Arturo TOSCANINI

Cette section présente une série de portraits biographiques de ceux qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à l’édification de l’œuvre wagnérienne. Des amitiés ou des inimitiés parfois surprenantes ou inattendues, des histoires d’amour passionnées avec les femmes de sa vie, parfois muses et inspiratrices de son œuvre, mais également des portraits d’artistes (chanteurs, metteurs en scène, chefs d’orchestre…) qui, de nos jours, se sont “appropriés” l’œuvre du compositeur et la font vivre différemment sur scène.

TOSCANINI Arturo

(né le 25 mars 1867 - décédé le 16 janvier 1957)

Chef d’orchestre

 

Le fils du révolutionnaire

Arturo Toscanini est né le 25 mars 1867, alors que l’Italie est encore dans un processus d’unification, dans lequel son père Claudio Toscanini est impliqué. Celui-ci rejoint Garibaldi qui a décidé d’annexer immédiatement Rome au nouvel État Italien et de s’attaquer frontalement à la Papauté. Garibaldi est arrêté et les Chemises Rouges sont encerclées par les forces régulières à Aspromonte. Claudio Toscanini échappe au peloton d’exécution et passe trois ans en prison dans des conditions très difficiles. 

Claudio épouse le 7 juin 1866 Paola (Paolina) Montani. Quand Garibaldi reprend la lutte armée, Claudio Toscanini repart combattre à Condino et Bezzecca. Arturo Toscanini est le premier enfant du couple. Trois filles, Narcisa, Ada et Zina viendront après lui. Claudio apprend le métier de tailleur et Paolina tient la boutique familiale tout en s’occupant de ses enfants. Malgré son anticléricalisme, le couple fait baptiser l’enfant le jour même au baptistère de Parme. Il y reçoit les deux prénoms d’Arturus et Alexander (le certificat de baptême est rédigé en latin, comme c’était la coutume). Quelques mois après cette naissance, ils déménagent à Gênes, où le père d’Arturo envisage d’ouvrir une échoppe de tailleur. Mais le bébé montre des signes de faiblesse : il est maigre et souffreteux, aussi Paolina décide-t-elle de le confier à sa propre mère, Carolina Montari. Sa santé s’améliore assez rapidement mais la situation financière de la famille Toscanini reste précaire. La participation de Claudio à l’affaire d’Aspromonte le prive de toute retraite d’ancien combattant. Il retourne alors à Parme avec les siens.

À l’école primaire, Arturo se montre bon élève. Une des institutrices, ayant remarqué ses dons, convainc ses parents de l’inscrire au Conservatoire de musique, danse et art dramatique d’Italie.

Les années d’apprentissage

Durant l’année 18761877, Arturo concoure pour l’unique place disponible à l’école royale de musique mais il ne l’obtient pas, mais il est premier parmi les trois repêchés qui demeureront externes jusqu’à ce qu’une place d’interne se présente. Aussi, lorsque Toscanini est admis à ses examens de fin de deuxième année avec 90 points sur 100, il peut bénéficier d’une bourse.

Pendant ses deux premières années d’étude, Toscanini étudie le solfège, des rudiments de théorie, l’harmonie, le piano, l’histoire de la musique et les matières scolaires obligatoires. Dès la deuxième année, il aborde un nouvel instrument, le violoncelle, avec Leandro Carini, et se met à la composition avec Dacci. « J’étais très studieux parce que j’aimais la musique et n’avais pas à me forcer pour l’apprendre », dira-t-il plus tard. Toscanini cultive sa technique du violoncelle et apprend seul à déchiffrer des partitions pour, ensuite, les jouer de mémoire au piano. À quinze ans, il se met à composer de plus en plus.

Arturo Toscanini prend place, de 1881 à 1885, dans la fosse de l’orchestre du Regio.et joue le répertoire classique : Verdi, Donizetti, Meyerbeer, Bizet, et Wagner, même si les Italiens n’ont alors que très peu de connaissance de l’œuvre du compositeur allemand. « J’entendis l’ouverture de Tannhäuser lors d’un concert de la société des quatuors de Parme, et cela me dérouta. […] Mon professeur m’apporta à l’École l’une des parties de violoncelle de cette ouverture et m’en fit étudier divers passages, que je trouvai très difficiles. » En 1884, Parme est la troisième ville d’Italie à présenter Lohengrin et Toscanini est dans l’orchestre.

Toscanini, âgé de seulement dix-sept ans, se produit avec succès pour la première fois comme violoncelliste, compositeur et chef d’orchestre dans un programme donné par les étudiants du Conservatoire dans le foyer du Regio.

