L’homme aux 27 Grammy awards a fait coulé beaucoup d’encre, aussi bien parmi ses admirateurs que ses détracteurs. Il a occupé dans le paysage musical français un peu la même place qu’un Lully en son temps, ou un Meyerbeer…
Né à Montbrison, Pierre Boulez est fils d’ingénieur. Très discret sur son enfance, on sait qu’il a une soeur, Jeanne, et un frère, Roger. Il commence le piano à l’âge de 6 ou 7 ans, mais destiné par son environnement à devenir ingénieur, il entre en math sup après le petit séminaire où il a passé ses années de collège, mais abandonne un an après pour préparer l’entrée au conservatoire de Paris.
Au début des années 40, après dix années d’apprentissage du piano, il monte donc à Paris pour s’inscrire au Conservatoire où il entre en 1943, étudiant avec Messiaen et Leibowitz.
Très rapidement, il doit gagner sa vie, d’abord dans les fosses des Folies-Bergère en 1945 puis en devenant à seulement 21 ans directeur de la musique au sein de la Compagnie Renaud-Barrault.
Et pendant tout ce temps, il compose !
Désireux de faire entendre la musique contemporaine dans de bonnes conditions, donc sous une bonne direction, il fonde en 1953 les « Concerts du Petit Marigny », futur « Domaine Musical », avec l’aide de Jean-Louis Barrault.
Vers 1955, il est l’auteur d’un ouvrage théorique, Penser la musique aujourd’hui. Sa notoriété lui permet de devenir professeur d’analyse musicale et de direction d’orchestre au sein des meilleures écoles dont Harvard.
Compositeur de musique atonale, Boulez a initié la sérialisation au-delà de l’emplacement des notes : durées, dynamique, accents, etc.. Et en tant que chef d’orchestre, Boulez est reconnu pour sa grande compréhension et restitution des œuvres de la première moitié du 20e siècle (Debussy, Mahler, Schoenberg, Stravinsky… )
C’est cette compréhension qui lui vaut une première invitation à diriger Parsifal à Bayreuth en 1966. Il est ainsi le deuxième chef français à diriger la musique de Richard Wagner à Bayreuth, après André Cluytens.
En 1970, il est ré-invité à diriger Parsifal au Festspielhaus. Son succès conduit Wolfgang Wagner à le choisir pour être le chef du célèbre Ring du centenaire mis en scène par Patrice Chéreau. Bien qu’ayant été violemment controversée, cette production a aussi un succès indéniable, puisqu’elle est saluée par près d’une heure et demi d’applaudissements lors de la dernière représentation, le 26 août 1980.
Invité à nouveau en 2004 pour diriger Parsifal, il continue de faire le tour du monde, au service des grands compositeurs du XXème siècle. Lorsqu’en 2010 il se fait opérer d’un œil, il se retire largement de la scène – à quelques rares exceptions près – et décède à Baden-Baden en 2016 à l’âge de 90 ans.