Les fanfares de Bayreuth

Bayreuth, tout un rituel… Immuable, naturellement.

Dès l’ouverture du Festival en 1876, là où Wagner avait fait édifier le théâtre idéal propre à recevoir ses « drames musicaux », le compositeur – en véritable « organisateur d’événements » tel qu’on pourrait le qualifier de nos jours – avait de plus codifié les représentations en poussant le soin du détail … à l’extrême.

Et la tradition a perduré jusqu’à nos jours avec respect et fidélité.

Plus traditionnels et immanquables encore que les smokings, robes du soir, coussins que chaque habitué aura pris soin (généralement après avoir « subi » l’année précédente l’inconfort des – immuables également – sièges en bois) de prendre avec lui, bretzels ou bien encore bratwürste grillées des buvettes, sont les appels des fanfares qui enjoignent les pèlerins à rejoindre leurs sièges, à l’intérieur du Saint des Saints.

En effet, quinze minutes avant le début de chaque spectacle ainsi qu’à la fin de chaque entracte, sur le balcon du Königsbau (l’extension du Festspielhaus construite sur les indications du roi Louis II de Bavière), une fanfare composée de huit cuivres de l’Orchestre du Festival interprète l’un des leitmotive de l’ouvrage du jour.

fanfares

Cinq minutes plus tard, nouvel appel : le même leitmotif est interprété, mais cette fois-ci à deux reprises, et après encore cinq minutes (soit cinq minutes avant le début de la représentation et la fermeture définitive des portes) un dernier appel, même leitmotif, cette fois triplé, avec une variation conclusive. C’est Wagner lui-même qui avait fixé musicalement ces leitmotive.

Albert Lavignac dans son « Parfait wagnérien » les a notés pour nous :

« TANNHÄUSER »
Acte I – Fanfare des chasseur
Acte II – Fanfare de l’Entrée des Invités
Acte III – Thème du Pardon

« LOHENGRIN »
Acte I – Appel du Roi
Acte II – Thème du Mystère du Nom (« Nie sollst du mich befragen »)
Acte III – Thème du Graal

« TRISTAN ET ISOLDE »
Acte I – Chant du Marin
Acte II – Thème de la Mort
Acte III – Extrait de la Mélodie du Berger

« LES MAÎTRES CHANTEURS DE NUREMBERG »
Acte I – Thème des Maîtres (premiers accords de l’ouverture)
Acte II – Thème de la Sérénade de Beckmesser
Acte III – Défilé des Corporations

« LA TÉTRALOGIE » (L’ANNEAU DU NIBELUNG)

« L’OR DU RHIN »
Appel unique : Thème du tonnerre de Donner (« He-da! He-da He-do! »)

« LA WALKYRIE »
Actes I et II – Thème de l’Épée (forme courte)
Acte III – Thème de l’Épée (forme longue)

« SIEGFRIED »
Acte I – Thème du Cor de Siegfried (forme courte)
Acte II – Thème  du Cor de Siegfried (forme longue)
Acte III – Thème de Siegfried, le héros

« LE CRÉPUSCULE DES DIEUX »
Acte I – Thème de la Malédiction d’Alberich
Acte II – Appel des Cors des Gibichungen
Acte III – Thème du Walhalla

« PARSIFAL »
Acte I – Thème de la Rédemption
Acte II – Thème de Parsifal
Acte III – Thème de la Rédemption (variation)

NB : Richard Wagner n’a pas spécifié de son vivant de fanfare destinée à appeler les spectateurs du Vaisseau fantôme, qui n’était pas destiné selon lui au Festspielhaus. Cette œuvre a été intégrée tardivement dans le répertoire du Festival. Son thème d’appel par les fanfares de Bayreuth est un thème tiré de l’ouverture. Il a été choisi en 1901 et a été maintenu depuis.