Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

Section III

UNE OEUVRE

Section IV

L’AVENTURE DE BAYREUTH

Section V

ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

Section VI

 LIEUX DE VIE, LIEUX D’INSPIRATION

Section VII

WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER
Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

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UNE OEUVRE

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L’AVENTURE DE BAYREUTH

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ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

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WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER

SIEGMUND, analyse psychologique et vocale du rôle
(L’Anneau du Nibelung, WWV 86)

par Nicolas CRAPANNE

(Ténor héroïque ou Heldentenor)
La Walkyrie (L’anneau du Nibelung)

Personnage emblématique de la saga wagnérienne des Nibelungen, Siegmund est l’une des figures les plus fortes, mais également les plus attachantes et les plus marquantes de tout le cycle de la Tétralogie. Même si le malheureux héros, frère jumeau et amant de Sieglinde, sa propre soeur n’apparaît en fait que dans un seul épisode de la Tétralogie – la première journée : La Walkyrie – , et…  que sa “vie” n’évoluera à peine que durant deux actes. Au cours du premier, on découvre un malheureux, errant de combats en souffrances, qui, dévoilant son identité au cours du huis-clos glaçant qui se déroule chez son ennemi juré Hunding, s’éveille à l’amour et connaît enfin les premiers instants de bonheur de sa misérable existence. Au cours du second, il apprend la terrible nouvelle qu’il n’est sur terre que le jouet de puissances supérieures, et qu’il doit accomplir sa destinée – affronter Hunding en duel singulier – pour en périr.

Le personnage de Siegmund (tout comme celui de sa bien-aimée Sieglinde (voir à ce propos l’article “Sieglinde ou le printemps et l’amour”) est l’un des personnages-clefs de la Völsunga Saga dont Wagner tira quelques-uns des éléments et personnages pour bâtir sa propre saga, La Tétralogie. Si l’on prend pour précaution préalable (et nécessaire) de rappeler que cette épopée littéraire relatant des faits mythologiques nordiques fait preuve, bien avant Wagner, d’un délicieux syncrétisme entre véracité historique et romanesque, il semble néanmoins attesté que la figure du roi Sigmundr ait réellement existé (voir à ce propos l’article “Les sources littéraires de l’anneau du Nibelung”).

Le premier cycle de la Völsunga Saga (cycle de Sigmundr) nous expose en fait l’origine du clan Wälsung depuis son fondateur, le dieu Odin, jusqu’à Sigmundr et il couvre tout l’argument de La Walkyrie de Wagner (même si quelques différences entre l’opéra et le texte original sont à relever). Völsung, descendant d’Odin, est père de deux jumeaux : un garçon Sigmundr et une fille Signy. La jeune fille est mariée contre son gré au roi Siggeir de Gotland. Mais lors des noces, Odin apparaît et plante une épée dans un arbre. Il annonce que celui qui sera capable de retirer l’épée de l’arbre possèdera la meilleure épée qui soit. Le décor du drame dans lequel s’ouvre La Walkyrie est déjà tout planté par ces sources scandinaves.

Mais Wagner fait de Siegmund, le fils direct que Wotan aurait eu, en même temps que Sieglinde dont il s’avèrera qu’il est le frère jumeau : il est l’enfant des amours illégitimes du dieu avec une mortelle, au cours de l’une de ses nombreuses conquêtes terrestres. Ce qui non seulement fait de Siegmund, un demi-dieu, mais également un pion sur l’échiquier que Wotan manipule sans scrupule – c’est du moins ce que l’on pourrait croire avant l’acte II –  pour récupérer l’anneau. Car qui dit “héros capable d’extraire Notung l’épée de l’arbre dans lequel il a planté celle-ci” signifie “héros invincible, qui plus est capable de vaincre Alberich”… et de facto “capable de restituer l’anneau forgé par le Nibelung”. Objet sans le savoir des contradictions intérieures de Wotan (tourmenté entre son amour pour ses enfants, sa convoitise de l’anneau et ses obligations de dieu), Siegmund sera malgré tout la victime expiatoire qui devrait permettre à son père de reprendre la main sur la puissance sur le monde, désormais incarnée par la tyrannie de l’or maudit.

Mais Siegmund (dont le nom signifie en allemand “protecteur victorieux”) est naturellement inconscient du rôle auquel le prédestine son auguste père. C’est à travers les épreuves des guerres, des luttes entre humains rivaux et de la douleur que le héros s’est forgé, livré à lui-même dans la tourmente du monde des veules humains. Il a connu toutes les blessures que l’humanité réserve aux êtres nobles et fiers ; son existence (air de l’acte I : “Friedmund darf ich nicht heissen”) n’a été qu’une suite de combats et de souffrances. De ces rivalités entre clans et de ces combats, il est devenu l’homme traqué, le fugitif. Celui pour qui les Nornes ont filé la plus noire des destinées.

Mais au moment même où, dans sa fuite sans fin, il semble acculé à la perte et touche au fond de la douleur, le “hasard” (sans doute guidé par la main de Wotan) le porte, au cours d’une nuit dominée par un effroyable orage, dans la demeure de Hunding. Sans savoir qu’il vient de pénétrer dans le logis de l’un de ses plus terribles ennemis, Hunding, Siegmund va enfin connaître – pour un temps, un temps seul et bref – le bonheur.