Après ce succès, Toscanini est nommé répétiteur d’harmonie pour l’année scolaire 1884-1885. Obtenant en 1885 son diplôme de sortie du Conservatoire, il est engagé, grâce à un imprésario, dans la même fonction par une troupe lyrique pour une tournée au Brésil

Le mercredi 30 juin 1886, la troupe doit interpréter Aïda de Verdi, mais le chef initialement choisi est malade. C’est alors que plusieurs chanteurs proposent Toscanini alors qu’un autre chef était prévu mais peu apprécié : « Tout le monde savait que je connaissais les opéras par cœur : je les accompagnais au piano sans regarder la partition », se souvient-il. « Je ne voulais pas quitter la fosse, mais une choriste originaire de Parme me supplia d’y aller… ». Toscanini accepte et le triomphe est complet. Devant pareil accueil, Claudio Rossi, l’imprésario, confie au jeune prodige la direction des douze opéras devant être présentés pendant cette tournée. Il les dirige tous de mémoire, les ayant déjà étudiés et fait répéter. 

Le 4 novembre 1886 marque donc le début de sa carrière italienne. Désormais, Arturo Toscanini habite Milan, où il a fait venir sa famille, et joue comme second violoncelle dans l’orchestre de la Scala. Ainsi participe-t-il, le 5 février 1887, à la création d’Otello de Verdi, en présence du compositeur alors âgé de soixante-treize ans. 

Il dirige alors bon nombre d’opéras de l’école dite vériste, mais aussi de Verdi, de Bellini et de Donizetti . Par ailleurs, en 1895, grâce à l’imprésario Giuseppe Depanis, il devient directeur musical du Teatro Regio de Turin, où l’on forme pour lui un nouvel orchestre. Toscanini ouvre sa première saison avec Le Crépuscule des Dieux, où chante Ida de Martini, qui lui présente sa sœur Carla, dont il tombe amoureux. Le succès du Crépuscule est total. Dans la Gazzetta piemontese, le critique Carlo Bersezio loue la « fusion totale des divers éléments, la précision de l’interprétation et du jeu, le raffinement des couleurs et de l’expression dus à la fougue et à la rare intelligence de Toscanini. » 

Pour sa deuxième saison, en 1897, pour la première de Tristan, les lumières de la salle sont éteintes. L’innovation passe bien au niveau des spectateurs mais, encore une fois, la presse fait mousser l’événement. Quelques manifestations bruyantes troublent la deuxième représentation et, à la troisième, il est décidé de jouer dans la pénombre, plutôt que dans le noir absolu.

Le 21 juin de cette même année, il épouse la très jeune Carla de Martini (1877-1951), avec laquelle il aura quatre enfants : Walter, né en 1898, Wally, née en 1900, Giulio, né en 1901 et Wanda (future épouse du pianiste Vladimir Horowitz), née en 1907.

On lui offre alors le contrat le plus important qu’il ait eu jusque-là : une saison de deux mois et cinq opéras au Carlo Felice de Gênes. Entre-temps, son ami Arrigo Boito est devenu vice-président du conseil d’administration de la Scala. À la fin du printemps 1898, avec l’appui moral de Verdi, Boito parvient à faire nommer Arturo Toscanini, à 31 ans, comme directeur musical du théâtre de la Scala.

En juillet 1899, Toscanini va assister à son premier Festival à Bayreuth. C’est son ami Gatti-Casazza qui entraîna Toscanini pour entendre les Maîtres dirigés par Hans Richter. Toscanini, remarqua qu’à un moment, Richter avait fait un ritardando soudain sur le dernier quart de temps d’une mesure, alors que lui-même avait joué une progression. En revenant à la partition il se rendit compte, à sa grande honte, que Richter avait raison, que ce détail lui avait échappé.

La Scala

À la Scala, on craint Toscanini qui multiplie les auditions, exige que les artistes ne se produisent sur aucune autre scène pendant ses répétitions, fait demander aux dames du public de bien vouloir laisser leurs chapeaux au vestiaire afin d’offrir à tous une meilleure visibilité, exclut toute coupure dans une œuvre, comme c’était encore la mode, et fait savoir qu’il ne concédera aucun bis. Ce faisant, il s’attire bon nombre d’ennemis.

Aux côtés du directeur administratif Giulio Gatti-Casazza, Toscanini commence par proposer Les Maîtres Chanteurs de Nüremberg de Wagner dans sa version quasi intégrale. Les répétitions ont duré un mois, et le résultat, le 26 décembre, est une victoire : « J’ai rarement eu la chance d’entendre une masse d’instruments aussi unis et aussi accordés », note Annibale Ponchielli dans le journal Sera. Toscanini avait, entre autres, demandé que le rideau de scène soit changé, pour s’ouvrir latéralement et non plus verticalement, s’inscrivant ainsi dans la tradition de Bayreuth qu’il avait trouvé novatrice lors de son premier séjour en juillet 1899.

Pourtant, la seconde saison est moins mouvementée. Toscanini crée la première italienne de Siegfried et reprend Lohengrin, productions appréciées des wagnériens et délaissées par les autres. Il assure également la première italienne d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski, qui laisse le public légèrement dérouté, et offre une série de concerts.

À cause d’un Tristan retardé en raison d’un ténor souffrant, la troisième saison milanaise ne s’ouvre pas sur Wagner mais sur Puccini et La Bohème, qui marque les débuts dans ce théâtre d’Enrico Caruso et se solde par un échec, même si la critique rend hommage au chef d’orchestre.

