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Les salles d’expositions permanentes

Section I

UNE VIE

Section II

DANS L’INTIMITÉ DE RICHARD WAGNER

Section III

UNE OEUVRE

Section IV

L’AVENTURE DE BAYREUTH

Section V

ILS ONT CRÉÉ WAGNER ET LE MYTHE WAGNÉRIEN

Section VI

 LIEUX DE VIE, LIEUX D’INSPIRATION

Section VII

WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

Section VIII

 WAGNER APRÈS WAGNER
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WAGNER POUR LA POSTÉRITÉ

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 WAGNER APRÈS WAGNER
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VENISE

Wagner et Venise, Venise et Wagner …
Comme une évidence résonnent ensemble les noms du plus célèbre compositeur allemand et de la ville italienne la plus romantique qui soit…
Réminiscences de Tristan avec en fond le chant plaintif des gondoliers, et en point d’orgue, la mort du maître, sur les notes de L’Elégie, WWV93, quelques-unes des toutes dernières notes de musique composées par Wagner.

MVRW Richard Wagner vers 1860
Richard Wagner dans les années 1855-60, au moment de son premier séjour « forcé » à Venise.
Premier séjour (1858-1859)

Après le scandale déclenché par Minna à l’ « Asyl” feutré, demeure qui jouxtait la Villa Wesendonck à Zurich, Richard Wagner, alors en pleine composition de Tristan n’a d’autre choix que de quitter la Suisse et s’installer dans une ville… qui accepterait l’accueillir.

Août 1858 : un mandat d’arrêt dirigé contre lui à Dresde l’empêche en effet de revenir s’installer en Allemagne où il reste proscrit. C’est par le train que Wagner, accompagné de son ami et élève Karl Ritter, rejoint le Grand Canal, en passant par Genève. Le 29 août, il séjourne à l’hôtel Danieli avant de prendre ses quartiers au sein du Palazzo Giustiniani Brandolini d’Adda où il sera seul locataire dès le lendemain.

Dès son arrivée à Venise, Wagner se consacre à la composition de son Tristan : Tristan-Venise, le compositeur pourrait-il trouver ailleurs meilleure correspondance ?

Le 3 septembre, le compositeur note dans son Journal à Mathilde : “Ici (à Venise) s’achèvera le Tristan – malgré tous les tourments du monde. Et avec lui, si j’y suis autorisé, je reviendrai alors pour te voir, te consoler, te rendre heureuse.”

Fortement imprégné par l’atmosphère singulière – voire morbide – dégagée par la ville Sérénissime, Wagner est sensible au chant plaintif des gondoliers qui lui inspire ultérieurement la mélodie du pâtre au troisième acte de Tristan.

Dans la ville italienne dont “le climat et l’air sont divins”, cerné par le calme, Wagner achève de composer l’acte II de Tristan. Il travaille d’arrache-pied, tous les jours, avec une discipline de fer qu’il s’impose comme s’il voulait expier une faute. Ainsi en rend-il compte à Minna : “Je travaille toute la journée jusqu’à quatre heures(…) Puis, je traverse le canal, vais place Saint-Marc où, vers cinq heures, je retrouve Karl (Ritter) au restaurant. Après le repas, nous allons en gondole au jardin public.” (Lettre à Minna, 28 septembre 1858)

MVRW-Cafe-Florian
L’un des salons intérieurs du Café Florian, sur la Place Saint-Marc, où Wagner avait ses habitudes.
Wagner affectionne tout autant les glaces au café Lavena qu’il a ses habitudes au célèbre café Florian, non loin de là. Il éprouve une admiration pour les deux grands lions de l’Arsenal qu’il surnomme Fasolt et Fafner, clin d’oeil aux deux géants de La Tétralogie.

L’hiver 1858 est ainsi marqué par un travail acharné consacré au deuxième acte de Tristan dont Wagner ébauche l’orchestration début mars 1859. Dans le même temps, il approfondit sa lecture de Schopenhauer et multiplie les démarches en vue de sa réhabilitation en Allemagne, le tout à nouveau sur fond de problèmes financiers qui accablent le compositeur. Or la ville italienne, alors sous domination autrichienne, risque de tomber entre les mains des troupes de Garibaldi. Les forces de police voient d’un mauvais œil celui qui, en plus d’être proscrit d’Allemagne pour son passé d’agitateur anarchiste sur les barricades de Dresde, accumule les dettes. Malgré ses efforts, Wagner se heurte à une fin de non-recevoir, dont il est informé par une lettre reçue le 10 mars 1859 de von Lüttichau : non, il n’est pas question d’armistice, encore moins est-il le bienvenu en Allemagne ! Fin des pourparlers.

