Genre :

Opéras et drames musicaux.

Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

Section III

UNE OEUVRE

Section IV

L’AVENTURE DE BAYREUTH

Section V

ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

Section VI

 LIEUX DE VIE, LIEUX D’INSPIRATION

Section VII

WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER
Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

Section III

UNE OEUVRE

Section IV

L’AVENTURE DE BAYREUTH

Section V

ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

Section VI

 LIEUX DE VIE, LIEUX D’INSPIRATION

Section VII

WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER

LOHENGRIN (WWV 75)

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Opéra romantique en trois actes
Livret et musique de Richard Wagner.

Créé le 28 août 1850 au Grossherzogliches Hoftheater de Weimar le 28 août 1850
sous la direction de Franz Liszt

Distribution :
HEINRICH DER VOGLER (HENRI L’OISELEUR), roi de Germanie (basse)
LOHENGRIN (ténor)
ELSA VON BRABANT (soprano)
Le duc GOTTFRIED, son frère (rôle muet)
FRIEDRICH VON TELRAMUND, comte brabançon (baryton)
ORTRUD, sa femme (mezzo-soprano dramatique)
Le héraut d’armes du Roi (baryton)
Quatre nobles du Brabant (ténors et basses)
Quatre pages (sopranos et altos)
Comtes et nobles saxons et thurigiens, comtes et nobles brabançons,
dames, pages, vassaux, femmes et serfs (chœurs)

L’action se déroule à Anvers et ses environ, au cours de la première moitié du Xème siècle.

Composition de l’orchestre :
3 flûtes, 2 hautbois, cor anglais, 2 clarinettes en la, 2 clarinettes en si bémol, clarinette basse en la, clarinette basse en si, 3 bassons, 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, tuba, harpes, timbales, cymbales, violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses

Durée approximative : environ 3h30

 

Sources littéraires, contexte de la composition du poème et de la musique, création

Lohengrin (WWV 75) est le sixième des opéras de Richard Wagner, et le troisième des opéras  dits « de la maturité » du compositeur. Composé entre 1845 et 1848, Lohengrin s’inscrit dans la lignée des opéras composés pour l’Opéra de la Cour royale de Saxe où Wagner, qui exerçait alors la fonction de Maître de Chapelle, avait enfin accédé au statut de compositeur « respectable », suite au succès éclatant de la création de Rienzi ou le dernier des Tribuns (20 octobre 1842), et ceux, en demi-teintes, du Vaisseau fantôme (2 janvier 1843) et Tannhäuser (19 octobre 1845).

C’est au cours de son séjour parisien de 1839-42 et alors qu’il découvrait les anciennes légendes germaniques qui lui donnèrent matière à composer son Tannhäuser que Wagner prit également connaissance de la légende du Chevalier au Cygne. L’inspiration essentielle du compositeur provenait du Parzival de Wolfram von Eschenbach (un poème du XIIIème siècle qui rattache la chanson de geste de L’Épopée du Saint-Graal à celle du Chevalier au Cygne) ainsi que des Légendes allemandes que les frères Grimm avaient publiées entre 1816 et 1818. Dans les différentes versions de la légende rattachées au personnage de Lohengrin sont prépondérants le thème des origines mystérieuses du Chevalier, l’interdiction qui lui est faite de dévoiler son nom ainsi que la douleur de sa belle à ne pas poser la question fatidique.

Comme toujours plus soucieux de la portée dramatique de l’oeuvre que de la fidélité à ses sources, Wagner y introduisit  la paraphrase du poète incompris du monde des hommes qui ne saurait vivre pleinement sa gloire et son succès que retiré du monde…

Encore influencé par la tradition classique de l’opéra quant à la distribution des rôles notamment en ce qui concerne l’opposition du couple innocent face au couple de félons, Richard Wagner ajouta à son drame deux personnages, Ortrud et Telramund, qu’il consacra comme pendants maléfiques des personnages de lumière, de pureté et d’innocence que sont Lohengrin et Elsa. Mais plus encore qu’un personnage doté de desseins et de pouvoir maléfiques, Wagner conçoit le personnage clef d’Ortrud comme « une réactionnaire, et cela dans l’acception la plus outrancière du terme » (lettre à Franz Liszt, le 30 janvier 1852). Wagner dépassait ainsi l’archétype du duo formé par les héros soprano/ténor à celui de la mezzo-soprano/baryton, en dotant ses personnages d’une caractérisation plus complexe.