Le ténor Giuseppe Borgati étant rétabli, Toscanini peut enfin programmer Tristan und Isolde, amputé du traditionnel ballet que l’on donnait toujours après une œuvre aussi longue. Le 12 janvier 1901, Siegfried Wagner, le fils du compositeur, assiste à une représentation et sort stupéfié par la qualité de ce qu’il a vu et entendu. Sans hésiter, il en fait immédiatement part au Maestro. En 1899, à Bayreuth, Toscanini n’avait pas voulu rencontrer Cosima parce qu’elle avait l’air d’une reine. Après avoir entendu Siegfried lui vanter les mérites du chef italien, celle-ci lui écrit le 18 janvier : «Mon fils m’a rendu compte de la représentation de Tristan à laquelle il a assisté à Milan, dit-elle. Il m’en a dit tant de bien que je me fais un devoir de vous exprimer le contentement que j’éprouve à savoir une œuvre d’une aussi grande difficulté exécutée avec soin sur une scène étrangère. Elle poursuit : Mon fils a insisté sur le zèle minutieux que vous avez porté à l’étude de l’orchestre et sur l’excellent résultat obtenu par ce zèle, joint à votre capacité de maître de chapelle. »

De fait, le spectacle (avec de somptueux costumes signés Mariano Fortuny) aura des échos jusqu’en Amérique où l’on peut lire dans le New York Times du 10 février : « À la Scala, Toscanini a adopté un système d’éclairage qui permet de projeter toute la lumière à partir d’un seul côté de la scène, avec assez d’intensité cependant pour éviter les ombres trop marquées. Quand ce système a été inauguré […] pour Tristan et Yseult […] tous les directeurs allemands ont dépêché leurs représentants pour en observer le fonctionnement : c’est donc qu’il doit être parfaitement au point. Siegfried Wagner, qui était présent […] a dit à Toscanini que le spectacle surpassa même ceux de Munich et de Berlin. »

Son contrat avec Gatti-Casazza ayant été renouvelé, le Maestro se remet au travail et programme La Walkyrie, Linda di Chamounix et Hansel et Gretel. Le premier anniversaire de la mort de Verdi lui donne l’occasion de diriger le Requiem qu’il aborde alors pour la première fois le 27 janvier 1902

Après un passage par Bayreuth (pour y voir Parsifal qu’il entend monter à Milan) et quelques jours de repos en famille sur le lac de Garde, il retourne à la Scala. Il dirige dans l’année, Parsifal dont le Prélude et le IIIe acte, donnés en version de concert reçoivent un accueil quelque peu froid et poli. Mais les relations avec la direction de la Scala se détériore et Toscanini préfère démissionner.

À Buenos Aires, Toscanini ouvre le 19 mai une saison qui comporte quinze opéras dont La Tosca, Aïda, La Traviata, Rigoletto, Adrienne Lecouvreur et Les Maîtres chanteurs. Il travaille avec les ténors Caruso et Zenatello, la soprano Haricléa Darclée et le baryton Giuseppe De Luca auquel il a confié le rôle de Beckmesser dans l’opéra de Wagner. « Je vais étudier Bekmesser (sic), bien contre mon gré car ce genre de rôle abîme la voix, écrit-il à son impresario, mais pour faire plaisir à M. Toscanini, que ne ferait-on pas ?«  Tout se passe bien et, de retour en Italie, il s’offre neuf mois de repos pendant lesquels il n’offre qu’une paire de concerts au Teatro Communale de Bologne, les 29 mars et 4 avril 1904. Il dirige entre autres trois morceaux qui deviendront des chevaux de bataille de ses programmes : Le Cygne de Tuonela de Sibelius, L’Apprenti sorcier de Paul Dukas et La Moldau de Smetana

Durant l’hiver 19041905, Toscanini et sa famille s’installent à Rome et jouent les touristes jusqu’en Sicile.

Dévoilé par un article de la Gazzetta teatrale italiana (30 avril 1906), on apprend que Toscanini va officiellement revenir à la Scala.

De nombreuses tractations ont lieu pour faire revenir Toscanini à Milan. Il finit par accepter, sous conditions, de prendre la tête de la saison 19061907. Toscanini a exigé la suppression définitive des bis, l’interdiction de la scène à toute personne étrangère au spectacle et la création d’une fosse d’orchestre. Cette dernière exigence, que Verdi lui-même avait réclamée dès 1871, paraît la plus importante, mais également la plus complexe à mettre en place. Surtout depuis que Toscanini s’est mis en tête de créer le dernier opéra de Strauss : Salomé, qui nécessite l’une des plus grosses orchestrations qui soient. Malheureusement, Boito et Ricordi, qui voit là une « lubie pour singer Bayreuth« , vont contribuer à ralentir les travaux. Strauss lui-même ne va guère aider le Maestro. S’il était d’accord pour lui offrir, au moins, la première italienne au Régio de Turin pour la saison 19051906 — ce qui fut impossible car l’œuvre n’était pas terminée ; le compositeur rechigne désormais à donner son accord pour Milan. Strauss assure alors la première italienne de son opéra le 22 décembre 1905 à Turin alors que Toscanini ne le dirige à Milan que quatre jours plus tard. Dans une quasi-unanimité, les critiques louent les deux Salomé

C’est avec Le Crépuscule des Dieux, en ouverture de la saison 19071908, que la nouvelle fosse d’orchestre est enfin inaugurée. 

