Alors que le sentiment anti-wagnérien se développe en France – la nation vient de perdre la guerre de 1870 contre la Prusse – Wagner s’apprête à réaliser le rêve d’une vie.
En pleine verve créatrice, Richard Wagner précise son projet de monter l’intégralité de La Tétralogie sur la scène de l’Opéra des Margraves de Bayreuth ou sur la scène d’un théâtre qui serait entièrement dédié à la représentation de ses œuvres. Le compositeur l’annonce au roi Louis II de Bavière qui fait bonne figure, malgré son mécontentement.
Pour financer ce rêve ambitieux, Wagner profite d’un voyage à Berlin pour mettre en place un Patronatsverein pour réunir le financement du futur Festival de Bayreuth. Selon la charte de ce comité, chacun des adhérents se verra attribuer l’une des mille places du Festival en création. Le comité est placé sous la direction de Marie von Schleinitz, épouse du ministre prussien Alexandre von Schleinitz. Wagner essaie en outre d’obtenir des subventions auprès du Chancelier Otto von Bismarck, mais sans succès. Le compositeur visionnaire comprend que “ les frais de [son] entreprise seront à réunir uniquement par des particuliers ” (dans un courrier à von Düfflip).
Parmi ces bonnes volontés, se trouvent en décembre 1871 les autorités de la ville de Bayreuth (représentées par le bourgmestre Theodor Muncker) qui mettent à la disposition du compositeur un terrain à bâtir juché sur une colline à l’extérieur de la ville, le Bürgerreuth, pour la somme de 14.000 guldens. En route donc pour Bayreuth. En avril 1872, Wagner quitte définitivement Tribschen.
Le 22 mai, jour de son anniversaire, c’est l’inauguration du chantier du Festspielhaus, à Bayreuth, sur la musique de la Huldigungsmarsch. Pour l’occasion se sont déplacés Friedrich Nietzsche, Karl Ritter, Heinrich Porges, Peter Cornelius, Malwida von Meysenburg…
Le lieu – le futur temple ! – se construit, il est temps de penser aux artistes. A nouveau sur les routes, le couple Wagner entreprend un voyage en Allemagne afin de recruter des chanteurs en vue des représentations de La Tétralogie à Bayreuth : Würzburg, Frankfurt am Main, Darmstadt et Mannheim.
Le 22 mai 1873, Wagner fête ses 60 ans. Un an s’est écoulé depuis le début des travaux. Le chantier est plus long que prévu. Malgré ses espoirs, les représentations du Ring sur la scène idéale ne peuvent se dérouler en 1873. Wagner annonce un report pour 1875 pour cause de manque de liquidités et part en quête des fonds nécessaires. Hélas les porte(-feuille)s s’ouvrent difficilement. En 1874, alors que le projet est au bord de la faillite, Louis II, l’indéfectible mécène, vole malgré les disputes passées au secours de Wagner.
Ainsi l’entreprise de Bayreuth échappe à la déroute grâce à un sauvetage provisoire émanant de la couronne de Bavière (et plus précisément, sur les avoirs personnels du roi). Soulagé, Richard Wagner s’installe avec Cosima le 28 avril 1874 dans la Villa Wahnfried, construction pour laquelle le roi Louis II de Bavière a également contribué à hauteur de 25.000 thalers. Lorsqu’en Août 1874 Friedrich Nietzsche séjourne à Wahnfried, une querelle lézarde l’amitié qui liait les deux hommes. Mais Wagner n’a à ce moment qu’un objectif en tête : l’avènement du Festival.
En 1875, à nouveau en manque de liquidités, le couple Wagner repart pour une série de concerts destinés à financer le projet. Les répétitions préliminaires à Bayreuth démarrent le 1er juillet 1875, sous la direction de Hans Richter, puis de Hermann Lévi. Mais nouveau report : même si le 1er août 1875 les travaux de construction du Festspielhaus sont enfin achevés, l’année 1876 est encore consacrée à la recherche de fonds. Le couple se rend notamment à Berlin auprès de l’Empereur Guillaume. Quelques ressources sont heureusement les bienvenues : le compositeur reçoit la commande en 1876 d’une Grossen Festmarsch (Grande Marche de fête pour les festivités du centenaire de l’Indépendance américaineWWV110). Enfin, en juin 1876, débutent les (vraies) répétitions de La Tétralogie au Festspielhaus et le 13 août 1876, c’est la grande inauguration du premier Festival de Bayreuth : sous la direction de Hans Richter, représentation de L’Or du Rhin (Das Rheingold) le 13, de La Walkryrie(Die Walküre) le 14, de Siegfried le 16 et du Crépuscule des Dieux (Götterdämmerung) le 17. La première édition du Festival remporte un succès musical exceptionnel, un succès artistique en demi-teinte et une débâcle financière. En effet, malgré le succès, malgré les aides financières et malgré les apports personnels du couple Wagner, le Festival génère un déficit énorme de 148.000 marks.
Fatigué, Richard Wagner entreprend un voyage en Italie et visite Vérone, Venise, Bologne, Naples, Sorrente (où il rencontre pour la dernière fois Frédéric Nietzsche), Rome et Florence. Le compositeur est alors tenté, puis convaincu, de vendre les droits sur les représentations de La Tétralogie hors les murs de Bayreuth afin de financer un deuxième festival. Richard Wagner songe en effet déjà à Parsifal…
NC
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