Et fin mars 1859, le compositeur est aimablement prié de quitter Venise. Et Wagner d’obtempérer le 29 mars avec dans ses cahiers un deuxième de Tristan largement orchestré ainsi que des ébauches pour l’acte III.

Malgré ses promesses, ce ne sera pas à Venise que Tristan sera achevé.

Différents séjours : 1861 et 1876

Si Wagner est parti de Venise avec l’ambition de conquérir la capitale de la culture qu’est Paris avec son Tannhäuser, il revient à la Sérénissime dépité et furieux après l’échec cuisant de son œuvre sur la scène parisienne.

C’est sur l’invitation d’Otto et Mathilde Wesendonck que Wagner se rend une nouvelle fois à Venise. Mais Tristan a été achevé avant ce retour, devant les promesses du Grand-Duc de Bade de faire représenter l’œuvre sur la scène du grand théâtre de Karlsruhe. Tentative avortée. “L’affaire Tristan traîne en longueur”. Et pour cause : trouver des chanteurs capables de survivre à la création d’une telle aventure musicale relève de la gageure !

Entre l’échec de Tannhäuser et “l’affaire Tristan” qui ne trouve pas de chanteurs capables de créer l’ouvrage, Wagner est dépité. Le compositeur, qui a refusé poliment la proposition du couple Wesendonck – que Wagner note trouver “en parfaite harmonie” – de partager ses appartements (chat échaudé craint l’eau froide !) et loge à l’Hôtel Danieli, ne trouve de réconfort que dans la galerie de l’Académie, lorsqu’il lève la tête avec admiration sur le Tableau du Titien qui sera sans aucun doute à la base de son inspiration pour Les Maîtres chanteurs de Nuremberg, la fameuse Assomption (1518), exposée aujourd’hui au-dessus du maître-autel de la basilique des Frari.

Le 11 novembre 1861, Wagner décide de quitter Venise. D’autres aventures, dont la promesse de faire représenter Tristan à l’Opéra de Vienne, l’y appellent.

Près de quinze années s’écoulent sans que Wagner ne revoie le majestueux spectacle du Grand Canal. En effet, il faut attendre 1876 pour que le compositeur remette pied sur les quais de la Sérénissime. Et durant ces quinze ans, que d’aventures ont rempli le cœur et la vie de Richard Wagner : sa rencontre avec son protecteur le roi Louis II de Bavière, ses amours avec Cosima, la fille de son ami Franz Liszt, la construction du Palais des Festivals de Bayreuth, l’écrin majestueux qui accueille sa première édition lors de l’été 1876.

Quinze années incroyablement riches en événements, fertiles en œuvre et projets, dont Wagner sort épuisé : l’état de santé du compositeur qui s’est donné corps et âme pour faire représenter sur scène son oeuvre d’art totale s’est largement dégradé. Sans compter les incessants et éprouvants soucis financiers : le premier Festival de Bayreuth de 1876 s’achève en effet sur la note amère d’un important déficit, qui pourrait compromettre les éditions futures que, déjà, avant même la première, Wagner avait en tête.

Rien de mieux alors qu’un voyage en Italie en cet hiver 1876-77 pour échapper à la rigueur des hivers allemands. Et, afin de rejoindre Sorrente où le compositeur souhaite passer plus d’un mois avec son épouse Cosima, un bref séjour à Venise, du 19 au 26 septembre 1876. Le couple séjourne une petite semaine à l’Hôtel de l’Europe. C’est là que le compositeur reçoit le premier décompte du festival. Ce fantôme du manque d’argent lui rappelle-t-il sa fuite organisée en 1859 alors qu’il n’était qu’un maigre compositeur parmi tant d’autres, dans cette même Sérénissime ? Le couple quitte rapidement cette terre décidément hostile. Leur voyage les mène ensuite à Bologne, Naples puis enfin Sorrente et le soleil apaisant de cette province d’Italie du Sud accomplit son ouvrage.