Malgré ce succès, Toscanini ne se sent plus guère à l’aise à Milan et l’a fait savoir à Gatti-Gasazza. Aussi, après de nombreuses tractations, tous deux finissent par accepter la proposition du Metropolitan Opera de New York : Gatti-Casazza devient directeur général du célèbre théâtre et Toscanini prend le poste de chef d’orchestre titulaire aux côtés de Gustav Mahler. L’engagement officiel stipule, entre autres, que le Maestro recevrait 25 000 lires par mois ; qu’il « aurait droit à tous ses voyages aller et retour payés, par bateau ou par le train, en 1re classe pour lui et les membres de sa famille ; que lorsqu’il voyagerait pour préparer des représentations […] tous ses frais seraient remboursés et qu’il s’entendrait avec le directeur […] pour le choix du répertoire. » Autant dire presque les pleins pouvoirs. La nouvelle fait l’effet d’une bombe mais Toscanini se fait sourd à toute attaque : dollaromanie ou anti-patriotisme. En automne 1908, il embarque pour l’Amérique.

Le Metropolitan Opera

À New York, si la presse se réjouit de voir arriver un artiste aux méthodes vigoureuses et radicales, d’autres sont inquiets. Pour les Allemands qui régnaient sur le Met depuis un quart de siècle, l’arrivée des Italiens risque de troubler cette harmonie. Mahler n’est pas inquiet car il pense que le répertoire sera scindé en deux : Toscanini assurerait les œuvres italiennes et lui, l’opéra allemand. Mais Toscanini est trop attaché au répertoire allemand pour accepter ces conditions-là. À peine installé, Toscanini fait savoir qu’il veut diriger Tristan lors de sa première saison… « Si j’ai laissé ces derniers temps le nouveau chef d’orchestre s’organiser à sa guise, écrit Mahler à la direction du Metropolitan, je me suis néanmoins explicitement réservé Tristan. J’y ai consacré un soin tout spécial l’an dernier et puis donc dire que la forme sous laquelle l’œuvre est présentée actuellement à New York est ma propriété spirituelle« 

De fait, Toscanini ouvre sa première saison new-yorkaise avec Le Crépuscule des Dieux et enchaine avec Aïda. Fin mars 1910, il triomphe avec Les Maîtres chanteurs, que le public américain attend depuis longtemps : « Nous avons été surpris et déçus que le Metropolitan ait attendu les derniers jours de la saison pour présenter cette comédie de Wagner« , écrit Richard Aldrich dans le New York Times. « L’attente, précise-t-il, en valait la peine… New York avait vu des Maîtres chanteurs mémorables à bien des égards […], mais ceux d’hier resteront parmi les plus remarquables« . Pour Toscanini aussi, cette production est une réussite.

Le mandat de Toscanini au Metropolitan Opera à New York s’est terminé après 1915. De 1921 à 1929, il a joué à nouveau comme directeur musical à La Scala à Milan, en Italie.

Diriger à Bayreuth

En 1924 Siegfried Wagner prit en charge la direction de Bayreuth. Il pensa aussitôt à Toscanini pour diriger une nouvelle production de Tannhäuser à Bayreuth. Mais il fut alarmé par les plus conservateurs des wagnériens qui menaçaient de ne plus financer le festival s’il engageait un chef italien pour diriger dans le Saint des Saints.

Mais Siegfried et sa femme Winifred, levèrent des fonds de leur propre côté en 1929, pour le Tannhäuser de l’année suivante. Ils rencontrèrent Toscanini à Berlin au printemps 1929, puis à Milan pour finaliser le projet. Le contrat put d’autant plus être rapidement établi du fait que Toscanini refusait de recevoir un salaire considérant qu’approcher Bayreuth équivalait à entrer dans un temple. Mais il ignorait qu’il ferait face à une autre hostilité. En 1930 le chef principal était Karl Muck qui était chargé des représentations de Parsifal depuis 1901. Il servait de drapeau de ralliement aux partisans les plus conservateurs du festival. Muck était jaloux de la réputation mondiale de Toscanini, et pour des raisons autant nationalistes que professionnelles il ne lui plaisait guère que Toscanini soit invité à Bayreuth.

