HUILE ESSENTIELLE DE ROSE ET ANANAS : L’AMITIE DE JULIUS CYRIAX ET WAGNER ET LES PREMIERES ANNEES DE LA LONDON WAGNER SOCIETY

Si Wagner défraya la chronique culturelle et musicale de son temps, s’il fut même un activiste révolutionnaire frappé d’exil et poursuivi par les forces de police même en dehors de son pays, et s’il fut enfin le Maître de Bayreuth célébré comme l’un des artistes majeurs de son époque, l’illustre compositeur n’en demeurait pas moins avant tout un homme fait de chair et de sang, animé de passions, avec un caractère parfois violent, parfois facétieux, et même parfois tendre…

HUILE ESSENTIELLE DE ROSE ET ANANAS:
L'AMITIE DE JULIUS CYRIAX ET WAGNER
ET LES PREMIERES ANNEES DE LA LONDON WAGNER SOCIETY (1)

RICHARD WAGNER AU QUOTIDIEN

Wagner intime, un article de Judith Gautier, « Richard Wagner, un artiste malade ; les lunettes de Richard Wagner ; Wagner à table ; Wagner et les animaux ; Richard Wagner et les bêtes ; Wagner et les enfants/Wagner et la famille ; Huile essentielle de rose et ananas : l’amitié de Julius Cyriax et Wagner et les premières années de la London Wagner Society ; Wagner et l’argent/Wagner… et la question du « bien être matériel » ; Mieux connaître Wagner à partir de sa correspondance avec Franz Liszt

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LONDRES
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ANNEE 1839
9 août 1839 : La Thétis sur laquelle avait embarqués Wagner, Minna et le chien Robber est en vue de l’Angleterre, près de Southwold, dans le Suffolk, entre Lowestoft et Orford Ness. La houle est toujours forte et il faut attendre le 12 août pour que le navire longe la côte jusqu’à l’estuaire de la Tamise. (Lire la suite)


ANNEE 1876
13 août 1876 : inauguration du premier Festival de Bayreuth. Représentation de L’Or du Rhin au Festspielhaus de Bayreuth, sous la direction de Hans Richter. (Lire la suite)

par Barbara EICHNER et Guy HOUGHTON

Titre original : « ROSE OIL AND PINEAPPLES :
JULIUS CYRIAX’S FRIENDSHIP WITH WAGNER
AND THE EARLY YEARS OF THE LONDON WAGNER SOCIETY 1 »
traduction @ Le Musée Virtuel Richard Wagner et reproduit ici avec l’aimable autorisation des auteurs
pour lire le texte dans son intégralité sur le site www.academia.edu, cliquer ici.

 

Depuis l’inauguration du Festival de Bayreuth en 1876, les visiteurs anglais sont monnaie courante sur la Colline Verte. Certains wagnériens patriotes se sont opposés à l’afflux croissant d’étrangers dans leur nouveau sanctuaire national, mais Hans von Wolzogen a pris sur lui de défendre les «frères anglo-saxons» dans les Bayreuther Blätter :

« L’été dernier, on pouvait voir de nombreux Anglo-Saxons sur la colline du festival. Je ne sais pas pourquoi les étrangers pensent qu’ils doivent tous être des personnages de bandes dessinées et de ballets comiques. […] Certes, ils parlaient anglais, ce qui est une faute innée, mais à part cela, ils se comportaient généralement comme des personnes cultivées venus de loin pour le Festival de Bayreuth 2. »

Cependant, dans son empressement à forger une ligue internationale de wagnériens, Wolzogen a négligé le fait que de nombreux visiteurs «étrangers» parlaient couramment l’allemand, quoique légèrement rouillé, avec des accents bavarois, silésiens ou saxons. Ils faisaient partie de l’importante communauté allemande d’Angleterre pour qui le pèlerinage à Bayreuth était un élément clé de leur identité culturelle. Dans leurs efforts pour assurer l’avenir du Festival et pour soutenir la cause wagnérienne chez elle, ils unirent leurs forces avec leur langue maternelle, l’anglais, pour créer un réseau international de passionnés de musique moderne où on a pu évaluer la contribution du groupe de la  » Renaissance musicale anglaise  ».

Julius Cyriax occupe une position particulière parmi eux, en partie en raison de son amitié – quelque peu unilatérale – avec le «Maître» lui-même et sa famille, et également en raison du rôle qu’il a joué dans la London Wagner Society. Ses souvenirs personnels offrent un aperçu fascinant des années de formation du premier mouvement wagnérien, éclairé par sa longue correspondance avec la famille Wagner et des wagnériens tels que Carl Friedrich Glasenapp, Hans von Wolzogen ou Nikolaus Oesterlein.3

 

JULIUS CYRIAX
ET SON AMITIÉ PERSONNELLE AVEC RICHARD WAGNER

Op. 6 de Cyriax, publié par son ami Cyrill Kistler et dédié à Heinrich Porges. Partition en possession de la famille; photographie du Dr Jenny Rumsey.

Julius Friedrich Theodor Cyriax est né à Gotha en Thuringe le 11 mars 1840. Malgré les goûts conservateurs de son professeur de musique, il est vite fasciné par la musique de Wagner, notamment en assistant à une représentation de Tannhäuser à Gotha en 1855. Cyriax était un pianiste de talent pour qui jouer les partitions de Wagner – il les connaissait pour la plupart par cœur – était une source constante de délice 5. Il composait aussi occasionnellement (une partie de la mélodie « De la verdure des arbres » fut interprétée par la Liverpool Philharmonic Society le 3 Mai 1870),et il proposa même un opéra comique en deux actes, intitulé Reiseabenteuer (Les aventures d’un voyage), au Théâtre de cour de Bavière, où la partition fut cependant refusée avec le commentaire suivant : « Pour ce qui est de la musique, elle est plus appropriée pour un théâtre populaire, ou alors le compositeur devrait accepter certaines coupures 7. » Au cours des dernières années de sa vie, plusieurs des œuvres plus modestes de Cyriax furent publiées par son confrère wagnérien Cyrill Kistler, compositeur des opéras Kunihild et Baldurs Tod, que William Ashton Ellis a tenté de promouvoir en Angleterre.Quatre des six opus appartiennent à un genre plutôt inattendu de la part d’un wagnérien, car ce sont des valses symphoniques pour piano et orchestre : Valse tranquille op. 2, Gruss aus Englandop. 3, Liebesbotenop. 4 et Epheuranken op. 5. D’après Kistler, certaines d’entre elles ont même été jouées avec succès à Francfort, Berlin, Würzburg, Stuttgart, Kissingen et Mayence.La dernière œuvre publiée, un Waldlied pour chœur mixte et orchestre, était dédiée à l’écrivain et chef de chœur Heinrich Porges, qui a beaucoup aimé la pièce et a suggéré plusieurs petits changements – indiquant peut-être qu’il prenait le compositeur amateur au sérieux10.

Julius Cyriax à l’âge de 18 ans, peut-être pris au moment où il quittait son Gotha natal pour Le Havre et enfin Londres. Photo en possession de la famille; photographie du Dr Jenny Rumsey.

Selon sa femme, Cyriax « désirait beaucoup devenir musicien professionnel, mais en fut dissuadé par son père [Carl Friedrich Cyriax, un droguiste], qui a vu qu’il possédait un grand talent pour une carrière dans les affaires, et qui lui a conseillé de conserver la musique uniquement comme une récréation ».11 En conséquence, Cyriax fréquenta l’école de commerce locale, puis a quitté Gotha en 1858 pour rejoindre son frère Carl – un autre wagnérien dévoué – au Havre, d’où il déménagea pour Londres un an plus tard. Là, il travailla dans plusieurs petites entreprises jusqu’en 1874, date à laquelle il conclut un partenariat avec le marchand de médicaments et de produits chimiques Thomas Farries. Deux ans plus tard, ils devinrent associés de l’importante entreprise Burgoyne, Burbidges & Co., « Droguistes de gros et d’exportation, fabricants de toutes préparations chimiques, pharmaceutiques, photographiques et autres, revendeurs en instruments et appareils chirurgicaux, verrerie, médecine brevetée & articles divers pour droguistes » 12. Bien que ce partenariat supposait initialement une richesse considérable et des relations d’affaires précieuses à Londres (que Cyriax devait plus tard mettre généreusement à la disposition de Wagner et de sa cause), il sépara mentalement ses activités d’homme d’affaires de ses intérêts artistiques, séparant comme souvent au XIXème siècle l’univers de la banalité de l’univers supérieur.

Néanmoins, sa vie sociale a bénéficié de ses talents musicaux, comme se souvenait sa femme : « C’était un pianiste brillant et possédait un talent particulier pour dessiner et écrire des vers. Il s’est fait de nombreux amis à Londres avant notre mariage, en grande partie grâce à son talent musical. Il a évolué dans tous les cercles musicaux londoniens 13. » Cyriax de son côté avait de moins bons souvenirs de cette époque où ses « activités musicales se limitaient aux fêtes, jouant des solos de piano et accompagnant des chansons et des ballades des plus indigentes, et à la participation à l’Islington Male Choir et le Liederkranz (en tant qu’accompagnateur, second ténor et occasionnellement  «compositeur» de joyeux morceaux) »14. Il oublie de mentionner qu’il se produit même occasionnellement dans des music-halls sous le pseudonyme « Herr von Sirax ».

Julius Cyriax en mai 1868 : on note la veste de velours façon «artiste» si semblable à la tenue préférée de Wagner. Photo en possession de la famille; photographie du Dr Jenny Rumsey.

