Verena WAGNER

Cette section présente une série de portraits biographiques de ceux qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à l’édification de l’œuvre wagnérienne. Des amitiés ou des inimitiés parfois surprenantes ou inattendues, des histoires d’amour passionnées avec les femmes de sa vie, parfois muses et inspiratrices de son œuvre, mais également des portraits d’artistes (chanteurs, metteurs en scène, chefs d’orchestre…) qui, de nos jours, se sont “appropriés” l’œuvre du compositeur et la font vivre différemment sur scène.

WAGNER Verena (épouse LAFFERENTZ)

(née le 2 décembre 1920 - décédée le 19 avril 2019 )

Fille de Winifred et de Siegfried Wagner
Petite-fille de Richard Wagner et Cosima Liszt von Bülow

Verena Wagner est la quatrième et la cadette des enfants de Winifred et de Siegfried Wagner. Elle est donc, tout comme ses frères Wieland et Wolfgang ainsi que sa sœur Friedelind, la petite-fille de Richard Wagner ainsi que de Franz Liszt.

C’est à la villa Wahnfried, tout comme ses frères et sœurs, que la jeune fille grandit, suivant par ailleurs sa scolarité à l’école locale d’Oberkirchen. Elève sage et assidue sur les bancs de l’étude, elle fait preuve d’un tempérament enjoué et vivace au sein du sérail de Bayreuth.

Verena grandit en toute intimité en présence d’un hôte ami de la famille qui a pour nom Adolf Hitler qui vient à Wahnfried pour la première fois aux touts débuts de l’automne 1923. Le « héros » (fort modeste) de la Première Guerre Mondiale a enfin réussi à se faire admettre dans cet univers qu’il convoite depuis son enfance, en idolâtre fanatique (et pathologique, il est important de le préciser) de Richard  Wagner et de son oeuvre : Bayreuth, le mythique Festspielhaus et la villa Wahnfried dans laquelle le « clan Wagner » naît, vit et meurt, génération après génération depuis son illustre fondateur.

Et si l’ex-« soldat Hitler », dans les arrières-cours des brasseries de Munich, commence à faire entendre sa voix hargneuse, à haranguer les foules et à organiser les fondations de son parti, le même homme, qui se montre de plus en plus présent dans le cercle de Wahnfried, lie avec la toute jeune Verena des liens d’une étonnante proximité, considérant cette dernière quasiment… comme sa propre-fille. Une manière (consciente ou non) de s’immiscer un peu plus dans le sérail wagnérien auquel il a tant rêvé de pouvoir appartenir ?

Mais ce même Hitler – que la musique de Wagner transporte, menant parfois celui-ci à des transports étonnants voire inquiétants – a d’autres projets, bien politiques ceux-ci. C’est le Putsch manqué de Munich (le 9 novembre 1923) ayant pour but de renverser le gouvernement en place, puis l’incarcération à la prison de Landsberg. Pour quelques temps, il sera absent de Bayreuth et de la famille Wagner.

Les années passent. Puis, devenu Chancelier en 1933, Hitler retrouve Wahnfried tout auréolé de « gloire », Verena, quant à elle, a toute juste treize ans. Et si Hitler qui connaît l’adolescente quasiment depuis sa naissance, l’a vue grandir et lui a toujours porté une affection sans réserve, Verena, qui n’a pas plus sa langue dans sa poche qu’elle n’est impressionnée par le tyran, devant lequel tous tremblent, lui parle avec une déconcertante facilité.

Bien que les rumeurs attisant une liaison entre ce dernier et sa propre mère (veuve de Siegfried Wagner depuis 1930) et que pour autant il ne saurait être question d’un éventuel remariage de Winifred en ce sens, à Bayreuth, au début des années 40, on parle vaguement d’une possible union du chancelier avec la jeune Verena qui alors a tout juste vingt ans.

Mais la différence d’âge qui oppose le Chancelier à l’arrière-petite-fille de Richard Wagner, met fin à cette romance présumée. Et si Hitler, un tant soit peu sensible à son image doit se rendre à l’évidence et renoncer à son rêve d’inscrire ainsi son nom sur le tableau généalogique des Wagner, Verena qui n’a rien perdu de son franc-parler continue de traiter le Chancelier ordonnant alors une guerre sanglante contre le monde entier, avec sa naïve candeur, allant même jusqu’à lui parler… comme personne, même parmi les plus hauts dignitaires du parti, n’aurait osé le faire. L’innocence de la jeunesse…

Si Verena Wagner n’épousera finalement pas Adolf Hitler, c’est un officier SS membre du parti nazi, Bodo Lafferentz, qu’elle devra prendre pour époux en 1943. Le couple aura successivement cinq enfants : Amélie (née en 1944), Manfred (né en 1945), Winifred (née en 1947), Wieland (né en 1949) et enfin Verena (née en 1952).

Après la guerre, Verena Wagner-Lafferentz prit ses distances avec les affaires de Bayreuth, tout à fait consciente que l’on ne manquerait pas de lui rappeler son mariage lourd de signification pour l’écarter de tout responsabilité auprès du Festival. Puis, les années passent et les tensions s’apaisent. Verena Wagner-Lafferentz recouvre peu à peu une certaine respectabilité et renoue avec la société wagnérienne. Elle fait ainsi une apparition remarquée lors du congrès de l’Association internationale des Cercles Richard Wagner à Copenhague en 2003, où elle assiste à une représentation de La Walkyrie aux côtés de la reine Margrethe et du Prince Henrik, président du congrès, mais également de Wolfgang et Gudrun Wagner ainsi que la soprano Birgit Nilsson. En 2007, invitée en tant que membre d’honneur, elle inaugure à Sofia un concert de gala d’œuvres de son grand-père, Richard Wagner.

Aujourd’hui, Verena Wagner-Lafferentz est membre d’honneur de plusieurs Cercles Richard Wagner. Elle est également vice-présidente de la Fondation Richard Wagner et membre du comité de direction du Festival de Bayreuth.

 

NC/CPL

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