René PAPE

Cette section présente une série de portraits biographiques de ceux qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à l’édification de l’œuvre wagnérienne. Des amitiés ou des inimitiés parfois surprenantes ou inattendues, des histoires d’amour passionnées avec les femmes de sa vie, parfois muses et inspiratrices de son œuvre, mais également des portraits d’artistes (chanteurs, metteurs en scène, chefs d’orchestre…) qui, de nos jours, se sont “appropriés” l’œuvre du compositeur et la font vivre différemment sur scène.

PAPE René

Né le 4 septembre 1964

Basse

Chanteur à la carrure de colosse et d’une présence scénique à nul autre pareil, René Pape est l’un des artistes les plus encensés par la critique musicale internationale actuelle. Et avec raison. Chacune de ses apparitions faisant quasiment figure d’événement, il est l’un de ces rares artistes lyriques à remporter l’adhésion unanime du public partout où il se produit. Et chez Wagner en particulier, un répertoire dont s’est fait non seulement l’un des plus brillants interprètes mais également l’un des plus éminents ambassadeurs auprès du grand public, hors les murs du Festspielhaus de Bayreuth.

Né à Dresde (alors ex-RDA) en 1964, le jeune René Pape, dont les parents ont divorcé alors qu’il avait à peine deux ans, est élevé par sa grand-mère, une femme d’une grande érudition et qui amène le tout jeune garçon à la musique. En marge de sa scolarité, comme bon nombre de jeunes allemands (et ce, malgré la terrible incidence du rideau de fer sur la culture), René Pape effectue ses toutes premières études de chant au sein du chœur de garçons de l’église Sainte-Croix de Dresde (le Dresdner Kreuzchor) dès l’âge de huit ans, puis étudie par la suite au conservatoire Carl Maria von Weber de Dresde. Il y est d’ailleurs encore étudiant lorsqu’il effectue ses débuts, dans La Flûte enchantée de Mozart, sur non moins que la prestigieuse scène de la Staatsoper de Berlin (Unter den Linden). Suite à ces débuts fort remarqués, c’est d’ailleurs au sein de la prestigieuse institution lyrique allemande que René Pape est immédiatement engagé. Il y parachève sa formation tout en se forgeant son propre répertoire à travers des rôles par lesquels il s’affirme comme un élément très vite incontournable de la scène berlinoise : Sarastro (La Flûte enchantée), Rocco (Fidelio) ou bien encore Ramphis (Aïda), mais déjà, et surtout, le répertoire wagnérien, avec ses rôles taillés à la mesure de sa forte personnalité et de son physique impressionnant. Aussi René Pape devient-il rapidement l’un des artistes les plus remarqués et acclamés pour ses interprétations du Roi Henri l’Oiseleur (Lohengrin), Fafner (L’Or du Rhin), Pogner (Les Maîtres-chanteurs de Nuremberg), et déjà le Roi Marke (Tristan et Isolde), un rôle dans lequel la basse exprime pleinement son talent et fait preuve d’une musicalité tout à fait hors-pair.

C’est à l’occasion de l’édition 1994 du Festival de Bayreuth que René Pape, invité par Wolfgang Wagner, se produit pour la première fois sur la prestigieuse scène du Festspielhaus : il y interprète pour l’occasion le rôle du géant Fasolt dans L’Or du Rhin.

L’année suivante, en 1995, l’artiste effectue sa première apparition sur la scène du Metropolitan Opera de New York où il remporte immédiatement l’adhésion unanime d’un public totalement conquis. Let Met, une institution des plus prestigieuses qui lui offrira l’occasion de débuter dans quelques-uns des rôles qui vont très vite devenir indissociables de son nom : entre autres Méphistophélès (Faust) ou Escamillo (Carmen), c’est également sur la scène new-yorkaise que l’artiste donnera sa toute première interprétation de Gurnemanz (Parsifal), un rôle dont il est aujourd’hui devenu un interprète incontournable. Aussi, la scène du Met devient son «home away from home» comme il aime à appeler lui-même cette dernière, une scène où, depuis ses débuts, il est régulièrement invité à se produire chaque saison, avoisinant aujourd’hui un nombre impressionnant de représentations (soit près de 200) et au cours desquelles il a eu l’occasion de se produire. Et remportant toujours de très vifs succès.

