneau et le premier tombe sous les coups du second. Mais quand Hagen veut se saisir de l’objet, la main de Siegfried se dresse et c’est Brünnhilde qui, dans la confusion générale, prend la parole. Elle ordonne qu’on dresse un bûcher où elle s’immolera avec le corps de Siegfried. Elle passe à son doigt l’anneau d’or, lance son cheval et rejoint son héros dans le brasier qui flambe puis s’éteint sous les flots du Rhin débordant. Les Filles du fleuve dansent alors avec l’anneau retrouvé, tandis qu’au loin un autre brasier s’élève, envahissant le Walhalla.
Chantal CAZAUX
Texte extrait de L’Avant-Scène Opéra n° 230.
© L’Avant-Scène Opéra, Paris 2005
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