C’est dans l’immédiate après-guerre, à Überlingen sur les rives du lac de Constance que naît Nike Wagner, fille de Gertrud Wagner (née Reissiger) et de Wieland Wagner.
Mais en digne héritière de son illustre arrière-grand-père Richard Wagner, c’est à Wahnfried que la jeune fille passe son enfance.
Intellectuelle remarquée pour la diversité de ses centres d’intérêt, Nike Wagner poursuit des études de musicologie, de littérature et de théâtre à Berlin, mais également à Paris, Vienne et Chicago. En 1980, elle obtient son doctorat à la Northwestern University d’Evanston (Illinois) sous la direction de l’essayiste britannique Erich Heller.
C’est ainsi que, ayant suivi une formation particulièrement accomplie aussi bien que diversifiée, Nike Wagner entreprend une carrière d’auteure sur des sujets aussi variés qu’une étude de l’œuvre de l’auteur satyrique viennois Karl Kraus (Geist und Geschlecht : Karl Kraus und die Erotik der Wiener Moderne, Frankfurt am Main, Suhrkamp, 1982), tout comme un essai basé sur une analyse de sa propre famille ainsi que des rapports pour le moins complexes qu’entretiennent ses membres entre eux (The Wagners: The Dramas of a Musical Dynasty, Princeton, New Jersey, Princeton Universitu Press, 2001).
L’un des articles, Im Fadenkreuz der Kulturpolitik, qu’elle rédigea en juillet 2006 engendra une vive polémique en Allemagne car elle remet en question les subventions publiques accordées à des événements culturels de grande envergure en général, et le Festival de Bayreuth en particulier (actuellement c. 6,5 millions de dollars par an).
En 2008, Nike Wagner, qu’aucun défi n’arrête, propose sa candidature à la direction du Festival de Bayreuth conjointement à Gérard Mortier, alors directeur de l’Opéra de Paris. Sans aucune velléité de provocation, mais assumant pleinement ses convictions, elle propose d’ouvrir le répertoire du Festival … à d’autres œuvres que celles de Richard Wagner. La proposition est jugée scandaleuse et sa candidature, immédiatement rejetée. Même si « aucune animosité personnelle » (sic) émanant du comité de direction du Festival ne semble justifier ce choix – pour le moins audacieux, voire révolutionnaire ! -, ce dernier lui préfèrera la candidature d’inspiration jugée « plus traditionnelle » d’un autre binôme, celui formé par Eva Wagner-Pasquier et sa demi-sœur, Katharina Wagner.
En 2013, Nike Wagner est nommée directrice du Beethovenfest – le festival « de référence » dédié, lui, tout également aux œuvres de Ludwig van Beethoven, et qui se tient chaque année à Bonn, la ville natale du compositeur, un poste qu’elle occupera et dont elle remplira les fonctions avec passion jusqu’en 2014.
Durant son mandat, l’ex-étudiante en théâtre et musicologie mettra en valeur les relations entre Beethoven et Wagner, qui, comme on le sait, s’est largement inspiré des œuvres du « père spirituel » (et musical) pour initier son propre parcours de composition. Car, la jeune femme « éclairée » qu’est Nike Wagner est bien loin de limiter ses centres d’intérêt ainsi que ses connaissances à la vie et à l’oeuvre de Richard Wagner, celle-ci mettra un point d’honneur à mieux faire connaître la musique de chambre de Beethoven plus que les symphonies, plus populaires auprès du grand public.
Tout récemment, Nike Wagner, lassée de se battre, de vouloir soulever des montagnes (une Colline… verte !) séculaires, et préférant d’autres combats, jette l’éponge et annonce renoncer définitivement à la direction du Festival de Bayreuth fondé par son arrière-grand-père, jugeant « ennuyeux à mourir de ne faire que du Wagner » (interview donnée au Rheinische Post, mai 2017).