Il était complètement intégré dans la culture de l’importante communauté d’immigrants germanophones qui avaient fui l’Allemagne après l’échec de la révolution de 1848–1849, ou qui étaient venus à Londres pour des raisons économiques. Dans le Meyers Konversationslexikon de 1888, la communauté des expatriés allemands comptait huit églises protestantes et une catholique, un certain nombre d’écoles primaires, un hôpital et un orphelinat. 15  Des journaux, des restaurants et des sociétés allemandes, dont l’Athenaeum allemande (fondée en 1869), recueillaient leur mal du pays. En 1861, fut créée l’indispensable Turnverein (Association de Gymnastique) et les compétences de Cyriax en tant que pianiste et artiste de spectacle furent de nouveau sollicitées, comme le montre une gravure d’époque dans le magazine familial allemand Die Gartenlaube. Une occasion de faire de la musique plus sérieuse se présenta lorsque Cyriax rencontra la famille de sa future épouse, Anna Eckenstein, en 1862 ou 1863, et un Deutscher Gesangverein für gemischten Chor (Association allemande de chant pour chœur mixte) fut fondé, interprétant des œuvres de Mendelssohn, Gade et bien sûr de Wagner. Ce cercle comprenait de nombreux passionnés de Wagner, et ni Cyriax, ni les Eckenstein, ni leur ami le Dr Charles Harrer, médecin de l’hôpital allemand, ne manquèrent une occasion d’assister aux représentations (encore) assez rares de la musique de Wagner à Londres, comme les « concerts Wagner » d’Edward Dannreuther dans les Hanover Square Rooms en 1873 et 1874 ou les premières représentations du Vaisseau Fantôme à Drury Lane, chantées en italien.16

Au cours de ses premières années à Londres, Cyriax se produit parfois dans des music-halls sous le pseudonyme de «Herr von Sirax». Affiche en possession de la famille; photographie du Dr Jenny Rumsey.

Pour Cyriax, comme pour la plupart des wagnériens, 1876 fut une année historique, d’autant plus qu’il vit le «Maître» lui-même pour la première fois. Il arriva à Bayreuth le 12 août, accompagné de Harrer, ayant reçu des billets de Dannreuther, arrivé plus tôt. Wagner lui-même vint à la gare – bien que ce soit pour accueillir l’empereur allemand, dont le train était attendu vingt minutes plus tard.17 Cyriax était presque gêné « d’entendre mon héros, le Jupiter tonans dont les mots imprimés bouleversaient tout, parlant le saxon, comme moi , misérable ver que j’étais ».18 Cette déclaration personnelle donne le ton d’une grande partie des souvenirs de Cyriax : les impressions qu’il eut des représentations du Ring et les performances des artistes sont traitées sommairement et avec une admiration sans critique, tandis que les anecdotes et les paroles de Wagner sont racontés avec plus de précision et beaucoup d’amour 19. Bien qu’il n’osât pas laisser sa carte à Wahnfried, sa rencontre avec le compositeur fut étonnante. Alors qu’il se faufilait dans la fosse orchestrale pour regarder le célèbre orchestre caché, lors d’une représentation de Die Walküre, Wagner le surprit à la porte de la fosse et le renvoya avec colère.20

Une occasion de faire personnellement connaissance avec Wagner se présenta en 1877 lorsque le compositeur vint à Londres pour tenter d’alléger les pertes financières du premier Festival de Bayreuth en donnant plusieurs concerts au Royal Albert Hall 21. Cyriax lui fut présenté le 4 mai 1877 lorsqu’une délégation des sociétés allemandes de Londres accueillit officiellement le compositeur.22 Puisque Cyriax chantait dans le chœur d’hommes en interprétant des extraits du Hollandais, sa famille fut autorisée à assister aux répétitions et il eut l’occasion de voir Wagner comme chef d’orchestre. La communication avec l’orchestre fut entravée par le fait que Wagner ne parlait pas anglais et préférait un mélange d’allemand et – reconnaît Cyriax – d’un mauvais français que le violoniste Deichmann dut traduire. Lorsqu’il dirigeait, les choses devenaient encore plus compliquées:

« En ce qui concerne la direction du Maître, la plupart des membres de l’orchestre se plaignaient généralement qu’il leur rendait le jeu très difficile (pendant les concerts encore plus que pendant les répétitions), car il n’indiquait presque jamais aucune entrée, chose à laquelle les artistes ici sont habitués et que Richter comprenait si bien. Le Maître s’attendait à ce que l’orchestre maîtrisât parfaitement le matériel [musical] qu’il n’avait qu’à animer de temps en temps par son interprétation personnelle. C’était absolument impossible pour un orchestre dont les membres venaient de toutes parts et pour qui la plupart des œuvres étaient totalement étrangères. Il posait souvent la baguette et cessait complètement de diriger, ce qui provoquait une instabilité de l’orchestre, rendant l’interprétation très incertaine. Certaines représentations souffrirent gravement de la façon de faire de Wagner, en particulier le 1er acte du Fliegende Holländer. A la fin, le Maître nous dit lui-même: «Ici, chaque barre de mesure a permis que rien ne s’effondre. »23

Julius Cyriax et sa femme Anna, née Eckenstein 5photographie du Dr Jenny Rumsey).

L’appréciation étonnamment critique de Cyriax est confirmée par d’autres sources contemporaines; tant l’orchestre que la critique furent bien plus satisfaits de la direction de Hans Richter, qui reprit plusieurs concerts. 24

Cependant, Cyriax n’était pas présent lorsque Wagner lut le texte de Parsifal chez Edward Dannreuther pour un public restreint le 17 mai, et il ne savait pas non plus qu’une telle lecture avait eu lieu.25 Pour lui, le point culminant de la visite de Wagner fut le diner d’anniversaire organisé par la Société chorale allemande. Au cours d’un somptueux banquet (auquel aucune femme n’assista, même Cosima – les chanteuses et les épouses des membres du comité dinant dans une pièce voisine), Wagner reçut des photographies des fresques de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine.26 De plus, Cyriax avait préparé un cadeau privé : un beau sac de toilette avec des accessoires en argent contenant des éponges, des brosses en ivoire et d’autres articles de toilette.

À cela, Wagner a répondu par un poème rédigé rapidement :

O Cyriax! O Cyriax!
Du, meines Lebens letzte Ax’!
Um dich soll ich mich stets nun drehen?
Seh’ ich die Reisetasche stehen,
Allimmerdar auf Reisen gehen?
Vom Windhund werd’ ich da zum Dachs! 27

 [O Cyriax ! Ô Cyriax ! / Le dernier axe de ma vie! / Dois-je toujours tourner autour de vous ? / Quand je vois le sac de voyage là devant moi, /[Dois-je] voyager tout le temps? / De lévrier je me transforme en blaireau !]

Le cadeau et le poème devaient donner le ton de la relation à venir entre les familles Cyriax et Wagner.

Avec ce poème, Wagner a remercié Cyriax pour un cadeau d’anniversaire précieux qu’il a reçu lors de son séjour à Londres en 1877: un sac de toilette contenant des éponges, des broches et d’autres articles de toilette. Lettre en possession de la famille; photographie du Dr Jenny Rumsey.

L’année suivante, Cyriax, qui passait l’été dans son Gotha natal, eut l’occasion de rendre visite à Wagner à Wahnfried le 20 juin 1878.28 La famille Cyriax fut fort impressionnée par l’intérieur somptueux de la villa de Wagner ainsi que par l’accueil chaleureux de Cosima et de ses enfants. Blandine et Daniela. Cette rencontre a donné à Cyriax l’occasion d’insérer dans ses souvenirs une défense énergique de Cosima, même s’il n’est pas certain qu’elle appréciât ses louanges pour la  « parfaite dame du monde [en français dans le texte] » et pour la manière délicate avec laquelle elle traitait son mari « qui n’était pas toujours facile ». De même, il se sentit obligé de disculper Wagner des calomnies des « journalistes, juifs et envieux » :

« Avec ses amis, envers Anna et moi, il était d’une grande gentillesse. Je l’ai toujours connu empreint d’humour et de fraîcheur, enclin aux plaisanteries, se moquant de lui-même, très sensible à une bonne anecdote (en particulier si elle venait de Saxe), presque trop reconnaissant à chaque démonstration d’affection et d’amour et plein d’intérêt pour tout ce qu’il pourrait entendre et apprendre de nouveau, par exemple sur nos relations [d’affaires] à l’étranger, nos nouveaux remèdes, nos lignes de bateaux à vapeur, etc. » 30

Cyriax était trop modeste pour aborder toutes questions artistiques – y compris les propres œuvres de Wagner – ce qui dut être un agréable changement pour le compositeur. En plus des anecdotes locales, tous les deux étaient friands de blagues à la limite du mauvais goût. Certains des exemples relevés par Cyriax lors de sa deuxième visite à Wahnfried le 17 juillet 1879 comprennent des blagues douteuses aux dépens des Juifs, malgré la présence du chef d’orchestre Hermann Levi 31. À l’occasion de sa troisième et dernière visite privée le 13 août 1881, deux membres de la « Chancellerie Nibelung » de Wagner étaient présents, Engelbert Humperdinck et Joseph Rubinstein. Après le dîner, on a demandé à ce dernier de jouer la Symphonie «Pastorale» de Beethoven, d’où ont résulté non seulement quelques remarques perspicaces de Wagner sur les bons tempos pour interpréter Beethoven, mais également une scène mémorable :

« Après avoir dansé [avec Blandine], il [Wagner] se rassit sur la chaise, regardant tranquillement devant lui; quand dans les basses commença le grondement qui imite le tonnerre, il imita les gestes d’un homme souffrant de maux d’estomac et dont les intestins grondent; sous les basses roulantes il ajustait mesure par mesure, note par note, ses mouvements de plus en plus anxieux; apparemment, il se sentait de plus en plus mal et à l’entrée du fortissimo, il incarna l’explosion avec justesse, avec tant de vivacité et de comique qu’aucun de nous ne pouvait ne pas rire. »

Le mouvement final fut cependant écouté dans un grand silence révérencieux.

