15 mars 1837
Richard Wagner termine la composition d’une transposition pour grand orchestre du thème britannique de Rule Britannia qu’il transforme en Ouverture Rule Britania, en ré majeur (WWV42) et par lequel le compositeur entend rendre hommage à l’Angleterre comme il l’avait fait, l’année précédente, envers la Pologne dans son Ouverture Polonia.
NB : un exemplaire manuscrit (quarante pages signées de la main du compositeur) de la partition fut envoyée par Wagner dès qu’il en eut achevé la composition à Sir George Smart à Londres. Très ambitieuse (un orchestre militaire devait se joindre à la formation orchestrale traditionnelle pour le finale), la partition ne fut jamais exécutée en concert et fut finalement retournée au compositeur en 1840. La partition disparut de la circulation pendant près de soixante ans, avant d’être retrouvée à la fin du siècle par un violoniste du nom d’Evan William Thomas, qui la remit en vente auprès d’un vendeur de musique londonien. Acquise par l’écrivain autrichien Stefan Zweig, cette dernière revint finalement à l’Angleterre, sa “patrie originale de destination”, où elle figure désormais parmi les rayons de la Britsh Library qui en fit l’acquisition définitive en 1986.
1er avril 1837
Richard Wagner obtient enfin le poste devenu vacant de Directeur musical au Théâtre de Königsberg. La situation financière de l’établissement est, comme à Magdebourg, au bord de la rupture lorsque le compositeur prend la charge de sa direction. Les dettes accumulées par l’ensemble mènent la troupe à la mise en faillite peu de temps après. C’est un nouvel échec artistique pour le compositeur.
Durant le printemps 1837,
Richard Wagner esquisse le scénario en prose d’un singspiel tiré des Contes des Mille et une Nuits, La Joyeuse famille des Ours (Die lustige Bärenfamilie)
31 mai 1837
Au sein du couple Wagner, les crises se font de plus en plus fréquentes : Minna quitte le ménage de Königsberg pour se rendre à Dresde où elle se met quelques temps en ménage avec un négociant du nom de Dietrich.
3 juin 1837
Se mettant en quête de faire revenir Minna au sein de son couple, Wagner entreprend le voyage à Dresde. Minna n’étant pas disposée à revenir, Wagner envisage pour la première fois le divorce.
15 juin 1837
Depuis Dresde, Richard Wagner entreprend un voyage à Berlin en vue d’entamer des pourparlers afin de signer un engagement au Théâtre de Riga. En espérant renouer avec le confort d’une vie bourgeoise, Wagner espère le retour de Minna au sein du couple conjugal.
A partir du 23 juin 1837
A Blasewitz, dans les faubourgs de Dresde, “ pendant les lamentables journées que j’avais passées avec Minna à Blasewitz, j’avais lu le roman d’Edward Bulwer-Lytton, Cola Rienzi” (Mein Leben).
Le compositeur songe immédiatement à adapter le roman en opéra : “Je travaillai au plan d’un grand opéra inspiré par ce sujet qui m’avait rempli d’enthousiasme.”
A travers les lignes suivantes extraites de Mein Leben, on devine assez rapidement l’ambition que Wagner a pour ce projet d’opéra : “ Si, pour le moment, j’étais encore obligé s’écrire pour un théâtre aux proportions étriquées, néanmoins, je m’efforçai quand même d’élargir mes conceptions en songeant à l’avenir.”
Fin juillet 1837
Richard Wagner rédige le brouillon en prose du livret pour Rienzi.
25 juillet 1837
Wagner entreprend le voyage pour Riga par la mer, depuis Berlin, via Schwerin puis Lübeck (premier voyage par voie de mer pour le compositeur, interrompu par suite de vent défavorable).
21 août 1837
Richard Wagner débarque à Riga où il se sent à l’abri des poursuites de ses créanciers de Magdebourg et de Koenigsberg. Les premières impressions que Riga offrent au compositeur sont plutôt favorables : “Après les expériences fâcheuses que j’avais faites des petites scènes allemandes, je fus, au premier abord, agréablement impressionné par l’organisation du nouveau théâtre de Riga.” (Mein Leben)
La direction du Théâtre est alors assurée par “ un poète dramatique assez répandu dans le monde du théâtre, Karl von Holtei.” (Mein Leben)
Il est entendu que Wagner partagera son poste de Directeur musical du Théâtre avec Heinrich Dorn, une vieille connaissance du compositeur (également son ancien protecteur, du temps de ses années de formation à Leipzig).
19 octobre 1837
Minna, après avoir envoyé à son époux une lettre lui demandant le pardon : “ Minna elle-même m’adressa une lettre bouleversante dans laquelle elle m’avouait sans détour son infidélité ” (Mein Leben), réintègre le domicile conjugal et rejoint celui-ci à Riga, en compagnie de sa soeur Amélie, elle-même cantatrice, et qui fit à Riga des débuts prometteurs salués par le public local. En s’installant avec Wagner à Riga, Minna renonce à sa carrière théâtrale.
Durant son séjour à Riga, Wagner « complote » en vue de donner son prochain Rienzi – mais l’œuvre n’étant pas terminée, le compositeur dispose déjà d’autres projets plus aboutis tels que La Défense d’aimer ou bien encore le scénario de La Fiancée idéale – en français à Paris. En effet, Riga n’apparaît que comme un « épisode » de transition durant lequel Wagner se prépare pour Paris. Quoi qu’il en soit, sa situation personnelle financière s’avère tellement être catastrophique qu’il n’envisage pas de demeurer très longtemps à Riga. Minna ne demande qu’à suivre, elle qui rêve de « frivolités » au -delà de la gêne rencontrée à Magdebourg, puis à Riga…
Pour ce faire, Wagner écrit à Scribe, le meilleur librettiste alors en vogue à l’époque en France – et librettiste de tous les opéras de Meyerbeer– afin qu’il effectue une traduction de La Défense d’aimer que Wagner rêve de donner en français pour se faire connaître du public. Trois lettres en français, dont la dernière datant de juin 1837, attestent de la volonté du compositeur de se rapprocher de Scribe pour lui soumettre les textes du scénario de La Fiancée idéale ou bien du livret de La Défense d’aimerà traduire et/ou à corriger ou adapter en français.
“ Je cherchai à me mettre en rapport avec Scribe à Paris… Je fis traduire en français le scénario de la Noble fiancée (La Fiancée idéale), et, de Königsberg, je l’envoyai à Scribe. J’y joignis une lettre dans laquelle j’offrais au célèbre librettiste l’appropriation de mon texte, à condition qu’il me procurât la commande de la musique pour le Grand Opéra de Paris. Je lui expédiai en même temps la partition de ma Défense d’aimer. J’écrivis aussi à Meyerbeer pour l’avertir de mon dessein et lui demander sa protection ” (Mein Leben).
C’est muni de ses espoirs que notre (futur) infortuné compositeur partira chercher le succès et l’appui qu’il attend de ses confrères à Paris.
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