En raison de la longueur des œuvres de Wagner, et de l’effort physique que cela demandait, l’orchestre du festival était à peu près le double d’effectif d’un orchestre normal, les musiciens se relayant à moitié programme de la saison. Muck s’arrangea pour que les meilleurs lui reviennent et les moins bons dirigés vers Toscanini. Au début de la première répétition, Siegfried présenta le nouvel chef invité, et Toscanini dit aux musiciens son désir de longue date de diriger à Bayreuth. Mais lorsque l’orchestre commença à jouer, le maestro fut sidéré. A la fin de la première séance, il dit à Siegfried qu’il souhaitait se retirer. Et ce n’est que lorsque Siegfried l’assura de remplacer les musiciens les plus faibles que Toscanini consentit à rester. Comme il était déterminé à obtenir de l’ensemble le meilleur possible en un temps relativement court, les musiciens furent soumis à la dictature du chef d’orchestre. Et les instrumentistes ne furent pas moins étonnés de ce que le chef italien répéta de mémoire, à son habitude, commençant par écouter et corriger dans les partitions les fautes que jamais aucun chef célèbre, en trente ans, n’avait décelées.

Il faillit y avoir un violent incident avec les chœurs de Tannhäuser, mais il put être évité par Siegfried Wagner. L’entrée du chœur du second acte produisit un grand étonnement chez les chanteurs, il était pris bien plus rapidement qu’ils n’en avaient l’habitude. Le passage fut repris deux, fois, trois fois, six fois. Toscanini rageait et hurlait toutes ses invectives italiennes les plus renommées. Rüdel, le chef de chœurs haussa les épaules de résignation. Alors Siegfried Wagner intervint : « Cher Maestro, un petit peu plus lentement s’il vous plaît ! Il y a une différence entre chanter dans la flexible langue italienne et le rugueux allemand ! Et nous Allemands sentons la musique autrement que vous.» Finalement, sans dire un mot, Toscanini reprit la baguette la leva et commença en un tempo légèrement plus lent. Siegfried inclina un peu la tête en remerciement. L’entrée du chœur maintenant marchait à la satisfaction de tous.

Toscanini apprécia grandement la personnalité de Siegfried Wagner. Bien des années plus tard, il dira à Friedelind Wagner, la fille aînée de Siegfried – et qui sera prise sous l’aile protectrice de la famille Toscanini pendant les années hitlériennes – : « Vous êtes juste comme votre père. Quoi qu’il arrive, vous riez toujours.»

D’autres membres de la famille Wagner assistèrent aux répétitions. La sœur de Siegfried, Eva Chamberlain, et ses deux demi-sœurs Daniela Thode et Blandine Gravina, les filles de Cosima et Hans von Bülow. Elles y assistèrent d’abord par curiosité puis avec étonnement, et enfin avec une dévotion quasi religieuse. Blandine résuma leurs impressions dans une lettre : « Pendant huit jours nous avons été totalement happées par les répétitions d’orchestre de Toscanini de Tannhäuser et Tristan. C’est la chose la plus incroyable dont nous ayons jamais fait l’expérience. Eva, habituellement impassible, fut complètement bouleversée par sa grandeur. » Elles furent étonnées non seulement par son talent de chef et son pouvoir de persuasion mais aussi par sa profonde dévotion aux œuvres de Wagner et de son attention aux détails. 

Tristan fut représenté le 20 juillet et Tannhäuser deux jours plus tard. Dans la distribution de Tristan Lauritz Melchior et Nanny Larsén-Tossen (elle avait déjà chanté le rôle avec Toscanini à Milan) tenaient les rôles principaux, Rudolf Bockelmann était Kurwenal Alexander Kipnis, le roi Marke et Anny Heim, Brangäne.

Melchior rapporta : « C’était un plaisir de travailler sous la conduite de ce brillant chef, et toutes les répétitions au piano  — la plupart étaient faites par le chef lui-même – étaient des heures de grande valeur pour ce qui concernait la musique. Toscanini pouvait être le charme et la cordialité personnifiés ; à d’autres moments, quand les choses ne suivaient pas sa voie, il pouvait être un diable. Tout le monde le craignait, et sa volonté prévalait de toutes manières. Je peux seulement dire que je m’entendais bien avec lui. »  Melchior était réputé pour être peu soucieux du respect du rythme et du tempo. « Une fois qu’il a appris une erreur il ne l’oublie jamais » disait Fritz Busch de lui. Mais Toscanini admirait la puissance et la beauté de la voix de Melchior. Il aimait travailler longuement et durement le rôle de Tristan avec lui. Il l’appelait ‘’Tristantissimo’’ un surnom qui lui resta.

La profonde impression que Toscanini avait produite sur les sœurs de Siegfried durant les répétitions fut reproduite pendant les représentations. « Seul un artiste qui, avec son génie, possède une merveilleuse bonté humaine peut insuffler une telle brise céleste dans l’âme des autres. » écrivit Blandine à Carla Toscanini. Des déclarations encore plus élogieuses seront dites par les sœurs de Siegfried Wagner ou sa belle-fille dans les mois et les années suivantes. Mais il est important de se souvenir qu’elles avaient entendu la musique de Wagner dirigée par Richard Wagner lui-même aussi bien que par Hans von Bülow, Levi, Richter, Mottl, et Seidl, héritiers directs de l’enseignement wagnérien.