Pendant le festival de 1882, Cyriax ne rencontra Wagner que lors de soirées formelles d’après-représentation à Wahnfried, mais pour son plus grand plaisir, il fut présenté à Franz Liszt par Blandine et Daniela. Le 2 août, il se faufila dans une répétition de Parsifal avec Therese Malten et Ferdinand Jäger. Ici, il fut le témoin – comme beaucoup d’autres – à la fois de la capacité étonnante de Wagner en tant qu’acteur et de son penchant pour les blagues idiotes sur scène: pendant la prière de Parsifal au début de l’acte III, Wagner se glissa derrière le ténor qui ne s’en méfiait pas et lui a soudainement mis une perruque blonde au-dessus de la tête. La coiffure comique était généralement un thème du festival : Glasenapp a même cru nécessaire de mentionner dans sa biographie de Wagner les chapeaux blancs en feutrine légère que Cyriax avait importés de Londres et généreusement distribués aux artistes.34 En revanche, les souvenirs de Cyriax se terminent sur une note sombre, par les funérailles de Wagner. Ce n’était cependant pas la fin des relations entre les familles Cyriax et Wagner, pour des raisons très pratiques.

Lorsque Dannreuther dit à Cyriax que Wagner lui adressait souvent des commandes que le musicien avait du mal à remplir, le marchand polyvalent se porta volontaire pour l’aider.35 Il essaya également d’aider Cosima et Glasenapp à collecter des photos de toutes les maisons dans lesquelles Wagner avait séjourné de son vivant. Après que Cyriax eut trouvé le Hoop and Horseshoe Tavern et localisé le site des King’s Arms, des pubs de Londres où Wagner séjourna brièvement en 1839 36, il poursuivit sa recherche par la taverne du Petit Caporal où Wagner avait commencé son Rienzi en partant de Boulogne. Le fait que certaines des photographies se soient par la suite révélées être des faux n’a pas diminué le sentiment de gratitude de Cosima envers Cyriax.38 La plupart des commandes de la famille Wagner étaient cependant de nature plus domestique : les envois de Cyriax ont commencé avec un fromage Stilton pour Noël 1877 et se poursuivit avec des éponges, du savon, des serviettes anglaises, du parfum, un ananas, des veilleuses et des mouchoirs en soie pour l’anniversaire de Wagner 39. Un ananas figurait également parmi les cadeaux que Cyriax apporta à Wahnfried en 1878, et lui et Cosima devinrent quelque peu inquiets pour la santé de Wagner quand ce dernier mangea avec voracité son fruit préféré.40 En juillet et août 1878, divers parfums et sels odorants suivirent, ainsi que des harengs et des timbres étrangers pour Siegfried. Ce flux de marchandises devait se poursuivre après la mort de Wagner, lorsque Cosima, puis leur fille Eva, en tant qu’hôtesse du festival, demandèrent, entre autres, des confitures et des gousses de vanille.41 Wagner commanda même des articles plus personnels tels que du papier hygiénique fin, qu’il préférait en raison de ses troubles abdominaux, s’exclamant: « Ce papier fait loi pour tout Wahnfried. »42 Une commission plus exigeante a été émise par Cosima en janvier 1879 : elle voulait surprendre son mari, qui aimait que tout soit rose, avec un tapis fait exclusivement de plumes de poitrails de flamants roses, avec une bordure de plumes de paon. Pour son anniversaire, le 22 mai, Cyriax a effectivement présenté à Wagner cette «œuvre d’art charmante, digne de se trouver dans l’atelier de composition du Maître quand il a orchestré le jardin magique de Klingsor». Il nota avec un plaisir non dissimulé que le tapis pourrait stimuler la créativité du compositeur 43.

Encore plus de stimulation provint de l’huile essentielle de rose qui était devenue le thème principal de leur correspondance. En mars 1879, Wagner en avait exigé beaucoup plus avec impatience, montrant clairement que les expériences artistiques de son «ami» ne l’intéressaient pas beaucoup : «Vous pensez que cela me flatte lorsque vous allez entendre Rheingold à Cologne ! Mais vous ne me demandez pas si j’ai encore de l’huile essentielle de rose ! »44 Il commandait toujours « Otto de Rose » en quantités abondantes, au grand dam de Cyriax qui craignit à nouveau pour la santé du Maître. Wagner essaya de le rassurer :

« Maintenant je sais que le parfum incomparablement délicat de cet arôme ne peut pas être obtenu par une utilisation violente: c’est-à-dire que j’ai arrêté de mélanger l’huile essentielle avec de l’eau de Cologne etc. et je ne l’utilise plus comme de l’encens, car cela en supprime immédiatement l’effet. […] Mais c’est de la pure fiction de dire qu’une seule goutte a Dieu sait quels effets anesthésiques. »45

Il n’y a aucune allusion érotique dans la correspondance avec Cyriax, comme cela peut être le cas avec Judith Gautier, qui a également fourni au Wagner vieillissant des produits de luxe dont il estimait avoir besoin pour sa stimulation (créative).

Les compensations pour ses efforts considérables pour plaire à l’artiste adoré n’étaient pas uniquement de nature pécuniaire. Cyriax était manifestement au courant de la réputation de Wagner vis-à-vis de l’argent (d’autrui), car il se sentait obligé de souligner dans ses souvenirs : « Le paiement de cette commande a été effectué avec la plus grande ponctualité; au total, le maître et sa famille payèrent pendant les cinq années suivantes avec une minutieuse exactitude » 46. Il ressort cependant des lettres de Wagner qu’il préférait accumuler les dettes jusqu’à un certain montant, puis conseiller à son banquier Feustel de payer une somme forfaitaire.

Les filles de Cyriax : Anna Antonie Brünnhilde («Hilda»), née en 1876, et Eva Richardis, filleule de Wagner. Photo en possession de la famille ; scanné par Barbara Eichner.

Le commentaire d’Eva est probablement le résumé le plus précis de leurs transactions financières : « Nous devrions être plutôt gênés de vous demander des faveurs, car vous nous offrez toujours des cadeaux en plus ! »47 Cyriax, cependant, se sentait largement compensé par l’attention que lui prodiguait Wagner et était fier de son lien très personnel avec le Maître, inscrit dans plusieurs lettres personnelles toujours en possession de la famille. Wagner était parfaitement conscient de ce que signifiaient pour ses fidèles ses missives même les plus simples.

Dans une lettre, il admit avec coquetterie : « Vous savez, ni le roi ni l’empereur n’ont reçu de moi un autographe pour leurs collections. Mais pour quelqu’un qui me fait du bien, j’écrirais des pages entières d’absurdités ! »48 Ces « pages d’absurdités » étaient le secret le plus jalousement gardé par Cyriax, qu’il ne voulait pas dévoiler aux yeux du public; à Glasenapp, il a confié : « Que Wagner puisse m’écrire de telles lettres est encore un miracle aujourd’hui, et je n’ai pas besoin de vous dire à quel point nos cœurs battaient en les lisant, en particulier les lettres 6, 10, 11 et 12.» 49

Le 30 novembre 1878, Wagner accepta même de devenir le parrain de la deuxième fille de Cyriax, Eva, portant le deuxième nom inhabituel de « Richardis ».50  Le parrain promis ne vint jamais, mais Wagner s’enquit fréquemment d’elle, ravie de sa prise de poids et il lui souhaita bonne chance avec un petit poème :

dass sie herrlich blüh und wachs’,
zur Freude meines Cyriax. 51

[afin qu’elle s’épanouisse et grandissent merveilleusement / pour le plus grand plaisir de mon Cyriax.]

Même pendant les derniers jours de sa vie, Wagner se souvint de ses amis de Londres : deux jours seulement avant sa mort, Wagner se référait indirectement, mais en plaisantant, à Cyriax, comme Cosima le nota dans son journal du 11 février 1883 :

« Vers midi, [Wagner] est entré dans ma chambre. « J’ai une lettre de Cyriax. » –  « Y a-t-il quelque chose dedans? » –  « Vous verrez bientôt. » Quand j’eus séché mes mains, je regarde: c’est un thème de scherzo, écrit sur une enveloppe de Cyriax – puis il le joua sur son piano. »

Il avait récupéré une vieille enveloppe d’une lettre que Cyriax avait envoyée en 1879, sur laquelle le compositeur avait ensuite esquissé un thème de scherzo 52.

Comme le souligne Cormack, même à travers la prose austère de Cosima, la joie de Wagner est évidente face à cette heureuse coïncidence de redécouvrir une idée musicale et de se souvenir d’un vieil ami.

CYRIAX
ET LA LONDON WAGNER SOCIETY

Aussi charmantes que soient ces vignettes familiales, elles n’ont qu’un intérêt anecdotique par rapport à la contribution de Cyriax à l’introduction de la musique et des idées de Wagner à Londres et à la création de la London Wagner Society. Edward Dannreuther avait fondé une première société Wagner en 1873 qui a sensibilisé le public à la musique de Wagner – et aux fonds pour le Festival de Bayreuth – en organisant des concerts qui lui étaient exclusivement consacrés.53

Les premiers concerts, les 19 février et 9 mai 1873, rapportèrent en effet de l’argent pour le Festival de Bayreuth ; mais selon Francis Hueffer, la série de concerts de l’automne 1873 et du printemps 1874 eut moins de succès, « et l’entreprise fut donc autorisée à abandonner ». La première société, enregistre Hueffer, « existait essentiellement, tel le Davidsbund de Schumann, grâce à la direction de son fondateur et directeur musical, M. Edward Dannreuther, à qui l’écrivain que je suis servait d’humble conseiller littéraire et d’assistant » 54. Rien n’indique que Cyriax fut impliqué dans ces activités ou qu’il connaissait même Dannreuther ou Hueffer à cette époque, bien qu’il se souvienne avoir assisté aux concerts de Wagner. 55

Cyriax, Dannreuther et le musicien et conférencier Carl Armbruster étaient, cependant, parmi la première génération de lecteurs du Bayreuther Blätter, ce qui indique qu’ils ont rejoint le Patronatsverein dès 1878.56