Richard Wagner jeta sur le papier les premières esquisses de son drame conçu comme un « grand opéra romantique en trois actes » à partir de l’été 1845, au cours d’un séjour qu’il effectua en compagnie de son épouse Minna à Marienbad (à la maison dite « À la feuille du trèfle »). Dès la fin de l’été, la trame globale du livret était esquissée ; la rédaction du poème en vers lui prit quelques mois à peine et il s’attaqua à la composition de la musique dès le printemps 1846 : celle-ci – en grande partie composée au cours d’un séjour estival en 1846 en Suisse Saxonne, à Pirna Graupa, dans une maison surnommée depuis la Lohengrinshaus qui jouxtait la maison natale d’Hans von Bülow – lui prit deux années. L’ensemble de la partition fut achevé au mois d’avril 1848. Le prélude, d’une durée de dix minutes environ qui présente et développe le thème de Lohengrin mêlé à celui du Graal, fut composé en dernier.

Avec Lohengrin, Wagner s’affranchit résolument de la facture classique de l’opéra dans sa composition. À travers cette partition onirique, le compositeur développe pour la première fois son concept de mélodie continue et d’emploi récurrent de leitmotive. C’est grâce à l’emploi de ceux-ci que le compositeur bâtit la trame mélodique de son opéra, placé tantôt dans une tonalité majeure pour exposer les thèmes brillants de la victoire de l’amour et de la gloire du héros ou bien en mineur pour illustrer le doute ou les noirs desseins du couple des félons. Portant le travail sur l’écriture musicale à un degré de complexité qu’il n’avait encore exploré jusqu’alors, Wagner alla même jusqu’à composer certaines pages qui annonçaient presque le langage musical de La Tétralogie (notamment dans la première scène qui ouvre le deuxième acte et qui met en scène le dialogue d’Ortrud et Telramund).

Bien que Lohengrin fut destiné initialement à être représenté sur la scène du Semperoper de Dresde où étaient nés ses chefs-d’œuvre précédents, les soulèvements populaires qui éclatèrent un peu partout en Europe, réclamant notamment l’interdiction de la censure et la liberté de la presse, mirent un arrêt brutal à ce projet. En effet, Wagner ne se contenta pas de ses fonctions de compositeur et de musicien. Ayant remis sa démission de son poste de Maître de Chapelle auprès de la Cour, il se lia d’amitié avec des insurgés tels qu’August Roeckel et Mikhail Bakounine et prit le parti du peuple en révolte. Une fois l’insurrection réprimée par les forces royales, le compositeur dut fuir et s’exiler pour de nombreuses années… sans avoir vu naître son chef-d’œuvre.

La création de Lohengrin eut lieu, sans la présence de son compositeur interdit de séjour en Allemagne, le 28 août 1850 au Théâtre grand-ducal de Weimar à l’occasion des fêtes organisées en commémoration du centenaire de la mort de Goethe, sous la direction musicale de Franz Liszt. Wagner n’assista à sa représentation que onze ans plus tard, lors d’une production à l’Opéra de Vienne le 15 mai 1861. Œuvre emblématique de Wagner par excellence, exaltant de romantisme, Lohengrin est aujourd’hui l’un des opéras les plus joués du compositeur.

Synopsis (argument)

ACTE I

L’action est située sur les rives de l’Escaut près d’Anvers, dans la première moitié du Xe siècle.