Bien que dissimulés dans la fosse de Bayreuth et ne pouvant saluer, le chef et les musiciens reçurent des ovations allant croissant jusqu’ à la dixième et dernière représentation, le 20 août 1930. Ernest Newman, le critique musical du Sunday Times, qui était présent durant tout le festival proposa un ensemble de commentaires qui donnèrent une idée de la situation du festival de Bayreuth après le passage de Toscanini. Il écrivit : « Les interprétations du Maestro ont été tellement extraordinaires que déjà le public a dit qu’il ne reviendrait la saison prochaine que pour l’entendre lui. La meilleure chose qui puisse arriver, serait de donner tout le contrôle à Toscanini. Mais remettre ce plus grand art national allemand à un étranger provoquerait inévitablement une explosion de chauvinisme en Allemagne. Les rumeurs circulent qui voudraient que le fameux metteur en scène de cinéma, Max Reinhardt prendrait en charge le festival, avec Toscanini comme directeur musical. Un juif et un Italien comme grands prêtres du lieu saint wagnérien ? hautement improbable. Il n’en demeure pas moins que la présence du Maestro a amené une assistance record de 10 000 visiteurs au festival de 1930 et fait vendre 35 000 billets pour un total de 250 000$. Une autre rumeur voudrait que non seulement Toscanini deviendrait le directeur du festival, mais également qu’il voudrait s’installer à Bayreuth. »

Toscanini n’avait nullement l’intention de prendre le contrôle de Bayreuth. Selon les instructions de Siegfried Wagner qui venait de mourir à l’hôpital le 4 août, Winifred allait assumer la direction du festival. Elle donna un chèque de 10 000 mark à Toscanini selon le vœu exprimé par Siegfried. Toscanini le lui retourna mais accepta son invitation pour l’été suivant pour diriger Tannhäuser et Parsifal.

Toscanini et sa famille arrivèrent à Bayreuth, pour la deuxième saison, le 23 juin 1931. Winifred les accueillit et les logea à Wahnfried. L’impatience de le voir arriver se traduisit dans le Berliner Monttagspost : « Tout le monde musical est à l’écoute et en attente pour Parsifal qui va s’épanouir dans une beauté retrouvée sous la baguette de Toscanini. Une légion de directeurs musicaux, chanteurs, et bien des musiciens se retrouvent déjà à Bayreuth et espionneront les répétitions qui constituent la partie la plus constructive du festival. » Toscanini était satisfait de l’orchestre et des chanteurs, les répétitions avançaient rapidement dans le sens où il le souhaitait.

Carla partit prendre les eaux à Marienbad, Toscanini fut invité à s’installer à demeure à Wahnfried. Friedelind, alors âgée de treize ans, se rappela plus tard comment elle jetait un regard sur la vie quotidienne de Toscanini : « Tous les matins, Toscanini prenait son petit déjeuner sur le petit balcon vitré en plein soleil, et qui était si chaud que Wieland  — son frère de quinze ans –– l’appelait le ‘’bain turc de Toscanini’’. Mais le Maestro aimait le soleil. Il était un des plus plaisants invités que nous ayons reçus. Les servantes l’adoraient parce qu’il aimait leurs repas et ne les dérangeaient pas. (…)‘ ».

Mais les choses n’allèrent pas d’abord comme il l’aurait voulu, et ce ne fut pas à cause d’une de ses difficiles exigences : « Le désastre, ici  – écrivit-il à Carla – c’est que l’on ne peut pas avoir tout le monde pour les répétitions. Les chanteurs viennent quand ça leur plaît. J’étais supposé avoir ma première répétition d’ensemble pour Parsifal aujourd’hui, mais j’ai véhémentement annulé, puisque je n’ai pu entendre les chanteurs, ne serait-ce qu’individuellement.»

Quand il finit par entendre Henny Trundt pour le rôle de Kundry, il refusa de l’engager et choisit Elisabeth Ohms – sa Kundry de Milan – à sa place. Il continue : « Herbert Janssen et Gotthold Ditter, qui doivent chanter respectivement Amfortas et Klingsor ne sont pas arrivés. Je pourrais probablement répéter le troisième acte demain, parce que la lady (Kundry) n’y chante pas. Et je dois me débrouiller avec cette française. Je répète aussi Tannhäuser sans Müller (Maria) et Piolinsky, qui est malade – les deux jouèrent leurs rôles l’année précédente – et j’attends Melchior. En bref, cela demande beaucoup de patience, et ce n’est pas précisément mon fort.»

