Résultat de plusieurs années de recherches minutieuses, notre biographie exhaustive de Richard Wagner rassemble la plupart des informations connues à ce jour sur la vie du compositeur de la Musique de l’Avenir. Ces informations proviennent notamment des propres écrits du compositeur, ainsi que de correspondances et informations recueillies par les témoignages écrits de ses proches. Notre travail s’appuie sur une compilation des autobiographies de Richard Wagner  (Ma Vie, Une Communication à mes amis…) ainsi que des ouvrages attestés des plus célèbres biographes du compositeur (M. Gregor-Dellin, H.S. Chamberlain, H. Lichtenberger…).
Réparties en neuf périodes, chacune de ces sections permet ainsi d’accéder à une chronologie complète, année après année, de la vie de Richard Wagner.

Les années d’exil et d’errance (1850-1863)

Mi-février 1853
Richard Wagner fait publier à ses propres frais et à cinquante exemplaires le poème complet de La Tétralogie.

Du 16 au 19 février 1853,
Pour la première fois, et durant quatre soirées consécutives, Richard Wagner donne une lecture publique à l’Hôtel Baur au Lac, devant un auditoire Zurichois des textes en vers de La Tétralogie.
« Pour ces séances de lecture, j’avais retenu une grande et belle salle à l’Hôtel Baur au Lac et j’eus la surprise de constater que, chaque soir, elle se remplissait davantage, alors que je n’y avais invité qu’un petit cercle de connaissances. » (Mein Leben)
A l’issue de ce cycle de soirées, Richard Wagner est interpellé afin de s’occuper du théâtre de Zurich.
A cette attention, Richard Wagner fait publier son opuscule Un théâtre à Zurich rédigé en avril 1851 et dans lequel le compositeur et dramaturge avance ses idées de développement du théâtre local. L’idée toutefois n’ira pas plus loin.

MVRW Hotel Baur au Lac Zurich

22 février 1853
Richard Wagner soumet son projet d’organiser à Zurich une série de “concerts spéciaux” avec des extraits de ses œuvres.
Pour financer cette entreprise, Richard Wagner lance une souscription auprès de divers mécènes locaux.
C’est la première fois qu’ Otto Wesendonck soutient l’œuvre artistique de son ami Richard Wagner.
Fort de cette aide financière, le projet a toutes les chances d’aboutir et le compositeur recrute les membres de son futur orchestre parmi les musiciens de Mayence, Wiesbaden Francfort, Stuttgart, Genève, Lausanne, Berne, Bâle et des principales villes de Suisse.

15 avril 1853
Le couple Wagner quitte le n°11 du Zeltweg pour emménager dans un appartement plus grand situé au deuxième étage du n°13 de la même rue. En raison des recettes escomptées par la série de concerts à venir, l’ameublement du couple Wagner se fait avec un certain luxe.

18-20-22 mai 1853
Répétitions de l’orchestre pour le concert donné en souscription.
Le programme comprend des extraits symphoniques de Rienzi, du Vaisseau fantôme, de Tannhäuser et de Lohengrin. Le seul extrait vocal donné est la Ballade de Senta, qui est interprétée par la femme du directeur de la musique, Madame Heim.
Les concerts, qui sont chacun précédés du récit par Richard Wagner des poèmes de ces trois opéras, rencontrent un très grand succès.
NB : c’est la première fois que le compositeur entend à l’orchestre des extraits de Lohengrin.

29 mai 1853
Richard Wagner compose une polka dédiée à son amie Mathilde Wesendonck (Polka en sol majeur, WWV84)

10 juin 1853
Dans une lettre à Ferdinand Heine et fort du succès que les œuvres ont rencontré auprès du public zurichois au cours des concerts du mois de mai, Richard Wagner exprime l’espoir de pouvoir également représenter son cycle de La Tétralogie à Zurich.

20 juin 1853
Richard Wagner fait parvenir à Mathilde Wesendonck une Sonate en la bémol majeur, WWV85
NB : L’œuvre porte en épigraphe la devise mystérieuse et interrogative des Nornes dans Le Crépuscule des Dieux : “ Savez-vous ce qui advient ? ” Mathilde déclare – innocemment ? – par lettre à Minna qu’elle ne sait pas comment interpréter cette devise.