Scène 1
Henri, roi allemand, tient sa cour. Devant lui les comtes brabançons, les écuyers et le peuple, avec à leur tête Frédéric de Telramund, près duquel se tient sa femme, Ortrud. Le héraut d’armes s’avance pour demander aux Brabançons aide et allégeance au roi. Celui-ci se lève alors et expose la situation de l’Allemagne. La trêve de neuf ans qu’il a obtenue avec les Hongrois est terminée et le souverain doit lever à nouveau une armée pour repousser l’envahisseur. Mais il constate qu’en arrivant en Brabant pour y chercher assistance, il a trouvé le royaume en discorde et en demande la raison à Frédéric de Telramund. Celui-ci raconte alors que le défunt duc de Brabant a laissé deux enfants, une fille, Elsa, et un garçon, Gottfried, héritier du trône mais encore mineur. Or, pendant une promenade en forêt avec sa sœur, le jeune prince a disparu. Telramund accuse Elsa d’avoir tué son frère pour régner à sa place. Il ajoute qu’horrifié par ce crime, il a renoncé à la main d’Elsa qui lui avait été promise, pour épouser Ortrud. Et pour finir, tout en rappelant ses droits à l’héritage du Brabant, il demande au roi justice contre Elsa. Le roi ordonne donc qu’on la fasse venir. Le héraut l’appelle.

Scène 2
Elsa paraît. Aux questions du roi concernant le crime qu’on lui reproche, elle ne répond que pour déplorer le sort de son frère. Puis, comme en extase, elle se lance dans un récit où elle raconte comment un chevalier vêtu d’une armure d’argent lui est apparu en rêve et lui a promis appui. Telramund défi e quiconque veut se battre pour Elsa, mais tous se récusent. Le roi demande donc le jugement de Dieu. Telramund se tient prêt. Elsa appelle alors son chevalier et lui engage sa foi, annonçant qu’elle lui accordera sa couronne et son cœur. Le héraut fait sonner les trompettes. Mais l’appel reste sans réponse. Elsa implore qu’on répète l’appel…

Scène 3
Le miracle s’accomplit, le rêve devient réalité. une nacelle tirée par un cygne atteint les berges du fleuve. Le chevalier s’y tient debout, appuyé sur son épée, vêtu d’une armure étincelante en argent et ceint d’un cor doré à la taille. il accepte de défendre l’innocence de la jeune femme puis de devenir son époux s’il remporte le combat, à condition qu’Elsa ne cherche jamais à savoir qui il est ni d’où il vient. La jeune femme jure fidélité à son protecteur. Trois nobles délimitent pour chaque combattant le cercle où doit se dérouler le duel. Les nobles brabançons, impressionnés par l’apparition du chevalier, essaient bien de dissuader Telramund, mais celui-ci ne veut pas passer pour un lâche. Le héraut les appelle alors au combat et le roi élève une prière à la justice divine. Le héraut énonce les règles rituelles préludant au combat et les sanctions encourues par ceux qui les enfreignent. Lohengrin et Friedrich prennent position. Le chevalier attaque le premier, étend rapidement son adversaire au sol mais lui épargne la vie. L’honneur et la vertu d’Elsa sont désormais réparés. Le peuple porte le chevalier inconnu en triomphe, tandis qu’Ortrud s’interroge sur l’identité secrète du héros.

ACTE II

Au château d’Anvers, la nuit suivante.

Scène 1
Friedrich et Ortrud, vêtus d’habits sombres, sont assis sur les marches qui mènent aux portes de l’église. Frédéric de Telramund exhale sa colère à Ortrud pour ses conseils funestes qui l’ont poussé à la déchéance. Mais celle-ci médite sa vengeance. Elle explique d’abord que la magie lui a révélé que le mystérieux chevalier perdrait son pouvoir si son identité était révélée. Il faut donc amener Elsa à poser cette question interdite. Et d’autre part, Ortrud affirme que si la plus infime blessure lui était infligée, le chevalier perdrait aussi sa protection surnaturelle. Ortrud élabore donc son plan et Les deux époux prêtent le serment de mener à bien leur complot.

