Lauritz MELCHIOR

Cette section présente une série de portraits biographiques de ceux qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à l’édification de l’œuvre wagnérienne. Des amitiés ou des inimitiés parfois surprenantes ou inattendues, des histoires d’amour passionnées avec les femmes de sa vie, parfois muses et inspiratrices de son œuvre, mais également des portraits d’artistes (chanteurs, metteurs en scène, chefs d’orchestre…) qui, de nos jours, se sont “appropriés” l’œuvre du compositeur et la font vivre différemment sur scène.

MELCHIOR Lauritz

(né le 20 mars 1890 – décédé le 19 mars 1973)

Ténor

Né à Copenhague, danois naturalisé ultérieurement américain, Lauritz Lebrecht Hommel Melchior baigna dans la musique dès sa prime jeunesse. Enfant, il chanta en tant que soprano dans les chorales de sa paroisse avant d’intégrer l’Ecole Royale d’Opéra de Copenhague en 1908.

Tout d’abord baryton, le chanteur alla même jusqu’à frayer avec des rôles de basses à l’Opéra Royal du Danemark. Pendant cette période, la voix mûrit, s’affermit, laissant filtrer des aigus clairs et lumineux. C’est une rencontre au cours d’une représentation du Trouvère de Verdi qui décida du changement de tessiture du chanteur, de sa carrière… et de sa vie : Mme Charles Cahier, qui interprétait alors le rôle d’Azucena, lui révéla sa véritable voix de ténor. Elle alla même jusqu’à écrire à la direction de l’Opéra pour que celle-ci offrît au chanteur une année sabbatique afin de « refaire sa voix ». Ce que le futur ténor fit au lendemain de la guerre, dans les années 1917-1918, auprès du ténor wagnérien Vilhelm Herold. Lorsque Lauritz Melchior revint sur la scène de l’Opéra Royal de Danemark, le 8 octobre 1918 dans le rôle titre de Tannhäuser, il était métamorphosé. Le public, lui, était déjà en délire.

Tannhäuser fut d’ailleurs le rôle fétiche de ce ténor, avec pas moins de 144 représentations… C’est avec prudence que l’artiste étudia ce nouveau répertoire qui s’offrait à lui et dont il allait devenir l’un des porte-paroles les plus convaincants. Aussi étudia-t-il en 1923 auprès de la soprano dramatique viennoise, Anna Bahr von Mildeburg, une légende vivante. La voix et le physique étaient prêts pour les rôles les plus lourds qui s’offraient à lui. Le répertoire wagnérien du Heldentenor le plus fameux de la première moitié du XXème siècle  s’étoffa peu à peu : Le Marin du Vaisseau fantôme (1920), puis Siegmund à Covent Garden (1924), et enfin, l’été suivant de la même année, au Saint des Saints, Bayreuth. En 1925, il y interpréta Parsifal, invité par Winifred Wagner qui dirigeait alors le Festival. En 1926, il fit ses débuts au Met à New-York, toujours dans le rôle de Tannhäuser. A partir de cette année et jusqu’en 1950, ce ne sont pas moins de 519 représentations d’opéras de Wagner que le ténor donna au Met, où il était à demeure. Chaque soir fut un nouveau triomphe. A Bayreuth, il chanta auprès des plus grands et fut dirigé par les chefs les plus exigeants : Tannhäuser bien sûr, mais également Siegmund, Siegfried, Tristan ou bien encore Lohengrin, pendant six années consécutives. Mais aux étendards nazis qui flottaient sur la Colline Verte, le ténor préféra les acclamations du Met : il ne revint plus à Bayreuth. Quand Lauritz Melchior fit ses adieux à la scène au Metropolitan Opera de New York dans Lohengrin, en 1950, il tint l’affiche d’un Lauritz Melchior Show, véritable show à l’américaine, qu’il chanta 251 soirs de suite. Lauritz Melchior décéda à plus de quatre-vingts ans laissant sur disques le témoignage d’une voix devenue légendaire.

Rôles : Siegmund (La Walkyrie, 188 représentations), Siegfried (128 fois dans Siegfried, 107 fois dans le Crépuscule des dieux), Tristan (Tristan und Isolde, 229 performances), Tannhaüser (144 fois), Lohengrin (106 fois), Parsifal (81 fois)

NC

 

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