Jonas Kaufmann Dans Parsifal
Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

Section III

UNE OEUVRE

Section IV

L’AVENTURE DE BAYREUTH

Section V

ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

Section VI

 LIEUX DE VIE, LIEUX D’INSPIRATION

Section VII

WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER
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PARSIFAL, analyse psychologique et vocale du rôle
(Parsifal, WWV 111)

par Nicolas CRAPANNE

(Heldentenor)
Parsifal

Dès 1854, alors qu’il travaillait à son Tristan et Isolde et bâtissait le poème épique de La Tétralogie, Richard Wagner songea à composer un Parsifal. Inspiré par ses lectures des chansons de geste dans lesquelles il avait fait la connaissance du Parzival de Wolfram von Eschenbach, il pensait déjà à concevoir un drame dont le héros serait l’incarnation même  du renoncement, un chevalier en quête d’un idéal absolu, en l’occurrence le Graal ; un héros dans la pure lignée de l’œuvre d’Arthur Schopenhauer – le philosophe qui avait aussi inspiré Wagner pour son Tristan et sa Tétralogie – prônant le renoncement comme moyen d’accession à la plénitude absolue. Dans la première ébauche du poème de Tristan et Isolde, le compositeur avait d’ailleurs songé à faire intervenir Parsifal au troisième acte de son drame celtique, au moment précis où l’agonie de Tristan, attendant le retour de l’aimée, aurait été adoucie par l’apparition de ce personnage mystérieux – et de manière quasi-anonyme – en quête de spiritualité.

Car le personnage de Parsifal, c’est avant tout l’incarnation – tout comme son lointain Walther – de l’apprentissage et de l’initiation : Élévation de l’âme, élévation spirituelle par le renoncement. Et il y a dans le Parsifal de Wagner – tout comme chez son parent, le Perzeval de Wolfram – du bouillonnant Siegfried, car Parsifal est également un héros de l’action, qui ne se contente désormais pas de subir – comme il a subi la cérémonie du Graal au premier acte sans rien y comprendre – mais d’agir. Ainsi combat-il, en preux chevalier, les armées de guerriers envoyées par le magicien Klingsor pour le défaire. Arrivé au jardin enchanté du deuxième acte, le combat s’avère plus compliqué, car contre la magicienne Kundry, ses armes ne peuvent rien. « Chaste et fol », notre héros, pour femme, ne connaît que sa mère Herzeleide qu’il a laissée pour rejoindre le monde étincelant des chevaliers et des armures. Il est ainsi vierge de tout péché, de toute souillure (NB : le roi Louis II de Bavière, combattant ses penchants homosexuels qu’il refoulait tant bien que mal s’identifia maintes fois au héros), mais il est également démuni, pour ne pas dire « proie rêvée » pour céder aux avances de Kundry. Et c’est ce moment qui lui permet de découvrir l’origine de la blessure qui cause le mal d’Amfortas. Parsifal comprend, il ressent, il éprouve la faiblesse et la chute possible. Le temps d’un baiser, celui de Kundry, le drame bascule (acte II « Die Wunde ! Die Wunde ! »). C’est seulement à partir de ce moment là que le héros cesse d’être le « chaste et fol » de la première partie du drame et apporte une promesse de Rédemption. Au troisième acte, c’est un personnage quasi-muet qui entre en scène, vêtu d’une armure noire, et que même le sage Gurnemanz ne reconnaît pas tant celui-ci a changé. L’initiation et l’apprentissage (de la compassion, de la souffrance, de la douleur), l’évolution intérieure de son personnage l’ont radicalement transformé. C’est donc tout naturellement que Parsifal« s’impose » en tant que nouveau guide du Graal, car il est celui qui a pu récupérer la Sainte Lance des mains malignes et guérir la blessure qui ne voulait pas se refermer. Moins pessimiste que son cousin Tristan dans la conception schopenhaurienne de l’ouvrage, c’est certes après avoir passé l’épreuve du renoncement, mais bien dans la vie que le héros peut s’accomplir et faire vivre son règne d’amour, une fois que les forces du mal ont été anéanties.

Pour un personnage wagnérien qui est à la fois le rôle principal et le rôle titre, Parsifal n’a pas la partition la plus imposante. Il est même parmi les héros celui qui chante le moins dans tout l’opéra. Malgré tout, son rôle n’est pas des plus reposants, particulièrement durant le deuxième acte où des élans particulièrement héroïques sont sollicités dans sa grande scène avec Kundry. Ni aussi aiguë que celle de Lohengrin, si aussi vaillante que celle de Siegmund, la partition de Parsifal sollicite néanmoins toute une palette de capacités vocales dans le médium de sa voix, conférant ainsi au personnage un aspect quasi-barytonnant. La difficulté est paradoxalement d’autant plus importante qu’il a peu de phrases à chanter, car il doit rendre en peu de phrases crédible l’évolution psychologique et dramatique de son personnage et garder une extrême vigilance et tension du début de l’œuvre à la fin : du premier acte où il est un adolescent naïf et ignorant de toute peur et de tout code social, il entreprend une véritable quête initiatique durant tout le second acte, avant de se révéler un être digne de la quête du Graal, un guide pouvant succéder à Amfortas, impérieux, grave et transfiguré, d’où les qualités d’acteur essentielles requises pour ce rôle.

Parmi les interprètes historiques mythiques du rôle, outre Hermann Winckelmann (créateur du rôle à Bayreuth en 1882), signalons Lauritz Melchior ou bien encore Wolfgang Windgassen. Plus proches de nous, Peter Hofmann, Siegfried Jerusalem et même Placido Domingo furent des interprètes d’une très grande qualité. Aujourd’hui, Jonas Kaufmann est l’un des interprètes les plus crédibles et vocalement les plus intéressants de ce rôle particulièrement ambigu et mystérieux de la création wagnérienne.

NC

Sources :
Parsifal, collection « L’Avant-Scène Opéra », n.213 (2003)
Wagner, mode d’emploi, Christian Merlin, collection « L’Avant-Scène Opéra », hors série (2011)
Parsifal, commentaire de Fernand Leclecq, Guide des opéras de Richard Wagner (Fayard, Les Indispensables de la musique, 1988)
– Dictionnaire des personnages (collectif, Robert Laffont éditeurs, Bouquins, 1992)

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Jonas Kaufmann Dans Parsifal
Sommaire
„Wen ruf’ ich zum Heil, daß er mir helfe? Mutter, Mutter! Gedenke mein!” : dans quelle situation Siegfried chante-t’il ce cri désespéré appelant à l’aide ?
Réponse :

Lorsqu'il est surpris de découvrir que sous l'armure (Brünne) se trouve non pas un homme endormi, mais Brünnhilde.

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