Scène 2
Elsa paraît alors à son balcon ; elle chante son bonheur à la brise du soir. Ortrud appelle plaintivement la jeune femme, Celle-ci, émue, descend rejoindre Ortrud, pendant que celle-ci, avec une joie sauvage appelle le secours de Wotan et Freia, les divinités païennes, pour mener à bien son œuvre perverse, puis cherche – et réussit ! – à attendrir Elsa sur son sort. Celle-ci compatit, pardonne à Ortrud sa conduite et la convie à se rendre avec elle le lendemain à l’église pour célébrer son mariage. La confiance de la jeune fille ainsi gagnée, l’épouse de Telramund s’emploie alors à immiscer le doute dans l’esprit d’Elsa, quant à l’attitude probable de son futur mari : un jour, cet homme d’origine si mystérieuse ne sera-t-il pas amené à la quitter comme il est venu à elle, par magie ? Elsa ne se laisse cependant pas troubler. Ortrud suit la jeune fille avec une humilité feinte pendant que Telramund, demeuré seul, se réjouit du succès de cette première manœuvre.

Scène 3
Le jour se lève, salué par des fanfares de trompette. Les nobles et les hommes de Brabant se rassemblent devant les portes de l’église. Le héraut du roi lit les dernières décisions prises par les souverains : bannissement de Friedrich, nomination de Lohengrin au titre de protecteur du Brabant, mariage du chevalier avec Elsa, son départ imminent avec les armées royales. Quatre pages s’arrêtent devant le palais et demandent que l’on fasse place au cortège nuptial.

Scène 4
Un long cortège de femmes en habits somptueux se dirige vers l’église. Parmi elles se trouve Ortrud, elle aussi richement vêtue. Lorsqu’Elsa, en robe de mariée, pose le pied sur la première marche de l’église, Ortrud l’apostrophe furieusement au sujet du chevalier et de son origine suspecte, puis provoque le scandale en accusant le chevalier d’imposture : c’est grâce à un pouvoir magique qu’il détient sa force, et c’est pour cela qu’on ne doit point connaître ses origines.

Scène 5
L’arrivée du roi et de Lohengrin met un terme à la querelle opposant les deux femmes. Elsa se réfugie dans les bras de son fiancé et lui raconte sa déconvenue. Mais c’est maintenant Telramund qui sort de la foule où il se cachait. Il proclame ses griefs et met en cause à son tour l’intégrité du chevalier qu’il somme de révéler son nom. Lohengrin refuse de répondre à celui qui a déshonoré son rang : seule Elsa est en droit de lui poser la question. La jeune femme demeure le regard fixe, en proie à un terrible débat intérieur : le doute aurait-il germé dans son cœur ? Elsa se ressaisit heureusement et assure à son futur époux que son amour « sera bien au-dessus de toutes les forces du doute ». Le couple pénètre dans l’église sous les acclamations de la foule.

ACTE III

La chambre nuptiale.

Scène 1
Le rideau se lève sur la chambre nuptiale pendant que résonne le chœur qui accompagne l’entrée des époux. Ils s’embrassent, le roi les bénit tandis qu’un chœur d’hommes et de femmes loue les vertus de l’amour. Tous se retirent bientôt et laissent les jeunes époux dans l’intimité.

Scène 2
Dans un grand duo d’amour, ils chantent alors leur bonheur d’être unis, mais la curiosité de la jeune femme quant à l’origine secrète de son mari se fait de plus en plus vive. Lohengrin essaie de détourner la conversation, mais en vain : Elsa est de plus en plus pressante et passionnée, obsédée par une idée fixe : qui est le chevalier ? Dans un demi-délire, elle aperçoit le cygne glissant sur les flots et venant lui reprendre son mari bien-aimé. Au summum de la crise, alors qu’elle pose la question fatidique à Lohengrin, (« Quelle est ta lignée ? »), Friedrich sort de l’ombre suivi de quatre nobles, l’épée tirée, prêt à assassiner le chevalier. Lohengrin l’abat d’un coup. Les nobles épouvantés se jettent à ses pieds ; Elsa s’effondre, inanimée. « Tout notre bonheur est enfui » conclut tragiquement le chevalier au cygne. il révélera bientôt, et à tous, ses origines mystérieuses.

