Un portrait réalisé par le peintre Friedrich Pecht (1814-1903), que Wagner avait côtoyé tant à Paris qu’à Dresde. Richard Wagner y est représenté la main posée sur une partition devant un buste du jeune Roi. Cette huile sur toile se trouve dans les collections du Metropolitan Museum of Art de New York.
Le tableau doit dater de la fin de l’année 1864 ou tout au plus de début janvier 1865 puisque le Roi adresse à Wagner des remerciements pour ce portrait dans une lettre datée du 30 janvier 1865 :
« Mon très cher Ami! Rentré à l’instant de ma promenade, je trouve le splendide tableau ! – Quelle surprise pour moi ! – C’ est un enchantement que sa réussite ! Recevez mes remerciements les plus chaleureux et les plus sincères. […]. Merci, remerciement sincère. Jusqu’à la mort Ludwig, le 30 janvier 1865. »
Le paiement de ce tableau fut à la source d’ un malentendu, dont la presse s’empara aussitôt pour rompre des lances contre Wagner. Le chanteur Ludwig Schnorr von Carolsfeld l’évoque dans une lettre à sa mère :
« Le Roi Louis avait donné à Wagner une peinture à l’huile le représentant et avait à cette occasion émis le souhait que Wagner posât pour le peintre Joseph Bernhardt pour un portrait qui lui était destiné, lui, le Roi. Mais Wagner voulut en être déchargé parce qu’ il ne voulait pas poser pour un peintre qui ne le connaissait pas et que lui ne connaissait pas non plus. Après quelque temps Wagner vit chez Pecht, qu’il connaissait, un portrait qui lui plut, et il convint avec Pech que ce dernier fît un portrait de lui, pour que, en cas de réussite, ils puissent en faire la surprise au Roi. Un beau jour, le Roi trouva le portrait présenté chez lui et fut tellement ravi de la ressemblance que Wagner reçut dans l’heure une petite lettre, dans laquelle le Roi le remerciait et lui disait qu’ il avait accroché le portrait dans son cabinet. Huit jours plus tard, Pfistermeister se rendit chez Wagner et lui demanae ce qu’il en était du paiement. Sur la remarque de Wagner qu’il n’oserait se permettre de remercier le Roi avec un cadeau en retour, parce qu’ il se mettrait par là même sur le même pied que lui, ils décidèrent que Pfistermeister trouverait un arrangement avec Pecht. Sur ces entrefaites, il se rendit chez le Roi et lui dit que Wagner voulait 1000 florins pour le tableau. Le Roi avait cependant compris que le tableau était un cadeau de Wagner, comme le savait Pfistermeister, et il fut très saisi de ce retournement. »
La presse s’empara de l’affaire, comme en témoigne cette caricature parue la presse munichoise en 1865.
Sur cette affaire encore, on peut lire cet entrefilet dans le Münchener Punsch du 19 février 1865 :
« Si Richard Wagner envoie sans qu’il en ait été prié son portrait à l’ huile pour 1000 florins au Roi de Bavière, il fait s’arrange en quelque sorte pour que Sa Majesté elle-même l’ accroche au clou ».
Un jeu de mots sans doute, car « an den Nagel » signifie à la fois « accrocher à un clou », ce qui est le cas du tableau, et « abandonner ce qu’on avait l’intention de faire », en l’occurence, pour Louis II, arrêter de soutenir Wagner.
Le Münchner Punsch publie dans la même édition la célèbre caricature où le Münchner Kindl montre à Wagner en train de patiner sur la glace le trou dans lequel il va se précipiter parce qu’ il porte la tête trop haute et ne peut donc voir le trou de la disgrâce un mètre devant lui.
LHR
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