Dans une lettre auVerwaltungsrat, Cyriax a demandé à être admis au Patronatsverein avec plusieurs amis en mars 1878, offrant de solliciter plus de membres et promettant à l’avenir des contributions financières substantielles.57 Les statistiques publiées par le Bayreuther Blätter démontrent que l’intérêt pour la cause wagnérienne était assez important mais pas écrasant : en février 1879, vingt-huit Londoniens ont reçu un exemplaire du journal et le 8 février 1880, on comptait vingt-six abonnés. En octobre-décembre 1883, les chiffres étaient tombés à seulement onze et un an plus tard à dix lecteurs, peut-être à la suite de la mort de Wagner. Cyriax est même devenu l’un des membres à vie du Patronatsverein, ce qui lui a coûté la somme substantielle de 1000 marks. Néanmoins, il fut déçu par la manière cavalière dont le Verwaltungsrat traitait les partisans du festival, mais il ne s’en plaignait en général qu’en privé et plusieurs années après la dissolution du Patronatsverein en 1881 :

« Je peux très bien comprendre que la Société fut une meule autour du cou du Maître, mais il n’était pas légal de nous assassiner à nouveau. Les adhérents qui versaient 1000 marks auraient dû conserver certains droits, comme promis, mais quand j’ai demandé mes billets [pour le festival] en 1882, j’ai dû les payer comme tout le monde. Je n’ai donc eu, au lieu de ce que promettait la disposition spéciale, que cinq représentations qui m’ont coûté chacune 200 marks. » 58

 Cependant, dans la phrase qui suit, le fidèle partisan soulignait qu’il ne s’agissait pas d’une question d’argent et que les cinq représentations avaient bien sûr été inestimables. Malgré cette expérience qui donnait à réfléchir sur le comité du Festival, Cyriax proposa à l’Assemblée générale annuelle de 1884 de l’Allgemeiner Richard Wagner-Verein (ARWV) que 20000 marks provenant des fonds de la Société soient remis immédiatement au Verwaltungsraten tant que capital de réserve garanti. Attendre la création de la Fondation internationale Richard Wagner entraînerait, craignait-il, des retards interminables et pourrait dissuader les wagnériens de Londres d’apporter leurs substantielles contributions. Sa relation personnelle avec la famille Wagner et sa fidélité au «Maître» eurent raison de son sens des affaires. Raisonnablement, sa motion a été rejetée par la majorité. 60

Comme dans de nombreuses autres villes, la London Wagner Society officialisée et institutionnalisée n’a pris son essor qu’après la mort de Wagner en 1883, lors de la fondation de l’ARWV. Le 26 janvier 1884, Cyriax se plaignit que l’Angleterre était toujours en dehors de l’organisation, le pays n’étant pas un terreau fertile pour les sociétés en général ; et la cotisation proposée était trop faible pour intéresser les classes supérieures 61. Néanmoins, le Bayreuther Blätter informait que des publicités dans le Times invitant les membres à rejoindre l’antenne de Londres furent publiées le 16 février et le 8 mars 1884, et le comte de Dysart était nommé comme président et Benjamin Lewis Mosely comme personne à contacter.62 Les premières activités publiques comprenaient une conférence de Ferdinand Praeger sur ses « Souvenirs personnelles sur Richard Wagner », une conférence de Moncure D.Conway sur « Wagner et le surnaturel dans l’art » et une conférence de Charles Dowdeswell sur Lohengrin et Tristan und Isolde.63 L’événement final de la première saison fut une «lecture dramatique» donnée par l’actrice Alma Murray, d’après une sélection d’œuvres de Wagner. Selon le Bayreuther Blätter, ces événements ont été restitués dans plusieurs journaux anglais, dont le Daily Chronicle, le Manchester Examiner, le Pall Mall Gazette et l’Athenaeum.64 Cyriax décrit clairement ce qui a provoqué le changement :

« La branche londonienne qui vient d’être érigée est entre les mains les plus compétentes. Mon ami Mosely a été nommé son représentant (ce que je ne savais pas) et semble s’attaquer à la grande cause avec toute son énergie. Il a fait de la publicité dans le Timeset (parmi un très faible intérêt général pour le sujet – et qui voit une publicité parmi les milliers publiées dans le Times !) il a immédiatement reçu une lettre et la visite du comte de Dysart, un passionné de Wagner de 25 ans dont l’ardeur bat tout ce que l’on n’a jamais vu. . Actuellement, il forme un comité des plus aristocratiques (très important ici). Je ne peux pas les rejoindre, mais j’apporterai tranquillement ma contribution. »65

 Malgré l’assurance qu’il resterait à l’arrière-plan, Cyriax aurait été invité à établir le lien avec l’ARWV, car Heinrich Porges, le deuxième secrétaire du siège de la Société à Munich, l’a remercié en ces termes le 16 mars 1884 : « Au nom de l’administration centrale, je veux vous faire savoir que votre lettre nous a remplis d’une grande joie. Il serait de la plus haute importance pour notre cause si vous réussissiez à créer un point de ralliement à Londres pour assister au Festival de Bayreuth. »66 Cyriax ne représenta pas seulement l’antenne de Londres à l’Assemblée générale annuelle de Bayreuth en 1884, où sa motion fut rejetée ( voir ci-dessus), mais il est également apparu comme membre du comité sur une publicité pour les activités londoniennes de la Wagner Society en 1885.67 Le comte de Dysart resta président jusqu’à ce qu’il démissionne à cause de l’affaire Praeger en 1895,68et Benjamin Mosely et le marchand d’art Charles Dowdeswell furent les secrétaires honoraires; les autres membres du comité étaient Walter Bache, Avigdor Birnstingl, Alfred Forman, Henry Frederick Frost, le révérend Hugh Reginald Haweis, Alfred James Hipkins, Ferdinand Praeger, Frank Schuster et John South Shedlock. Le but de la société était énoncé comme étant double : soutenir le Festival de Bayreuth et «servir de point de ralliement aux partisans de Richard Wagner résidant dans ce pays». L’abonnement annuel de 10 shillings (ou 50 pence, équivalent à 38 £ aujourd’hui ou 214 £ par rapport au revenu moyen)69 permettait une entrée gratuite aux conférences, lectures et conversazionesde la Société, un abonnement réduit au Bayreuther Blätteret des facilités pour assister à des représentations futures à Bayreuth […] si les fonds de la Société le permettent ». La position de Cyriax devint encore plus importante en décembre 1886 lorsque Dowdeswell l’informa vivement: «Lors de la réunion d’hier soir, vous avez été unanimement désigné comme le meilleur pour devenir secrétaire. […] Alors, ne refusez pas l’honneur. »70

 Bien que Cyriax apparaisse rarement en public – sa seule contribution aux événements de la Société fut une conférence du 9 mars 1888, intitulée « Go to Bayreuth » et illustrée d’exemples musicaux de Parsifal joués au piano – il cherchait plutôt activement à augmenter le nombre de membres.71 Apparemment, il pensa d’abord à des prospectus, mais fut dissuadé de cette démarche par Carl Armbruster, dont la lettre du 9 mars 1887 donne une idée vivante des réseaux anglo-allemands et artistiques à Londres. A l’époque Armbruster n’était pas encore un membre officiel de la société et ne voulait pas y adhérer tant que les «épouvantails» n’auraient pas été éliminés du comité. Néanmoins, il était prêt à soutenir les activités de la Société auprès de chanteurs et musiciens et à utiliser ses contacts personnels pour solliciter de nouveaux membres:

« Méfiez-vous des prospectus. – Pour le recrutement de nouveaux membres, tout dépend de l’effort personnel. – Un prospectus est au moins jeté dans la corbeille à papier: mais si quelqu’un a ignoré ou refusé une requête écrite, il est par la suite encore moins ouvert à une requête personnelle ! – Je peux vous garantir l’adhésion de la majorité des musiciens et des gens du théâtre car je les connais tous personnellement et je peux les recruter personnellement, mais avec les prospectus, tout est gâté. – Il en va de même pour de nombreux membres de notre club [l’Athénée allemand]! Certains d’entre eux (je pourrais vous en nommer une douzaine) ne peuvent pas me le refuser personnellement, mais refuseront certainement à travers un document écrit ou imprimé. Alors ne gâchez pas le terrain avec des prospectus pour les musiciens, les acteurs et les actrices et le club allemand. […] Herkomer est un exemple de wagnérien effrayé par un prospectus ou par une lettre. Je parie que quoi que vous vouliez, il ne me refusera pas quand je lui demanderai les 5 £ par an. […] – Tadema, Sandys, Millaix [sic], Woodville, je pourrais aussi bénéficier d’accord parmi les peintres. »72

 Si ni Sir Lawrence Alma Tadema ni Sir John Millais n’ont rejoint la London Wagner Society, les effectifs ont augmenté régulièrement durant le mandat de Cyriax en tant que secrétaire. Bien qu’il n’y ait que 114 membres au début de 1886 et 150 à la fin de l’année 73, 345 l’ont rejoint en 1888 74, mais l’année suivante a vu une légère réduction à 310 membres 75. Les contributions transmises à Bayreuth sont ainsi passées de 920 marks en 188676 à 1916 marks 16 pfennig en 1888 77, en plus des contributions volontaires et des souscriptions indépendantes au Bayreuther Blätter. Un coup d’œil à la liste des membres de 1888, publiée par la General Society, révèle quelques faits intéressants sur la composition de la succursale de Londres. À part le comte de Dysart et un membre de sa famille, il n’y avait que deux autres membres aristocratiques, Lady Huntingtower et la duchesse de Wellington, reflétant la tendance générale des sociétés Wagner, qui avaient tendance à être dirigées par des femmes aristocrates, mais rarement par des hommes78. On y trouve plusieurs musiciens éminents: le compositeur Sir Charles Hubert Parry, professeur au Royal College of Music, qui a même fait partie du comité; la chanteuse Emma Albani, qui a chanté Wagner avec une compagnie d’opéra italienne; la soprano Pauline Cramer; Hermann Franke, qui organisa la saison Wagner, financièrement désastreuse en 1882; le chanteur, pianiste et chef d’orchestre Sir George Henschel; Sir Alexander Campbell Mackenzie, reconnu comme le meilleur compositeur écossais de son époque et directeur de la Royal Academy of Music; August Manns, directeur des concerts et impresario du Crystal Palace; et Carl Rosa, responsable des premières représentations des opéras de Wagner en anglais. D’autres arts sont représentés, entre autres, par le peintre Hubert von Herkomer, qui a peint Wagner en 1877, l’actrice Alma Murray et George Bernard Shaw. William Ashton Ellis était membre depuis 1885 et membre du comité depuis au moins 188779. Plusieurs des relations personnelles de Cyriax en sont la preuve: ses collègues Thomas et Frederick Burbidge et Thomas Farries, en plus de ses beaux-parents, toute la famille Eckenstein. Le nombre de femmes impliquées dans la succursale de Londres, à la fois avec leur mari et de manière indépendante, est remarquable et à nouveau en accord avec ce qui se développe en Allemagne où les femmes n’étaient admises que dans des associations à caractère artistique ou caritatif. Enfin, la liste présente un bon mélange de wagnériens anglais, anglo-allemands et allemands, reflétant la nature germanophile et internationale du mouvement wagnérien.