Scène 3
La prairie au bord de l’Escaut, au lever du jour. Le roi a réuni son peuple et exhorte ses soldats au combat pour la défense de la terre germanique. Son discours est interrompu par quatre nobles portant sur une civière le corps de Friedrich. Elsa entre, le visage pâle et défait, puis Lohengrin paraît à son tour. L’air grave. il dit son regret de ne pouvoir conduire les armées brabançonnes au combat, puis il raconte l’attentat dont il a été victime de la part de Telramund ; enfin, il accuse Elisa d’avoir failli à sa promesse. Devant la cour et le peuple de Brabant, Lohengrin révèle son nom, ses origines (il est le fils de Parsifal), son rang (il vient de Montsalvat et fait partie des chevaliers du Graal). Au roi il promet la victoire tandis qu’Elsa s’effondre en criant, apercevant sur le fleuve le cygne tirant une nacelle vide. Ortrud triomphante révèle à l’assistance médusée son dernier méfait : la transformation du jeune duc Gottfried – le frère disparu d’Elsa – en cygne – celui-là même qui remorque la nacelle. Lohengrin, parvenu au rivage, s’agenouille en une prière muette. Une colombe blanche plane au-dessus du cygne et bientôt, à la place de ce dernier, apparaît le prince Gottfried de Brabant. Ortrud s’effondre, Elsa appelle son époux, mais celui-ci s’éloigne déjà sur les flots qui le ramènent vers les régions sacrées du Monsalvat.

Sources :
Lohengrin, Opéra d’Angers-Nantes, septembre 2016
Lohengrin, Arop-Opéra de Paris, janvier 2017

Les articles thématiques

Sur la genèse de l’oeuvre

- LOHENGRIN EN DÉCORS NATURELS
par Henri PERRIER
Bien que le lieu et l’époque où se passe l’action aient été précisés par l’auteur, Lohengrin n’est pas du tout un opéra historique, mais bien plutôt un conte merveilleux et allégorique pour lequel la recherche de décors naturels peut paraître superflue. En effet, l’atmosphère de rêve qui enveloppe cette légende nostalgique n’appelle pas particulièrement la rigueur historique et géographique, mais au contraire s’accommode fort bien d’une stylisation des décors poussée parfois jusqu’à l’abstraction.

- AUX SOURCES DES LEGENDES DE LOHENGRIN
par Marc ADENOT
Il est vraisemblable que Wagner connaissait la légende de Lohengrin depuis son enfance. Les frères Grimm en avaient publié plusieurs versions dès 1818 : Wagner, qui avait alors cinq ans et vivait dans un milieu ouvert aux lettres, a dû se les faire raconter sinon les lire lui-même par la suite. Mais la première manifestation d’un intérêt artistique pour cette légende remonte à 1841.

Sur la composition de l’oeuvre

- LOHENGRIN, PREMIÈRE ÉTAPE DE LA RÉFORME WAGNÉRIENNE
par Jean-Michel DHUEZ
Wagner a donné à Lohengrin l’appellation d’opéra romantique. Il marque un tournant dans la carrière du jeune compositeur en jetant les bases de ses futurs drames musicaux, dont le Ring sera l’apothéose. Composé par Wagner, le livret s’inspire de légendes germaniques médiévales, tandis que la partition offre toute une série d’innovations parmi lesquelles l’utilisation du prélude pour établir une atmosphère musicale, et celle du leitmotiv qui définit les personnages.

- DIVERS ECRITS SUR LE PRELUDE DE LOHENGRIN
par Charles BAUDELAIRE. Sur le Prélude de Lohengrin : « Dès les premières mesures, je subis une de ces impressions heureuses que presque tous les hommes imaginatifs ont connues, par le rêve, dans le sommeil. Je me sentis délivré des liens de la pesanteur, et je retrouvai par le souvenir l’extraordinaire volupté qui circule dans les lieux hauts (notons en passant que je ne connaissais pas le programme cité tout à l’heure). Ensuite je me peignis involontairement l’état délicieux d’un homme en proie à une grande rêverie dans une solitude absolue, mais une solitude avec un immense horizon et une large lumière diffuse. »

- VARIANTES ET COUPURES DANS LE TABLEAU FINAL DE LOHENGRIN
par Henri PERRIER
Après que le rideau s’est fermé sur le désastre causé par la question interdite posée par Elsa, suivi de la mort de Telramund tué d’un coup d’épée par Lohengrin, un brillant interlude orchestral sert d’introduction à la troisième scène du troisième acte. Le rideau s’ouvre à nouveau sur le même décor qu’au premier acte : la prairie au bord de l’Escaut où les hommes en armes se rassemblent.