En-dehors du Met, René Pape a eu l’occasion de faire preuve de son talent – une technique sans faille doublée d’un jeu d’acteur quasi-inné – sur la plupart des scènes majeures de l’art lyrique, et sous la direction des plus grands chefs (Sir Georg Solti, James Conlon, Christian Thielemann ou bien encore Daniel Barenboim).

Certes, c’est bien dans les œuvres de Richard Wagner que l’on acclame l’artiste le plus souvent, mais ce dernier, refusant de se cantonner à un seul et même répertoire, fait également des apparitions toutes autant remarquées tout aussi bien chez Mozart (Sarastro, Figaro, Leporello ou Don Giovanni) que chez Richard Strauss (Orest).

Ne reculant décidément devant aucun défi, René Pape incarne pour la première fois sur la scène de la Staatstoper de Berlin en 2006, le rôle-titre de Boris Godounov, dont il offre une interprétation aussi magistrale que poignante. Cette dernière lui vaut de recevoir le titre d’«Artiste de l’année» décerné par l’Association allemande des critiques musicales.

S’il fallait à René Pape relever un nouveau challenge qui marquera durablement sa carrière pour les années à venir, c’est bien d’aborder le rôle de Wotan, un rôle complexe vocalement qui, dans les trois premiers « épisodes » de La Tétralogie, requiert une aisance dans les aigus tout aussi bien que d’amples graves. C’est le chef d’orchestre Daniel Barenboïm, fidèle allié de l’artiste, qui lui offrira cette opportunité, pour la toute première fois, le 17 avril 2011 sur la scène de la Staatsoper de Berlin, celle qui a l’a révélé au grand public pour la première fois, (mise en scène de Guy Cassiers). Le pari est relevé avec panache et tant la critique que le public sont immédiatement conquis par la bouleversante interprétation que Pape donne de ce Dieu tout puissant auquel il confère des accents d’une humanité rare tout en révélant la fragilité et la complexité d’un personnage souvent interprété de manière trop monolithique. Après cette révélation berlinoise, c’est à travers différentes productions sur scène et en version de concert que l’artiste peaufine à chaque reprise et dans les moindres détails son interprétation du Maître du Walhalla.

C’est au cours de l’année 2009 que la basse donne son tout premier récital solo, un concert qui a lieu sur la scène du Carnegie Hall à New-York. Pour l’occasion, l’artiste présente pour la première fois un programme composé exclusivement de lieder allemands. Et, dans cet exercice particulièrement difficile et dont il est peu rompu aux exigences, René Pape s’illustre une nouvelle fois avec talent. Fort du succès de cette expérience nouvelle, la basse s’impose dans plusieurs Liederabende où, à la manière d’un Hans Hotter s’il l’on osait la comparaison d’un géant à un autre, l’artiste se révèle également un excellent interprète des mélodies de Schubert, Schumann ou Hugo Wolf.

Au disque, après avoir participé à l’enregistrement en studio ou en live de nombreux opéras, il apparaît successivement comme seul interprète de deux CD : dans le premier Gods, Kings & Demons (Deutsche Grammophon, 2008), accompagné par l’orchestre de la Staatskapelle Dresden sous la direction de Sebastian Weigle, l’artiste aux mille facettes grave pour la postérité un témoignage de son interprétation de ses plus grands rôles tous répertoires confondus, alors que dans le second (Deutsche Grammophon, 2010), secondé par Daniel Barenboim à la tête de l’orchestre de la Staatskapelle de Berlin, il y interprète tous les plus grands rôles wagnériens. Ce disque unique reçoit une fois encore les critiques les plus élogieuses.

Déjà titulaire du titre honorifique de Kammersänger qui lui fut décerné à Berlin en 2010, René Pape vient également de recevoir, le 7 juillet 2017, la suprême distinction de Kammersänger de la Bayerische Staatsoper de Munich.

Au cours de l’été 2017, René Pape a interprété l’un des rôles les plus emblématiques de son répertoire, celui du Roi Marke dans Tristan et Isolde sur la prestigieuse scène du Festspielhaus de Bayreuth. Un rôle magistral (et royal !) qu’il a repris cette année sur la même scène pour le plus grand bonheur des festivaliers qui ont pu apprécier les talents vocaux et scéniques de cet artiste hors du commun.

René Pape fera d’ailleurs partie de la distribution (dans le même rôle) de la reprise de Tristan et Isolde à l’Opéra de Paris-Bastille partir de la la fin du mois de septembre 2018.

NC

 

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