Tannhäuser eut lieu le 16 juillet, et six jours plus tard ce fut le premier Parsifal de Toscanini à Bayreuth. Melchior le trouve trop lent et ennuyeux. Mais le baron de quatre-vingt-trois ans Hans Paul von Wolzogen, un disciple de Wagner qui fut présent à la première sous la direction d’Hermann Levi, écrivit une lettre émue faisant l’éloge de son exécution du dernier opéra de Wagner. Toscanini lui répondit : « Aucun mot d’éloge de pourrait être plus cher ni plus désirable que celui venant de vous. Si mon interprétation a été capable d’évoquer en vous un écho de celle mémorable de 1882, c’est le plus auquel je peux aspirer pour la satisfaction d’un idéal rêvé – C’est à dire aller au plus près possible pour ce qui est d’exprimer les intentions du compositeur. Vous, ami fidèle de ce Grand Homme et fidèle et sage dans la popularisation de ses idées, vous ne pouviez me donner une plus grande récompense – Votre éloge m’a profondément touché, et je vous en remercie de tout mon cœur. »

Toscanini s’entendait bien avec Furtwängler. Les deux chefs assistaient mutuellement à leurs répétitions, et se rencontraient souvent pour parler de musique et de questions techniques, et ils étaient généralement d’accord. Plus tard Furtwängler dira volontiers qu’il était ‘’l’antithèse de Toscanini’’ signifiant par-là plus une affaire de sensibilité que de tempi puisque les siens étaient souvent proches de ceux de Toscanini. La différence entre les deux chefs s’exprime au travers de ce que Toscanini avait sur les lèvres : ’’Canta !’’et il recherchait implacablement la mélodie dans une composition. L’architecture de la musique était pour lui une structure de fabrique mélodique. La mélodie chantante avant tout était son credo. Furtwängler pouvait plus mettre en avant le tout de la matière orchestrale et ainsi prendre le pas sur la mélodie. 

Les deux chefs n’en finirent pas de voir leurs chemins se croiser voire de se chevaucher de par toutes les grandes places internationales de la musique. Dans les terribles années autour de la deuxième guerre mondiale Toscanini fit son possible pour attirer Furtwängler en Amérique et le soustraire au nazisme. Mais Furtwängler refusa, vivant dans l’illusion que la musique pouvait être séparée de la politique.

Le 20 août, après sa dernière représentation, au moment du départ, Daniela Thode et Eva Chamberlain remirent à Toscanini une lettre de Winifred, ainsi qu’un brouillon de la main de Wagner de la scène des Filles-fleurs. Toscanini renvoya les deux accompagnés d’une lettre dans laquelle il remerciait Winifred pour son hospitalité, mais il ajoutait qu’il avait été profondément désillusionné par Bayreuth et ne reviendrait pas en 1933 (il n’y avait pas de festival prévu pour 1932). Il était venu à Bayreuth comme dans un temple et n’avait rencontré qu’un théâtre ordinaire.

Mais l’arrivée d’Adolf Hitler l’oblige à prendre parti. Il envoie un télégramme au nouveau chancelier allemand pour contester le boycott des musiciens juifs (le télégramme sera même publié sur la couverture du journal américain The New York Times).

Hitler répond deux jours plus tard, invitant Toscanini à Bayreuth en ajoutant qu’il serait ravi d’accueillir le chef personnellement. Toscanini refuse l’invitation et annonce à la famille Wagner qu’il ne retournera plus jamais à Bayreuth. La nouvelle fut rendue publique le 5 juin. Toscanini ne revint jamais en Allemagne, mais sa décision de renoncer à Bayreuth le blessa profondément, autant que le festival lui-même fut blessé. Il écrivit à un ami : « Aujourd’hui, 21 juin, première représentation à Bayreuth avec Les Maîtres chanteurs, mes pensées se précipitent là-bas avec nostalgie et tristesse. Oh, ce maudit, méchant muscle que nous appelons le cœur. Combien est-il impardonnable pour les choses qui lui font violence, et combien il nous fait souffrir ! » Quatre ans plus tard, dans un mot à Friedelind (la seule Wagner à avoir quitté l’Allemagne nazi. Toscanini déploya toute son énergie pour la faire se réfugier en Amérique. Elle devint quasiment sa fille adoptive) : « Bayreuth ! Le plus profond regret de ma vie. »

L’intention de faire un concert à Lucerne lui plaisait du fait que les frontières respectives de l’Allemagne et de l’Italie n’étaient qu’à trois heures de train. L’autre attrait de Lucerne qui plaisait à Toscanini était la proximité de Tribschen, là où Wagner avait créé les Maîtres chanteurs, Siegfried Idyll. Siegfried et Eva y étaient nés. Les autorités helvétiques donnèrent volontiers l’autorisation d’organiser un concert, Adolf Busch réussit l’exploit de rassembler un orchestre de musiciens volontaires. Ernest Ansermet, Fritz Busch, Bruno Walter, Willem Mengelberg. Cortot et Feurermann assureraient les concertos de piano et orchestre. Le programme fut établi (Rossini, Mozart, Wagner, Beethoven) pour le 25 août 1938, date anniversaire du mariage de Richard et Cosima.

Après la guerre, Toscanini, aurait confié Friedelind, son souhait de retourner à Bayreuth en 1952. Il n’en fit rien. Au mois d’août 1953, Winifred et ses quatre enfants signèrent un télégramme demandant à Toscanini de revenir l’année suivante afin de diriger la neuvième symphonie de Beethoven ou un concert Wagner. Toscanini ne répondit pas. 