Sur les personnages de l’oeuvre

- ORTRUD, analyse du profil psychologique et vocal du rôle (mezzo-soprano)
par Nicolas CRAPANNE
Epouse de Friedrich von Telramund, Ortrud descend de la lignée noble des Radbod, princes de Frise (l’une des contrées les plus sauvages du Nord de Germanie). Alliée et complice de son époux dans la lutte que celui-ci mène auprès du roi Heinrich pour s’accaparer le trône de Brabant, magicienne mystérieuse, d’une beauté à glacer les sens, elle est adepte de la magie noire et des cultes aux dieux païens (la Frise, comme toute l’Allemagne du Nord, est, au Moyen-Âge, l’une des régions qui a voué le plus longtemps un culte au paganisme, et résisté le plus longtemps au christianisme peu à peu triomphant dans toute l’Europe).


Sur la création de l’oeuvre

- LA CRÉATION DE LOHENGRIN À WEIMAR
par Pierre-Louis CORDIER
« Après avoir relu quelques passages de mon Lohengrin – d’habitude je ne relis jamais mes œuvres – j’ai été pris d’un immense désir de voir cet opéra représenté. Je t’adresse donc une instante prière : fais jouer mon Lohengrin ! Tu es le seul homme à qui je veuille adresser une semblable prière ; à nul autre qu’à toi je ne confierais la création de cet opéra ; c’est toi que j’en charge, sans l’ombre d’une crainte ou d’une hésitation, avec une confiance absolue. Fais-le jouer où tu voudras, peu importe, ne fût-ce qu’à Weimar. Fais jouer le Lohengrin ; que son entrée dans ma vie soit ton œuvre…. Adieu, mon cher Ami, mon frère. » Ces quelques lignes implorantes sont écrites par un homme aux abois… Elles sont datées de Paris, le 21 avril 1850, adressées à Franz Liszt à Weimar, et signées Richard Wagner.
- LOHENGRIN A LA COUR DU THÉÂTRE DE WEIMAR : ASPECTS POLITIQUES D’UNE PREMIÈRE (Chapitre 1/3)
par David TRIPPETT (Université de Cambridge)
Texte initialement rédigé et publié pour la revue The Journal of the American Liszt Society traduit de l’anglais par @Le Musée Virtuel Richard Wagner
La décision de Franz Liszt de faire représenter la Première de Lohengrin de Richard Wagner à Weimar ne fut pas prise à la légère. En effet, dès le départ, le musicien recula devant les difficultés pratiques. Il était sceptique sur les qualités du petit orchestre de Weimar pour exprimer la couleur « surnaturelle » de cette partition, et exprimait son « doute quant au résultat parfaitement satisfaisant de l’exécution. »

- LOHENGRIN A LA COUR DU THÉ TRE DE WEIMAR : ASPECTS POLITIQUES D’UNE PREMIÈRE  (Chapitre 2/3)
par David TRIPPETT (Université de Cambridge)
Texte initialement rédigé et publié pour la revue The Journal of the American Liszt Society traduit de l’anglais par @Le Musée Virtuel Richard Wagner
La propagande. Le 18 mars 1848, peu avant 14 heures, depuis le balcon du palais impérial de Berlin, le roi Frédéric Guillaume IV tenta de s’adresser d’une voix sourde à une foule en liesse de dix mille citoyens revêtus de leurs plus beaux atours. Bien que le monarque ait, pour l’essentiel, répondu aux demandes d’un public épris de libéralisme, son discours se perdit totalement dans le chahut de la population massée devant lui.

- LOHENGRIN A LA COUR DU THÉ TRE DE WEIMAR : ASPECTS POLITIQUES D’UNE PREMIÈRE (Chapitre 3/3)
par David TRIPPETT (Université de Cambridge)
Texte initialement rédigé et publié pour la revue The Journal of the American Liszt Society traduit de l’anglais par @Le Musée Virtuel Richard Wagner
La première de Lohengrin. Les premières impressions sur la représentation reçues par Wagner de Dingelstedt l’inquiètent. En effet, il soupçonne que la future première de Lohengrin – avec Rosa Agathe von Milde dans le rôle d’Elsa et Carl Beck dans celui de Lohengrin, sans Wilhelmine Schröder-Devrient ni le » timbre de voix idéal dans l’aigu » de Josef Tichatschek – risquent de ne pas offrir la déclamation adéquate.