Car il y retrouve sa soeur, Sieglinde, celle qu’il croyait morte depuis longtemps. Entre les jumeaux qui se reconnaissent alors même qu’ils échangent un premier regard enivré de l’hydromel contenu dans la coupe que lui offre Sieglinde à partager, naît la première passion de la Tétralogie (au premier acte de La Walkyrie).  Allégorie de la souffrance chassée par l’amour, c’est le printemps tout entier qui envahit la scène … ainsi que le cœur des jumeaux-amants (hymne au printemps-air : “Winterstürme wichen dem Wonnemond”). Et les amants coupables de s’enfuir de la cabane du mari tyrannique de Sieglinde, non sans que Siegmund ait délivré l’épée du frêne puissant qui soutient la cabane de fortune du couple et dans lequel cette dernière (baptisée “Notung” par Siegmund dans une série de puissantes invocations) avait été figée par Wotan.

L’idylle du couple hélas sera de bien courte durée, car Sieglinde – qui porte déjà en elle le fruit de leurs amours, le futur Siegfried à naître) – se révèle à bout de forces dans leur fuite effrénée contre Hunding qui, réveillé, se met à leur poursuite, et rongée par le remord d’avoir, par sa passion, trahi son époux. Alors que celle-ci sommeille, Brünnhilde, la fière Walkyrie qui apparaît à ceux qui vont bientôt mourir au combat, se dresse devant Siegmund (acte II : “Siegmund, sieh auf mich !”) et annonce à ce dernier sa fin prochaine. Car si son père Wotan, devait, selon ses propres plans, protéger son fils au combat, il aura dû céder aux instances de son épouse Fricka, son épouse, déesse protectrice des liens sacrés du mariage. Et en effet, bien contre la volonté du dieu, Siegmund succombe au combat singulier qui l’oppose à Hunding. Il est de facto la première victime des contradictions de son père évoquées plus haut, qui réalise sur la personne de son fils, par mari de Sieglinde interposé, un infanticide.

Si Siegmund est héroïque, c’est presque plus par son destin et sa vie des plus tourmentées des personnages de la Tétralogie wagnérienne, que par sa voix ; ténor certes, il l’est, mais le personnage est aussi idéalement portraituré par des voix lyriques au timbre sombre, à la sonorité barytonnante. Les prouesses dans lesquelles s’illustrèrent jadis des ténors tels que Lauritz Melchior ou bien encore Max Lorenz sont nombreuses et – il est vrai – assez attendues par le public contemporain qui frémit dans l’attente des célèbres “Wälse” de l’acte I. Aujourd’hui, les ténors Nikolai Schukoff (ex-baryton) ou bien encore Jonas Kaufmann sont parmi les plus demandés pour incarner l’un des rôles les plus exigeants mais également les plus payants de toute la partition du Ring.

NC

Sources :
La Tétralogie, collection « L’Avant-Scène Opéra », n. 228 (La Walkyrie) (parution septembre 2005)
La Tétralogie, commentaire de Stéphane Goldet et profil vocal des personnages de Pierre Flinois, Guide des opéras de Richard Wagner (Fayard, Les Indispensables de la musique, 1988)
Dictionnaire des personnages (collectif, Robert Laffont éditeurs, Bouquins, 1992)

Pour approfondir, voir également :
SIEGLINDE OU LE PRINTEMPS ET L’AMOUR, par Marie-Bernadette Fantin-Epstein
Richard Wagner n’aurait-il composé qu’une seule œuvre, La Walkyrie, il pourrait déjà être considéré comme l’un des peintres les plus subtils de la nature féminine, nuançant sa palette à l’infini et montrant parfois une intuition quasi-psychanalytique avant la lettre. En effet, ce sont trois personnages de femmes – toutes intéressantes, si ce n’est attachantes – qui conduisent l’action de La Walkyrie : Sieglinde, émerveillée par la découverte de l’amour, puis bouleversante dans sa détresse, Brünnhilde, évoluant de déesse altière vers une humanité compatissante, et même Fricka, maladroite et malheureuse dans son désir de reconquête de Wotan qu’elle perd définitivement par son intransigeance. Face à elles, la brute (Hunding), le héros romantique persécuté (Siegmund) et, teinté de « décadentisme », le dieu blessé qui aspire à la rédemption : Wotan. (lire la suite)

LES SOURCES LITTERAIRES DE L’ANNEAU DU NIBELUNG, par Marc Adenot
La Tétralogie constitue un ensemble cohérent, doté d’une structure propre, d’un réseau de symboles et de clés d’interprétation… ce qui lui vaut souvent d’être considérée comme une mythologie à part entière. C’est même bien souvent par le prisme de cette mythologie que le public moderne appréhende la mythologie nordique. Au point de trouver ici ou là des détails extraits de L’Anneau du Nibelung présentés comme provenant d’authentiques mythes germaniques ! Hormis pour les spécialistes avertis du monde scandinave, ce qu’un honnête homme sait aujourd’hui de la mythologie des anciens Germains est profondément conditionné par les images puissantes que Wagner a imposées dans l’inconscient collectif. Pourtant, nul ne pourra prétendre avoir compris la religion et la culture de la vieille Scandinavie en se basant sur la Tétralogie. (lire la suite…)

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1935 – Lauritz Melchior (Lohengrin), Lotte Lehmann (Elsa), Friedrich Schorr (Telramund), Marjorie Lawrence (Ortrud), Emanuel List (König Heinrich) – Arthur Bodanzky / Orchestra and Chorus of the New York Metropolitan Opera – Gebhardt JGCD; 0023-2 1936 – Franz Völker (Lohengrin) ; Maria Müller (Elsa) ; Jaro Prohaska (Telramund) ; Margarete… (Lire la suite)

Sommaire
„Wen ruf’ ich zum Heil, daß er mir helfe? Mutter, Mutter! Gedenke mein!” : dans quelle situation Siegfried chante-t’il ce cri désespéré appelant à l’aide ?

Réponse : Lorsqu'il est surpris de découvrir que sous l'armure (Brünne) se trouve non pas un homme endormi, mais Brünnhilde.

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