ANNEXE 1 : BAYREUTH… AVANT RICHARD WAGNER

Chef d’oeuvre architectural et prouesse technologique, novateur et révolutionnaire, le Palais des Festivals de Bayreuth inauguré en août 1876 fut conçu par le compositeur pour y faire représenter les quatre opéras qui forment le cycle de La Tétralogie. Cette aventure, c’est le résultat de près de vingt-cinq années de composition, de réflexions artistiques et philosophiques mais également de pourparlers politiques et financiers avec les plus grands de son époque. L’aventure se poursuit toujours de nos jours, les héritiers du compositeur se succédant les uns aux autres pour le meilleur comme parfois pour… le plus inattendu !

Annexe 1 : Bayreuth… avant Richard Wagner

Bayreuth avant Wagner… est-ce imaginable ? Eh oui, la petite ville a eu son histoire bien à elle avant que son destin et celui de Wagner ne soient irrémédiablement liés.

Des documents établis par l’Evêque Otto II de Bamberg font mention pour la première fois en 1194 de l’actuelle capitale de Haute-Franconie ; la bourgade porte alors le nom de Baierrute (de Baier- bavarois et reut- défrichement). Il s’agit d’un bourg paysan, un gros village (1199), qui n’accède au titre de ville à proprement parler qu’en 1231, date à laquelle une charte de la cité est rédigée. La ville appartient jusqu’en 1248 aux Comtes d’Andechs-Méranie, avant d’être rattachée à la juridiction de sa voisine Nuremberg et de passer ainsi dans l’héritage de la maison de Hohenzollern.

La ville se développe paisiblement, et obtient même de l’empereur Charles IV le droit de battre sa propre monnaie. Elle apparaît pour la première fois sur une carte géographique en 1421.
Toutefois, Bayreuth manque d’être rayée de la carte à plusieurs reprises : une terrible attaque des Hussites, peuplade de Bohême, ravage la ville. La terrible épidémie de peste de 1634 décime la cité qui ne compte qu’une centaine de survivants. Mais les habitants se relèvent toujours, pioche à la main, pour rebâtir ce qui a été détruit.
Courage certes, mais aussi anticonformisme et esprit libertaire : en 1528, soit moins de dix ans après les débuts de la réforme, les Margraves – les Seigneurs régnants de la ville – de Bayreuth se tournent vers le tout nouveau culte protestant.

En 1603, le Margrave Christian fait de Bayreuth la résidence officielle des Margraves : c’est un tournant décisif dans l’histoire de la ville. Il enrichit en 1610 le tout premier château des Hohenzollern (l’altes Schloss, datant du XVème siècle) d’une magnifique tour octogonale.
L’importance des Margraves de Bayreuth dans la vie politique d’Allemagne va grandissante tout au long du XVIIème siècle : le petit-fils du Margrave Christian, Christian Ernest, participe même à la libération de Vienne contre le siège turc en 1683.

C’est avec l’arrivée de Sophie-Willhelmine de Prusse, sœur « préférée » de Frédéric II « le Grand » et épouse du Margrave Frédéric, que la ville connaît son apogée à partir de 1732.

Fière de sa renommée et d’une indéniable opulence, Bayreuth se développe tant au niveau politique que sur le plan architectural, notamment grâce aux projets des architectes Joseph Saint-Pierre et Karl von Gontard. Le Palais de l’Ermitage – un admirable petit Versailles, véritable joyau de l’architecture baroque – est embelli,  tout comme ses jardins à la française ; le fabuleux Opéra des Margraves devient le témoin d’un art de vivre envié par les cours européennes et d’une richesse culturelle foisonnante qui compte parmi les toutes premières d’Europe. On y verra ainsi Voltaire tout comme Frédéric le Grand au cours de fêtes somptueuses que le film Farinelli de Gérard Corbiau (tourné in loco en 1994) retrace avec fidélité.

Ce faste disparaît hélas avec la mort de la Margravine, véritable instigatrice en son temps de l’essor de Bayreuth. Et il faudra attendre l’arrivée d’un certain Richard Wagner pour que, tout comme la Belle au Bois Dormant, la « belle endormie » ne se réveille au bout de cent ans…

NC/SB

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