Sur les représentations de l’oeuvre

- LE TOUR DE FRANCE DU CHEVALIER LOHENGRIN – DU RESSENTIMENT A L’ENTHOUSIASME
par Michal Piotr Mrozowicki
« Cette fatale représentation de Tannhäuser à Paris en 1861, ne peut être considérée comme un commencement ; elle a été une plante sans racines, importée par l’ordre de l’empereur Napoléon, détruite par le Jockey-Club. L’art de Wagner n’admet point de ces procédés arbitraires ; il est une nécessité de l’esprit moderne : il ne peut donc prospérer que là où cette nécessité est sentie. Dans la France de 1861, on ne pouvait encore y penser : Tannhäuser y fit ce pèlerinage de Rome parce qu’on l’y envoya, mais il dut s’en retourner sans rien avoir obtenu, parce que le bâton ne se couvrit pas encore de feuilles. Aujourd’hui, après vingt-cinq années, le miracle s’est accompli, l’apparition du printemps après l’hiver ; le moment est arrivé pour l’esprit artistique français, où nécessairement le printemps doit venir. » Baron Hans von Wolzogen (La Revue Wagnérienne, no 3, le 8 avril 1886, p. 70)

- LOHENGRIN DANS LE PARIS DES ANNÉES 1870 À 1891. POLÉMIQUES AUTOUR DE « L’INSULTEUR DE LA FRANCE »
par Jean-François CANDONI (Université de Rennes 2)
Si le wagnérisme est un phénomène musical, littéraire et culturel majeur dans la France de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, les années qui suivent la guerre franco-allemande de 1870 sont émaillées de polémiques passionnées autour du compositeur saxon, et de nombreux obstacles sont placés en travers du chemin de ceux qui, comme Jules Pasdeloup ou Charles Lamoureux, tentent de faire connaître ses œuvres au public parisien.

Bibliographie indicative

Première approche

  • Richard Wagner, Lohengrin. L’Avant-scène opéra n°272, Premières loges, 2013.
  • Collins, Denis ; Saint André, Pascale ; Godefroid, Pascale. Lohengrin In Pazdro, Michel (dir.). Guide des opéras de Wagner. Fayard, 1988. P. 161-238.
  • Drüner, Ulrich. Lohengrin In Honegger, Marc et Prevost, Paul, Dictionnaire des œuvres de l’art vocal. G-O. Bordas, 1991. P. 1125-1128.
  • Duault, Alain. Dictionnaire amoureux de l’opéra. Plon, 2012. Lohengrin, p. 621-623.
  • Kaminski, Piotr. Mille et un opéras. Fayard, 2003. Lohengrin, p. 1668-1673.
  • Merlin, Christian. Mode d’emploi. Nouv. éd. L’Avant-scène opéra, Premières loges, 2018. Lohengrin, p.74-83
  • Mezzanotte, Riccardo. Lohengrin. IN Dictionnaire chronologique de l’opéra de 1597 à nos jours / traduit de l’italien par Sophie Gherardi. Le livre de poche, 1994. P.251-252.
  • Millington Barry (dir.). Wagner : Guide raisonné. Fayard, 1996. Lohengrin, p. 341-347.
  • Osler, Louis et Vermeil, Jean. Le Charme opéra. Guide de nos opéras favoris. Jean-Michel Place, 2005. Lohengrin, p. 622-625.
  • Picard, Timothée. Lohengrin In Picard, Timothée (dir.). Dictionnaire encyclopédique Wagner. Actes Sud, 2010, P. 1149-1160.
  • Rousseau, Jérémie. Lohengrin In Dermoncourt, Bertrand (dir.). L’Univers de l’opéra. Œuvres, scènes, compositeurs, interprètes. Bouquins, Robert Laffont, 2012. P. 607-609.
  • Tranchefort, François-René. L’Opéra. 1. D’Orfeo à Tristan. Coll. Point Musique, Le Seuil, 1978. Lohengrin, p. 269-272.
  • Tubeuf, André. L’offrande musicale. Compositeurs et interprètes. Bouquins, Robert Laffont, 2007. Lohengrin, p. 564-567.