De 1928 à 1936, Toscanini a été directeur de musique du New York Philharmonic à New York City. De 1937 à 1954, Toscanini a également joué comme directeur musical du NBC Symphony Orchestra à New York. Ses performances ont été diffusées en direct sur le réseau radio NBC. Au cours de cette période, il a enregistré de nombreux albums pour RCA Victor.

Le dernier concert avec … Wagner

Toscanini a pris sa retraite à 87 ans, mettant fin à une carrière extraordinaire qui a duré 68 ans.

Pour son dernier concert, entièrement dédié à Wagner, il dirigea le NBC Symphony Orchestra le 4 avril 1954 au Carnegie Hall de New York, en direct à la radio. C’est précisément à l’occasion de cette dernière représentation que le Maestro, également célèbre, comme déjà mentionné, pour son extraordinaire mémoire et son perfectionnisme obsessionnel, alors qu’il dirigeait la pièce de l’opéra Tannhäuser , il perdit pour la première fois sa concentration et arrêta de mesurer la mesure .Toscanini reste immobile pendant 14 secondes : les techniciens de la radio déclenchent immédiatement un dispositif de sécurité qui diffuse de la musique de Brahms, réaction jugée rétrospectivement excessive et peut-être dictée par la panique, alors qu’en réalité l’orchestre n’a jamais cessé de jouer. Cependant, le Maestro a retrouvé son calme et a recommencé à diriger normalement jusqu’à la fin du concert, après quoi il s’est rapidement retiré dans sa loge.

Le soir du Nouvel An 1957, il se leva vers 7 heures du matin, il tomba au sol, souffrant d’une thrombose cérébrale.

Toscanini resta à l’agonie pendant 16 jours et décéda à l’âge de 90 ans, dans sa maison new-yorkaise de Riverdale , le 16 janvier 1957 ; le corps est rentré en Italie le lendemain sur un vol direct vers l’aéroport de Ciampino , à Rome , et a été accueilli à son arrivée par une foule de personnes. De là, elle fut déplacée à Milan : la chapelle du repos et les funérailles furent installées au Teatro alla Scala et les gens montèrent même sur les toits des bâtiments environnants pour pouvoir voir quelque chose. 

Un engagement antifasciste

L’intransigeance de Toscanini ne s’arrête pas à la musique. En effet, sa conviction morale et politique fut tout aussi immuable que ses convictions musicales. Lors de la montée en Europe du fascisme dans le courant des années 1930, le chef n’hésitera pas à défendre et soutenir ses propres valeurs morales face au nationalisme croissant, alors que nombreux de ses contemporains semblent peu enclins à faire autant d’efforts.

D’abord partisan signataire du parti de Benito Mussolini après la guerre de 1914-18, Toscanini renonce à toute adhésion au mouvement fasciste, face à la mégalomanie du « Duce ». Il refusera à plusieurs reprises de jouer l’hymne du parti fasciste, la Giovinezza, au début de ses concerts et se fera même rouer de coups par les Chemises Noires le 14 mai 1931 pour son refus d’obtempérer aux ordres du parti.

Toscanini est invité à diriger l’Orchestre philharmonique de Vienne, un poste qu’il occupera jusqu’à l’invasion de l’Autriche par l’armée allemande. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, il accepte de reprendre la direction de l’Orchestre philharmonique de Vienne, à l’unique condition que les musiciens nazis soient exclus de l’orchestre. La demande est refusée, obligeant Toscanini à renoncer à jamais à la direction cette prestigieuse formation.

Preuve ultime de son engagement, Toscanini accepte en 1936 de diriger les concerts d’inauguration de l’Orchestre symphonique de Palestine (devenu l’Orchestre philharmonique d’Israël), acte de solidarité avec le peuple juif.

On ne peut finalement que respecter la fermeté des convictions d’Arturo Toscanini, un homme têtu qui défendait coûte que coûte ses convictions musicales et morales avec la même ferveur tyrannique.

CPL

Sources :
– Jean-Michel PENNETIER : https://www.forumopera.com/dix-choses-que-vous-ne-savez-peut-etre-pas-sur-arturo-toscanini/
– Leopold TOBISCH : https://www.radiofrance.fr/francemusique/toscanini-ou-l-improbable-histoire-d-un-tyran-antifasciste-3121955
– Olivié MICHEL, article Toscanini à Bayreuth, in https://cercle-wagner-toulouse.fr/2020/11/11/toscanini-a-bayreuth/
– Harvey SACHS : Toscanini Musician of conscience   Editions : Liveright Publishing Corporation  New York 2017.
– Samuel CHOTZINOFF : Toscanini An intimate portrait  Editions : Hamish Hamilton London 1956.
– Geraldine FARRAR : The story of an american singer   Editions : Curtis Publishing Company New York 1916.
– Giulio GATTI-CASAZZA : Una vita per l’opéra    Editions Zecchinin 1941.
– Lettres publiées de différents membres de la famille Wagner.

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