Les activités de la saison 1887 donnent une bonne idée de l’objectif et de la portée de la London Wagner Society et de sa réception dans la presse. Le Bayreuther Blätter annonça une série de quatre conférences qui débutaient le 10 mars avec William Ashton Ellis avec «R.W. comme poète, musicien et mystique »; d’autres conférences furent données par Praeger, E.F. Jacques et Dowdeswell.80 En outre, Dowdeswell donna des conférences sur l’Anneau pour le grand public au Conservatoire de musique de Kerrey.81 L’événement principal de l’année était une Conversazione le 28 juin 1887, un format populaire à l’époque victorienne, mêlant représentations musicales et opportunités de conversation avec d’autres wagnériens. Pour cet événement particulier, Hans Richter avait consenti à diriger Siegfried Idyll, et un chœur mixte interpréta une sélection des œuvres de Wagner.82 Le résultat ne fut cependant pas au goût du critique du Musical Times :

« [Le] dispositif, pour un étranger profane, était particulier, sinon inexplicable. […] Certes, les wagnériens ne sont pas à blâmer pour avoir interprété des pièces choisies des drames musicaux du compositeur de Bayreuth comme dans une salle de concert. Wagner lui-même a sanctionné de telles représentations, et ce n’est pas pour rien. Mais sûrement sous les auspices d’une Société qui porte son nom, on pourrait raisonnablement s’attendre à une exécution parfaite, musicalement, des différents extraits. Il est inutile de condamner le rendu fougueux du choeur des marins [sic] de «Der Fliegende Holländer» par l’Allemand Liederkranz, sous la direction de Herr Martin Müller, et les voix lumineuses et fraîches du Hyde Park Academy Choir, sous la baguette de M. H.F. Frost, bien exprimé dans le chœur des fileuses du même opéra. Mais l’effet de la scène d’ouverture de « Das Rheingold », avec un accompagnement au piano, n’était certainement pas ce que le compositeur aurait voulu, et le duo d’adieu dans « Götterdämmerung » en a également souffert, bien qu’il soit juste de dire que M. William Nichol, qui endossait le rôle de Siegfried, a chanté juste. Le «Siegfried Idyll», avec la partie de cor joué au piano, était le point culminant d’une soirée quelque peu douloureuse. Si les wagnériens ne peuvent pas donner une représentation théâtrale de l’un des drames musicaux, ils pourraient au moins s’aventurer vers un concert convenablement arrangé. » 83

 Comme le révèle une lettre de Hans Richter, l’interprétation de la partie de cor au piano n’était pas prévue, mais il a dû l’accepter pour éviter que l’Idyll ne s’effondre.84 Ce n’était pas la dernière fois que la Wagner Society était critiquée pour avoir proposé des extraits d’œuvres de Wagner avec accompagnement au piano. Ce fut surtout le choc des principes élevés des wagnériens avec une exécution musicale inappropriée qui provoqua cet aspect ridicule. En 1889, le Musical Times critiqua un récital sur Tristan und Isolde donné par les chanteurs Pauline Cramer, W. Nicholl et Marguerite Hoare et accompagné par Carl Armbruster :

« M. Carl Armbruster est un excellent musicien et un pianiste compétent, mais si les admirateurs extrémistes du poète-compositeur de Bayreuth trouvent quelque satisfaction à entendre sa partition la plus élaborée réduite au pianoforte, avec des chanteurs de second ordre pour interpréter les personnages principaux du drame musical, ils doivent être des gens aussi faibles que faciles à satisfaire. […] [Pour] ceux qui avaient entendu Tristan und Isoldeà Bayreuth, la représentation était indiciblement douloureuse, tandis que pour d’autres, elle devait être incompréhensible. Ce n’est pas par de tels moyens que la vulgarisation des œuvres de Wagner progressera dans ce pays. » 85

Peut-être en raison de cette critique insistante, la Wagner Society s’associa aux Concerts Richter qui permit à ses membres d’assister gratuitement à une des soirées de la série de concerts. Pourtant les conversaziones et lectures dramatiques se poursuivirent pendant plusieurs années.

La création de The Meister, le journal de la London Wagner Society, qui a commencé à paraître en 1888, a été plus importante, bien que la planification remonte à au moins un an auparavant. Le 13 mars 1887, Heinrich Porges remercia Cyriax de lui avoir donné les listes de membres de l’antenne de Londres et ajouta : « Ce qui plaît le plus, c’est que vous ayez l’intention de fonder un organe en langue anglaise pour défendre les idées et les objectifs de notre maître Richard Wagner. » 86 Le principal problème était de trouver un rédacteur en chef qui entreprendrait la tâche sans être payer. William Ashton Ellis, médecin résidant au Western Dispensary, qui avait été apparemment le premier à se porter volontaire, se retira en juin 1887 en raison des « contraintes insupportables de sa fonction » (il est médecin). 87 Cependant, plutôt que d’abandonner la cause wagnérienne, Ellis démissionna de son poste la même année88et le 14 janvier 1888, Cyriax pouvait fièrement rapporter à Glasenapp : «Ellis est quasi enflammé par son enthousiasme pour le journal; il est responsable de tout; J’ai la plus grande confiance en lui. Il veut baptiser l’enfant «The Meister».»89 La préparation du premier numéro s’engagea, et le 9 mai 1888, Ellis en informa Cyriax:« Si nous avions l’argent, nous devrions sortir environ 500 exemplaires du premier numéro et envoyer 300 gratuit uniquement à certaines  personnes. C’est toujours une « question d’argent »! »90 Même s’il n’y a pas de preuve directe, il n’est pas inconcevable que la« question d’argent» ait été, dans ce cas comme dans d’autres, résolue discrètement et directement par Cyriax.

Ce fut un coup dur pour la Société Wagner lorsque Cyriax décida en 1889 de se retirer de son poste de secrétaire honoraire parce que sa santé – il souffrait d’une maladie cardiaque – avait commencé à lui faire défaut. La lettre de son ami et collègue, membre du comité, Benjamin Mosely, qui tentait de persuader Cyriax de rester un peu plus longtemps, peut-être à titre officieux, semble tout à fait sincère :

« Permettez-moi de dire tout de suite que je considérerai votre démission comme une perte irréparable et je suis convaincu que tous les autres membres de notre organisation partageront cette conviction. Nous devons l’efficacité actuelle de la société non seulement à votre enthousiasme, à votre énergie et à votre efficacité, mais aussi sa pérennité. Il est tout simplement impossible de vous remplacer et ma grande crainte est que lorsque sa direction passera entre d’autres mains, nous pourrions avoir à contempler le spectacle mélancolique de sa décadence ou, pire encore, son emploi dans le but de faire avancer des intérêts commerciaux d’un individu sans scrupules.91 »

Apparemment, Cyriax s’est laissé persuader à poursuivre son travail, peut-être à une échelle moindre, puisque de courts rapports dans le Bayreuther Blätterle nomment parmi les membres du comité en 1890 et de nouveau en 1892.92 À un certain égard, cependant, la prédiction de Mosely s’est avérée trop vraie. Aucun individu sans scrupules ne se présenta pour profiter des wagnériens, mais l’adhésion chuta soudainement à seulement 159 en 1892, à peine la moitié du nombre d’adhérents de trois ans auparavant.93 Dans les années suivantes, la Société se rétablit légèrement, lorsque les effectifs remontèrent à 243 en 1893 et ​​228 en 1894.94 Bien entendu, ces changements ne sont guère liés à la poursuite des activités de Cyriax, ni à leur diminution pour des raisons de santé ou à sa mort prématurée en 1892; c’est plutôt l’atmosphère chez les wagnériens en général qui avait commencé à changer. Avec le succès commercial de la saison de 1888, l’avenir du Festival de Bayreuth semblait être assuré sans les contributions et les abonnements des sociétés Wagner.95 En dehors de Bayreuth, les compositions de Wagner étaient fermement établies sur les scènes en Europe et aux États-Unis – à l’exception de Parsifal, jalousement gardée par la famille Wagner, parvenant à faire aboutir leurs tentatives de renouvellement des droits d’auteur jusqu’en 1913. Une expérience musicale qui était auparavant l’apanage d’une confrérie soudée d’initiés était désormais accessible au grand public des mélomanes, et quant aux principes de composition de Wagner fortement établis parmi une jeune génération d’artistes, le côté radical de sa musique se faisait sentir moins vivement que les décennies précédentes. Dans le même temps, le Cercle de Bayreuth qui se rassemblait autour de Cosima sombra dans un isolement sectaire que tous les amateurs de musique de Wagner n’étaient pas prêts à partager.

