Alexander KIPNIS

Cette section présente une série de portraits biographiques de ceux qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à l’édification de l’œuvre wagnérienne. Des amitiés ou des inimitiés parfois surprenantes ou inattendues, des histoires d’amour passionnées avec les femmes de sa vie, parfois muses et inspiratrices de son œuvre, mais également des portraits d’artistes (chanteurs, metteurs en scène, chefs d’orchestre…) qui, de nos jours, se sont “appropriés” l’œuvre du compositeur et la font vivre différemment sur scène.

KIPNIS Alexander

(né le 1er février 1891 – décédé le 14 mai 1978)

Basse

Aussi brillant dans les rôles de basse profonde (Sarastro, Boris Godounov, Golaud, le Roi Marke) que de basse bouffe (Leporello), faisant même des incursions dans les rôles de baryton, Alexander Kipnis,  fils d’une famille pauvre de juifs ukrainiens, connut un destin hors du commun.

Lors du décès de son père, il n’avait que 12 ans et il dut contribuer à la survie de la famille comme apprenti charpentier et en chantant de sa jeune voix de soprano dans les synagogues. Il prit ensuite part à un groupe de théâtre yiddish, jusqu’à ce qu’il entre au Conservatoire de Varsovie à 19 ans. Il y étudia notamment le trombone, la contrebasse et la direction d’orchestre. Sur la recommandation du chef de chœur, il se rendit à Berlin pour étudier avec Ernst Grenzebach qui était aussi professeur de Lauritz Melchior, Meta Seinemeyer, et Max Lorenz.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclata, Kipnis fut interné comme étranger dans un camp de détention allemand. Ce fut paradoxalement le coup d’envoi de sa carrière : entendu par un capitaine de l’armée dont le frère était directeur général de l’Opéra de Wiesbaden, il fut engagé par l’Opéra de Hambourg dès sa libération. Il y fit ses débuts en 1915, comme un « invité » dans la scène de la fête de Die Fledermaus. En 1917, il rejoignit la troupe de l’opéra de Wiesbaden, puis en 1922 la Staatsoper de Berlin.

Et il ne tarda pas à être l’invité du Festival de Bayreuth (sa prise de rôle de Gurnemanz date de 1927).

Parallèlement, sa carrière était déjà devenue internationale. Ainsi, pendant neuf années, entre 1923 et 1932, il se rendit au Chicago Civic Opera.

Probablement la basse la plus complète du XXème siècle, à l’aise dans tous les styles, le chanteur savait captiver par la chaleur de son timbre et sa présence scénique, et il brilla tant dans les opéras de Verdi que ceux de Wagner. Son incarnation du Roi Marke et de Gurnemanz figurent parmi les “légendes” du chant wagnérien de la première moitié du XXème siècle aussi bien au Festival de Bayreuth qu’au Festival de Salzbourg. Il brilla dans ces deux festivals jusqu’à l’arrivée au pouvoir des nazis qui le récusèrent du fait de sa confession juive.

En 1925 Kipnis épousa Mildred Eleanor Levy, américaine, et se fit naturaliser américain en 1931. Juste après l’Anschluss, il quitta l’Europe et s’installa de façon définitive aux États-Unis. Il rejoignit le Metropolitan Opera en 1940, après être apparu dans la plupart des grandes maisons d’opéra du monde : le Royal Opera House, Covent Garden, le Teatro Colón de Buenos Aires…

A New-York, sur la prestigieuse scène du Met, il triompha encore plus de dix ans, de 1940 à 1952, dans les rôles du roi Marke, de Hagen, de Hunding… Après sa retraite, il enseigna au College of Music à New York et mourut en 1978, après avoir été l’un des chanteurs wagnériens les plus emblématiques de sa génération.

NC

 

 

Vous souhaitez apporter des informations complémentaires et ainsi enrichir cet article, contactez-nous !