ANNÉE 1866

Résultat de plusieurs années de recherches minutieuses, notre biographie exhaustive de Richard Wagner rassemble la plupart des informations connues à ce jour sur la vie du compositeur de la Musique de l’Avenir. Ces informations proviennent notamment des propres écrits du compositeur, ainsi que de correspondances et informations recueillies par les témoignages écrits de ses proches. Notre travail s’appuie sur une compilation des autobiographies de Richard Wagner  (Ma Vie, Une Communication à mes amis…) ainsi que des ouvrages attestés des plus célèbres biographes du compositeur (M. Gregor-Dellin, H.S. Chamberlain, H. Lichtenberger…).
Réparties en neuf périodes, chacune de ces sections permet ainsi d’accéder à une chronologie complète, année après année, de la vie de Richard Wagner.

Munich et Tribschen (1864-1870)

12 janvier 1866
Richard Wagner reprend la composition de la musique du premier acte des Maîtres chanteurs de Nuremberg.

22 janvier
Un incendie domestique se déclare dans le cabinet de travail de Wagner à Genève. Pendant les travaux de réfection de celui-ci, le compositeur part quelques jours pour Lyon ; de là, il repart pour Toulon, avec pour but de résider quelques jours à Marseille.

25 janvier 1866
Alors qu’il est en voyage à Marseille, Richard Wagner apprend la nouvelle du décès de son épouse Minna à Dresde, d’un infarctus du myocarde. Le télégramme lui parviendra hélas trop tardivement pour assister à ses obsèques. Néanmoins, il décide de revenir à Genève.
De retour à Genève, Wagner apprend également le décès de son chien Pohl.
Est-ce le contrecoup du choc provoqué par la mort de Minna combinée à celle de son fidèle compagnon ? Wagner, pris d’une intense émotion, enterre le chien Pohl avec tout un cérémonial en faisant creuser une tombe à celui-ci et en faisant ériger une stèle funéraire.

Février 1866
Wagner se consacre pleinement à nouveau à la composition des Maîtres Chanteurs de Nuremberg.
Simultanément, le compositeur achève le premier acte de la musique du premier acte et en ébauche l’orchestration immédiatement.

8 mars 1866
Visite de Cosima von Bülow avec sa fille aînée à Genève.
Dès le lendemain de son arrivée, Cosima et Wagner se remettent à la rédaction de l’autobiographie de celui-ci, Mein Leben, le Maître dictant, la Muse reportant scrupuleusement sur le papier le récit de la vie du compositeur.

MVRW Tribschen30 mars 1866
Wagner et Cosima visitent les environs ; ils sont enchantés par la découverte de la Villa de Tribschen, sur le lac des Quatre-Cantons, non loin de Lucerne. Il s’agit d’une maison bourgeoise carrée toute simple (cinq pièces en plus du salon et de la salle à manger), et offrant une vue panoramique exceptionnelle sur le lac des Quatre-Cantons.
Après cette visite, Richard et Cosima se séparent : lui reprend sa route vers Genève, elle repart pour Munich rejoindre son époux.

4 avril 1866
Wagner signe le contrat de location de la Villa de Tribschen – un contrat garanti par le roi Louis II lui-même. Le compositeur emménage sur le fait et se remet à la composition des Maîtres Chanteurs de Nuremberg.

29 avril 1866
Dans une longue lettre, Wagner met en garde son ami le roi Louis II de Bavière contre Bismarck : “Tandis que là-bas, un hobereau ambitieux trompe le plus insolemment du monde son roi faible d’esprit en lui faisant jouer un jeu sans honneur… Et je vois partout et à jamais mon Allemagne se défaire et sombrer. Pourquoi alors ma vie, mon action, ma création ? A quoi bon l’amour divin de mon gracieux Rédempteur qui préserve ma personne et mon œuvre pour le monde ?” (lettre de Richard Wagner à Louis II de Bavière)

12 mai 1866
Cosima vient s’installer auprès de Richard Wagner à Tribschen. Elle est accompagnée de ses enfants Daniela, Blandine et Isolde.

15 mai 1866
Richard Wagner entame la composition du deuxième acte des Maîtres Chanteurs de Nuremberg.
Le roi Louis II de Bavière télégraphie à son ami Wagner pour lui faire part de sa volonté d’abdiquer puisqu’on lui interdit à Munich la présence de l’”Ami” à ses côtés.
Outre ce témoignage vibrant d’affection, Wagner est naturellement inquiet : la réalisation de ses œuvres et le parachèvement de sa “grande entreprise” de La Tétralogie se trouveraient fortement compromis par une telle décision. Le surlendemain (le 17 mai 1866), Wagner tente de trouver les mots pour satisfaire l’impatience de son jeune ami monarque. Il lui conseille (poliment) d’attendre l’espace de six mois que la situation se calme : “Renoncez, en perdant cette demi-année, à vous mêler de tout ce qui touche à l’art et à nos projets. Appliquez par contre avec la plus grande énergie votre attention aux affaires de l’État.”