Il est intéressant de spéculer sur la manière dont Cyriax aurait réagi à la radicalisation idéologique de Bayreuth qui s’est affirmée dans les années 1890. Bien que ses amis aient été au courant de l’état précaire de sa santé, ce fut un choc lorsqu’il mourut le 29 septembre 1892 en prenant les eaux de la station thermale suédoise de Sänna. Les archives de Bayreuth ne contiennent aucune réponse personnelle de la famille Wagner à cette occasion, mais le Bayreuther Blättera publié une courte notice nécrologique, commémorant sa mémoire avec celle de Joseph Standhartner, le distinguant de manière typiquement germanocentrique comme « une apparition isolée du Gemüth allemand et une compréhension des arts parmi les grands marchands de la métropole britannique ».96 Cyrill Kistler et William Ashton Ellis écrivirent des articles plus consistants pour leurs revues respectives, le Tagesfragen et The Meister. Alors que Kistler raconte plusieurs anecdotes montrant l’humour de Cyriax, décrivant les réactions d’amis allemands comme Porges et Levi et publie une liste de ses compositions, 97 Ellis se souvient de leur dernière rencontre à Bayreuth, loue le caractère aimable et modeste de Cyriax et met un accent particulier sur son travail pour la London Wagner Society :

« C’est lui, parmi la poignée de fondateurs de cette antenne de Londres, qui, par son enthousiasme contagieux, a amené le plus grand nombre de membres dans nos rangs; lui qui, par ses sages conseils et son sens pratique, sans parler du soutien financier, a fait avancer les choses lorsque la Société en était à ses débuts; et lui qui, par son long service en tant que secrétaire honoraire et Trésorier honoraire, s’est à la fois joint à notre petit groupe et fait sentir son influence. »98

 Il propose alors d’honorer la mémoire de Cyriax comme il aurait lui-même souhaité qu’on se souvienne de lui: en soutenant le musée Wagner en difficulté à Vienne, la mise en place d’une bourse pour un jeune artiste qui irait se former à Bayreuth et – étrangement – avec des abonnements pour la représentation des drames musicaux de Kistler. Compte tenu de la diminution de l’activité de la London Wagner Society, il est peu probable qu’un de ces projets ait jamais été mis en place. Anna Cyriax a maintenu la relation cordiale avec des amis tels que Richter et Porges (on ne sait pas si les contacts avec la famille Wagner ont duré maintenant que leur but pratique avait cessé d’exister), est restée membre de la London Wagner Society et y a été rejointe en 1894 par son fils aîné Rudolf. 99

Le point commun de toutes les réactions à la mort de Cyriax est un vif sentiment de perte d’une génération qui avait personnellement connu Wagner, qui avait soutenu sa musique à l’époque pionnière où il était encore considéré comme un étranger par l’establishment musical, et qui avait contribué à gagner la reconnaissance internationale. Cyriax est également un excellent exemple du potentiel de l’art à transgresser les frontières nationales, bien que loin d’être unique : les biographies de collègues wagnériens tels que Carl Armbruster, Edward Dannreuther ou Benjamin Mosely, qui ont uni leurs efforts pour amener l’art de Wagner à Londres pourrait offrir davantage d’occasions d’étudier la nature interculturelle et internationale du mouvement wagnérien en Angleterre. Ce qui le distingue parmi ses amis dévoués à la cause commune, c’est la relation étroite, quoique légèrement unilatérale, avec Wagner qu’il entretenait depuis plusieurs années, et le caractère attachant des souvenirs de Cyriax qui offrent une perspective inhabituelle sur les dernières années d’un homme excentrique , égocentrique et amusant dont Cyriax admirait tant la musique.

B.E./G.H.