2 juillet 1853
Visite à Zurich de Franz Liszt « qui avait célébré une semaine Wagner à Weimar » en mars de la même année. (Mein Leben)

6-7 juillet 1853
Au cours d’une excursion à Brunnen, sur le lac des Quatre-Cantons, sur le Rütli, Wagner et Liszt scellent leur amitié en trinquant avec de l’eau de chacune des trois sources.
Au cours de la conversation, Liszt approuve l’idée d’un festival scénique à Zurich et promet son soutien à cet effet.

Septembre 1853
Richard Wagner, fatigué, entame un voyage en Italie financé par Otto Wesendonck en Italie, via Turin et Gênes. Lassé par le vacarme de la ville, le compositeur décide d’entreprendre une expédition à la petite ville de La Spezia, chef-lieu de Ligurie.
Au cours de cette excursion, Richard Wagner puisera dans l’inspiration que lui provoque le lieu (ainsi que son état physique) le prélude de L’Or du Rhin.Cette « trouvaille musicale » conduit à Richard Wagner à rentrer immédiatement à Zurich, et à se remettre immédiatement à son travail de composition.

1er octobre 1853
Richard Wagner rejoint sa femme Minna en cure à Baden-am-Stein, puis il poursuit à Bâle pour y rencontrer Franz Liszt qui vient d’achever un festival de musique à Karlsruhe où il a dirigé plusieurs œuvres de Richard Wagner.
Comme il n’a pas droit de pénétrer sur le territoire germanique, Liszt a choisi Bâle pour lui faire rencontrer plusieurs amis dont la princesse Karoline von Wittgenstein et sa fille, Marie.
Sont présents au cours de cette réunion d’amis Hans von Bülow, le violoniste Josef Joachim, Peter Cornelius, Richard Pohl et Dionysis Pruckner.
Richard Wagner leur fait la lecture d’extraits de Siegfried, troisième des poèmes de La Tétralogie.
Puis, Wagner accompagne Liszt à Paris en compagnie de la princesse Karoline et de sa fille.

Octobre 1853
Richard Wagner séjourne brièvement à Paris.
Devant les amis de Liszt, le compositeur donne une lecture plus complète de ses œuvres de La Tétralogie à son amie Karoline von Wittgenstein ainsi qu’à sa fille.
Liszt réserve une loge à l’Opéra où ils assistent à une représentation de Robert le Diable de Meyerbeer « pour faire connaître le célèbre théâtre du Grand Opéra. » (Mein Leben)
Durant ce séjour à Paris, Richard Wagner est invité à venir entendre les Quatuors en mi bémol majeur et en ut dièse mineur de Beethoven. A l’issue de ce concert, Richard Wagner note : « J’eus l’heureuse surprise de découvrir ici avec quelle intelligence les français traitent ces trésors de la musique encore si mal compris en Allemagne. En particulier, je dois reconnaître que c’est seulement ici que j’ai compris en profondeur le Quatuor en ut dièse mineur car c’était maintenant seulement que sa mélodie prenait son sens. » (Mein Leben)
Durant ce même séjour, alors que Richard Wagner donne une lecture du dernier acte du Crépuscule des Dieux, au cours d’une soirée organisée chez Franz Liszt « chez ses enfants » (c’est la première fois que Cosima rencontre Wagner) ; le compositeur croise Hector Berlioz qui, à écouter le poème de Richard Wagner, « accueillit avec courtoisie cet exposé. » (Mein Leben)
Minna rejoint Richard Wagner à Paris pour quelques jours.
Ce sera l’occasion pour le couple de revoir Ernst Benedikt Kietz ainsi que le ténor Anders, qu’ils avaient connus durant leur tout premier séjour parisien.

Fin octobre 1853
Retour du couple Wagner à Zurich.
Richard Wagner se remet à la composition de la musique de L’Or du Rhin avec enthousiasme ; l’épisode vécu à La Spezia lui a redonné un nouveau souffle d’inspiration. « Depuis la fin de mars 1848, c’est-à-dire  depuis cinq ans je n’avais composé une mesure. » (Mein Leben)

 

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