Gottfried Engelbert ANDERS

Cette section présente une série de portraits biographiques de ceux qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à l’édification de l’œuvre wagnérienne. Des amitiés ou des inimitiés parfois surprenantes ou inattendues, des histoires d’amour passionnées avec les femmes de sa vie, parfois muses et inspiratrices de son œuvre, mais également des portraits d’artistes (chanteurs, metteurs en scène, chefs d’orchestre…) qui, de nos jours, se sont “appropriés” l’œuvre du compositeur et la font vivre différemment sur scène.

ANDERS Gottfried Engelbert

(1795-1866)

(de son vrai nom Bettendorf ou Bethendorf) 

Bibliothécaire et musicien allemand

Curieux homme que cet Anders … qui n’est d’ailleurs connu dans les écrits de Wagner que par son pseudonyme, son surnom. Wagner, même des années après les émois de sa première rencontre avec cet homme d’une culture colossale, parle de lui avec un certain attendrissement. Il évoque d’ailleurs assez souvent son ami avec cette expression: «ce pauvre Anders».

« Célibataire, ayant dépassé la cinquantaine, il me confia bientôt qu’il avait été contraint par de tristes épreuves, lui qui vivait autrefois dans l’abondance, à venir gagner sa vie à Paris. Ce qui avait été une occupation d’amateur, c’est-à-dire les recherches de bibliographie par lesquelles il avait acquis des connaissances extraordinairement étendues dans le domaine de la musique surtout, était devenu sa seule et unique ressource. Il ne m’a jamais révélé son nom véritable. Il voulait que je ne l’apprisse, de même que ses infortunes, qu’après sa mort. Pour le moment, il me dévoila seulement qu’il se nommait donc Anders (Anders signifie en allemand « autrement »), qu’il sortait d’une famille noble, originaire des bords du Rhin, et que, dans sa bonne foi, il avait été victime de noires tromperies qui lui avaient fait perdre tout ce qu’il possédait. Il n’avait réussi à sauver que sa collection de livres, dont je pus constater la richesse, car elle couvrait tous les murs de son modeste logis. » (ML)

D’autres renseignements nous sont donnés sur cet homme étrange par J.-G. Prod’homme (Le premier ami parisien de Wagner : Anders, Le Ménéstrel, 6 et 13 septembre 1929) :

“Anders était un réfugié politique. Il avait dû quitter les bords du Rhin après 1830 et se contenter pour vivre d’un maigre traitement, non pas de 1.500 francs, comme le dit Wagner, mais de 1.200 seulement, en 1840. Fort savant, auteur de Détails biographiques sur Beethoven, d’après Weber et Ries, publiés d’abord dans la Gazette musicale, de Schlesinger, puis en brochure (mais qu’il fit vendre au profit du monument projeté à Bonn), il n’avait, en dépit de son érudition et de sa valeur, aucune influence dans les milieux musicaux. Et ce n’était pas lui qui pouvait être d’un grand secours à Wagner. Ou du moins pas autant que ce dernier aurait sans doute espéré! »

Pourtant Anders s’y efforça du mieux qu’il put. Presque chaque soir, il venait rue de la Tonnellerie, le plus souvent en compagnie de son ami Lehrs, aussi savant, aussi désargenté que lui. (Samuel) Lehrs, philologue de grand savoir, travaillait pour la collection des classiques grecs de Firmin-Didot et ne recevait de son éditeur qu’un salaire dérisoire. Il vivait avec Anders dans un garni, au 59 de la rue de Seine, et… ni l’un ni l’autre ne pouvaient s’en évader car la propriétaire, une certaine Madame Romeot, avait mis opposition sur leurs traitements!”

 

NC

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