Ultime séjour (1882-1883)

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Le Palazzo Vendramin Calergi, fleuron de l’architecture vénitienne du XVIème siècle où Richard Wagner séjourna lors de l’hiver 1882-1883 et où il passa les derniers instants de sa vie.
Le 16 septembre 1882, après la deuxième édition du Festival de Bayreuth, le compositeur arrive à Venise pour son dernier voyage. Il est accompagné de toute sa famille, Cosima et les enfants, et loue l’immense mezzanine (dix-huit pièces) du Palazzo Vendramin Calergi, fleuron de l’architecture civile vénitienne du XVIème siècle, pour lequel il signe un bail de trois ans avec le comte Bardi.

Les représentations de Parsifal au Festival de Bayreuth ont achevé de faire acquérir au Maître une notoriété qui dépasse largement les seules frontières d’Allemagne. Et cette fois, le Festival se solde par un bilan financier positif : les bénéfices avoisinent les 150.000 marks. Fier de ce succès, Wagner entame la rédaction d’un ouvrage rhétorique, Le Festival scénique sacré à Bayreuth en 1882. Ce sera l’un de ces derniers ouvrages concernant l’interprétation vocale et la mise en scène.

Mais Richard Wagner est très affaibli. Ce n’est pas Tristan comme on aurait pu le croire mais Parsifal, son chant du cygne, qui a eu finalement raison de sa santé.

Durant l’automne et l’hiver 1882-83, les visiteurs se succèdent les uns aux autres, avec l’impression que c’est la dernière fois qu’ils verront le Maître vivant.

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L’abbé Liszt (ici en photographie vers 1886). C’est sous ces traits que Wagner vit son ami pour la dernière fois à la fin de l’année 1882.
Celui qui se fait désormais appeler “l’abbé Liszt” est d’ailleurs de ceux-là. Si le père de Cosima a semble-t-il fini par pardonner à Cosima ses choix concernant sa vie privée, les deux hommes ont de forts tempéraments et s’emportent bien souvent. Les conversations sont souvent mouvementées au point que Cosima, dont on connaît les précautions à ne retranscrire que ce qui peut paraître le moins polémique possible, note même l’une de ces altercations dans son Journal. Lorsque Lisztrend visite au couple du 19 novembre 1882 au 13 janvier 1883, dans le jardin du Palais Vendramin, les deux hommes s’entretiennent sur la Musique de l’Avenir… ainsi sans doute de “l’avenir” de celle-ci. Mais Liszt mesure la faiblesse de son gendre.

Noël 1882 arrive bientôt, et Wagner propose au Théâtre de la Fenice de remonter sa Première Symphonie en Ut majeur, une de ses œuvres de jeunesse. L’une également de ses préférées. La dédicace est pour Cosima qui va fêter ses quarante-cinq ans. Bouleversée – car elle ne connaissait pas l’œuvre – Cosima laisse échapper son admiration en ces termes : “celui qui a fait cela ne connait pas la peur”. Une allusion directe au Siegfried de La Tétralogie

Au cours des premières journées de 1883, Wagner apprend l’invention du phonographe : cette véritable révolution dans l’art, contrairement à ce que l’on pourrait penser de l’artiste qui toute sa vie durant n’a eu pour seul but que celui d’essayer de se faire (re-)connaître aux quatre coins du monde, attriste profondément toutefois ce dernier.

Début février 1883, le Carnaval bat son plein à Venise. L’occasion pour les Wagner, le compositeur et son épouse, d’effectuer une promenade sur la Place Saint-Marc où ils voient passer le cortège du Prince Carnaval. Cosima rapporte dans son Journal que Wagner se portait alors plutôt bien : la promenade dure jusqu’au petit matin et c’est déjà le mercredi des Cendres.

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L’un des derniers portraits de Richard Wagner (en 1882). C’est ainsi qu’il rendit son dernier soupir à Venise quelques mois seulement après….
Les dernières lectures du compositeur sont consacrées à l’essai d’August Bebel (La Femme et le Socialisme) dont les idées rejoignent ses propres préoccupations (l’égalité de l’homme et de la femme, et plus généralement, la suppression du masculin et du féminin et celle des mariages de convention). Sur ce même thème, Richard Wagner entame un essai avec pour titre provisoire De la femme dans l’humanité (dont on ne manquera pas de proposer également une autre traduction du titre, ce qui ne manquera pas d’élargir le champs d’action de celui-ci : Sur le féminin dans l’être humain).