22 mai 1866
Visite surprise à Wagner du roi Louis II de Bavière à Tribschen pour l’anniversaire de celui-ci.
Le roi Louis II est accompagné du prince Paul de Thurn und Taxis ainsi que d’un piqueur.
Le roi a voyagé incognito afin de pouvoir rejoindre Wagner en Suisse. Lorsque celui-ci se présente au composteur et à Cosima, il est déguisé en Walther von Stoltzing, le héros des Maîtres Chanteurs de Nuremberg ! Le roi restera deux jours auprès du couple.

Début juin 1866,
Visite d’August Röckel à Tribschen.
Sous l’influence de son ami, la conversation reprend un tour politique. Wagner rédige un programme politique : c’est la Bavière et elle seule qui doit sauver… l’Allemagne, n’en déplaise à Bismarck !

8 juin 1866
Richard Wagner commence l’ébauche de l’orchestration du deuxième acte des Maîtres chanteurs de Nuremberg.

10 juin 1866
La quiétude de la Villa Tribschen est perturbée par l’arrivée in loco de Hans von Bülow. Naturellement, le chef d’orchestre ne saurait ne pas être au courant de la relation de Wagner avec son épouse. Mais à Munich – capitale bavaroise de tradition catholique et naturellement très conservatrice – la rumeur concernant la relation illégitime de son épouse le touche directement. L’étrange trio constitué de l’ami, l’épouse et l’amant complote, loin de Munich, pour faire taire la presse (Cosima, malgré son amour pour Wagner et son affection pour son mari, s’était montrée profondément blessée par l’avalanche de caricatures et d’articles la concernant et conspuant son honneur).

14 juin 1866
La guerre prusso-autrichienne éclate : la Bavière est l’alliée de l’Autriche dans ce conflit.

Prussian_military_leaders_in_Sadowa10 juillet 1866
Après la défaite des autrichiens contre l’armée prussienne à Sadowa (le 3 juillet 1866), puis celle des bavarois à Kissingen (le 10 juillet 1866), le roi Louis II de Bavière exprime de manière plus nette son intention d’abdiquer. Le roi écrira à Cosima le 21 juillet suivant qu’il songe à quitter le trône de Bavière plutôt que d’être un souverain sous la coupe de la Prusse.

24 juillet 1866
Dans une lettre de près de quinze pages, Richard Wagner exhorte le roi Louis II de Bavière à faire preuve de patience. Il est clair que l’intérêt personnel du compositeur est directement en jeu. Il soumet par ailleurs au roi son souhait de faire créer Les Maîtres chanteurs à Nuremberg, justement, la ville qui a vu naître l’inspiration du nouveau chef-d’œuvre de Wagner.

22 août 1866
Le traité de Berlin met fin à la guerre prusso-autrichienne. L’hégémonie de la Prusse, et par conséquent de Bismarck, s’en trouve renforcée.

1er septembre 1866
De Tribschen, Hans et Cosima von Bülow partent pour Munich et demandent audience au roi Louis II de Bavière.

6 septembre 1866
Resté seul à Tribschen, Richard Wagner achève l’ébauche de composition du deuxième acte des Maîtres chanteurs de NurembergCelle-ci sera définitivement achevée le 23 septembre suivant.

28 septembre 1866
Cosima regagne Tribschen… et Wagner.
Le compositeur note pour la première fois sur le papier la mélodie du Chant de concours qui prendra sa place définitive au troisième acte des Maîtres Chanteurs de Nuremberg.

8 octobre 1866
Richard Wagner commence l’ébauche de l’orchestration du troisième acte des Maîtres Chanteurs de Nuremberg.

30 octobre 1866
Le tout jeune Hans Richter rejoint Richard Wagner à Tribschen comme secrétaire du compositeur et copiste. Dès son arrivée, il se met au travail en mettant au net la partition des Maîtres Chanteurs de Nuremberg.

Courant novembre 1866,
Incident… domestique et diplomatique ! Malwina Schnorr von Carolsfeld qui, depuis la perte de son mari, s’est adonnée au spiritisme, annonce qu’elle a reçu un message “des esprits” lui ordonnant d’épouser … Richard Wagner ! (tandis que le médium qui a fait part de ces “révélations”, Isidora von Reuter, serait, elle, destinée à épouser… le roi Louis II de Bavière !)
La médium dénonce publiquement Cosima à la Cour.
Le roi Louis II de Bavière craint pour la première fois de son règne d’être à son tour la cible du peuple bavarois, ayant pris parti personnellement pour obtenir une “réparation d’honneur” de Cosima, après les requêtes du couple von Bülow (et de Wagner) présenté en juin de la même année.

En décembre 1866,
Après Pfistermeier, en octobre de la même année, c’est au tour de von der Pfordten de démissionner à son tour de son poste au sein du gouvernement du roi Louis II de Bavière.
Celui-ci sera remplacé par le prince Hohenlohe-Schilligfürst, que Wagner avait personnellement recommandé au roi.

Noël 1866
Richard Wagner met au net et par écrit le Chant de Concours de Walther von Stoltzing des Maîtres Chanteurs de Nuremberg.

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