Notes :
1 Une version abrégée de cet article a été présentée par Barbara Eichner à la conférence British Wagnerism in the Fin de Siècle at St Peter’s College, Oxford, le 30 juin 2004.
2 Hans von Wolzogen, «Ausserhalb der Vereine», Bayreuther Blätter, xviii (1895), 86: «Man sah viel Angelsachsen im letzten Sommer auf dem Festspielhügel. Weiss nicht, warum man sich «draussen» einbildete, das müssten lauter Figuren aus Witzblättern und komischen Balletten gewesen sein […] Sie sprachen allerdings englisch, das ist ein Geburtsfehler; aber sonst benahmen sie sich im Allgemeinen wie gebildete Leute, die von ferneher zu den Bayreuther Festspielen gekommen sind.» Sauf indication contraire, les traductions sont de Barbara Eichner.
Un dossier manuscrit de Julius Cyriax, Skizze meines persönlichen Verkehrs mit Richard Wagner1877–1887, écrit en novembre 1887 et dédié à ses enfants, comprend plusieurs lettres autographes de Richard et Cosima Wagner et est toujours en possession de la famille. La correspondance, qui comprend plus de 400 documents, a depuis 1999 trouvé sa place dans le Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth où elle est conservée sous le numéro SH 233. Les lettres de Glasenapp sont particulièrement intéressantes puisque les lettres de Cyriax (HS 213) et de Glasenapp permettent une reconstitution de toute la correspondance.
Cyriax, Skizze, 3–4.
Par exemple, le 24 septembre 1882, il avoua à Glasenapp: «Ich habe heute früh den 2ten Akt des Parsifal gespielt – was Anderes will ich gar nicht hören – und mich so recht tief in unser einzig schönes Theater zurückversetzt – eine wunderbare Abwechslung von meinem City Alltag trotzdem [?] Ich mit ganzer Seele Kaufmann bin und am Handel meine Freude habe.» Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 218 A c XVII-26.
6 «Brief Summary of Country News», Musical Times and Singing Class Circular, XIV (1870), 507.
Lettre de la direction du théâtre de la Cour royale bavaroise, 1er octobre 1870, possédée par la famille: «Was die Musik anlangt, so dürfte sie mehr für ein Volkstheater passen, doch müßte sich dann der Componist jedenfalls entschließen, Kürzungen vorzunehmen.
Voir William Ashton Ellis, article sans titre dans The Meister, v, no. 17 (février 1892), 32, et «Cyrill Kistler et« Kunihild »», The Meister, vi, no. 22 (mai 1893), 64–79.
Voir Cyrill Kistler, «Julius Cyriax», Tagesfragen: Organ für Musiker, Musikfreunde und Freunde der Wahrheit, ix / 9–10 (novembre-décembre 1892), 130–34.
10 Voir la lettre de Heinrich Porges à Cyriax, 30 mai 1892, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 233 / XVII-78.
11 Anna Cyriax, My Recollections of the Cyriax Family, 8. Anna Cyriax a dicté ces souvenirs à son plus jeune fils Richard en 1917.
12 Papier en-tête que Cyriax a utilisé pour une lettre à Glasenapp le 16 août 1882, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 218 A c XVII-24.
13 Anna Cyriax, My Recollections, p. 12.
14 Cyriax, Skizze, 5: «Meine musikalische Thätigkeit beschränkte sich auf Clavier-Soli und Begleitungen von Songs & ballads miserabelster Art in parties [sic] und auf Mitwirkung (als Begleiter, 2ter Tenorist und«Composant»! heiterer Gelegenheits-Stücke) im Islingtoner Männergesangverein und im «Liederkranz» ».
15 Article «London», Meyers Konversationslexikon, 4e éd., 16 vols. (Leipzig, 1885–9), x.902.
16 Pour le premier voir Anne Dzamba Sessa, Richard Wagner and the English(Cranbury, NJ, and London, 1979), 29. Pour une critique contemporaine positive du second, voir «Italian Opera, Drury Lane», Musical Times and Singing Class Circular, XIV (1870), 556–8.
17 Cyriax, Skizze, 8–9.
18 Ibid.,9-10: «Ich gestehe, daß es mich fast peinlich berührte, meinen Helden, den Jupiter tonans, dessen gedruckte Worte Alles über den Haufen warfen, sächsisch wie ich armer Wurm selbst sprach, reden zu hören. »
19 Dans une lettre adressée à Glasenapp (Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 218 A c XVII- 35; 4 mars 1884), il raconte avec fierté qu’après chaque conversation avec Wagner, il enregistrait fidèlement les paroles de Wagner.
20 Cyriax, Skizze, 13.
21 Glasenapp consacre un chapitre entier au «Festival de Londres». Voir Carl F. Glasenapp, Das Leben Richard Wagners, rév. 3e éd., 6 vol. (Leipzig, 1894–1911), v.336–60.
22 Cyriax, Skizze, 16.
23 Ibid., 19: «Was des Meisters Dirigiren betraf, so klagten die Orchester-Mitglieder allgemein, daß er es ihnen, mehr noch in den Aufführungen als in den Proben, sehr schwer mache, zu spielen, da er Fast nie einen Einsatz angab, woran die Künstler hier gewöhnt sind und was Richter so ausnehmend versteht. Der Meister erwartete aber vom Orchestre vollständiges Beherrschen des Materials, dem er nur von Zeit zu Zeit seine individuelle Charakterisierung aufzuprägen brauchte; das konnte ein aus allen Gegenden zusammen getriebenes Orchestre, dem die meisten Werke ganz fremd waren, absolut nicht leisten. Er legte oft den Taktstock hin und dirigirte gar nicht, ließ das Orchestre einfach haltlos weitertreiben, wodurch der Vortrag sehr unsicher wurde. Einige Aufführungen litten besonders unter Wagners System, besonders der 1ste Akt des fliegenden Holländers, nach dessen Schluß der Meister selbst zu uns sagte: “Da lud jeder Takt zum Umschmeissen ein”. »
24 Voir Christopher Fifield, True Artist and True Friend: A Biography of Hans Richter(Oxford, 1993), 125.
25 Voir Edward Dannreuther, «Wagner», A Dictionary of Music and Musicians, éd. George Grove, 4 vol. (Londres, 1878–90), iv.364.
26 Cyriax écrivit plus tard un article sur cet événement, «Erinnerung an R. Wagner’s 64. Geburtstag», pour la revue wagnérienne Parsifal: Halbmonatsschrift zum Zwecke der Erreichung der Richard Wagner’schen Kunst-Ideale, i / 14 (1er septembre 1884) 4. Dans ses souvenirs, il raconte que la présentation des photographies, suggérée par Cosima, n’a pas été sans problèmes: lorsque Harrer a acheté les images et a envoyé un prospectus aux chanteurs, leur demandant une contribution, tout le monde a été offensé par son action audacieuse; trois jours avant le banquet, seulement 4 £ sur le total de 60 £ avaient été payés. Cyriax a sauvé la journée en demandant le soutien d’amis anglais et d’Allemands qui n’étaient pas membres de la Choral Society. Voir Cyriax,Skizze, 23.
27 Ibid., 22 mai 1877. Glasenapp, à qui Cyriax avait prêté ses lettres Wagner en 1884 et 1886, en publia une version légèrement différente dans Richard Wagner, Gedichte, éd. Carl F. Glasenapp (Berlin, 1905), 128: «O Cyriax! Ô Cyriax! / Du meines Lebens letzte Ax ’! / Um Dich soll ich mich stets nun drehen? / Seh ’ich die Reisetasche steh’n / allimmerdar auf Reisen geh’n? / Vom Windhund werd ’ich da zum Dachs.’
28 Cyriax date la visite au 21 tandis que le journal de Cosima le date au 20 juin: «Conduis avec nos amis à la Waldhütte. L’ami C [yriax] dit que R. a l’air très bien, et pendant notre promenade, il se comporte effectivement comme s’il était le plus jeune d’entre nous. La gaieté de R. l’étonne. Long repos dans les bois, R. parle du bouddhisme, le compare au christianisme. (Il rit plus tard, s’exclamant: «Tat tvam asini!»).» Cosima Wagner: Die Tagebücher 1869–1883, éd. Martin Gregor-Dellin et Dietrich Mack, 2 vol. (Munich, 1976–7) [CT], 20 juin 1878. Cyriax ne mentionne pas du tout le bouddhisme ou le christianisme, mais se souvient que Wagner plaisantait à propos de Lord Beaconsfield et Paul Lindau. Voir Cyriax, Skizze, p. 39–40.
29 Cyriax, Skizze, 33–4.
30 Ibid., 35: «Gegen Freunde, gegen Anna & mich, war er von einer herzbestrickenden Güte & Liebenswürdigkeit. Ich habe ihn nur in bester Laune & Frische gekannt, aufgelegt zu Scherz, selbst witzelnd, sehr empfänglich für eine gute Anekdote (besonders sächsische) [,] beinahe zu dankbar für jeden Beweis von Anhänke von Anchsische etwas Neues hören oder lernen konnte, erfüllt; donc z.B. über unsere überseeischen Verbindungen, neue Heilmittel, Steamer Linien etc. »
31 Cyriax, Skizze, 61. Voir aussi CT, 17 juillet 1879.
32 Cyriax, Skizze, 77: «[Wagner] hatte sich nach dem Tanze [mit Blandine] auf den Stuhl gesetzt, ruhig vor sich hinsehend; als die Rumpelei in den Bässen losging, die den Donner imitirt, ahmte er die Gesten eines Menschen nach der Leibweh hat und bei dem es im Magen Rumpelt; Die grollenden Baßfiguren paßte er Takt für Takt, Note für Note seinen immer ängstlicher werdenden Bewegungen an, er wurde scheinbar übler & übler & beim Eintritt des Fortissimo verkörperte er die Explosion so lebhaft, so unendoromisch treßin Lachen. »Le journal de Cosima conserve les commentaires sérieux de Wagner, mais pas le jeu; cf. CT, 13 août 1881.
33 Cyriax, Skizze, 96–7.
34 Glasenapp, Das Leben Richard Wagners(note 21), vi.655.
35 Dannreuther avait acheté les cloches du Graal de Parsifal, qui se sont avérées être des fausses, à Farmer & Rogers à Regent Street (selon Cyriax «un magasin de détritus à la mode»), tandis que Cyriax aurait connu un collègue avec des relations avec le Japon qui avait une sélection de plus de 2000 gongs. Voir Cyriax, Skizze, 90.
36 Voir CT, 10 octobre 1878. Voir également Dannreuther, «Wagner» (note 25), 351: «L’exactitude de la mémoire de Wagner pour les localités a été indécise quand il a erré dans Soho avec l’écrivain en 1877 et n’a pas trouvé son ancienne demeure. M. J. Cyriax, qui a retracé avec zèle chaque étape de Wagner à Londres, 1839, 1855 et 1877, déclare que les locaux ont été démolis ». De plus amples informations, avec des gravures et des photographies, peuvent être trouvées dans l’ouvrage de Stewart Spencer, « Les adresses de Wagner à Londres »,Wagner, xxvi (2005), 33–51.
37 Voir Cyriax, Skizze, p. 50–52.
38 Voir Musical Times, xlvii (1906), 340, et William Ashton Ellis, Life of Richard Wagner, 6 vol. (Londres, 1900–08), vi.428–9.
39 Cyriax, Skizze, 29-30.
40 Ibid., 42.
41 Les lettres de Cosima se trouvent dans le Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth sous le numéro SH 233 / I, les lettres d’Eva sous le numéro SH 233 / II.
42 Wagner à Cyriax, 26 novembre 1879: «Dieses Papier ist für ganz Wahnfried zum Gesetz erhoben». Cyriax a prudemment supprimé cet article des exemplaires publiés aujourd’hui dans le Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth.
43 Cyriax, Skizze, 56 ans: «ein entzückendes Kunstwerk, würdig im Componir-Zimmer des Meisters zu liegen, als er Klingsor’s Zaubergarten instrumentirte!»
44 Wagner à Cyriax, 2 mars 1879: «Sie denken, wenn Sie nur in Coeln das Rheingold sehen dann schmeichelt mir das schon! Ob ich aber noch Rosenöl habe danach fragen Sie nicht! »
45 Wagner à Cyriax, 18 mars 1879: «Jetzt weiss ich, dass man den unvergleichlich zarten Duft dieses Aromas nicht durch heftige Anwendung gewinnt: d.h. ich mische das Oel nicht mehr z.B. mit Eau de Cologne, États-Unis auch räuchere ich nicht mehr damit, weil diess Alles sogleich die Wirkung davon aufhebt. […] Aber: – dass man mit einem Tropfen Gott weiss welche betäubende Effecte bewirken sollte u.s.w. das sind reine Fabeln. »