Pour aller plus loin

  • Dalhaus, Carl. Les Drames musicaux de Richard Wagner. Liège : Mardaga, 1994.
  • Gregor-Dellin, Martin. Richard Wagner. Fayard, 1981.
  • Liszt, Franz. Trois opéras de Richard Wagner considérés de leur point de vue musical et poétique : Tannhäuser, Lohengrin, Le Vaisseau fantôme. Réunis, introduits et annotés par Nicolas Dufetel. Actes Sud, 2013.
  • Lohengrin, discographie. Overblog, [Consultation 2018-01-05]. Accès : <http://operachroniques.over-blog.com/article-18392703.html>
  • Opéra de Paris. Lohengrin, opéra romantique en trois actes. [Programme]. Opéra de Paris, 2017.
  • La Monnaie, Lohengrin. [Programme]. Théâtre royal de la Monnaie, 1990.
  • Simon, Yannick. « Lohengrin » : un tour de France, 1887-1891, Coll. Le Spectaculaire, Presses universitaires de Rennes, 2015.
  • Le vaisseau fantôme ; Lohengrin ; L’or du Rhin / adaptation française par Mme L. Veil. Les Livres roses pour la jeunesse, collection Stead, Larousse, 1912.
    Consultable sur Gallica [Consultation 2018-01-06]. Accès par < http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9680184h/f5.image>
  • Wagner, Richard. Ma vie / texte français et notes de Martial Hulot avec la collaboration de Christian et Melchior de Lisle. Buchet/Chastel, 1978.
  • Wagner, Richard. Une communication à mes amis, suivie de Lettre sur la musique, Mercure de France, 1976.

Partitions

Partition d'orchestre complète

Maison d'édition Leipzig: Breitkopf und Härtel, n.d.[1887]. Plate 15451.
Réimpression New York: E.F. Kalmus, n.d.(1933-70).
Droits d'auteur
Notes diverses These files are part of the Orchestra Parts Project.

Pour télécharger la partition extraite du site imslp.org, cliquez ici.

 

 

Lohengrin en neuf extraits (Vidéos)

Prélude

Rêve d’Elsa (acte I)

Final acte I

Malédiction d’Ortrud (acte II)

Procession et choeur (acte II)

Prélude acte III

Récit du Graal (acte III)

Scène finale (acte III)

 

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L’ANNEAU DU NIBELUNG ou LA TÉTRALOGIE (Der Ring des Nibelungen), WWV86 : HAGEN, analyse psychologique et vocale du rôle

HAGEN (Basse) Le Crépuscule des Dieux (La Tétralogie) Si certains personnages de La Tétralogie wagnérienne (le géant Fasolt, Mime ou bien encore Gutrune) sont nés de l’inventivité de l’auteur, le personnage de Hagen, lui, tout comme Brünnhilde et Gunnar/Gunther, figure dans les premiers récits mythologiques desquels Wagner tira son inspiration… (Lire la suite)

Année 1832

Hiver 1832, Richard Wagner se rapproche de la maison d’édition Breitkopf & Härtel qui se décide à imprimer – c’est la première édition d’une œuvre sous le nom du compositeur – la Sonate en si bémol majeur, WWV21, composée l’année précédente, et ce, sur l’instigation de Weinlig. 23 février 1832… (Lire la suite)

Genre :

Opéras et drames musicaux.

Sommaire
Quels artistes interprétèrent les rôles-titres lors de la création de «Tristan et Isolde » le 10 juin 1865 à Munich ?

Réponse : Ludwig Schnorr von Carolsfeld (1836-1865) et son épouse Malvine (1825-1904). Quelques semaines plus tard, Ludwig Schnorr von Carloslfeld mourut de manière soudaine, âgé de seulement vingt-neuf ans.

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