L’élément féminin ne quitte pas Wagner en ces derniers jours de vie. Car il reste peu de temps à vivre au Maître de Bayreuth. Wagner aurait en effet reçu à Venise un télégramme de Carrie Pringle, l’une des filles-fleurs de Parsifal dont il se serait amouraché à Bayreuth. Un choc pour Cosima – si l’on atteste ce qui n’est qu’une rumeur – qui aurait fait une scène à son mari. Cette dispute entre les deux époux serait peut-être à la base de la mort du compositeur, le docteur Keppler, le médecin de famille, déclarant plus tard dans son rapport sur le décès du compositeur qu’une excitation psychologique avait pu brusquer sa fin.

Quoi qu’il en soit, Wagner a, en cette journée de mardi 13 février 1883, rendez-vous avec son propre destin.

A midi, le compositeur laisse entendre que l’on peut passer à table sans lui pour le déjeuner. Alors que le reste de la famille déjeune, le compositeur sonne sa femme de chambre pour qu’elle appelle son épouse et le docteur. Cosima se précipite et le trouve effondré, incapable d’articuler un mot. On l’allonge sur un sofa : Richard Wagner est déjà mort. Il est 15h30.

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« La Lugubre Gondole » ou le convoi mortuaire de Richard Wagner sur le Grand Canal. Un ultime voyage, sur la mélodie … de « La Mort à Venise »
Pour suivre Wagner sur ses pas à Venise

C’est Venise tout entière qu’il faudrait fouler de vos balades tant Wagner aimait à se promener dans les ruelles étroites de la Sérénissime.
C’est le Grand Canal – l’arrivée traditionnelle des visiteurs à Venise – qui constituera la première étape de votre voyage. En vaporetto, naturellement ; tradition oblige ! Car même si Wagner débarqua à Venise pour la première fois à la gare, c’est le spectacle des façades des Palais insolentes de beauté le long du Grand Canal qui réjouissait le compositeur à chacun de ses séjours vénitiens. Un détour par la place Saint Marc s’impose ensuite naturellement, tout comme la dégustation d’une glace au café Florian ou au Lavena, tout près de là, deux endroits où Wagner avait lui-même ses propres habitudes. Si rien ne subsiste du passage du compositeur au Palazzo Giustiniani, aujourd’hui habité par un historien d’art et académicien reconnu, une belle place est faite au souvenir de Wagner au Palazzo Vendramin qui, malgré ses nouvelles fonctions (c’est aujourd’hui en effet un casino de la ville de Venise où pullulent les machines à sous et autres jeux d’argent sur internet), entretient, comme il peut, le passage de son hôte illustre. A l’entrée du Palais, une plaque commémorative avertit le visiteur que c’est entre ces murs qu’est mort le compositeur.

La façade extérieure du Casino de Venise, dans le Palazzo Vendramin, où se situe le musée Richard Wagner

A l’intérieur du casino, une porte discrète, à droite, signale l’entrée du Musée Richard Wagner, siège également de l’Association Richard Wagner de Venise, fondée en 1992 par le critique et musicologue Giuseppe Pugliese. Un incontournable pour tout wagnérien.

Celui-ci ne dispose plus que de quelque quatre pièces des dix-huit occupées précédemment par le Maître et sa famille

L’une d’entre elles, joyau du Musée, est évidemment la chambre mortuaire du compositeur, dans laquelle celui-ci rendit son dernier soupir. Le sofa sur lequel Wagner rendit l’âme n’est qu’une copie, l’original étant conservé au Musée de la villa Wahnfried de Bayreuth. Dans les vitrines du Musée, nombre de livres, de partitions, de fac-similés, de lithographies, de disques, programmes et lettres autographes : le fonds s’est considérablement étoffé grâce à la dation de la collection Josef Lienhart en 2003.

NC

MVRW Venezia recadré

Sources :
– article de Marie-Aude Roux : Avec le fantôme de Wagner dans Venise l’obscure (Le Monde culture, article du 13 février 2013) ;
– Cosima Wagner, Journal (Gallimard) ;
– Martin Gregor-Dellin, Richard Wagner au jour le jour (Gallimard, collection Idées)
 

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Ce poète révolutionnaire était ami de Karl Marx et familiarisa Wagner avec l’œuvre de Schopenhauer. Wagner et Liszt lui ont proposé en 1855, sur le Rütli au bord du lac des Quatre-Cantons, de se tutoyer, alors qu’ils buvaient à la fraternité. Cosima était par ailleurs la marraine de son fils. Qui était-ce ?
Réponse :

Georg Herwegh (1817-1875). Il est également l'auteur de l'Hymne Fédéral mis en musique par Hans von Bülow.

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