46 Cyriax, Skizze, 30 ans: «Die Zahlung für das Bestellte erfolgte auf das Pünktlichste; überhaupt war [en] der Meister & seine Familie während der ganzen folgenden 5 Jahre im bezahlen [sic] von peinlicher Genauigkeit. »
47 Eva Wagner à Cyriax, 16 juin 1889, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 233 / II-14: «Eigentlich müßten wir uns geniren Sie um Gefälligkeiten zu bitten, da Sie uns immer noch dazu Geschenke machen! »
48 Wagner à Cyriax, 18 mars 1879: «Sie wissen, kein König u. Kaiser bekommt für sein Album einen Autographen von mir. Wer mir aber wohlthut, dem schreibe ich ganze Seiten voll Unsinn! »
49 Cyriax à Glasenapp, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 218 A c XVII-34, 23 février 1884: «  Daß Wagner mir solche Briefe schreiben konnte, ist mir heute noch ein Wunder und ich brauche Ihnen nicht zu sagen, wie uns bei deren Durchlesung, besonders von Brief 6, 10, 11 & 12 das Herz in den Hals schlägt.» Selon les exemplaires aujourd’hui à Bayreuth, Cyriax comptait comme lettres plusieurs petites missives et le poème de Cyriax; il se réfère donc aux lettres numérotées 5, 7, 8 et 9 de la présente édition.
50 Eva Richardis est née le 21 novembre 1878. Les autres enfants de Cyriax étaient Rudolf Carl (5 décembre 1872 – 28 décembre 1948), Edgar Ferdinand (28 février 1874 – 19 février 1955), Anna Antonie Brünnhilde (Hilda) ( 31 Août 1876 – 3 décembre 1949), Antonie Julia (Tony) (20 janvier 1882 – 14 juillet 1926) et Richard Julius Cyriax (14 août 1885 – 16 janvier 1967). Rudolf et Edgar ont accompagné leurs parents lors de leur première visite à Wahnfried; la naissance de Hilda en 1876 et de Tony en 1882 a empêché Anna Cyriax d’assister aux festivals de Bayreuth du vivant de Wagner.
51 Wagner à Cyriax, 3 juin 1879. Cosima évoque cette lettre dans son journal, mais en donne une formulation légèrement différente: «daß Richardis Cyriax blüh und wachs» («que Richardis Cyriax puisse fleurir et cirer»). Voir CT, 3 juin 1879.
52 Voir CT, 11 février 1883. Selon la tradition familiale, le thème du scherzo était en fait écrit par Cyriax, mais le Wagner Werk-Verzeichnisconfirme qu’il s’agissait bien de l’écriture de Wagner. Voir John Deathridge, Martin Geck et Egon Voss, Wagner Werk-Verzeichnis: Verzeichnis der musikalischen Werke Richard Wagners und ihrer Quellen[WWV] (Mainz, 1986), 522. L’ordre précis des événements est remis en cause dans David Cormack, «Faithful, all too Faithful » sur http://users.belgacom.net/wagnerlibrary/articles/ wlar0250.htm (consulté le 6 février 2007).
53 Voir Sessa, Richard Wagner and the English, p. 28–9. Voir aussi Edward Dannreuther, Richard Wagner: His Tendencies and Theories(Londres, 1873), 103–4. L’article de Grove «Dannreuther» (A Dictionary of Music and Musicians,i.430) date de 1872.
54 Francis Hueffer, Half a Century of Music in England, 1837–1887: Essays towards a History(Londres, 1889), 68–9.
55 Cyriax, Skizze, p. 6.
56 Allgemeiner Richard Wagner-Verein,Bayreuther Blätter: Dreizehn Jahrgänge1878–1890 (Bayreuth, 1891), 4–5.
57 Cyriax au Verwaltungsrat, 20 [?] Mars 1878, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 233 / XXII-1.
58 Cyriax à Glasenapp, 26 janvier 1884, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 218 A c XVII-32: «Daß dem Meister der Verein ein Klotz am Bein war, verstehe ich recht wohl aber legal war es nicht uns noch einmal zu massakriren. Die 1000 Mark Leute hatten doch wie versprochen gewisse Rechte behalten sollen, als ich aber 1882 für meine Billete schrieb, mußte ich wie jeder Andere dafür bezahlen. Ich habe also, statt der versprochenen Sonderstellung nichts gehabt wie 5 Vorstellungen die mich jede 200 Mark kostete. »
59 «Generalversammlung des Allgemeinen Richard-Wagner-Vereins», Parsifal, i / 12 (1er août 1884), 4–5.
60 Cyriax a exprimé sa colère à propos de la décision de l’ARWV dans une lettre non datée destinée à Glasenapp, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 218A c XVII-39.
61 Cyriax à Glasenapp, 26 janvier 1884, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 218 A c XVII-32.
62 «Aus Zeitungen in den Gedenktagen», Bayreuther Blätter, vii (1884), 96; «Vereinsnachrichten aus der Redaktion», ibid., 163.
63 Monthly Musical Record, XIV (1884), 164, 187.
64 «Nachrichten aus den Vereinen», Bayreuther Blätter, vii (1884), 284.
65 Cyriax à Glasenapp, 24 mars 1884, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 218 A c XVII-35: «Der zu errichtende Zweigverein hier ist in den besten Händen. Mein Freund Mosely war, was ich nicht wußte, zum Vertreter ernannt worden & scheint die große Sache mit aller Energie anzufassen. Er hatte in der Times eine Annonce erlassen und – (unter leider sehr geringem allgemeinem Interesse – wer sieht auch eine Annonce unter tausenden in der Times! -) sofort einen Brief & Besuch vom Earl of Dysart erhalten, einem 25jährigen Wagner-Enthusiasten, dessen Eifer Alles schlägt, était la guerre de je. Er ist momentan dabei, ein hocharistokratisches (für hier wichtig) Comité zu bilden. Ich kann da nicht beitreten, werde aber im Stillen das Meinige thun. »
66 Heinrich Porges à Cyriax, 16 mars 1884, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 233 / XVII-74: «Im Auftrage der Centralleitung habe ich Ihnen mitzutheilen, daß uns Ihre Zuschrift mit großer Freude erfüllt chapeau. Es wäre von der allergrößten Bedeutung für unsere Bestrebungen, wenn es gelänge eben in London einen Centralpunkt für die Theilnahme an den Bayreuther Festspielen zu schaffen. »
67 Monthly Musical Record, XV (1885), 142.
68 Les mémoires de Ferdinand Praeger, Wagner as I Knew him(Londres, 1892) ont été généralement attaqués parce que l’auteur a exagéré sa relation avec Wagner en modifiant les lettres et les événements. Les éditeurs, Breitkopf & Härtel, ont retiré l’édition originale allemande en 1894, et le comte de Dysart, qui avait parrainé le livre de Praeger, se sentit obligé de démissionner de sa présidence de la Wagner Society. Voir «Notes», The Meister, viii, no. 29 (février 1895), 71.
69 D’après http://www.measuringworth.com/calculators/ukcompare/result (consulté le 26 février 2007).
70 Dowdeswell à Cyriax, 10 décembre 1886, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 233 / XVI-1.
71 E.F.J., «Notes», The Meister, i, no. 2 (mai 1888), 73–5. Cyriax a non seulement salué les mérites artistiques incomparables de l’expérience du festival, mais a également donné des suggestions pratiques pour se rendre à Bayreuth à moindre coût et confortablement.
72 Armbruster à Cyriax, 9 mars 1887, Nationalarchiv der Richard-Wagner Stiftung Bayreuth HS 233 / XVI-24: «Nehmen Sie Sich [sic] in Acht mit den Circularen. – Bei der Anwerbung von neuen Mitgliedern kommt Alles auf persönliches Bestimmen an. – Ein Circular wird wenigstens in den Papierkorb geworfen: hat aber Jemand einmal eine Circularanfrage ignorirt oder abgeschlagen so ist er später auch persönlichen Anfragen gegenüber weit schwieriger! – Ich bürge Ihnen für eine Masse Musiker und Theaterleute, weil ich sie alle persönlich kenne und persönlich werben kann, aber mit Circularen wird Alles verdorben. – Ebenso geht’s bei vielen unserer Club-Mitglieder! Mancher derselben (ich kann Ihnen gleich ein Dutzend nennen) kann mir’s persönlich nicht gut refüsiren, wird es aber einem geschriebenen oder gedruckten Circular gegenüber unfehlbar thun! Aussi verderben Sie nicht das Feld mit den Circularen bei den Musikern & acteurs & actrices & Deutschen Verein. […] Herkomer ist ein Beispiel eines durch circulaire resp. Bref verdorbenen Wagnerianers. Ich wette Ihnen était Sie wollen daß er mir’s nicht abschlägt wenn ich ihn um die 5 £. Pennsylvanie. bitte. […] – Tadema, Sandys, Millaix, Woodville wären mir auch sicher unter den Malern. »
73 «Vereinsnachrichten», Bayreuther Blätter, ix (1886), 146, et «Geschäftlicher Theil», ibid., 306.
74 Mitglieder-Verzeichniss des Allgemeinen Richard Wagner-Vereins für das Jahr 1888[Bayreuth, 1889], 26–8.
75 Mitglieder-Verzeichniss des Allgemeinen Richard Wagner-Vereins für das Jahr 1889[Bayreuth, 1890], 31–3.
76 «Einnahmen an Mitglieder-Beiträgen und Abonnements-Beiträgen der Bayreuther Blätter», Bayreuther Blätter, ix (1886), 308–13.
77 «Einnahmen an Mitglieder-Beiträgen und Abonnements der Bayreuther Blätter [zum 31. Mai 1888]», Bayreuther Blätter, xi (1888), 332. Les 975 marks 23 pf. supplémentaires étaient des contributions volontaires des Wagnériens de Londres.
78 Mitglieder-Verzeichniss des Allgemeinen Richard Wagner-Vereins für das Jahr 1888(note 74), 26–8.
79 Pour la vie et les activités de William Ashton Ellis, voir Cormack, «Faithful, all too Faithful» (note 52).
80 «Vereinsnachrichten», Bayreuther Blätter, x (1887), 127.
81 Bayreuther Taschenbuch mit Kalendarium für das Jahr 1888, éd. Ferdinand Graf Sporck et Oskar Merz (Munich et Leipzig, [1887]), 152.
82 Musical Times, xxviii (1887), 236.
83 Ibid., 483.
84 Hans Richter à Cyriax, 29 juin 1887, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 233 / XIV-7.
85  Musical Times, xxx (1889), 168.
86 Porges à Cyriax, 13 mars 1887, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 233 / XVII-75: «Als höchst erfreulich erscheint die Kundgebung der Absicht ein Organ in englischer Sprache zu begründen, welches die Ideen und Ziele unseres Meisters Richard Wagner vertreten soll.»
87 Cyriax à Glasenapp, 2 juillet 1887, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 218 A c XVII-53: «Unser Editor, Ashton Ellis […] hat mit unleidlichen [?] Äußerlichkeiten seiner Stellung (er ist Arzt) kämpfend, das Amt in unsere Hände zurückgelegt. »
88 Voir Cormack, «Fidèle, trop fidèle» (note 52).
89 Cyriax à Glasenapp, 14 janvier 1888, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 218 A c XVII-60: «Ellis ist fast Feuer [?] & Flamme für das Journal; er ist für Alles veranwortlich; ich habe das beste Vertrauen dans ihn. Er will das Kind: « The Meister » taufen.  »
90 William Ashton Ellis à Cyriax, 9 mai 1888, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 233 / XVI-30.
91 Mosely à Cyriax, 17 juin 1889, Nationalarchiv der Richard-Wagner-Stiftung Bayreuth HS 233 / XVI-37.
92 «Veränderungen in Vereinen und Vertretungen», Bayreuther Blätter, xiii (1890), 102, et «Veränderungen in Zweigvereinen und Ortsvertretungen», Bayreuther Blätter, xv, Beilage au no. 4 (avril 1892), 1.
93 Ibid.
94  «Veränderungen in Zweigvereinen und Ortsvertretungen», Bayreuther Blätter, xvi (1893), 135, et Mitgliederverzeichnis des Allgemeinen Richard Wagner-Vereins für das Jahr 1894 [Bayreuth, 1894], 20–22.
95  Voir Frederic Spotts, Bayreuth : A History of the Wagner Festival (New Haven et Londres, 1994), 100ff.
96 «Joseph Standhartner – Julius Cyriax †», Bayreuther Blätter, xv (1892), 462: «unter den grossen Kaufherren der britischen Weltstadt eine vereinzelte Erscheinung deutschen Gemüthes und Kunstsinnes».
97 Kistler, «Julius Cyriax», 130–34.
98 William Ashton Ellis, «In Honor of Julius Cyriax», The Meister, v, no. 20 (novembre 1892), 99–104, esp. 103.
99 Mitgliederverzeichnis des Allgemeinen Richard Wagner-Vereins für das Jahr 1894(note 94), 21.

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